Commentaires de livres faits par KM13
Extraits de livres par KM13
Commentaires de livres appréciés par KM13
Extraits de livres appréciés par KM13
Pour un homme c’est différent, il lui suffit de préciser : celle-ci je l’ai épousée, celle-là non. C’est étonnant. »
- Roche, c'est moi.
Elle se tourne vers lui.
- Porte-moi.
Il la prend dans ses bras et la porte sur le lit.
- Tu as regardé ?
- Oui.
- Raconte-moi.
- Tu es entré dans sa chambre, tu l'as embrassée, tu as tiré les rideaux et tu t'es déshabillé. Après, tu es resté debout à côté du lit et tu regardais droit devant toi, comme si tu te préparais à quelque chose d'important, une épreuve difficile ou une bataille.
- Ce n'est pas une bataille.
- C'est quoi ?
homme découvre glissé sous sa porte l’épouvantable carte
d’anniversaire du Nain jaune. Il la prend du bout des doigts, la
considère avec dégoût et la jette dans le tiroir où elle rejoint les
quatre des années précédentes et les pastilles désodorisantes.
Cinq ans aujourd’hui que Marie a été kidnappée, violée et
tuée, pourquoi pas? Mais la Terre continue de tourner n’est-ce
pas et son téléphone vibre sur la trame usée de la moquette,
pivotant sur lui-même comme un gros cafard. Le numéro
affiché lui est inconnu. Un bip indique bientôt qu’on a laissé un
message. Il en prend connaissance, grimace et soudain éclate
en sanglots comme si une digue se rompait. Cette offre, dont il
ne doute pas du sérieux, il l’attendait depuis des lustres. Alors
fini les heures vides à cuver au milieu des canettes de bière ? Il
allume une bougie sous la photo de sa fiancée enceinte jusqu’aux ouïes. À sa flamme dansante, il lui semble qu’elle lui sourit au-dessus du petit automate en carton mû par des élastiques qu’elle a fabriqués à l’âge de onze ans avec des cotons-tiges, des trombones et des rouleaux de PQ. Il lui sourit en retour et se laisse choir sur sa couche aux draps durcis par la crasse, qu’il n’a plus jamais changés dans l’espoir chimérique de conserver l’odeur de la bien-aimée dans ses plis.
Je ne suis de fait ni un homme ni une femme. N’ai jamais été ni un garçon ni une fille. Je n’ai pas de verge souple qui frappe mes cuisses au rythme de mes pas sous ma tunique quand je marche. Qui s’érige dure et droite à d’autres moments pour viser le ciel. Pas de fente béante où fourrer mes doigts ou quoi que ce soit. J’ai deux orifices voués aux déjections. Un petit trou qui s’équipe d’une fine gouttière d’argent pour l’urine. Un plus large pour les matières fécales, comme toi. Pas de poil. Un pubis doux et plissé. Un double menton glabre. Une peau d’ivoire poli. Les petits seins embryon de poire d’une adolescente. Les fesses épaisses d’une matrone trop gourmande de sucreries. Les lèvres bien dessinées, pourpres et charnues comme l’intimité macérée du mollusque qu’on appelle murex. (Sais-tu que la teinte d’un seul manteau nécessite douze mille de ces coquillages ?) Les yeux grands, gros et ronds, comme les grains des grappes de raisins géantes qui pendaient à la treille du jardin du Palais Sacré quand nous l’avons quitté. Des yeux à fleur de tête comme ceux des carpes de cent ans de la citerne basilique.
Bouffon bouffi. Gras et petit. Grenouille à grande bouche. Suis-je laid ? J’ai atteint un âge et un lieu où la question ne peut plus guère me préoccuper. Nu je suis sorti du ventre de ma mère inconnue et nu je retournerai à la terre. Nu, lisse et sans sexe. Eunuque depuis ma plus tendre enfance. Eunuque et nain. Mes bras cependant, et mes jambes aussi, ont toujours semblé immenses par rapport au reste de mon corps. Comme si mon tronc était resté prisonnier d’une cage, dont mes rameaux seuls se seraient échappés pour continuer à croître en liberté. Au bout des bras, mes mains sont très belles, très fines, deux fleurs d’une infinie douceur. Au bout des jambes, mes mollets de coq sont attachés par de fines chevilles à mes pieds de nymphe. Chacun de mes orteils a un nom secret que je ne peux te révéler.
"On lui avait suggéré de recevoir le maire et quelques habitants, m'a confié Matthieu Lambert, un ancien conseillé de l'Elysée. Il fallait déminer cette affaire au plus vite, mais ce n'était pas évident. Souvenez-vous, aussi fou que ça paraisse aujourd'hui, du climat régnant à l'époque : le chômage à son plus haut niveau, les attentats qui se multipliaient, le pays au bord de la crise civile... On marchait sur des oeufs au gouvernement, et le président a fini son mandat à bout de souffle, complètement paralysé !" A écouter cet ancien énarque, le pouvoir, étant donné son seuil d'impopularité record, notamment en province et dans les milieux populaires, serait critiqué quoi qu'il fasse : garder le silence équivaudrait à du mépris ; prendre position conduirait sur un terrain miné. "On ne voulait pas entrer dans les polémiques, m'a-t-il encore expliqué. Et puis, vous comprenez, évoquer le sujet en haut lieu revenait à lui porter crédit, à lui accorder plus d'importance qu'il n'en avait déjà ! C'était un vrai casse-tête ! Pour couronner le tout, le président effectuait une visite en Amérique latine, prévue de longue date ; il était absent toute la semaine..."
L’évocation de la dernière soirée passée avec ma femme et ma
fille m’obsède. Si j’avais su que ce serait à ce point, je n’aurais peut-être pas tenté cette aventure. J’aurais respecté l’inquiétude de Najila, ma femme, houbi anhabek tol hyati, al-Hamdu li-llâh :
« Mon amour que j’aimerai toute ma vie, j’en remercie Dieu. »
Cette dernière soirée restera gravée dans ma mémoire jusqu’à
l’instant de ma mort, peut-être proche.
C’était un dimanche, à la mi-mai, je m’en souviens très précisément.
Plus exactement, c'est Seï, le plus jeune, qui réveilla Shigeru.
- Dépêche-toi, lui dit-il, si tu traînes, nous raterons le soleil qui étend ses rayons et les grues qui prennent leur élan vers le ciel !
Encore endormi, Shigeru attrapa quelques feuilles de papier. Seï trépignait en jouant avec son étui à pinceaux. Les deux frères se dépêchèrent. Ils n'avaient que quelques minutes pour arriver.
Essoufflés, ils s'arrêtèrent devant les rives du lac Yamagata.
Les roseaux se balançaient dans un soupir ensommeillé et les carpes ronflaient leurs bulles à la surface de l'eau.
Ils disposèrent leur matériel.
Expert en origami, Shigeru avait un doigté si précis que ses pliages semblaient réels. Toute la journée, il sculptait le papier, et s'il créait un oiseau, on s'attendait à le voir s'envoler.
Quant à Seï, malgré son jeune âge, c'est dans la calligraphie qu'il avait acquis sa renommée, et lorsqu'il dessinait un mot, la pointe de son pinceau semblait faite de poésie.
que, aujourd’hui encore, des « portails de recherche » nous indiquent qu’elle fût dirigée par Joseph Goebbels, en personne !
Alors, comment et pourquoi les occupants nazis ont-ils
voulu et pu produire une entreprise de loisirs et d’évasion
qui permettait, alors, de se réfugier du froid, de la faim, de
la peur, du dehors, et de l’après ? Et où Siclier et compagnie n’y
ont vu que le feu d’un petit bonheur ?
— Une liaison… avec Vesna ? Je ne comprends pas. Quelle liaison ? »
Au pays des lecteurs et lectrices de mangas, tout irait donc pour le mieux du monde, et pour paraphraser le générique de Candy, on s’y amuse, on pleure, on rit...
Mais là également, il y a des moments difficiles : en effet, si le manga n’est plus honni en bloc comme cela a pu être le cas dans les années 1980 et 1990, si des musées ou des magazines culturels ouvrent leurs portes et leurs colonnes à certains titres ou certains auteurs, les propos des adolescents, parfois, révèlent les conflits de légitimité qu’ils doivent affronter autour de cette pratique : Cécile, Octave ou Félix expriment ainsi une certaine agressivité envers l’enquêtrice (« je sais pas si t’as lu, je pense que t’as lu plus de romans que de mangas, désolé ») ; Cécile dénigre ses pratiques, anticipant ainsi le jugement supposé par des remarques acerbes...