Iris et Joshua

- Qu’est ce qui ce passe ici ?

L’entraîneur nous regarde furax, on est bon pour des tours de terrain supplémentaires.

- C’est pas nous, c’est cette meuf débile qui n’a pas voulu nous passer le ballon.

Bravo Samuel, les choses vont s’arranger comme ça. Je te jure…

- Je crois avoir mal compris Samuel. Tu as manqué de respect envers cette jeune fille.

- Mais non ! Il affiche un air surpris. C’est pas moi, c’est elle qui m’a parlé comme si j’étais un mongolien.

L’entraîneur met une claque derrière la tête de Samuel qui laisse échapper un cri douloureux.

- Dix tours de terrain vous deux, Joshua il faut qu’on parle !

Non ! Moi aussi je veux aller courir ! Mes coéquipiers s’éloignent et moi je vais avoir droit au sermon.

- Monsieur…

- Tu sais pourquoi je t’ai désigné comme capitaine n’est ce pas ? J’opine favorablement de la tête. Tu m’avais l’air d’avoir un minimum de sens moral, d’en avoir dans la caboche et de pouvoir redorer le blason de l’équipe. Mais à priori je me suis trompé Joshua, tu laisses un de tes coéquipiers insulter une fille sans rien dire. Sans parler du comportement de l’équipe à la dernière soirée étudiante ! Il se passe une main sur le visage, il a l’air soucieux et fatigué. Écoutes moi bien, si tu ne m’aides pas à tenir les gars, le doyen va finir par sanctionner l’équipe, suspension, puis dissolution. Il pose une main sur mon épaule. Ce n’est pas ce que tu veux n’est-ce pas ?

- Non Monsieur, j’ai besoin de l’équipe et de ma place de capitaine pour mon diplôme.

- Bien, alors fait en sorte de museler Samuel et imposes toi en leader positif. Montre leur que ce n’est pas parce qu’on est bien élevé qu’on est forcément un fayot.

- Vous pouvez compter sur moi.

- Parfait. Elle lui a vraiment mal parlé la petite à Samuel.

Je ne peux m’empêcher de sourire.

- Non, au contraire elle a été très polie, très fine dans ses propos. Je ne sais pas en fait si Samuel a compris ce qu’elle lui a dit quand elle lui a demandé s’ il parlait le néandertalien.

- Le quoi ? Bon ce n’est pas grave, par contre j’espère qu’elle n’ira pas se plaindre auprès de l’administration. Il me regarde avec un peu d’espoir. Tu la connais cette fille, tu sais dans quelle section elle étudie.

- Non, jamais vu Monsieur.

- Bon, il ne nous reste plus qu’à croiser les doigts. Allez, va rejoindre les autres, t’es pas dispensé de courir.

Je pars en trottinant, l’entraîneur compte sur moi pour changer l’image de l’équipe de foot. C’est vrai qu’on est une sacré bande de fêtard, et que les gars ont le chic pour se retrouver dans des situations de merde. Bagarres, plaintes de filles pour insultes, ivresses et j’en passe. Il va falloir que ça change et vite si je ne veux pas devoir changer d’université ou changer de sport.

Je jette un coup d’œil à Samuel. C’est un pote mais il n’est pas clean avec les filles. Il les traite comme des objets, enfin celles avec qui il sort ce sont des poupées. Toujours le même type, blonde, menue et pas grand chose dans la tête. Pas vraiment le type de nana que je recherche, moi en fait je n’ai pas de type particulier. Il faut qu’elle soit sympa et qu’elle ait un minimum de conversation.

D’ailleurs la brunette m’aurait convenu, grande, une tignasse de lionne, des yeux caramels, des lèvres charnues. Sa jupe lui faisait une jolie silhouette avec ses hanches un peu rondes et ses fesses rebondies. Franchement si Samuel n’avait pas été aussi vulgaire, j’aurais essayé de l’interpeller pour renouer la conversation. Tant pis, j’en trouverais bien une autre. Peut-être pas aussi spirituelle et drôle à la fois mais une autre quand même.