Commentaires de livres faits par Loralnil
Extraits de livres par Loralnil
Commentaires de livres appréciés par Loralnil
Extraits de livres appréciés par Loralnil
— Parce que nous ne le savons pas ? s’étonna Nounane.
— Figurez-vous que non. Généralement, on part d’une définition très plate : l’intelligence est la particularité qui distingue l’homme de l’animal. Une tentative, voyez-vous, de séparer le maître et son chien qui, prétend-on, comprend tout, mais ne peut pas le dire. Remarquez que cette définition plate donne naissance à d’autres, plus spirituelles. Elles sont fondées sur l’observation amère de l’activité humaine en question. Par exemple : l’intelligence est la faculté qu’a un être vivant d’accomplir des actes incongrus ou inutiles.
— Oui, ça me concerne, moi et ceux qui sont comme moi, confirma amèrement Nounane.
— Malheureusement, oui. Ou, prenons une autre définition hypothétique : l’intelligence est un instinct complexe qui ne s’est pas encore formé. On sous-entend que l’activité instinctive est toujours utile et naturelle. Dans un million d’années, l’instinct sera formé et nous ne commettrons plus ces erreurs qui représentent, probablement, une propriété inséparable de l’intellect. Et alors, si quelque chose change dans l’univers, nous deviendrons tranquillement une race en voie de disparition, de nouveau précisément parce que nous aurons perdu la faculté de commettre des erreurs, c’est-à-dire, d’essayer des variantes différentes, non prévues par un programme rigide.
— Vous en arrivez là à quelque chose… d’humiliant.
— Dans ce cas, je vous présente encore une définition, très élevée et noble. L’intelligence est la faculté d’utiliser les forces du monde qui nous entoure sans le détruire. »
Nounane fit une grimace et secoua la tête.
« Non, dit-il. Ça, ce n’est pas pour nous… Et que diriez-vous du fait que l’homme, contrairement aux animaux, est un être qui éprouve un besoin de connaissance invincible ? J’ai lu quelque chose à ce sujet.
— Moi aussi, dit Valentin. Mais le malheur est que l’homme, en tout cas, l’homme des masses, celui dont vous parlez quand vous dites “pour nous” ou “pas pour nous”, arrive très facilement à vaincre son besoin de connaissances. À mon avis, ce besoin n’existe pas. Il y a le besoin de comprendre qui ne nécessite pas de connaissances. Par exemple, l’hypothèse de Dieu donne la possibilité inégalable de comprendre absolument tout sans rien apprendre… Donnez à l’être humain un schéma du monde extrêmement simpliste et interprétez chaque événement sur la base de ce modèle simplifié. Cette approche n’exige aucune connaissance. Quelques formules apprises par cœur, plus ce qu’on appelle l’intuition, l’entregent et le bon sens.
Car ils ne doivent se douter de rien. Je voudrais insister une dernière fois. Le danger est grand. Si notre antique ennemi a vent de notre entreprise, il remuera ciel et terre - comme il l'a déjà fait - pour contrecarrer nos plans.
Tout le monde peut comprendre que quelqu'un qui a faim ait recours au vol pour nourrir sa famille, mais une femme forcée de s’engager dans cette profession par la même menace, ou par la violence, se retrouve moins que rien. Peu importe l’homme qui profite de ce service. Il n’a rien à regretter, et en général c’est même lui qui attend d’elle qu'elle considère ce mépris et ces sarcasmes comme mérités. Alors moi je dis que vous pouvez tous courir. Je vais rester célibataire.