La Saga des Savoisy, Tome 11 : Marché noir

Il avait compris la leçon. La vivacité, la bonne humeur de son épouse malgré les événements, sa tendresse le rassuraient, ce qui ne l’empêchait pas d’être en permanence en alerte. Tant de gens, autour d’eux, tombaient malades. Et avec cet hiver effroyable, un simple refroidissement pouvait se transformer en bronchite, voire pire. Parfois, elle s’agaçait de sa trop grande sollicitude et lui rappelait que la peur de tout n’améliorait en rien la situation et qu’ils étaient bien mieux lotis que beaucoup d’autres. La guerre avait changé Adrien, son insouciance proverbiale s’était transformée en inquiétude diffuse. Les seuls moments où il y échappait étaient ces dîners en commun qu’il prenait le plus grand soin à préparer. Quand la lancinante sensation de faim qui était leur lot quotidien disparaissait, le rire revenait en force et on pouvait se croire avant-guerre.