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Un bouleversant défi



Description ajoutée par anonyme 2013-11-03T20:08:59+01:00

Résumé

Ce vieux manoir dont elle vient d’hériter est peut-être en ruine, mais c’est tout ce qui lui reste, et Sophia est bien décidée à en faire un havre de paix pour elle et son fils. Loin de la puissante famille de son ex-mari et des terribles souvenirs du passé… Mais le jour où son voisin, Jarrett Gaskill, sonne à sa porte pour l’inviter à dîner, Sophia sent la panique l’envahir. Jusqu’à présent, elle a réussi à garder ses distances avec ce trop séduisant voisin, mais que se passera-t-il s’il décide de la séduire ? Car une chose est sûre : elle ne peut se permettre d’accorder de nouveau sa confiance à un homme, si envoûtant soit-il…

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Classement en biblio - 17 lecteurs

extrait

Extrait ajouté par Underworld 2019-10-11T02:18:29+02:00

** Extrait offert par Maggie Cox **

1.

Tandis que Jarrett descendait la colline en choisissant ses pas, il vit débouler devant lui son labrador, qui le distança rapidement. Celui-là, il n’avait pas à se soucier des pierres traitreusement dissimulées par les hautes herbes…, songea-t-il, amusé. Et alors qu’il observait la course joyeuse du chien, son regard fut soudain attiré par une silhouette. Là-bas, au pied de la colline, à proximité du ruisseau vers lequel se dirigeait le chien, il y avait une jeune femme. Vêtue d’un jean et d’une veste kaki, elle se tenait accroupie, un appareil photo à la main.

Que photographiait-elle ? Jarrett plissa les yeux. En vain. A cette distance, c’était impossible à dire. Elle faisait peut-être partie de ces horticulteurs qui venaient de temps à autre dans la région pour étudier des fleurs ou des végétaux ? Jarrett respira l’air ensoleillé du printemps. C’était une très belle journée et il venait de conclure un contrat pour un superbe terrain à une vingtaine de kilomètres de là. Bref, il se sentait d’humeur à communiquer et il eut envie d’aller saluer l’inconnue.

— Bonjour ! lança-t-il tout en s’approchant d’elle.

Surprise, la jeune femme leva la tête et l’observa. Il s’approcha davantage, mais s’arrêta soudain fasciné. Quelle beauté ! Qui était-elle ? Jarrett sentit son cœur battre aussi fort que s’il avait descendu cette colline en courant. Jamais il n’avait croisé un regard d’un vert aussi lumineux… un vert qui lui rappelait les coteaux nimbés de lumière. De magnifiques cheveux châtains cascadaient comme de la soie sur ses épaules, ravivant encore l’éclat de ses yeux. Bien malgré lui, il sentit monter à ses lèvres un sourire conquis.

— C’est une magnifique journée, n’est-ce pas ? ajouta-t-il.

Mais au lieu de répondre, la jeune femme s’écria :

— Charlie ? Charlie, viens ici tout de suite !

Charlie ? Il y avait donc un enfant par ici ? Jarrett ne l’avait pas vu. Répondant aux appels inquiets de la femme, le gamin jaillit d’un bosquet et fila comme une flèche pour se jeter dans ses bras, manquant la renverser. Etait-ce son fils ? Elle semblait si jeune.

Cette femme n’était sans doute que de passage par ici, et pourtant, déjà, inexplicablement, Jarrett sentit que le besoin impérieux de la connaître ne le lâcherait plus. Il s’empressa de s’excuser.

— Je ne voulais pas vous effrayer, dit-il en lui tendant la main. Je m’appelle Jarrett Gaskill. J’habite de l’autre côté de la colline.

Il attendit qu’elle se présente à son tour… mais en vain. Fixant sa main tendue, la belle inconnue au regard émeraude ne faisait pas un geste dans sa direction. Elle se contenta de poser son appareil photo, et s’assit dans l’herbe en caressant tendrement le dos du petit garçon pour le rassurer. L’enfant enfouit sa petite tête brune et bouclée dans le creux du cou de la jeune femme, comme pour se cacher.

— Peut-être que ça ne saute pas aux yeux, déclara-t-elle finalement en guise de réponse, mais figurez-vous que je travaille. Je ne prends pas des photos pour m’amuser.

A présent, ses magnifiques yeux verts lançaient des éclairs. Le ton déterminé, tranchant, presque menaçant de sa voix rauque et sensuelle était… déconcertant. Jarrett tiqua. Le voyait-elle comme un danger pour elle ou pour l’enfant ?

Au même instant, comme s’il cherchait à lui rappeler sa présence, le labrador, qu’il gardait en l’absence de sa sœur Beth, vint glisser sa truffe dans sa main pour lui lécher la paume. Fidèle à son habitude, le chien revenait trempé de sa course folle dans le ruisseau.

— Ça va, mon grand… On va bientôt rentrer.

— Vous vouliez autre chose ? demanda l’inconnue.

Ma parole, songea Jarrett, avec une pointe de déception, elle semblait presque s’indigner qu’il envisage de s’attarder alors qu’elle lui avait clairement fait comprendre qu’il n’était pas le bienvenu ! Il ravala fièrement sa frustration, puis planta les yeux dans les siens en lui adressant un petit sourire moqueur.

— Non… Je voulais juste discuter, rien de plus. Pas vous agresser.

— Et moi, je ne voulais pas me montrer impolie. Mais, voyez-vous, quand je travaille, je dois rester concentrée sur mon sujet. Si je me laisse distraire, la photo est fichue.

— Dans ce cas, je ne vais pas vous distraire plus longtemps, répliqua-t-il. Bonne fin de journée.

— A vous aussi.

Sur ce, Jarrett siffla son chien, prêt à tourner les talons. Aussitôt, le petit garçon se dégagea des bras de la jeune femme et, apercevant le chien, le suivit du regard, l’air émerveillé. Lui aussi avait des yeux extraordinaires. Des yeux ourlés de longs cils, mais bruns et non verts comme ceux de sa mère. A condition que ce soit son fils, bien sûr. Etait-ce le cas ? se demanda de nouveau Jarrett. Il brûlait de le savoir. Mais il brûlait davantage encore de savoir si l’inconnue venait d’un des villages alentour. Probablement pas, songea-t-il. Certes, son travail le retenait souvent loin de chez lui, et il ne connaissait pas tout le monde, mais il avait l’intuition qu’elle n’était pas de la région. Une telle beauté ne passait pas longtemps inaperçue…

Hélas, il était temps de partir. A regret, Jarrett se mit en route, et, soudain, bizarrement, le soleil lui sembla moins brillant. Même la satisfaction d’avoir signé son contrat ne parvint pas à atténuer la blessure que l’indifférence et la méfiance de l’inconnue venaient de porter à son amour-propre.

* * *

— Elle s’appelle Sophia Markham, annonça Beth, au bout du fil. Et tu sais quoi ? Elle s’est installée à High Ridge Hall.

High Ridge Hall… Le cœur de Jarrett manqua s’arrêter lorsque sa sœur lui apprit la nouvelle, comme elle l’appelait pour le prévenir de son retour de Paris. Jarrett avait tenté d’acheter cette maison à de nombreuses reprises, mais la vieille dame qui y vivait lui avait toujours opposé un refus poli, même lorsqu’il était devenu évident qu’elle était trop âgée pour entretenir correctement le bâtiment. La bâtisse était restée inhabitée depuis le décès de sa propriétaire, deux ans plus tôt. Jarrett avait bien contacté plusieurs agences immobilières locales, mais personne n’avait été en mesure de lui donner des informations sur le propriétaire ou sur ce qu’il allait advenir de la maison. Et voilà que Beth lui annonçait que la femme, qu’il avait rencontrée la veille, près du ruisseau, et qu’il lui avait décrite en détail, y habitait ?

Belle comme elle était, il aurait dû se réjouir qu’elle soit sa voisine. Au lieu de ça, sa déception était immense. Car High Ridge Hall représentait bien davantage qu’un grand édifice qu’il rêvait de restaurer. La maison avait une histoire, elle avait toujours été le fief d’une des plus riches familles de la région. Alors pour Jarrett, acquérir ce bâtiment aurait été comme… apporter son plus beau fleuron à « l’empire immobilier » — comme aimait à l’appeler Beth pour le taquiner — qu’il avait réussi à développer et à faire prospérer ces dernières années.

Il ne pouvait s’empêcher d’envier la belle inconnue aux yeux verts. Elle connaissait sûrement des gens haut placés pour avoir ainsi reçu l’autorisation de s’installer à High Ridge Hall — même si la maison devait probablement tomber en ruine. Et soudain, comme il se rappelait l’attirance immédiate qu’il avait ressentie en apercevant la jeune femme, le désir incendiaire que son regard ensorcelant avait éveillé en lui, revint le tenailler…

— Il paraît qu’elle serait de la famille de la vieille Mlle Wingham, poursuivit Beth. Ça expliquerait comment elle a pu s’installer là-bas. La maison n’était même pas à vendre.

— Nom de Dieu !

— Ne jure pas. Maman se retournerait dans sa tombe si elle t’entendait, Jarrett.

— Heureusement pour moi, je ne m’encombre pas des superstitions religieuses de notre mère. Et tu devrais en faire autant, rétorqua-t-il, irrité.

— Quoi qu’il en soit… Tu m’as bien dit que tu avais rencontré Sophia Markham près du ruisseau, dans la vallée ? J’ai entendu dire qu’elle avait un fils. Il était là ?

— Oui.

— Il semblerait qu’elle vive seule avec lui. Tu crois qu’elle est divorcée ? Son mari travaille peut-être à l’étranger ? demanda-t-elle encore.

— Mais tu deviens aussi curieuse que le reste du village ! s’exclama Jarrett.

— N’essaie pas de me faire croire que ça ne t’intéresse pas, se moqua Beth avec malice. On m’a dit que Mme Markham était très jolie.

Jarrett n’avait pas envie de parler d’elle. A vrai dire, il s’efforçait toujours de digérer la nouvelle : à cause de Sophia Markham, le rêve qu’il poursuivait depuis si longtemps, la maison qui lui tenait tant à cœur, venait de lui échapper pour toujours…

A l’autre bout du fil, Beth ne désarmait pas. Elle soupira.

— Non seulement elle est jolie, mais en plus elle vit à High Ridge Hall… Avec tout ça, je parie que tu ne repartiras pas de sitôt pour un de tes interminables voyages d’affaires… Du moins, tant que tu n’auras pas découvert qui elle est et comment elle a réussi à avoir la maison.

— Tu as tout faux, répliqua sèchement Jarrett. Justement, je pars pour New York vendredi. Je serai absent deux semaines. Peut-être plus longtemps, précisa-t-il.

— Je te taquinais, petit frère.

— Arrête de m’appeler comme ça.

Du haut de son mètre quatre-vingt-dix, Jarrett voyait difficilement qui pouvait le qualifier de « petit ».

— Tu seras toujours mon petit frère. Et puisque nos parents ne sont plus là, c’est mon rôle de grande sœur de veiller sur toi. Pour parler d’autre chose, tu as revu Katie Stewart dernièrement ?

Katie Stewart ? Cette femme avec qui il était sorti plusieurs fois alors qu’il n’en avait même pas envie ? En vérité, il n’avait pas du tout pensé à elle. Sa compagnie était certes agréable, mais il ne la trouvait pas très intéressante. Attirante, sans aucun doute ; seulement il en fallait plus pour le séduire. Lui, il voulait une femme à la fois charmante et intelligente, qui posséderait en outre un certain sens de l’humour. Mais le plus important était l’alchimie, cette étincelle qui ferait que jamais il ne se lasserait.

Etait-il trop exigeant, comme le pensait Beth ? Peut-être. Lui se trouvait plutôt… prudent. Cela expliquait-il que, à trente-six ans, il soit toujours célibataire ? Il avait parfois l’impression que la femme dont il rêvait en secret n’existait que dans son imagination.

— Non, je n’ai pas vu Katie Stewart récemment, répondit-il sans plus cacher son agacement. Si ça arrive, tu seras la première à le savoir.

— Je m’inquiète seulement parce que tu n’as personne qui compte réellement dans ta vie. Tout l’argent et toute la réussite du monde ne te rendront pas heureux et ne te réchaufferont pas durant les longues nuits d’hiver, Jarrett.

— Tu parles comme ces voyants qui t’annoncent que tu vas vivre une merveilleuse histoire d’amour avec un grand et bel inconnu, répliqua-t-il avec une grimace.

— Est-ce que Sophia Markham est grande ? s’enquit Beth.

— Je n’en sais rien, répondit-il, à présent irrité. Quand je l’ai aperçue, elle s’était accroupie pour prendre une photo. Bon, c’est pas tout ça, il faut que j’y aille. Je te ramènerai le chien vers midi, ça te va ?

— Tu essayes de te faire inviter à déjeuner ?

— Fais-moi un sandwich et une tasse de thé, et je te promets de passer un peu de temps avec toi. On pourra même discuter.

— Le jour où je me contenterai de préparer un sandwich en guise de déjeuner, rétorqua sa sœur, c’est que j’aurai perdu l’esprit.

En pensant aux merveilleux repas qu’elle lui préparait bien avant d’entamer sa formation pour devenir le chef d’un prestigieux établissement londonien, Jarrett se radoucit immédiatement.

— Tu es un vrai génie culinaire, ma chérie. Crois-moi, mon palais et mon estomac t’en sont reconnaissants. Je passerai vers 13 heures si ça te convient ?

— N’oublie pas de ramener Dylan.

— Comme si je risquais d’oublier… Il est tout le temps dans mes jambes : soit il me fait ses yeux de chiot, soit il essaie de me renverser.

* * *

Sophia fut prise d’une quinte de toux. Elle venait d’ouvrir les rideaux — de vieilles tentures — et un nuage de poussière s’était aussitôt formé. Dans la seconde, la lourde tringle en cuivre céda et Sophia eut juste le temps de l’éviter avant qu’elle ne s’écrase sur le plancher de bois sombre.

— C’était pas très malin, murmura-t-elle pour elle-même.

Sachant qu’elle venait d’échapper au pire, elle secoua la tête et mit les mains sur ses hanches en esquissant un sourire contrit. Elle observa un instant le ballet des particules de poussière qui semblaient flotter dans la lumière du soleil. Eh bien, elle qui cherchait un projet lui permettant d’oublier son chagrin et son désespoir, elle l’avait trouvé ! Elle allait suer sang et eau pour rendre cette maison habitable. Mais elle ne s’en plaignait pas, bien au contraire. C’était une telle chance que son excentrique grand-tante, Mary, lui ait fait un tel cadeau !

Qui aurait pu imaginer que cette femme, qui feignait de l’ignorer durant son enfance, sauf pour lui adresser des regards réprobateurs, derrière sa monture demi-lune, se transformerait en ange gardien et en bonne fée ?

— Tante Mary ne s’entend pas avec sa famille… avec les adultes, du moins, lui avait un jour confié son père, les yeux brillants de malice. Elle trouve que nous ne méritons pas de la compter comme membre de la famille. Je suis certain que nous sommes une source de déception pour elle. Tu verras, je parie qu’elle lèguera cette monstruosité gothique de High Ridge Hall à une association de protection des animaux !

Mais contrairement aux prédictions de son père, sa grand-tante n’avait pas légué High Ridge Hall à une association. Elle la lui avait léguée à elle, Sophia.

Sophia n’oublierait jamais le jour où elle avait appris la nouvelle… Alors qu’elle venait de vendre sa propre maison afin d’éponger les dettes de son époux, elle avait reçu un appel d’une étude de notaires de Londres. Ils avaient tenté de la localiser durant des mois, lui avaient-ils dit. Et ce, pour lui annoncer qu’elle était l’unique bénéficiaire du testament de sa grand-tante. Sophia en avait été bouleversée. Jusque-là, elle ignorait totalement que son aïeule était décédée. Comment aurait-elle su ? Depuis la mort de son père, Sophia avait perdu tout contact avec sa famille, sauf avec son frère, David, qu’elle voyait en de rares occasions. A l’époque, en un sens, c’était aussi bien comme ça. Le comportement destructeur de son mari empirait avec les années, et il buvait toujours davantage. Quelle honte… Sophia craignait plus que tout que sa famille et ses amis découvrent la vérité.

Puis High Ridge Hall, et surtout la somme d’argent qui l’accompagnait, lui était arrivées sur un plateau. Une véritable bénédiction.

Sophia soupira. Elle se revit, chancelante, juste capable de se laisser tomber sur l’une des quelques chaises qui lui restaient avant de verser des larmes de gratitude et de soulagement. Sans ce miracle qui venait de se produire, elle aurait été contrainte d’aller s’installer chez son tyrannique beau-père. Une perspective insupportable…

A cet instant, Sophia fut tirée de ses sombres pensées par son fils qui surgit soudain de la cuisine. Il observa d’un œil rond la tringle en cuivre, enfouie dans les plis des lourdes tentures.

— Qu’est-ce qui s’est passé, maman ? J’ai entendu un grand boum.

— La tringle est tombée. Ces murs sont très vieux. Le plâtre s’effrite facilement. Ça va nous demander pas mal de temps et d’efforts pour remettre cette pièce en état… On aura beaucoup de travail si on veut vivre ici. Heureusement qu’oncle David a pu prendre quelques jours de congé pour aménager les chambres, sinon on aurait été obligés de dormir sous une tente dans le jardin !

Comme elle parlait, Sophia s’avisa que Charlie se désintéressait déjà de l’incident. Il avait à présent les yeux rivés au jouet coloré qu’il emportait partout avec lui, le tournant et le retournant entre ses mains, comme s’il ne pouvait plus attendre d’aller jouer.

— Je peux aller dans le jardin ? demanda-t-il. Je vais faire un fort. Je te promets de rester loin de l’étang.

Sophia posa sur son enfant un regard attendri.

— D’accord, dit-elle, mais je veux que tu restes bien en vue des fenêtres. Promis ?

Tout heureux, il lui adressa un sourire éblouissant auquel il manquait plusieurs dents, et le cœur de Sophia se serra.

— Viens me faire un câlin, ordonna-t-elle.

— Tu veux toujours me faire des câlins.

— Je sais, mais je ne peux pas m’en empêcher, rétorqua-t-elle avant d’attraper son fils par la taille pour le faire tournoyer, et lui arracher de grands éclats de rire.

— Arrête, arrête, maman, s’écria-t-il. J’ai la tête qui tourne !

Sur ce, il lança un sourire désarmant à sa mère, et, à peine posé à terre, se rua dans le jardin en friche. Le jardin… Encore un aspect de cette propriété qui tenait Sophia éveillée durant la nuit ! Comment allait-elle le transformer pour en faire le décor de conte de fées de son enfance ?

Comme elle se penchait pour ramasser les tentures et la tringle, l’image de l’homme qui l’avait saluée tandis qu’elle prenait des photos de fleurs sauvages pour son portfolio, s’imposa soudain à son esprit. Ses yeux d’un bleu azur… sa masse épaisse de boucles sombres aussi brillantes que de la soie… A ce souvenir, une vague de chaleur la traversa. Elle se sentait irrémédiablement attirée par lui, et pourtant il la rendait nerveuse.

Et si c’était son beau-père qui l’avait envoyé pour la retrouver et la ramener de force ?

Face à un homme de sa carrure, elle n’avait aucune chance. Elle n’aurait d’autre choix que de le suivre.

Sophia se força à inspirer profondément pour se calmer. Heureusement, jusqu’à présent, ses pires craintes étaient restées infondées — mais ça ne l’empêchait pas de s’inquiéter.

Jarrett Gaskill… Qui donc était cet homme ?

Même s’il n’avait jamais entendu parler de son illustre beau-père, cet homme portait un nom bien trop sophistiqué et pompeux à son goût. Il faisait sûrement partie de ces citadins ambitieux qui possédaient une villégiature à la campagne où passer les week-ends, recevoir leurs amis londoniens et jouer au Seigneur du Château.

Sophia sourit à cette idée. N’était-elle pas un peu cynique ? La voix mélodieuse de l’inconnu lui avait pourtant semblé sincère. Peut-être était-ce une erreur de le juger aussi rapidement ?

Mais après tout, que savait-elle des hommes sincères, elle qui s’était mariée avec le plus grand menteur et coureur de jupons du pays ? Tom Abingdon, l’homme qu’elle s’était empressée d’épouser contre l’avis de tous, alors qu’elle n’avait que dix-huit ans. Un être cruel et jaloux, à la fois vaniteux, égoïste et prêt à tous les excès. A l’époque, elle était simplement trop stupide pour le voir.

Dieu qu’elle avait été naïve de croire qu’elle pourrait le détourner de ses démons et le convaincre qu’un bel avenir s’offrait à eux… Elle avait rapidement découvert qu’il n’avait que du mépris pour ses tentatives maladroites, ses élans pour lui venir en aide. Avec le temps, l’ornière dans laquelle elle s’était fourvoyée était devenue de plus en plus profonde et dangereuse. Et elle avait fini par se retrouver prisonnière de son propre mariage, le désespoir lui ôtant toute chance de s’échapper.

Vers la fin de son existence, Tom semblait déterminé à les entraîner avec lui, elle et leur fils, au fond du gouffre.

Jusqu’à ce jour, soudain, où Sophia avait compris qu’il était temps de renoncer à ses rêves de jeunesse. Elle ne pouvait pas sauver son époux, ne pourrait jamais le détourner de ses démons. Elle devait partir, sur-le-champ. Pour le bien de Charlie, si ce n’était pour le sien.

C’était son fils qui lui avait redonné espoir et l’avait encouragée à quitter son mari. Mais le destin avait d’autres projets pour Tom Abingdon : il avait été emporté dans son sommeil après une énième nuit de beuverie.

Sophia ferma les yeux. L’espace d’un instant, la douleur et la colère qu’il leur avait fait endurer la submergèrent de nouveau, la forçant à inspirer profondément pour se calmer. Eh bien, ces souvenirs pénibles arrivaient à point nommé pour lui rappeler combien elle aurait été stupide de tomber de nouveau amoureuse… Tom lui avait au moins appris cela : les apparences étaient trompeuses. Même les pires menteurs, les pires séducteurs pouvaient vous présenter un visage avenant pour obtenir ce qu’ils voulaient. Cette leçon, apprise dans la douleur, l’avait rendue beaucoup plus prudente et très méfiante envers les hommes.

Alors, si par hasard sa route venait à croiser de nouveau celle de Jarrett Gaskill, c’est promis, elle changerait de chemin. Non, elle ne laisserait plus aucun homme l’approcher et découvrir la vérité… découvrir que son époux l’avait maltraitée et humiliée durant des années. Un nouveau départ pour elle et pour son fils, voilà ce qu’elle voulait. Une nouvelle vie qui excluait les étrangers, si sympathiques soient-ils, qui chercheraient à se mêler de ses affaires. Elle ne se faisait d’ailleurs aucune illusion : Jarrett Gaskill devait déjà avoir oublié leur rencontre à deux pas du joli petit ruisseau.

* * *

Cela faisait maintenant trois semaines que Sophia se rendait au petit marché fermier hebdomadaire qui se tenait dans le centre du village. C’était tellement plus agréable d’acheter ses fruits et légumes directement aux producteurs, que d’aller se perdre dans ces grandes surfaces froides et impersonnelles ! Ici, au moins, les produits étaient toujours frais. Leur parfum et leur goût surpassaient d’ailleurs largement ceux des fruits et légumes vendus en barquette ou sous plastique dans les rayons des supermarchés.

Attirant son fils près d’elle, Sophia attrapa l’épais sachet en papier brun contenant ses pommes, que lui tendait une sympathique maraîchère, et le déposa dans son sac en jute déjà bien rempli. Elle adressa un grand sourire à son fils : un bel après-midi à préparer des tartes et des gâteaux les attendait ! C’était tellement merveilleux de ne pas avoir à redouter le retour de Tom ! Il serait rentré soûl, une fois de plus, pour se moquer d’elle, ou pire, passer sa colère sur eux.

— On va faire une tarte aux pommes pour le thé, Charlie, lui promit-elle joyeusement.

— Vous accepteriez un invité ? Je suis un vrai fan des tartes aux pommes maison.

Sophia manqua sursauter. Cette voix masculine, à la fois riche et profonde, était tellement saisissante… Surprise, elle se tourna vers l’homme qui venait de surgir à côté d’elle et leva les yeux sur lui. Avant d’être immédiatement aimantée par un regard bleu qui l’observait avec tant d’insistance que, l’espace d’un instant, elle fut incapable de prononcer un mot. C’était lui… Jarrett Gaskill. Ce nom, qu’elle s’était pourtant efforcée d’oublier, lui revint un peu trop facilement à la mémoire.

— Impossible, répondit-elle enfin. Je viens d’emménager, je n’ai pas encore eu le temps de tout installer. Et puis, ce n’est pas mon genre de faire entrer chez moi des inconnus, ajouta-t-elle rapidement en détournant les yeux.

— Un inconnu ? reprit Jarrett Gaskill. Je me suis présenté lors de notre première rencontre, vous vous souvenez ? souligna-t-il avec une pointe de reproche.

A ces mots, Sophia se sentit rougir. Bien sûr, qu’elle se souvenait ! Comment pourrait-elle le convaincre du contraire ?

— Ce n’est pas suffisant, argua-t-elle. Ce n’est pas parce qu’on connaît le nom de quelqu’un qu’on connaît cette personne.

— Vous avez raison… Mais ça permet au moins d’apprendre à la connaître.

Que dire ? Sophia opta pour la fuite.

— Je suis désolée, monsieur Gaskill, mais je dois partir, prétendit-elle.

— Ah, vous voyez…, fit-il remarquer, vous vous rappelez mon nom. Peut-être qu’un jour, vous me ferez l’honneur de me donner le vôtre ?

A présent, ses magnifiques yeux bleus pétillaient de… malice ? Elle n’aurait su le dire.

— Je ne pense pas, déclara-t-elle en se retournant, encore plus pressée de quitter le petit marché bourdonnant d’activités.

— Quel dommage…, fit mine de déplorer Jarrett Gaskill. Je vais donc devoir vous trouver un nom. Au cas où on se croiserait de nouveau.

— Non, ce n’est pas la peine. Vous n’aurez qu’à m’ignorer.

Il fronça les sourcils avec exagération.

— J’en serais incapable. Ce serait grossier de ma part.

— Vous vous souciez vraiment des bonnes manières ? s’enquit-elle.

— Bien sûr, affirma-t-il sur un ton faussement solennel. Imaginez ! Ma défunte mère risquerait de revenir me hanter si je me laissais aller. Elle ne m’a pas élevé ainsi.

Malgré son désir de mettre un terme à cette conversation aussi inopportune que surréaliste, Sophia ne put s’empêcher de sourire. Mais elle se reprit bien vite et veilla à serrer les lèvres.

— Il faut vraiment que je parte, dit-elle aussi fermement qu’elle put. J’ai des choses à faire. Au revoir.

Sur ce, elle saisit la main de son fils, et s’apprêta à plonger dans la foule des acheteurs. Mais la voix de Jarrett Gaskill s’éleva de nouveau.

— Je vous souhaite de vous délecter de votre tarte aux pommes, madame Markham… Qui sait, peut-être m’en garderez-vous une part ?

Madame Markham… Avait-elle bien entendu ? Sophia se retourna soudain, les yeux écarquillés par la peur.

— Comment connaissez-vous mon nom ? demanda-t-elle.

— Eh bien, c’est un petit village ici. Tôt ou tard, tout le monde finira par connaître votre nom. Les gens du coin sont plutôt curieux… Ils aiment savoir d’où viennent les étrangers et pourquoi ils sont venus s’installer chez eux. C’est la nature humaine, j’imagine.

Il haussa les épaules avec nonchalance et Sophia ne put s’empêcher de le fixer. Difficile de rester indifférente à cette carrure. Sous sa veste de cuir, Jarrett Gaskill portait un T-shirt noir qui laissait deviner des épaules larges et un torse musclé. Il émanait de toute sa personne une aura de puissance et de virilité qui la rendait tout à la fois nerveuse et méfiante.

Mais il y avait pire. Elle détestait l’idée que des gens qu’elle ne connaissait même pas se permettent de les mettre sur la sellette, elle et son fils.

— Ils devraient se mêler de leurs affaires ! lança-t-elle, réprimant mal sa colère. Rendez-moi un service, monsieur Gaskill, si jamais vous les entendez parler de moi, faites-leur bien comprendre que je veux qu’on me laisse tranquille.

— Sachez que je n’aime pas les ragots, répliqua alors Jarrett Gaskill. Je respecterai votre vie privée, madame Markham.

Devait-elle le croire ? Sophia le dévisagea un instant. Avant de lui adresser un petit signe de la tête.

— Merci, ajouta-elle.

Alors, sans laisser à Gaskill le temps de la relancer, elle disparut dans la foule, entraînant son fils avec elle. Surtout, elle s’ordonna de ne pas se retourner pour vérifier si cet homme trop séduisant la suivait du regard… le cœur battant à l’idée que ses magnifiques, ses troublants yeux bleus soient toujours posés sur elle.

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Commentaires récents

Commentaire ajouté par princesseplume35 2014-10-22T09:46:21+02:00
Or

Roman agréable à lire. Ce lit rapidement les personnages sont touchants et le happy end de la fin trop mignon.

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Date de sortie

Un bouleversant défi

  • France : 2013-11-01 - Poche (Français)

Activité récente

Titres alternatifs

  • Distracted by her Virtue - Anglais
  • Distracted by her Virtue (The Powerful and the Pure #5) - Anglais
  • Una distrazione proibita - Italien
  • Zärtliche Eroberung im Herrenhaus - Allemand

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