Le petit livre à offrir aux grands qui ont gardé une âme d'enfant

Gloups. Comme c'est un philosophe qui le dit, on s'incline, piteux. Ah bon, on ne sort jamais de l'enfance, à ne lire que ce qui nous plaît ? Ah oui, on patauge dans sa solitude, à remuer l'autrefois ?

Ce n'est pas complètement faux. Mais est-ce un mal, si ça nous fait du bien ? Car c'est là tout le paradoxe de la nostalgie : une jouissance douloureuse, une mélancolie teintée d'envoûtement. La nostalgie, littéralement, c'est le «mal du retour» : le grec algos, c'est la douleur, celle qu'il y a dans antalgique. Un truc qui fait vraiment mal, quoi. Et, pourtant, il y a une certaine douceur à se laisser porter par ce mal du retour, qu'il soit retour au pays ou retour à l'enfance. C'est un jeu. A la fois faire comme si on était encore là-bas et mesurer la distance parcourue. Et, quand ce là-bas désigne le paradis perdu de l'enfance, c'est sur un mode temporel que l'on flirte avec le fantasme de l'ubiquité. Les romantiques du XIXe siècle se sont vautrés dans cette nostalgie de l'autrefois avec délectation, et toute époque a eu son lot de mélancoliques pleurant les joies de l'enfance.