Chiapaneco

Sharon ressentit toute l'émotion que les archéologues éprouvent à mettre au jour un vestige de qualité. À la beauté d'un lieu progressivement dévoilé, s'ajoutait la présence de la forêt, vivante comme une foule, celle des animaux dont on entendait les cris et le poids de la cité abandonnée.C'était le récit vivant d'une ville morte dans lequel la dimension du vécu n'était jamais absente. Cependant, les images de pauvreté des Indiens qu'elle avait croisés au cours des jours précédents surgirent à son esprit.

Les civilisations ne sont souvent grandes que pour la minorité. Elle imaginait le sang des sacrifices sur l'autel couvert de mousse, les jambes aux muscles noués, les dos courbés par l'effort, les visages ruisselants de sueur et grimaçants de douleur tandis que les Mayas déplaçaient les énormes pierres jusque dans la forêt où elles reposaient. Aujourd'hui encore le poid de la fatigue des descendants de ces hommes pesait toujours aussi lourdement sur leur destinée. Et Sharon frissonna. Que pouvait-elle faire pour eux?