L'épreuve de force

Il garait le quatre-quatre devant le chalet lorsqu'un hurlement strident lui glaça le sang. Vif comme l'éclair, il bondit hors du véhicule et courut vers la porte, qu'il enfonça d'un violent coup de pied. Sur le qui-vive, il promena un regard circulaire sur la pièce. Tout ce qu'il vit fut Virginia, vêtue de son t-shirt blanc, qui courait autour de la table en brandissant un balai.

- Virginia ?

Elle posa sur lui un regard empli de panique, lâcha son balai et courut se réfugier dans ses bras. Une émotion aussi vive qu'inexplicable le saisit; il la serra contre lui en la berçant doucement. Manifestement, ce n'était pas suffisant pour Virginia. Tout en balbutiant des paroles incompréhensibles, elle s'accrocha à ses épaules, scrutant la pièce de son regard mordoré. Dillon l'imita sans vraiment savoir ce qu'il était censé découvrir. Au bout de quelques instants, elle pointa son index vers le fond de la pièce.

Une araignée noire, visiblement épuisée par tout ce remue-ménage, se traînait misérablement sur le plancher.

- Tuez-la !

En proie à un soulagement indicible, Dillon partit d'un éclat de rire. Un cri strident lui déchira le tympan.

- Bon Dieu, Dillon, je ne plaisante pas. Tuez-la !

Ses cris redoublèrent de violence lorsque l'araignée fit mine de se diriger vers eux. Du bout du pied, Dillon expédia la pauvre bête dehors, par la porte qu'il avait laissée ouverte dans sa précipitation. Virginia enfouit son visage dans son cou, le serrant tellement fort qu'elle manqua de l'étrangler.

Réprimant à grand-peine un fou rire, il referma la porte.

- Tout va bien, Virginia, c'est fini. La vilaine "bêbête" est partie.

Elle ne releva pas les yeux et continua à s'agripper à lui comme une bouée de sauvetage.

- Ce n'était pas une "bêbête"! C'était une énorme araignée toute velue qui m'a... qui m'a attaquée !

Dillon ne put s'empêcher de sourire.

- Cette pauvre araignée était morte de trouille, oui !

- Non, pas celle-ci ! protesta Virginia avec une véhémence cocasse. J'étais en train de remettre du bois dans la cheminée lorsqu'elle a bondi sur le plancher et m'a regardée droit dans les yeux. J'ai essayé de m'enfuir, mais elle m'a poursuivie et...

Elle frissonna et laissa retomber sa tête sur son épaule; son souffle chaud l'effleura d'une douce caresse.

- Elle vous regardait, vraiment? demanda-t-il en frottant sa joue contre ses cheveux soyeux. Y avait-il de la malice dans ses petits yeux noirs?

- Croyez-moi si vous le voulez: oui !

Il éclata de rire et cette fois, elle ne le rabroua pas. Il embrassa sa joue, puis sa tempe douce et nacrée.

- C'est fini, Virginia, tout va bien maintenant. Je suis rentré aussi vite que j'ai pu.

elle émit un petit soupir.

- C'est stupide n'est-ce pas? fit-elle d'un ton penaud. C'est plus fort que moi, j'ai la phobie des insectes.

Un sourire amusé aux lèvres, Dillon jeta un coup d'oeil en direction de la porte.

- Si vous voulez mon avis, cette araignée doit vous maudire, à l'heure qu'il est. Il fait un froid de canard, dehors...

Elle s'écarta légèrement et il aperçut enfin son visage empourpré. Ce fut à cet instant qu'il prit conscience de ses cuisses douces et moelleuses appuyées sur son bras. Elle ne portait rien sous son t-shirt et son parfum envoûtant l'enveloppa soudain. Dans la panique, l'encolure du T-shirt avait glissé sur son épaule, révélant un sein rosé, terriblement tentateur. Secoué par un violent frisson, il ferma les yeux.