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En vérité, il ne se passa rien. Rien ne bougea, ne changea, ni ne sembla se produire. Pourtant, j’étais en proie à une terreur absolue, si puissante que je perdis toute notion de ce que j’étais et d’où j’étais. J’étais au cœur du chaos, et aucune force de l’esprit ou du corps n’y pouvait rien.

Ce n’est pas vraiment que je perdis connaissance mais une chose est sûre, pendant un certain temps, je n’eus plus conscience de moi-même. Je me « réveillai », si l’on peut dire, trébuchant contre une pierre au pied de la colline. Je dévalai les derniers mètres à moitié sur les fesses et terminai ma course dans l’herbe.

J’avais envie de vomir et la tête me tournait. Je rampai jusqu’à un taillis de jeunes chênes et m’adossai contre un tronc le temps de reprendre mes esprits. A quelque distance, je percevais un bruit confus de cris semblables à ceux que j’avais entendus et ressentis, au cœur du cromlech. Cependant, cette fois il s’agissait d’un son bien humain : le vacarme d’hommes en train de se battre. Je me tournai vers lui.

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Le menhir principal était fendu verticalement en deux blocs massifs, séparés par une faille qui faisait bien un mètre de large. Pour une raison obscure, la pierre avait été scindée volontairement. On pouvait voir que les deux faces de chaque côté du passage correspondaient exactement.

Je pris soudain conscience d’un bourdonnement continu qui m’agaçait les oreilles depuis un certain temps déjà. Il semblait venir de très près. Je pensai tout d’abord à une ruche logée quelque part dans une fissure du menhir. Je posai une main contre la pierre pour mieux l’inspecter.

La roche hurla.

Je fis un bond en arrière, avec une telle vigueur que je trébuchai et tombai les fesses dans l’herbe, fixant le menhir, abasourdie.

Jamais de ma vie je n’avais entendu un tel son. Aucun mot ne peut le décrire, si ce n’est que c’était un cri inhumain... le cri d’une pierre. C’était effroyable.

Les autres menhirs se mirent à hurler à leur tour. Il y eut un bruit de bataille, des râles d’hommes à l’agonie, un fracas d’armures qui s’entrechoquent, des hennissements de chevaux pris de panique.

Je secouai violemment la tête pour tenter de dissiper le vacarme, mais il ne fit que s’accentuer. Je me levai et tentai tant bien que mal de fuir vers l’extérieur du cercle. Les bruits venaient de tous côtés, me martelant les tympans, me transperçant le crâne. Ma vue commença à se brouiller.

Je ne sais plus si je me dirigeai volontairement vers la faille de la grande pierre ou si, aveuglée par la douleur, je m’y engageai accidentellement.

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Ce ne fut qu’en me déshabillant que le cercle de menhirs de Craigh na Dun me revint en mémoire. J’en parlai à Frank et sa fatigue s’évanouit sur-le-champ.

— Non ? Et tu sauras retrouver le chemin ? Fantastique, Claire !

Il me gratifia d’un sourire éclatant et se mit à fouiller dans la valise.

— Qu’est-ce que tu cherches ?

— Le réveil.

— Mais pour quoi faire ? demandai-je, médusée.

— Je veux être réveillé à temps pour les voir.

— Qui ça ?

— Les sorcières.

— Les sorcières ! Qui a parlé de sorcières ?

— Le vicaire. Sa gouvernante en est une.

Je revis en pensée la très digne Mme Graham et me mis à rire.

— Tu plaisantes !

— Ben... à vrai dire, ce ne sont pas tout à fait des sorcières. Il y a eu des sorcières en Ecosse pendant des siècles. On les brûlait vives encore au XVIIIe. Celles-ci sont plutôt des sortes de druides. Je ne pense pas qu’il s’agisse à proprement parler d’un sabbat ou d’un culte satanique. D’après le vicaire, plusieurs femmes du village se retrouvent régulièrement pour perpétuer les rites des anciennes fêtes solaires. Vu sa position, il ne peut pas se permettre de les suivre de trop près, mais il est trop curieux pour s’en désintéresser. Il ignore où ont lieu les cérémonies, mais s’il existe un cromlech dans les parages, pas la peine de chercher plus loin !

Il se frotta les mains, savourant d’avance le plaisir de la découverte.

— Ça, c’est une veine ! s’exclama-t-il.

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La vieille dame se pencha à nouveau sur ma main, picotant ici et là ma paume du bout de l’ongle pour appuyer ses mots.

— Votre ligne de vie est nette. Vous êtes d’une constitution robuste et le resterez sans doute. Elle est interrompue, ce qui signifie un grand changement. Mais c’est vrai pour la plupart d’entre nous, n’est-ce pas ? Pourtant, la vôtre est particulièrement hachurée. On dirait des petits segments mis bout à bout. Votre ligne de mariage... (Elle fit une moue surprise.)... est divisée. Cela n’a rien d’extraordinaire, cela veut dire deux mariages...

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Elle resta silencieuse un long moment, inclinant la tasse vers la fenêtre pour l’inspecter à la lumière, ou la faisant rouler entre ses longs doigts noueux. Puis elle la reposa délicatement comme si elle craignait qu’elle lui explose au visage. Les plis aux commissures de ses lèvres se creusèrent et elle fronça les sourcils.

— Ça par exemple ! C’est l’un des cas les plus étranges que j’aie vus jusqu’ici.

— Ah ? fis-je, intriguée. Vais-je rencontrer un bel inconnu ténébreux ou traverser l’océan ?

Elle accepta mon ironie avec grâce et esquissa un léger sourire.

— Peut-être que oui... à moins que non. C’est justement ce qui est étrange dans votre tasse. Tous les signes se contredisent. Je vois là une feuille incurvée, qui signifie un voyage, mais elle est recouverte d’une feuille coupée qui signale l’immobilité. Et pour ce qui est des inconnus, vous êtes servie ! J’en vois toute une flopée et, si je ne me trompe pas, l’un d’entre eux est votre mari.

Je trouvai ça moins drôle. Après six années de séparation forcée, mon mari et moi ne nous étions retrouvés que depuis deux mois. S’il était vrai que, dans une certaine mesure, Frank était encore pour moi un inconnu, je n’aimais pas trop l’idée que ma vie privée soit aussi lisible.

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— Je vois que ta lignée n’est pas exempte de la proverbiale brebis galeuse !

Frank haussa les épaules.

— Il était ce qu’il était, peu m’importe. Je veux juste savoir. Ce genre de plaintes n’a rien d’inhabituel pour l’époque. Les Anglais en général, et les soldats en particulier, étaient détestés partout dans les Highlands. En revanche, ce qui est plus étonnant, c’est qu’aucune de ces plaintes ne semble avoir eu de suite.

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Ce ne fut que plus tard, tandis que je l’écoutais respirer régulièrement à mes côtés dans le lit, que le doute m’envahit. Rien dans mon comportement ne pouvait lui laisser supposer une infidélité de ma part. Je dis bien de ma part. Mais, pour reprendre ses propres termes, « six ans... c’est long ».

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— Tu insinues, sifflai-je, que l’homme que tu as vu serait…

Je cherchai le mot juste.

— Un amant ? proposa-t-il.

— Un ancien flirt ? terminai-je.

— Mais pas du tout, répondit-il mollement.

Il me saisit les mains et essaya de m’embrasser, mais c’était mon tour de me détourner. Il ne parvint qu’à me forcer à m’allonger de nouveau à ses côtés.

— C’est seulement que... tu sais, Claire, on a été séparés pendant de longues années. En six ans, on ne s’est vus que trois fois, et encore, jamais plus d’une journée à la fois. Il n’y aurait rien d’étonnant à ce que... je veux dire, tout le monde sait que les médecins et les infirmières sont soumis à une terrible pression pendant les urgences et... euh... c’est juste que... euh... je comprendrais très bien que quelque chose soit... arrivé spontanément...

J’interrompis ses divagations en bondissant hors du lit.

— Tu crois que je t’ai trompé ? fulminai-je. C’est ça ? Si c’est le cas, tu peux quitter cette chambre sur-le-champ. Tu peux même quitter cette maison ! Comment peux-tu...

Se redressant sur le lit, Frank tendit les bras pour me calmer.

— Bas les pattes ! m’écriai-je. Réponds-moi ! C’est ce que tu penses, n’est-ce pas ? Il a suffi qu’un inconnu lance un regard vers ma fenêtre pour que tu en conclues aussitôt que je me suis envoyée en l’air avec mes patients !

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— A vrai dire, il ne riait pas du tout. Il avait même l’air terriblement abattu. Je n’ai pas bien distingué son visage. C’est plutôt sa posture qui me fait dire ça. Je suis arrivé par-derrière et, le voyant planté là, je lui ai demandé poliment si je pouvais le renseigner. Au début, j’ai cru qu’il n’avait pas entendu, à cause du bruit du vent. Alors, j’ai répété ma question et j’ai voulu lui donner une tape sur l’épaule pour attirer son attention. Mais avant que j’aie pu le toucher, il a fait volte-face, me bousculant presque, et il s’est éloigné.

— Pas très poli, mais rien de franchement surnaturel, observai-je en finissant mon verre. Il ressemblait à quoi ?

— Un grand gaillard. Il portait tout l’attirail des Ecossais, avec le kilt, le sporran1, le plaid jeté sur l’épaule et retenu par une superbe broche représentant un cerf bondissant. J’aurais bien aimé lui demander d’où elle venait, mais il ne m’en a pas laissé le temps.

J’allai vers le secrétaire et me versai un autre whisky.

— Ça n’a rien d’extraordinaire, remarquai-je, la plupart des hommes du village possèdent de tels vêtements.

— Mmouais... fit Frank d’un air songeur. Mais ce n’est pas sa tenue qui m’a chiffonné. En partant, il est passé si près de moi que, normalement, il aurait dû au moins me frôler. Pourtant, je n’ai rien senti. Ça m’a tellement intrigué que je me suis retourné pour le suivre des yeux. Il a remonté Gereside Road puis, juste avant d’atteindre le virage, il s’est... volatilisé. J’en ai eu la chair de poule.

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— Mais qu’est-ce que tu as vu exactement ? demandai-je, intriguée, en m’asseyant sur le plateau de la coiffeuse.

Je lui indiquai du menton la bouteille de whisky et Frank s’empressa de nous servir un verre.

— Un homme, rien de plus.

Il se versa un doigt d’alcool et deux pour moi.

— Il se tenait là, sur la route, juste devant la maison.

— Devant la maison ! m’esclaffai-je. Alors, aucun doute, c’était bien un fantôme. J’imagine mal un être humain attendant dehors par une nuit pareille !

Frank inclina l’aiguière au-dessus de son verre, puis me lança un regard accusateur en ne voyant rien venir.

— Ne me regarde pas comme ça ! C’est toi qui l’as vidée avant de partir à ton rendez-vous. Quant à moi, je préfère mon whisky sec.

Pour illustrer mon propos, j’avalai aussitôt une longue gorgée.

L’espace d’un instant, Frank sembla tenté de redescendre chercher de l’eau au rez-de-chaussée, mais il se ravisa et poursuivit son histoire en buvant les lèvres pincées comme si son verre contenait du vitriol et non le meilleur single malt Glenfiddich.

— Il attendait de ce côté-ci du jardin, derrière la clôture. Il m’a semblé...

Il hésita.

— Il m’a semblé qu’il épiait ta fenêtre.

— Ma fenêtre ? Ça alors !

Je réprimai un petit frisson et me précipitai – quoiqu’un peu tard – pour fermer les volets. Frank me suivit dans la pièce en poursuivant :

— Moi-même je pouvais te voir. Tu te brossais les cheveux en pestant contre tes épis.

— Dans ce cas, notre espion a dû bien s’amuser !

Frank secoua la tête. Il sourit et aplatit mes cheveux de ses mains.

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