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Sibériennes - Voyage aux confins de la taïga



Description ajoutée par lrjon 2018-09-13T13:34:33+02:00

Résumé

Répondant à l’appel de la taïga, Géraldine Bérard et Valérie François sont parties pendant plus de six mois sur la route mythique de la Kolyma, à la rencontre des habitants de la Sibérie orientale. Sur 4 000 kilomètres, du lac Baïkal à la mer d’Okhotsk, les deux voyageuses partagent bania et vodka dans les hameaux isolés, écoutent la vie aventureuse des géologues et des chercheurs d’or, vont cueillir baies et champignons en territoire d’ours. Elles prennent part à Yssyakh, la fête solaire des Iakoutes, ou découvrent une face inattendue de leurs hôtesses, chanteuse ou styliste à succès. Au cœur d’une nature sauvage ponctuée de villes désolées, les héritières des « petits peuples du Nord » et des pionniers venus défricher la forêt boréale témoignent des traditions autochtones, du souvenir du Goulag ou de l’énergie des jeunes générations. Toutes confient aux auteurs leurs rêves de Sibériennes.

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extrait

En Iakoutie comme à Magadan, un deuxième voyage s’imposait. Il n’était pas question de rencontrer de nouveaux visages, mais bien de revoir Galina, Lena, Vera, Natacha, Barbara, Dieia et les autres. Nous retrouvâmes très vite la chaleur, la complicité, les fous rires de nos premiers moments. Notre retour était peut-être la preuve qu’elles attendaient pour nous faire confiance et nous ouvrir leur cœur. Elles nous livrèrent des secrets, nous faisant parfois promettre de ne rien en dire. Mais les connaître nous aida à les comprendre, cerner leur personnalité et leur poser des questions plus justes.

Bien souvent, elles nous ont demandé quelle est la plus grande différence entre la femme russe et la femme française. Répondre fut un exercice difficile tant nos combats sont étrangement proches et nos soucis quotidiens similaires. Une chose cependant semble nous différencier : la solitude affective dans laquelle vivent un grand nombre d’entre elles. Nous ne sommes pas des spécialistes de la condition féminine en Russie. Nous ne faisons que constater : 70 % des femmes de 40 ans et plus que nous avons croisées vivaient seules et n’avaient qu’un infime espoir de retrouver un conjoint.

Les histoires que nous avons entendues étaient souvent tristes. Nous ne croyons pas avoir rencontré une femme qui ait pu s’enorgueillir d’une vie sans drame, mais nous ne voulions pas non plus nous contenter des drames de leur vie. Nous n’avons pas choisi les portraits les plus noirs ou les plus sordidement sensationnels, mais ceux qui à notre avis pouvaient refléter au mieux une existence dans le Nord. Les rencontres se sont enchaînées et au moment des faits, l’empathie était inévitable, peut-être parfois au prix de l’objectivité. Pourtant à aucun moment nous n’avons voulu en faire des icônes. À chacun de leurs récits, souvent émotionnellement durs, nous avons voulu montrer l’autodérision, l’humour, la pudeur aussi avec lesquels chacune minimisait les coups du sort, sans occulter leurs petites lâchetés et leurs contradictions, souvent reconnues à demi-mot. Cependant, même dans leurs accès de colère ou leurs plaintes, nous n’avons pas discerné chez elles d’aigreur, de sentiment de haine ou de revanche. De l’amertume, oui, mais pas de résignation. Et quoi qu’il en soit, nous nous sommes rendu compte qu’elles n’ont jamais cherché à nous faire pitié ou à se faire passer pour des victimes.

Si sous l’Union soviétique, elles n’avaient rien à quoi comparer leur vie, maintenant elles ne peuvent que juxtaposer l’avant et l’après. C’est bien légitime. Bien sûr, et elles l’ont toutes reconnu, la vie était alors loin d’être parfaite. Mais la satisfaction des besoins vitaux – travailler, se nourrir, éduquer ses enfants – était une chose acquise. La fin du régime soviétique leur a fait perdre ce peu qu’elles possédaient. La déception a été d’autant plus vive qu’elles avaient réussi à bâtir aux confins du pays une vie meilleure que beaucoup d’autres. Aujourd’hui, certes, elles peuvent voyager et recevoir sans crainte des étrangers, mais comment profiter de cette nouvelle liberté lorsque vous avez brutalement basculé de la vie à la survie ? Peu en ont aujourd’hui les moyens. À l’exception peut-être d’Inokentii à Sotintsy, d’Elena Gogolieva à Magadan, et de quelques autres pour qui la fin de l’URSS a offert la possibilité de faire fructifier leur esprit d’entreprise, la nostalgie d’une vie toute tracée et de la prétendue égalité de tous face au régime est encore prégnante. Nous avons eu l’impression qu’au-delà d’une certaine limite, il devenait malaisé pour elles de remettre en cause l’ancien système. Pour nous qui avons, malgré tout, du mal à nous représenter l’existence qu’elles pouvaient avoir à cette époque, il nous était difficile de décoder le regard qu’elles portent sur cette période qui impliquait un mode de vie, des réflexes, une mentalité trop éloignés de ce que nous connaissons. Ce fossé culturel nous a semblé parfois infranchissable, mais néanmoins le dialogue n’a jamais été rompu. Il est sans doute normal que nous ne nous soyons pas accordées sur tous les sujets.

Le bus pour l’aéroport quitte la ville. Le téléphone vibre. Galina nous envoie un dernier texto : “On vous aime. Vous allez nous manquer.” Les départs sont l’inévitable lot des voyageurs. Nous avons tous connu ces rencontres exceptionnelles d’une heure, d’un jour ou d’une semaine qui font la saveur du voyage. Bien souvent, elles ne deviennent qu’un agréable souvenir qu’on aime raconter à ses amis à son retour. L’histoire que nous avons construite ensemble ne fait pas partie de ces éphémères moments sans lendemain. Nous espérons les voir à Paris et à Marseille. Elles nous attendent à Iakoutsk et à Magadan dans un an, dans cinq ans ou dans dix ans, quelle importance ? Car, nous en sommes sûres en montant dans le Boeing flambant neuf qui nous éloigne trop vite de Magadan, nous nous reverrons.

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