Manoëlle

Décor : Un intérieur de ranch canadien ; table, bureau, meubles divers, bibelots.

(Au lever du rideau, Longpré est assis dans un fauteuil tenant un journal qu'il ne lit pas, l’œil lointain, pensif, l'air accablé. Sa fille Manoëlle s'affaire autour d'un phonographe dont-elle enlève le disque).

Manoëlle - Papa, voulez-vous maintenant écouter le chant des Trappeurs de l'Alaska ?...

Longpré - Non Manoëlle, fais-moi entendre encore un air breton!... Oui la musique du pays d'Arvor...

Manoëlle - Bien père. Mais vous le connaissez par coeur.

(Elle choisit le disque et met le phono en marche. Longpré abandonne son journal et écoute gravement, avec émotion. Le disque terminé Manoëlle revient vers son père, inquiète.)

Manoëlle - Comme vous semblez las, père chéri !

Longpré (la regarde avec douceur et sourit tristement. Manoëlle vient s'asseoir aux pieds de son père sur un escabeau, lui prend une main et câlinement y appui sa joue.)

Manoëlle - On est pourtant bien là, tous les deux, mon petit papa... Alors pourquoi êtes-vous si triste?.. Votre petite Manoëlle est-elle donc impuissante à vous consoler de l'absence de vos autres enfants?

Longpré (caressant la chevelure de sa fille dont la tête repose sur ses genoux). - Le cœur de ma Manoëlle est mon trésor le plus précieux. Dieu me le garde.