Je ne sais pas pourquoi, quand tu achètes des biscuits durs, ils deviennent mous, et quand tu achètes des biscuits mous, ils deviennent durs !

À ce point-ci, il était pas question que je lui prenne la main. Y a rien qui a de la valeur, si tu peux rien que le prendre. C’est si on te le donne que ça vaut quelque chose.

Exprimer tout ça m'a libérée d'un poids. (...) Comme une ébauche qu'on laisse inachevée parce que trop belle, trop prometteuse, trop toute. Tellement trop qu'elle nous coupe le souffle. Tellement trop qu'elle nous scie les jambes. Tellement trop qu'on a peur de l'abîmer en donnant un coup de crayon de... trop.

— Moi, j’ai réglé ça. Je leur dis qu’en matière de langue mon âge me confère un droit acquis et qu’ils font de la gérontophobie s’ils me contredisent. En général, ça leur ferme la gueule. S’il y a une chose qu’ils craignent plus que tout, c’est de paraître intolérants. Ils sont devenus phobophobes.

Elle trouve mon rire tonitruant et contagieux – « un fracas de casseroles ». Mon rire, oui, est une chute de batterie de cuisine, suspendue en carillon céleste. Mon rire est une chute.

Ta douleur, ils s'en moquent. Ta douleur les fait rire. Laisse à ta douleur le temps de se transformer en haine. De ta haine ils auront peur. Affûte ta haine, aiguise-la contre une couteau, et de ta haine aiguisée, tu lieu te tranchera la gorge, (...)

- Jean, je crois qu'il faut amener Fé chez le docteur, elle passe la balayeuse dans sa chambre ! Je répète, Fé is passing the balayeuse in her room !

Ce qui signifie donc, ai-je articulé lentement, que dans ce pays où l’on est « innocent tant que l’on a pas été reconnu coupable », une personne peut m’accuser de n’importe quoi, et je risque d’en être pour des centaines de milliers de dollars, même si je prouve que l’accusation était infondée ? Bienvenue aux États-Unis d’Amérique, a-t-il dit gaiement.

Les phares trouaient l'obscurité de leurs longs pinceaux blancs. Le ciel était d’un anthracite opaque, couvert d’un bout à l’autre de l’horizon, bien qu’on devinât à l’est des fragments d’aurore.

Être malade est un état qui s’apprend, mais qui ne se perd pas.

Nous articulons les mêmes syllabes, mais je parle une langue d’initiés, d'outre-tombe. Quand je dis suicide, je dis cadavre, déjections, odeur, meurtre, néant. Eux, ils disent concept, prérogative, ego, échec.

(...) Pourquoi est-ce que les femmes sont des hystériques alors que les hommes qui agissent pareil sont des excentriques ? Ou bien pourquoi une fille qui rit trop fort, c'est gênant, pis un gars c'est drôle ? Pourquoi des filles qui parlent ensemble on dit qu'elles placotent et des gars qu'ils discutent ?

La marque brûlante de tes lèvres, je peux la sentir encore, des heures après que le baiser a été donnée, un diadème que je porte comme une princesse.

Ne pas réfléchir. Ne pas hésiter.
Il est de ces instants qui ne peuvent être oubliés.
Ne pas réfléchir. Ne pas hésiter.
De ces gestes qui ne peuvent être pardonnés.
Ne pas refléchir. Ne pas hésiter.
Et ces blessures, que rien ne peut soigner.

Ainsi l'achat d'un objet ou d'un bout de tissu pouvait-il se substituer à la relation adultère pour permettre le retour à un narcissisme premier, moment régressif mais reconstituant, état bienheureux d'une jouissance primaire ?

Je suis une vraie guidoune. Lors d’un salon du livre de Montréal, quelqu’un m’a dit :
Si tu fais la split, ici, par terre, tout de suite, j’achète ton livre.
Je l’ai fait, pas réchauffé, pas d’orgueuil. En me relevant, je me suis dit que ma split valait 1.50$, soit mes droits d’auteur.
- Simon Boulerice

Couchée en position foetale, je me crains moi-même et je pense à ma famille. Qui suis-je pour elle ? Si je ne suis ni Pocahontas ni Blanche-Neige, suis-je une extraterrestre? Je ne reconnais pas ma place. C’est tellement outrageant d’être contrainte de choisir entre deux cultures qui m’intéressent autant l’une que l’autre.

- Harfang des neiges d’Alyssa Jérôme

Dans les faits, cependant, après cinq ans, la moitié des mariages tomberaient à l'eau - plouf! Eh oui, malgré les voeux pieux et les beaux espoirs, des tas de couples mariés se sépareraient pour des raisons bien moins nobles que la mort : des histoires de hausse d'hypothèque ou de baisse du désir, des factures en retard ou d'éjaculation précoce, de gain de poids ou de perte de confiance, de mots durs ou de seins flasques, de fausses vérités ou de véritables mensonges, de fantôme dans le placard ou d'amant sous la couette, de désir d'enfants ou d'enfantillages.

Il y a des gens dont tout l'art est de faire sentir à l'autre qu'il est coupable, souvent d'une faute que ce dernier n'a pas commise. C'est dans de pareils moments qu'ils peuvent déployer leur sinistre talent. Ce qui permet à la démogagie de fleurir sur le fumier de la misère humaine.

L'ennemi n'est pas le temps mais les objets accumulés au fil des jours et qui nous empêchent de voler.

Mes traits à moi ne sont ni beaux ni laids, je n'ai pas de quoi me réjouir, mais pas non plus de quoi me plaindre. Je suis... quelconque. Des jambes maigres, des épaules un peu tombantes. Mes mains sont croisées sur mon ventre. Mes yeux fixent l'objectif sans expression particulière et mon image ne réverbère rien du tout. (L'attente)

mais comment/ peut-on être sûre /
qu'on est une mère /si on a jamais eu d'enfants ?

Mais est-ce que la lecture ne mène pas obligatoirement au goût de l'écriture, au besoin de l'écriture?

Déjà, toutes les résolutions que tu as prises la veille se sont évanouies devant mon petit corps en sueur et affaibli. Il aurait peut-être fallu que je gambade comme si rien ne s'était produit. Il aurait peut-être fallu que j'agisse comme une petite fille normale de deux ans et demi. Peut-être.

Le coktail rose
Si les Égyptiens embaumaient leurs défunts, c'était pour des motifs religieux (...) Dans l'embaumement moderne à l'américaine, on ne crochète pas le cerveau, on n'a pas de jarre où mettre les organes vitaux : on vide le corps de son sang et ses autres fluides, qu'on remplace par un mélange de puissants conservateurs chimiques. Plus important encore, ces techniques modernes de conservation ne servent pas une religion, mais l'union de deux entités plus puissantes encore : le marketing et le consumérisme.

Un lundi matin, ma mère m'a appelée avec ce qui ressemblait à un trémolo dans la voix. Bon, que se passait-il? Mon père était mort? Elle était malade? Elle avait raté sa sauce à spaghettis? Ma soeur avait un eu accident? Le chat de mon père s'était fait écraser? Rien de tout ça. Ma mère venait de voir une comédienne bien connue à la télévision parler de son fils autiste, (...).