Le secret des Carson

Un roman de Tara Taylor Quinn est toujours la promesse d’une histoire très sensible et pleine d’émotions. C’est donc avec impatience que nous attendions son nouveau livre : a daughter’s trust. L’auteur ne convainc pourtant pas totalement même si elle relève parfaitement le défi de créer des personnages aux prises avec des émotions fortes et des graves dilemmes. Mais elle a plus de mal à mêler à son propre récit les prémices d’une intrigue qui se déroulera sur plusieurs romans. A daughter’s trust est en effet le premier livre de The diamond legacy qui parle d’un collier de diamant mais surtout la révélation d’un lourd secret qui va ébranler plusieurs familles. Ces deux parties dans le roman de Tara Taylor Quinn sont de qualité inégale même si elle a fait de son mieux pour les lier.

Sue Bookman est la fille unique d’un couple très uni et à vingt-neuf ans mène une vie qui surprend ses parents : elle travaille surtout à la maison et accueille temporairement des bébés retirés à leur famille. C’est elle qui a la charge de la petite Carrie, nièce de Rick Kraynick. Celui-ci vient de découvrir qu’il avait une sœur qui est décédée et qu’elle avait un enfant. Séparé de sa mère depuis longtemps, il avait coupé les ponts après une enfance pénible auprès de cette femme droguée, dépendante et incapable de changer. Lui-même a fait sa vie et a connu un drame puisque sa petite fille de six ans qu’il élevait seul est morte dans un accident. Très touché par la révélation de la naissance de Carrie, il se sent immédiatement concerné et prêt à jouer le rôle de père. Il va alors entrer en contact avec Sue pour faire connaissance de la petite fille bien que la loi l’interdise. Mais un événement imprévu va encore compliquer la situation puisqu’il est très attiré par la jeune femme.

Cette partie de l’intrigue est profondément émouvante et touchante mais également complexe. Chacun des deux protagonistes trainent un lourd passé. Celui de Sue ne se révèlera que tardivement mais son attitude montre qu’elle se protège et son choix d’élever temporairement des petits enfants est curieux. La situation dans laquelle ils entrent est de plus compliquée et ouvre bien des questions. Leur attirance pose un problème puisque la garde de Carrie va être accordée à un membre de la famille et Sue doit faire un rapport et donner son avis. Son objectivité risque d’être mise en cause. Rick peut-il prendre en charge la petite fille alors qu’il n’a pas encore fait son deuil de son propre enfant ? Carrie peut-elle être confiée à sa grand-mère qui prétend avoir vaincu toute addiction ?

Les questions sont passionnantes et les réponses de Tara Taylor Quinn nuancées et parfaitement bien amenées. Il est cependant dommage que nous ayons l’impression persistante qu’elle a réduit cette intrigue pour pouvoir présenter ce qui sera la trame générale de la mini-série. Les scènes consacrées à Carrie, Sue et Rick sont très intéressantes et auraient mérité encore plus de développement.

Malheureusement, nous avons droit à un exposé assez long et nécessaire du secret qui va bouleverser la famille de Sue et qui est très perturbant. En effet, le testament de sa grand-mère révèle que son mari avait une double-vie et a eu une autre famille qu’il a totalement imbriquée dans la première. Inutile de donner les détails ici mais cela oblige à jongler entre de nombreux personnages qui comprennent soudain qu’ils sont cousins ou frères…Les répercussions sont graves et sans aucun doute passionnante mais il fallait mettre tout cela en place et dans le format relativement court de la collection superromance, c’est beaucoup trop.

C’est fort dommage parce qu’encore une fois Tara Taylor Quinn avait trouvé un angle passionnant et créé des personnages très attachants. Sue notamment en mère adoptive temporaire est exemplaire et l’auteur a fait merveille lorsqu’elle veut nous montrer combien son rôle est difficile et pourtant dissimulé.

La suite de la série arrive dès le mois prochain avec un roman de Kathleen O’Brien consacré à la cousine de Sue. Espérons qu’elle ne devra pas faire face aux mêmes difficultés parce que l’intrigue générale ne manque pas d’intérêt.

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