L'Emprise du plaisir ; Lui entre tous

Au fond, ce n’était pas grave.

Au contraire même, elle n’avait pas envie d’oublier ce spectacle. Elle avait adoré admirer son torse musclé, mais sans excès, si parfaitement proportionné. Il lui avait simplement fallu rassembler toutes ses forces pour ne pas craquer et ne pas l’embrasser sur-le-champ.

Cela aurait en effet été si facile de poser une main sur sa peau humide, de suivre des doigts la courbe de ses abdominaux fermes et de voir où cette caresse l’aurait menée.

Peut-être aurait-il considéré ce geste comme une invitation.

Mais ensuite ?

L’aurait-il embrassée ?

Elle avait envie de croire qu’elle avait lu du désir dans ses prunelles bleu azur, mais elle n’avait que peu d’expérience avec les hommes, alors elle ne disposait pas de point de comparaison. Elle n’avait aucune certitude.

Il ne lui restait donc plus qu’une solution : attendre qu’il fasse le premier pas. Dans le cas où elle se serait fait des idées, cela lui éviterait une cuisante humiliation.

En théorie, ce plan était parfait. En théorie seulement. Car parviendrait-elle seulement à contrôler ses émotions ? Chaque fois qu’elle le regardait, sa raison l’abandonnait, et son esprit abdiquait.

Le mieux c’était de se concentrer sur le travail et dès maintenant. Le travail, rien que le travail. Forte de cette résolution, elle attrapa une brochure de l’entreprise sur une table puis sortit du hangar et se dirigea d’un pas décidé vers sa voiture.

Elle s’installa derrière le volant.

Lorsqu’elle tourna la clé de contact, la radio se mit aussitôt en route… sur une chanson d’amour furieusement romantique. Elle s’empressa d’éteindre. C’était la dernière chose dont elle avait besoin en ce moment.

Enfin… Si elle croyait la légende, tomber amoureuse sur le territoire de la commune de Sibleyville était, de toute façon, impossible. Ce n’était pas une chanson qui allait faire la différence.

Elle se redressa soudain en voyant Ronan sortir et ne put s’empêcher de le dévorer des yeux. Elle le regarda mettre sa main devant ses yeux, comme s’il était ébloui, puis attraper ses lunettes de soleil dans sa poche. Des lunettes qui lui allaient très bien.

Quelques secondes plus tard, il s’installa sur le siège passager et elle lui tendit sans attendre la brochure. Le travail, rien que le travail !

— Vous trouverez une carte des environs à l’intérieur, à la dernière page. Vous allez devoir apprendre comment vous rendre dans la baie et dans les différents bassins, en voiture mais aussi en bateau. Je vous montrerai le chemin par la mer demain. Aujourd’hui, nous prenons la voiture.