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Thorn était-il un joueur de cartes ? C’était un homme de cour, il devait sûrement jouer aux cartes. Il n’avait probablement que cela à faire de ses journées.

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– M’autoriseriez-vous à descendre ?

– Tu sais bien que je n’ai normalement pas le droit, marmonna le grand-oncle avec un froissement de moustaches. C’est la collection privée d’Artémis, seuls les archivistes y ont accès. Elle nous honore de sa confiance, nous ne devons pas en abuser.

– Je n’ai pas l’intention de lire les mains nues, rassurez-vous, promit Ophélie en lui montrant ses gants. Et puis, je ne vous demande pas la permission en tant que petite-nièce, je vous la demande en tant que responsable du musée familial.

– Oui, oui, je connais la ritournelle ! soupira-t-il. C’est ma faute aussi, j’ai trop déteint sur toi.

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Un regard brutal, arrogant, habitué à la vue du sang. Ophélie espérait que son fiancé n’aurait pas ce regard-là.

– Alors ? demanda le grand-oncle quand elle revint vers lui.

– Je comprends mieux vos réticences, dit-elle.

Il reprit ses recherches de plus belle.

– Je vais te trouver autre chose, grommela-t-il. Ces croquis, ils sont quand même vieux de cent cinquante ans. Et puis ils ne montrent pas tout !

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Ophélie n’était bonne qu’à lire. Si on lui retirait ça, il ne restait d’elle qu’une empotée. Elle ne savait ni tenir une maison, ni faire la conversation, ni accomplir une tâche ménagère sans se blesser.

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Ophélie regarda son grand-oncle attentivement. La lumière intense du soleil semblait accentuer les traits de sa figure et en creuser chaque ride. Avec un pincement au cœur, elle réalisa soudain que cet homme, qu’elle avait toujours cru solide comme un roc et insensible au passage du temps, était aujourd’hui un vieillard fatigué. Et elle venait de le vieillir davantage, malgré elle.

Elle se força à sourire.

– Ce qu’il me faut, c’est une bonne documentation.

Les yeux du grand-oncle retrouvèrent un peu de leur pétillant.

– Remets ton manteau, fille, on va descendre !

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Tu es plus arrangeante qu’une commode, à jamais sortir un mot plus haut que l’autre, à jamais faire de caprices, mais dès qu’on te parle de mari, tu es pire qu’une enclume ! Et pourtant, c’est de ton âge, que le bonhomme te plaise ou non. Si tu ne te ranges pas, tu finiras au ban de la famille et ça, moi, je ne veux pas.

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– Une jatte de café, fille ?

L’archiviste n’était pas un homme très sociable, mais chaque fois que ses yeux se posaient sur Ophélie, tels qu’ils le faisaient à cet instant, ils se mettaient à pétiller comme du cidre. Il avait toujours eu un faible pour cette petite-nièce, sans doute parce que, de toute la famille, elle était celle qui lui ressemblait le plus. Aussi désuète, aussi solitaire et aussi réservée que lui.

Ophélie fit oui de la tête. Elle avait la gorge trop serrée pour parler, là, maintenant.

Le grand-oncle leur remplit à chacun une tasse fumante.

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Tu es la personnalité la plus forte de la famille, ma petite. Oublie ce que je t'ai dit la dernière fois. Je te prédis que la volonté de ton mari se brisera sur la tienne.

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Tout était énorme chez cette femme, sa robe à tournure, sa gorge de grenouille, son chignon en choucroute, et dominant le tout, son chapeau à plumes.

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"On peut s’aimer d’un seul regard, d’ailleurs on ne s’aime jamais si bien que quand on se connaît fort mal."

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