Commentaires de livres faits par Meg94
Extraits de livres par Meg94
Commentaires de livres appréciés par Meg94
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Intrigué, Max penche la tête sur le côté, le regard fixé à mes lèvres comme s’il voulait s’imprégner de chacun de mes mots.
— Ça a l’air beau, quand c’est toi qui en parles.
Je confirme d’un hochement de tête.
— Je veux ça, pas moins. Tu sais, j’aimerais juste quelqu’un d’assez courageux pour braver les océans tempétueux, et à la fois suffisamment sensible pour me dévoiler ses faiblesses. Et je veux qu’on les guérisse ensemble.
— Tu veux le prince charmant ?
— Non. Je veux le réel et le concret, le sincère et le passionné. Le reste n’a pas d’importance.
— Tu veux les dîners aux chandelles ?
— Oui. Et le baiser sous la pluie.
Il rit.
— Trois minutes. Tu veux qu’il te dise je t’aime en toutes les langues ?
— Je veux qu’il en invente une pour moi. Et qu’il me raconte son amour lors d’une promenade sur la plage.
— Des enfants ? Un garçon et une fille ?
— Des jumeaux, ça serait l’idéal.
— Évidemment. Chien ou chat ?
— Chien.
— J’espérais que tu dirais ça. Un labrador ?
— On l’appellera Cigarette.
— On ?
Je me fige, mords dans ma lèvre et me flagelle mentalement de m’être emballée ainsi.
— Enfin, je veux dire… lui et moi. Ou elle et moi. Enfin, l’amour de ma vie et moi, quoi !
Il m’offre un sourire, du genre à vous fendre l’âme en deux, parce qu’on sent bien que sa personnalité heureuse est coincée dans une enveloppe triste.
— Tu sais quoi ? Dans une autre vie, moi aussi, j’aurais aimé avoir tout ça. Cigarette et tout le reste, admet-il.
— Vraiment ?
Il hoche la tête.
— Ça reste entre nous, hein ?
— Et pourquoi pas dans cette vie-là ?
Il soupire.
— Je ne suis ni courageux ni sensible, et je crois bien que je ne suis gentil qu’avec toi.
Je rougis du compliment.
— Et à quoi je dois ce privilège ?
— À tes beaux yeux, putain !
On rit ensemble. Je voudrais que la porte de ce placard ne se rouvre jamais sur le monde. Je voudrais parler de l’avenir avec lui pendant des heures, le dessiner dans ma tête, et lui faire voir mes couleurs.
— Tu mérites ta fin heureuse, dis-je.
Comme si j’étais une énigme à résoudre, il m’observe en silence, son regard insistant creusant des trous sous ma peau pour venir cajoler mon âme.
Je suis atteinte, c’est certain.
Mais suis-je vraiment folle de penser que cette connexion entre nous, je ne l’ai pas inventée ?
Du dos de sa main, il caresse ma joue brûlante, son souffle s’échouant sur le bout de mon nez. Je ferme les yeux pour apprécier sa caresse.
— C’est tout ce qu’il y a de bon chez moi, Fall, murmure-t-il. C’est tout ce que je peux te donner qui ne fasse pas mal.
Ma peau frissonne à son contact, je presse mon visage contre sa paume, maintenant qu’il caresse ma pommette.
— Si je t’attrape, je t’enferme et je te garde. Et les anges comme toi ont besoin de voler vers la lumière. Mais faisons un pacte, me propose-t-il. Si un jour je me sens à la hauteur, et que par miracle, ou par malheur, personne n’a été assez bon pour toi, je le ferai.
— Tu feras quoi ? demandé-je faiblement.
— Je t’épouserai, me dit-il, comme on promet une balade à cheval. Une minute.
— T’arrives encore à compter ?
Il sourit.
— J’arrive à penser à plein de choses, comme à envisager ce qu’on pourrait faire pendant cette toute petite minute restante.
Penché au-dessus de moi, il est si proche que je me demande pourquoi il ne m’a pas encore embrassée, et regrette qu’il ne le fasse pas. Ça ne me dérangerait pas de lui offrir mon premier baiser. Ça ne me dérangerait pas qu’il le vole.
— Mais je ne peux pas faire ça, murmure-t-il, comme s’il venait de lire dans mes pensées. Moi, je n’ai pas le droit.
Je voudrais avoir le courage de me hisser sur la pointe des pieds pour effleurer sa bouche tentatrice. C’est tout l’effort que ça me demanderait.
Seulement, je suis lâche, j’ai peur du rejet et je me mets à songer à ce que les autres en penseraient. Summer me détesterait à vie si elle l’apprenait. Winter me traiterait de pute. Maman verrait là une occasion de me propulser sur le devant de la scène, et papa s’inquiéterait de me savoir enfermée dans un placard avec un élève de dernière année, entourée de préservatifs et de gel lubrifiant.
— Si je n’étais pas si effrayée, je t’aurais laissé être le premier.
Son souffle chaud caresse ma joue tandis qu’il dépose un baiser léger comme une plume dans le creux de mon cou.
— Laisse-moi être le dernier, dans ce cas. Cinq… quatre… trois… T’as été le ticket d’or le mieux utilisé de ma vie, Fall Davies.
Et la porte s’ouvre quand mes sept minutes au paradis s’achèvent.
— T’es bizarre…
Une lourdeur s’abat sur mon estomac.
— Bizarre… en bien ou en mal ? demandé-je, inquiète.
Il semble réfléchir, accentuant mon malaise. Finalement, il m’offre un sourire et me tourne à nouveau le dos. Ce n’est qu’après s’être éloigné de quelques pas que je l’entends dire :
— En magique.
Je ne veux jamais tomber amoureux. Parce que…
— L’amour, ça craint !
Oui, l’amour, ça craint.
Plus encore quand maman efface au coton ses lèvres carmin.
Même ce pari est idiot.
Nous jouons une partie dangereuse que je ne suis pas sûr de remporter. Mon adversaire est de taille.
– À quoi tu penses ? murmure-t-elle quand elle voit que je ne réponds pas.
Je me redresse et m’approche d’elle pour suivre du doigt l’une de ses fines bretelles. Je l’entends retenir sa respiration, le corps tendu.
Je me fiche de perdre, mais je refuse qu’elle regrette.
Nolia n’est pas encore prête pour moi. Pour nous.
Heureusement, je suis un homme patient.
– Je ne crois pas que tu veuilles l’entendre.
Je m’en fais la promesse : le prochain qui me touchera sera fou amoureux de moi.
Il se crispe, l’espace d’une seconde, puis il lève la main pour caresser ma joue et il effleure ma lèvre avec son pouce. Lorsqu’il enlève sa main, son doigt est couvert de rouge.
— Du rouge à lèvres si tôt dans la journée ? demande-t-il d’une voix rauque.
— C’est ma marque de fabrique.
C’est mon armure…
Or, cette armure est la seule chose qui me retient de fondre en larmes à ses pieds.
La silhouette de Luke se dessine devant la servante ; les mains dans les poches, il a quitté son personnage pour redevenir lui-même.
Il attend.
Il m'attend.
Car, pour une fois, ce n'est pas mon nom qui importe, et je n'ai rien à prouver.
Il me suffit d'être moi.
Nous sommes invisibles, inaudibles, intangibles.
Les fantômes du théâtre, voilà qui nous sommes.
Et en regardant autour de moi, je ne pourrais pas rêver mieux.
— Parce que personne ne remarquera qu'il en manque une, c'est ça ? je demande d'un ton léger en la faisant tourner entre mes doigts.
— Parce que, parfois, c'est ce que personne ne remarque qui mérite le plus d'être remarqué, me détrompe-t-il.
Mon cœur est en chute libre.
Il tombe, tombe, tombe.
On ne dirait pas, vu d'en haut, mais le plongeon est vertigineux.
C’est encore plus vrai que ça.
— Je suis d’accord avec toi.
Dans ses yeux, je ne lis que le désir, sûrement identique au mien. Là, rien d’autre n’existe que sa peau contre la mienne, et son sexe que je sens presser contre le mien après avoir enroulé mes jambes autour de sa taille. Je sens que Jake se retient, sa mâchoire verrouillée en est la preuve. Je sais qu’il attend que je fasse le premier pas, qu’il se contrôlera si je ne fais rien.
Allez, tu n’attends que ça ! Embrasse-le ! hurle ma conscience.
Et, pour une fois, nous sommes en accord. Alors, sans perdre de temps, j’efface le peu de distance qui nous sépare et je dépose mes lèvres sur les siennes. Un simple baiser mais qui m’électrise et me ramène des mois en arrière. Je pousse un petit gémissement de contentement, ce qui déclenche la passion de Jake.
— Tu me tues, me dit-il avant de fondre sur moi et de m’embrasser comme je ne l’ai jamais été.
Je ressens tout, la rage, l’amour, la colère et le soulagement. Ce baiser n’est pas anodin, c’est sa façon de me dire que ses sentiments n’ont pas changé. Il est le seul à pouvoir me faire ressentir cette dualité ; j’en ai conscience et, pour l’instant, j’aime ça. Je m’abandonne de tout mon être quand ses mains caressent mes fesses et me plaquent contre la preuve évidente de son désir. Je ne souhaite plus qu’une seule chose : le sentir en moi. »
Sans lui, j’existe, mais personne ne me voit.