Tom Clancy. Un auteur bien connu des fans de jeux de tactique/infiltration (Rainbow Six, Splinter Cell, Ghost Recon), ou de cinéma/séries d'action (Jack Ryan, La somme de toutes les peurs, à la poursuite d'octobre rouge, jeux de guerre...)

Des produits culturels de valeur inégale. Mais qu'en est-il des livres qui ont donné lieu à ces adaptations ?

Un des personnages phare de l'univers de Tom Clancy est un certain John Kelly, alias John Clark. Le livre "sans aucun remord" nous narre la genèse de cet homme, ancien SEAL, appelé ensuite à servir au cours de nombreuses opérations clandestines.

Le pitch de départ tient en quelques mots. Revenu du Vietnam après quatre années de service dans la Navy, John Kelly fait le deuil de sa femme enceinte, ayant perdu la vie dans un tragique accident de la route. Propriétaire d'une petite île au large de Baltimore, ainsi que d'un bateau de plaisance pour s'y rendre, il croise, en se rendant à la marina, une auto-stoppeuse répondant au nom de Pam. Ils sympathisent, et Kelly l'invite à passer quelques jours avec lui sur son île. Devenant intime, Kelly comprend rapidement que Pam a eu une vie difficile : ancienne fugueuse recueillie par des individus peu recommandables, elle sera contrainte à se prostituer, et subira de nombreux sévices, tombant dans la dépendance aux barbituriques dont ses bourreaux la gavent. Après avoir été soignée, Kelly décide d'exorciser les peurs de Pam en faisant un tour en voiture dans un sinistre quartier de Baltimore, où elle était détenue. Lors de l'excursion, ils croisent le chemin des anciens tortionnaires de Pam. Une course poursuite s'engage au cours de laquelle Kelly est abattu et Pam capturée. Se remettant lentement de ses blessures, Kelly apprend la mort de Pam et décide de se venger des assassins de la femme qui lui avait redonné goût à la vie. Apprenant qu'ils se livrent au trafic de drogue, il frappera là où ça fait mal : au portefeuille.

Alors qu'il prépare minutieusement sa revanche, il est rappelé par la Navy pour retourner au Vietnam, dans le cadre d'une opération officieuse : un raid visant à exfiltrer des pilotes américains détenus dans un camp de prisonnier au cœur de la jungle.

Le point fort de Clancy est indubitablement le titanesque travail de recherche auquel il se livre avant d'écrire. Tout est minutieusement détaillé, armement, terrain, dispositif tactique. Très minutieusement. Peut-être trop, certains passages techniques trainent un peu en longueur. Ensuite, l'articulation des deux arcs principaux du récit, à savoir la vengeance de Kelly, et la préparation puis l'exécution de l'opération de sauvetage de John Clark, pseudonyme qui sera donné à Kelly par la CIA. Cette articulation se fait très naturellement après que, pendant environ un tiers du livre, ils aient été traités séparément, et les évènements s'imbriquent parfaitement. La psychologie des personnages est très bien traitée, le lecteur comprend aisément les enjeux et les motivations de chacun. De plus, Clancy ne sombre que rarement dans le manichéisme primaire, un des personnages affublés de l'étiquette "gentil" étant d'ailleurs un officier du renseignement militaire soviétique. Les passages d'action pure sont détaillés et permettent au lecteur n'ayant pas de formation au combat de se représenter facilement le déroulé des événements.

Un seul regret : un début un peu poussif (beaucoup, beaucoup de préparation avant l'action, quelle qu'elle soit), et une fin convenue, bien que satisfaisante.

Je recommande pour les fans de romans d'espionnage et d'action, seulement (personnellement, j'apprécie, mais à dose modérée), les autres risquent de trouver ennuyeux les descriptions/explications techniques un peu trop fournies que nous propose un auteur ayant un véritable souci du détail.

Le pitch de départ était génial. Tellement prometteur, tellement de pistes à exploiter...

Mais non. Dans un premier temps, le personnage principal. Sorte de croisement entre Steve Job et Mark Zuckerberg, il est dépeint sans finesse, sans nuances, un requin cupide, égoïste... et c'est tout. Pas de subtilité, rien. Ensuite le style. L'auteur a enfanté un rejeton bâtard entre Frédéric Beigbeder et Breat Easton Ellis. Des phrases courtes au rythme épileptique, des anglicismes et jargon tech à en avoir la migraine (même pour moi qui maîtrise l'un et l'autre), des introspections sans profondeur... j'avais hâte de tourner la page, non pour connaître la suite, mais pour en finir.

Enfin, et surtout, l'intrigue. Complètement sous-exploitée, l'impact de l'appli sur la société est quasiment passé à la trappe au profit de l'ascension fulgurante et de la déchéance du protagoniste, façon Scarface, le charisme du jeu d'Al Pacino en moins. L'appli d'ailleurs, parlons-en. Le livre date de 2020. Et l'appli, présentée comme révolutionnaire, est extrêmement rigide, limitée. On poste les noms des quidams que l'on déteste... et c'est tout. À l'heure des applis aux fonctionnalités telles qu'on s'y perd (j'ai toujours des difficultés, du haut de mes 35 ans, à maîtriser Instagram...), comment peut-on supposer, de façon crédible, qu'une application aussi basique puisse révolutionner le monde de la tech ? Désolé, mais non. De surcroît, le livre se paie le luxe d'être extrêmement court. Moins de 200 pages, dans sa version brochée, constituées d'une grande partie de dialogues ainsi que d'une quantité non négligeable de pages blanches (pour passer d'une partie à l'autre) et d'images d'illustration dispensables. Il y avait tellement à faire avec une si bonne idée de départ...

Quel gâchis...

Je ne recommande pas.

Ambitieuse saga familiale s'étalant sur quatre générations, repartie en trois tomes, traitant chacun d'aspects majeurs de l'Histoire du XXème siècle. 🌟

Ce troisième opus vient clore la saga en traitant de la guerre froide.

En raison de la durée plus longue de ce conflit par rapport aux précédents, le livre est encore plus épais que les deux précédents (1300 pages) !

La guerre froide n'était pas si froide que ça : guerre du Vietnam, baie des cochons, crise des missiles de Cuba.

L'ouvrage, à l'instar de "la chute des géants", ne se contente pas de simplement traiter de l'Histoire diplomatique et militaire du monde, mais les utilise comme toile de fond pour aborder des problématiques sociétales. Là où le premier opus porte sur la lutte des classes, le troisième nous fait vivre en immersion la lutte contre la ségrégation raciale aux USA.

Ce point est traité par deux personnages qui ne sont issus qu'indirectement des familles "historiques" de la saga, pour des raisons évidentes : ce sont des afro-américains, alors que tous les personnages, jusqu'à alors, étaient caucasiens. Le premier sera un brillant étudiant en droit, qui, sacrifiant l'appel du gain d'un fameux cabinet d'avocats d'affaires New Yorkais, choisira de dédier ses talents de juriste au service d'un certain Martin L. King, ainsi que d'un autre illustre inconnu : Robert Kennedy. Quant à la seconde, il s'agira d'une employée du service communication de la Maison Blanche, confrontée au plafond de verre professionnel imposée par sa couleur de peau. Elle n'en deviendra pas moins une proche d'un certain John. F. Kennedy. Nous avons donc trois guest stars de marque, mais ce n'est pas fini.

A ma gauche, l'URSS, dont le protagoniste, issu de la lignée de membres du renseignement de l'armée rouge, deviendra un proche conseiller de Nikita Khrouchtev, dont les colères homériques et le caractère bourru sont dépeints comme si nous y étions. La crise des missiles de Cuba sera la principale toile de fond de l'arc soviétique.

Au centre, une Allemagne en ruines à l'issue de la défaite du nazisme, en proie aux privations et en pleine reconstruction. Un mur de béton viendra bientôt défigurer Berlin pour empêcher l'hémorragie de réfugiés Est-Allemands vers la RFA, fuyant une Stasi inique et violente (dont un de ses membres fera un antagoniste de premier ordre). Le fils du couple historique anglo- allemand réussira pourtant à franchir le mur de béton, dans l'espoir de devenir une star du rock'n roll, musique issue de l'impérialisme capitaliste selon la doctrine politique soviétique, rejoignant une cousine qui n'avait pas attendu l'édification de la barrière physique pour le faire. Cette dernière, professeure, avait vu sa carrière brisée en raison de convictions politiques trop libérales, et surtout, d'avoir un peu trop énervé un membre de la Stasi.

Le côté anglais passe un peu en second plan, son arc tourne autour de la montée du socialisme prôné par le parti travailliste face au rigorisme des conservateurs. Moins intense que les thèmes précédents, nous retrouvons tout de même avec plaisir des visages connus et de nouvelles têtes.

Ma seule réflexion négative était que la guerre du Vietnam a été pour ainsi dire totalement délaissée, néanmoins, au vu des épisodes précédents, nous comprenons que la volonté de Follett était de se tourner vers des sujets qui n'ont pas déjà été traités des centaines de fois. Vu la taille respectable du livre, le choix semble judicieux. Le style de l'auteur reste inchangé : fluide, plaisant, complet, documenté avec une perfection impressionnante, et toujours des personnages si bien modelés, si crédibles, qu'on ne peut s'empêcher de s'attacher à eux.

Ambitieuse saga familiale s'étalant sur quatre générations, repartie en trois tomes, traitant chacun d'aspects majeurs de l'Histoire du XXème siècle. 🌟

Il s'agit du deuxième tome de la Trilogie du Siècle, de Ken Follett. Il prend place dans les années de la seconde guerre mondiale.

Autant être direct : cet opus est à mon sens le maillon faible de la saga, comparé au premier et au troisième. Soyons clairs : le livre est très bon. Mais moins les deux autres, notamment le premier, qui avait mis la barre très haut. Alors, pourquoi le considérer comme le "vilain petit canard" ?

Dans un premier temps, là où le premier entrait directement dans le vif du sujet, percutant, direct, le deuxième ne traite que de romances et d'enfants pendant les 300 premières pages. Certes, ces points sont nécessaires au développement d'une saga, mais le contexte historique passe totalement au second plan. Ensuite, nous retrouvons avec plaisir les protagonistes de l'épisode précédent, mais surtout les fruits de leur union, qui occuperont le devant de la scène, la majeure partie du temps.

Le personnage le plus intéressant est selon moi le fils du révolutionnaire du premier opus. Agent secret au service de l'armée rouge, sous couverture dans l'ambassade de Russie à Berlin, en perpétuelle lutte avec ses rivaux du NKVD (police secrète politique), il tranche avec le fils du soldat gallois, qui ira lutter contre Franco en Espagne, avant de rejoindre la résistance française, et surtout, avec le fils du comte gallois, pilote de la RAF trop antipathique pour être crédible.

Du côté des dames, nous avons la fille du noble allemand qui, n'ayant pas accès aux études de médecine de l'Allemagne nazie, campera le rôle d'une infirmière tentant de faire éclater au grand jour le programme T4, d'extermination des handicapés par les nazis. Son frère servira comme brancardier dans la Wehrmacht. Nous avons également la fille du russe ayant immigré et prospéré aux USA. Membre de la jeunesse dorée, elle volera au secours des blessés victimes du Blitz londonien mené par la Luftwaffe, personnage également très intéressant avec une belle évolution. Enfin, côté américain, un fils du conseiller présidentiel du précédent livre suivra les traces de son père dans le monde politique, son cadet décidant de servir dans la Navy, aux premières loges pour assister au désastre de Pearl Harbour.

Quant à la génération du premier tome, elle a généralement bien évolué, dans les hautes sphères militaires et politiques, à l'exception notable d'un couple, qui pourtant m'inspirait beaucoup de sympathie.

Le programme est alléchant, alors, où le bât blesse-t-il ? Les morceaux de bravoure côtoient pourtant les moments poignants, déchirants, parfois.

Mon ressenti est que les relations familiales et amoureuses ont pris le pas sur le contexte militaire et politique, de façon bien plus prégnante que dans la Chute des Géants. Même si l'on connaît un peu l'Histoire, on peine à saisir, à la lecture de l'épais ouvrage (1100 pages), l'ampleur des enjeux qui se jouent au niveau mondial, tant l'accent est mis sur les enjeux personnels, l'auteur peinant à trouver le bel équilibre de sa précédente œuvre. De même, ne pouvant traiter en un seul livre tous les théâtres d'opération, il a naturellement dû faire des choix, traiter des sujets, faisant l'impasse sur d'autres. Exit l'opération Overlord, exit Stalingrad, exit les camps de la mort. Des sujets trop connus, trop traités par d'autres ? Possible. En revanche, vous aurez d'impressionnantes batailles navales et aériennes, la vie des maquis français et espagnols, les privations subies par tous les civils, quel que soit leur camp.

Je crois comprendre le choix de l'auteur, traiter des sujets plus "populaires", aurait eu un petit goût de facilité... mais le lecteur pourra ressentir un petit goût de "il manque un peu de quantité". Mais après tout, si la soupe est de qualité...

Ambitieuse saga familiale s'étalant sur quatre générations, repartie en trois tomes, traitant chacun d'aspects majeurs de l'Histoire du XXᵉ siècle. 🌟

Elle démarre par "La chute des Géants", titre pouvant faire l'objet d'une double lecture : Chute de Nations, comme d'un ordre social séculaire. L'action prend place pendant la première guerre mondiale et quelques années suivantes.🌍💥

On y suit les aventures d'un gallois de haute naissance, propulsé au rang d'officier sur les terres meurtries de France en raison de sa condition de noble, bien plus qu'en raison de ses capacités militaires. Sous ses ordres, un autre gallois et ses compagnons, issus du monde minier, qui paieront de leur sang l'incapacité de leurs officiers. Vous suivrez l'ascension d'un humaniste américain, conseiller personnel du président Wilson, poursuivant avec lui l'idée chimérique de création de la Société des Nations, ancêtre de l'ONU. Lui aussi, ira combattre. 🌍🌟

Vous suivrez le parcours d'un homme issu de la noblesse allemande, qui, contrairement à son homologue gallois, brillera par sa vision avant-gardiste du monde de demain. Vous suivrez également les pas de deux frères russes, ouvriers métallurgistes. L'un contraint de s'exiler aux États-Unis pour fuir la pègre locale, l'autre devenant un fer de lance de la révolution d'Octobre 1917. 💪🚀

S'il s'agit d'histoires d'hommes, les femmes ne sont pas en reste. Une servante galloise ambitionnant d'embrasser une carrière politique, voilà un profil original, pour l'époque. De même, une princesse russe mariée par intérêt au noble gallois évoqué plus haut, et souffrant du mal du pays, ainsi qu'une jeune Américaine qui se liera intimement à un des frères russes. 💃👑

Tous ces destins vont s'entremêler, se chevaucher, se confronter. Le travail de recherche de l'auteur est remarquable, chaque arc a son ambiance, les romances y sont présentes, mais servent directement l'histoire, avec un grand comme un petit "H". 📚❤️

Les thèmes abordés sont nombreux, politiques, naturellement, mais servant habilement les mouvements sociaux majeurs que le monde connaîtra. Chacun aura sa petite préférence pour un arc narratif particulier. J'admets à titre personnel un gros faible pour la révolution russe. 🇷🇺

La plume est élégante et décrit les horreurs de la guerre comme les petites injustices sans jamais faire jouer les violons de façon grossière. Les personnages sont traités avec subtilité, et jamais le livre ne commet l'erreur de verser dans le manichéisme primaire. Chacun a sa vision propre du monde dans lequel il évolue, et la défend, pour conserver ce qu'il a déjà, ou s'approprier ce dont il a toujours été privé. 🖋️

Le livre est un sacré pavé (plus de 1000 pages), mais n'est jamais indigeste, le rythme est globalement très bien maîtrisé. Ses pages se dévorent facilement par paquets de 50. 📖📦

Mon seul regret est que la France, théâtre majeur des opérations militaires de l'époque, est reléguée au second rang, pour ne pas dire passée à la trappe. 🇫🇷

Hormis ce dernier point, je recommande sans réserve.

Ce roman m’a été conseillé par une proche. Je ne connaissais l’auteur que de nom, mais le pitch de départ m’a intrigué. Un homme nu, une tête de cerf empaillé sur la tête, se fait renverser par une voiture, de nuit, sur une route dans un coin reculé de l’Ariège. 🦌🚗

Je m’attendais à une histoire de culte satanique, quelque chose de ce genre. J’étais bien loin du compte. 😱 Sans trop vous spoiler, le livre traite de problématiques sociétales actuelles, notamment le laxisme (réel ou supposé) de la justice face à une délinquance de plus en plus violente, les rapports entre les hommes de terrain et l’Administration à laquelle ils sont subordonnés, ainsi que la création de “milices citoyennes”. 💥📚

Le livre fait partie d’une saga mettant en scène Martin Servaz, officier de police à la SRPJ de Toulouse, idéaliste désabusé. S’il rappelle quelques clichés du flic à la Olivier Marchal, il n’en reste pas moins crédible et attachant. Le livre me semblait, dans sa version brochée, être un énorme pavé, mais il n’en est rien. Très aéré, il se lit très facilement, les phrases sont courtes, simples sans être simplistes, l’univers crédible, avec un vrai travail de recherche, et l’histoire se déroule sans temps morts. Il faut compter une petite semaine de lecture en prenant son temps pour le terminer. ⏳📚

Il me parait particulièrement intéressant, dans la mesure où le point de vue du protagoniste et celui de l’antagoniste sont tous les deux défendables, et le lecteur que je suis ne savait pas vraiment (du moins pour un temps) quel parti prendre. Le seul reproche que je pourrais formuler est que l’idée de départ est très bonne, mais que le livre aurait mérité d’être un peu étoffé pour qu’elle soit exploitée à fond. 😉

En conclusion : je recommande !