Antisémitisme, l'intolérable chantage : Israël-Palestine, une affaire française ?

La France est-elle antisémite ? À en croire le nombre d’articles de presse, de couvertures de magazine, de déclarations alarmistes de grandes consciences rompues à l’art de la communication, nous aurions vécu en 2002 une « année de cristal » (Alain Finkielkraut), en référence à la nuit du 9 au 10 novembre 1938 au cours de laquelle les nazis se livrèrent à un pogrom sur l’ensemble du territoire allemand. À peine plus mesuré, le Consistoire central des israélites de France a parlé des prémisses d’une « nouvelle Nuit de cristal » (Libération, 2 avril 2002). Si on veut bien laisser de côté ces exagérations délirantes, de quoi s’agit-il ? D’un simple effet de loupe sur des actes marginaux ? D’une dramatisation qui n’est pas exempte d’arrière-pensées politiques ? Ou d’une réalité déjà massive qui se diffuse au tréfonds de la société française ? La réponse à ces questions est d’autant moins simple qu’elle est en permanence brouillée par des manipulations que nous souhaitons précisément mettre en lumière. Certes, des faits graves ont été commis, que leur répétition n’autorise pas à classer parmi les actes isolés. Et, puisque nul ne semble sérieusement contester la relation qui existe entre ces faits (agressions, attaques contre des synagogues, graffitis, injures, etc.) et le conflit israélo-palestinien, il est sans aucun doute urgent de désamorcer par une pédagogie appropriée les phénomènes d’identification, tout en respectant les légitimes mouvements de solidarité qui s’expriment dans le champ politique…