Commentaires de livres faits par chantwal
Extraits de livres par chantwal
Commentaires de livres appréciés par chantwal
Extraits de livres appréciés par chantwal
J'avais beau n'avoir que la peau sur les os, j'avais un métabolisme élevé et un solide appétit. Le romantisme ne suffisait pas tout à fait à apaiser mes besoins de nourriture. Même Baudelaire devait manger. Ses lettres contenaient de nombreux cris de désespoir dus à son manque de viande et de bière brune.
Voilà pourquoi, je veux posséder, chercher au dehors matière à mon bonheur, tandis que la joie se cultive à domicile.
J'ai longtemps cru que philosophie et spiritualité coïncidaient avec la richesse intérieure. Il fallait donc à tout prix conquérir, m'enrichir de connaissances, d'outils existentiels. Aujourd'hui, je me sens plutôt invité au dépouillement. Il y a un trop-plein, de l'excès, un fatras en moi. [...]
Je veux désormais observer la matière humaine dont je suis fait, tenter de la sculpter, car il n'y a rien à y ajouter. Simplement, avec délicatesse, je peux me débarrasser du superflu.
Moi, dès que je prononce une phrase - même si personne ne la contredit - je suis ébranlée dans mes certitudes. Mais j'ai vu des gens vraiment débiles qui claironnaient des énormités avec une suffisance... Tout le monde est suffisant.
Je suis la seule à ne pas pouvoir me suffire à moi-même. La seule dont l'intelligence est trouvée. Je peux lire n'importe quelle quantité de livres - pendant les vacances j'en consomme deux par jour - et ça ne change strictement rien, les trous restent béants.
Quand je prépare, après dîner ce breuvage épais et foncé avec la cafetière italienne, et que je m'installe à la table pour renouer contact avec Gramsci, ou Benjamin, ou Adorno, c'est comme si j'étais véritablement en train de dialoguer avec eux dans un café.
Petit à petit, je vois les lumières s'éteindre dans les HLM d'en face, je sens que bientôt il n'y aura plus que ma lampe à moi d'allumée, et que ma veille est nécessaire : je ne dois pas m'abandonner à mon tour aux ténèbres de l'ignorance.
Pour ma part, je crois qu'à bien y réfléchir, ces sites, qu'ils soient naturels ou non, mais ces derniers sont rares, comptent davantage que mes rencontres humaines.
La tristesse est venue d'une manière très simple : pourquoi sa relation avec Jan en était-elle arrivée là ? Elle pleurait, parce qu'elle se voyait elle-même et ce qu'elle ne pouvait nommer, cette chose que la psychologue Viveka Crafoord avait devinée rien qu'en la regardant. Mais ensuite Malin a fait ce qu'elle fait toujours. Elle s'est reprise, a séché ses larmes, s'est levée et a quitté l'appartement. Cette sorte de solitude est la que n'importe quelle autre.
Quand mon père avait bu, il occupait l'Irlande comme le faisait notre ennemi. Il était partout hostile. Sous notre toit, sur son seuil, dans les chemins de Killybegs, dans la lande, en lisière de forêt, le jour, la nuit. Partout, il s'emparait des lieux avec des mouvements brusques. On le voyait de loin. Il titubait des phrases et des gestes. Au Mullin's, le pub de notre village, il glissait de son tabouret, s’approchait des tables et claquait ses mains à plat entre le ? Il répondait comme çà. Sans un mot, les doigts dans la bière et son regard. Les autres se taisaient, casquettes basses et les yeux dérobés. Alors il se redressait, défiait la salle, bras croisés. Il attendait la réplique. Quand mon père avait bu, il faisait peur. »