L'immobile révèle l'invisible ; comme le silence révèle l'essentiel. Prenons soin d'accueillir le monde avant de prétendre le penser.

Certes le monde est vieux de plusieurs milliards d'années et la vie est le produit d'une mutation nucléotidique, tout ça. Mais il est également fait de toutes les histoires qu'on raconte à son sujet.

On utilise souvent l'expression "être sous les étoiles". Alors que ce n'est pas vraiment le cas. Il n'y a ni haut ni bas et les étoiles sont tout autour de nous. Mais on persiste à dire ça, c'est joli. La langue glorifie souvent l'homme au détriment de l'animal mais, au moins, elle nous place sous les étoiles.

Ce que j'aime profondément dans la science, c'est que même quand on apprend, on n'obtient pas forcément de réponses. Seulement de meilleures questions.

C'est Aslan qui me réveille, une pile de linge à la main, son éternel sourire moqueur sur les lèvres :
"Ca t'arrive souvent de faire des câlins aux murs ? Si tu as tant besoin d'affection, il suffit de me le dire, tu sais, je suis tout disposé à t'en donner !"
Je lui tire la langue et dédaigne la main qu'il me tend pour me relever seule. Aslan mime mon exaspération d'un air moqueur :
"Oh là là, ce qu'il m'énerve, cet imbécile !
- Tu m'ôtes les mots de la bouche."

Je lève les yeux au ciel et gratte sa tête pour lui signifier mon accord. Oui, Erwan est agaçant. Mais je l'aime bien.
- Moi, tu m'as manqué, fait-il devant mon silence.
Un instant, mon vernis d'indifférence se craquelle. Je ris. Et puis je me reprends.
- Comment va ta jambe ?
- Bien mieux depuis quelques secondes.
Malgré la maladresse de ses approches, Erwan me touche.
- J'aurais bien joué les infirmières avec toi, je rétorque, mais si tu permets j'ai encore un monde à sauver. Oh un tout petit monde. Mais c'est quand même le nôtre.
Et je tourne les talons.

Une fois les autres partis, il jette un coup d'oeil circulaire sur les vêtements qui jonchent le sol de ma chambre.
-Tu attends que ça pousse ?
-Non, j'attends de voir s'ils vont se ranger tout seuls.
-Et ça fonctionne ?
-Tu vois bien que non. Mais je ne désespère pas. Seize ans que je tente cette expérience. Un jour peut-être...
Gaspard sourit, puis redevient sérieux.

"La vérité a une force unique. Contrairement au mensonge, elle se consolide avec le temps, et possède le pouvoir de lier les uns aux autres des sentiments et des idées disparates, ce dont nul mensonge ne serait capable."