Délire et tragédie : Sénèque/Hercule furieux, Shakespeare/Le roi Lear, Strindberg/Père

Le théâtre regorge volontiers de fous. Mais «folie »n'est pas synonyme de «délire ».Au théâtre, c'est avant tout par le délire verbal que la folie se manifeste. Le délire est étonnamment énergétique. Un fou en scène, et la salle se tait, écrasée et envoûtée. Du moins voudrait-on le croire, car les scènes de folie sont, pour les comédiens, des plus périlleuses. La folie au théâtre apparaît ainsi, en premier lieu, comme un problème lié au jeu de l'acteur. Cependant, comme le délire est aussi un problème de langage - il marque la perdition du logos lui même, la crise aiguë que subit la parole théâtrale - c'est plutôt par le biais littéraire que nous tenterons de l'aborder.

La folie est-elle si pathologique, au théâtre ? L'état supposé

d'aliénation du personnage ne semble avoir d'autre fonction que de servir de prétexte au délire. L'expression verbale de la folie est enfin de compte la seule chose qui existe réellement en scène… Pourtant, folie et délire dépendent l'un de l'autre :

à chaque folie son délire propre. La folie est un «caractère »de référence et le délire une action scénique qui lui correspond

étroitement. On ne donc peut passer sous silence le diagnostic des héros.