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Les commentaires de AureRaineke

Mue par l’envie d’avancer dans mes séries, j’ai sorti le deuxième tome des Royaumes Ephémères de Geoffrey Claustriaux que je m’étais procuré à la Foire du Livre de Bruxelles de 2023. Évitez de lire cette chronique sans connaissance du premier livre, car certains éléments ne peuvent être dissimulés.

Sans surprise, nous reprenons l’histoire où elle s’est interrompue. David se lance corps et âme dans son apprentissage chez les Fulvus. Le clan invoque des créatures fantastiques auxquels ils se lient pour les aider dans la vie comme dans les combats. Cette magie demande autant de dextérité que de contrôle de soi, sinon l’animal risque de faire ce qu’il lui plaît. L’intégration de notre héros se déroule bien à deux exceptions près. Il s’attire les foudres des jumeaux maléfiques et il s’inquiète de la disparition de Balin que ses amis Milia et Matthew sont partis sauver.

David témoigne d’une prudence et d’un caractère avisé développés depuis ses actions irraisonnées du premier tome. Des comportements qui avaient eu des conséquences terribles qui l’ont marqué. Au fil de La chute du Magentist, il va devenir plus sage, plus mature et les épreuves qu’il va traverser le rendront plus fort mentalement, ce qui va l’aider à ne pas renoncer. L’amitié est une valeur primordiale pour lui et il n’hésitera pas à l’affronter pour la sauver.

On retrouve les alliés de L’ascension du jeune fauve. Milia et son côté protecteur. La jeune femme va dévoiler sa sensibilité, mais aussi son habilité à développer des stratégies. Une aptitude qui tranche avec son impulsivité. Matthew vacille et s’enfonce dans les profondeurs de la vengeance qui le ronge depuis la disparation de son clan.

Touche de couleurs égayant les Ténèbres qui se déploient dans ce roman, Nagmi m’a touché en plein cœur. Notre petit gnome de magma décoche des sourires grâce à sa maladresse et sa bienveillance. Ne vous fiez pas à cette image, il est l’énergie du groupe, le courage incarné qui possède bien plus de puissance que la première impression couchée sur le papier par l’auteur. J’adore quand les personnages d’une faiblesse apparente se révèlent fiables. Personne n’est insignifiant. C’est tellement important de le dire, de le raconter, même quand il s’agit de personnages secondaires.

Un deuxième élément narratif que j’ai apprécié dans la suite de ce récit concerne la sensibilité des hommes. Le romancier brise les codes du patriarcat en les faisant pleurer SANS le pointer une seule fois au cours de sa narration. Habituellement, si l’un d’eux ose montrer son chagrin, il y a toujours bien quelqu’un. e pour dire « c’est normal », ou pour souligner « comme c’est beau. » Ici, Geoffrey Claustriaux laisse simplement les larmes couler, sans jugement, sans le souligner, ce qui participe bien plus à la normalisation des sentiments éprouvés et vécus par la gent masculine.

En bref, la chute du Magentist sculpte la vengeance dans un récit où l’amitié vacille et s’endurcit pour éviter l’inévitable. La noirceur s’invite et certains personnages en sont d’autant plus scintillants. Les émotions sont libérées, elles s’écoulent et s’épanouissent sur les visages de tous dans ce récit bouillonnant d’imagination.

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Commentaire ajouté par AureRaineke 2024-05-19T20:36:12+02:00

Sorcière de chair est arrivé dans ma wishlist après la lecture de plusieurs chroniques dépeignant le coup de poing violent que ce récit décoche en pleine poitrine. Lors de ma première visite au Salon du Livre de Mons en 2022, je n’avais pu résister à la tentation de me le procurer malgré un budget serré. Je regrette de ne pas l’avoir sorti avant l’annonce de la fermeture de la maison d’édition Noir D’absinthe. J’espère que ce roman ne tombera pas dans l’ombre, enterré sous le désert aride du monde livresque.

Sorcière de chair est un roman qui se lit à la fois facilement et difficilement. Les pages défilent rapidement, pourtant, le contenu pourrait freiner plus d’un cœur fragile. L’autrice n’épargne rien, ni à sa protagoniste ni à ses lecteurices. Si vous souhaitez pénétrer dans cette enquête sanglante, vous êtes avertis ! Dès le prologue, elle nous met en garde. Elle dévoile au fil de son intrigue des comportements que l’on pourrait définir comme horribles, terrifiants, violents. Cependant, ces mots sont bien trop faibles pour décrire la cruauté et les ténèbres qui étouffent les personnages. On assiste à un jeu de domination, de manipulation, d’égoïsme, de pouvoirs. La vengeance gangrène chaque personnage tour à tour, la haine explose au visage d’Arabella, la transperce de part en part. Mais ne soyez pas dupe, même elle n’est pas un ange.

Si les révélations se devinent vite, l’histoire n’en reste pas moins captivante. La romancière dépeint une Australie qui craint les sorcières, car celles-ci ont le pouvoir de manipuler la conscience et la mémoire. La magie est fondée sur la neurologie et offre des contraintes intéressantes dans le développement du suspense et de l’enquête d’Arabella. Les forces et les faiblesses sont dosées pour emmener notre protagoniste sur le chemin cruel du passé. Des souvenirs qu’elle aurait préféré effacer à jamais de sa mémoire vont bouleverser la vie qu’elle n’a même pas réussi à reconstruire, et salir les espoirs, les morceaux d’humanités auxquels elle se rattachait.

Malgré ses actes, malgré les sévices qu’elle a subis, notre enquêtrice possède encore une lueur vacillante au fond de son cœur. Une lumière naïve qui la raccroche à cette terre qui l’a maudite depuis sa naissance. Sarah Buschmann la torture autant physiquement que psychologiquement. Elle l’écrase, l’enfonce dans l’abyme glacial du désespoir.

En bref, Sorcière de chair dépeint la perfidie de la vengeance. Ce serpent répand son venin, corrompt les âmes et noircit chaque cellule jusqu’à étouffer tout espoir. Sous ces airs d’enquête simple, l’autrice offre une histoire dont personne n’en ressortira indemne. Personnages et lecteurices.

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Commentaire ajouté par AureRaineke 2024-05-19T20:32:54+02:00

Le Festin des Goules est la suite indépendante du Talisman. Je recommande de les lire dans l’ordre chronologique, car Gilles Debouverie ne cache pas les rebondissements de la première enquête ce qui serait dommage si vous souhaitez la découvrir.

Cette enquête policière horrifique s’inspire de la nouvelle Le Modèle de Pickman de H.P. Lovecraft. Il n’est pas nécessaire de l’avoir lue au préalable. Le romancier explique suffisamment ses liens et sa contribution au sein du récit pour éviter de perdre ses lecteurices. Le festin des goules est un pavé structuré en deux parties qui se succèdent comme un jeu de domino. Comme dans Le Talisman la narration se partage entre le tueur et la policière. Si j’avais adoré cette découpe dans le premier tome, ce principe m’a laissé de marbre ici. La raison tient sans doute à la personnalité du criminel. Celui-ci est méticuleux, chirurgical, froid et distant en plus d’être ambitieux, ce qui l’a rendu moins humain, moins cynique, moins mordant que l’esprit du talisman.

L’enquête nous plonge dans le domaine artistique macabre et cauchemardesque qui rappelle les tableaux d’un Füssli, mais en plus trash. Les créatures terrifiantes se repaissant de la chair des victimes. Si la question Faut-il séparer l’œuvre de l’artiste ? est évoquée dans ce roman, elle n’est ni argumentée, ni décortiquée. L’auteur laissant en suspens cette interrogation sans montrer son parti pris. On y voit également des hommes censés être respectables s’adonner à leurs vices en toute impunité. Une violence extrême se dévoile sous les coups de plume de Gilles Debouverie qui jette des atrocités à la figure des lecteurices. Si vous êtes fragiles, passez votre chemin, car les révélations dénoncent les pires folies dont sont capables les hommes. Face à ses scènes de genre, les goules nous apparaissent tels des moutons inoffensifs.

J’ai adoré retrouver Carla et son caractère de molosse. Elle mord les piètres idiots qui ont des préjugés avec un bagou incroyable. Elle oscille toujours entre sa franchise et ses remords, car elle se rend bien compte que ces propos peuvent impacter dangereusement le mental des autres.

En bref, Le Festin des Goules nous attable en compagnie des pires vices de l’humanité. À cette table, nous y dégustons l’ambition morbide qui repousse les limites de la cruauté. Nous découvrons le véritable visage des monstres assouvissant leurs désirs de sang, de vengeance et de gloire dans une enquête un peu longue, mais dont l’horreur ravira les papilles des dévoreurs du genre.

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J’ai des difficultés à trouver chaussure à mon pied concernant l’horreur. Et encore moins lorsqu’il s’agit de western. Cependant, je commence à devenir accro aux anthologies de Livr’S éditions et quand plusieurs autrices issues de Licares y participent, il m’en faut peu pour faire sauter la pression qui retient les pans de mon portefeuille.

Nouvelles de L’Ouest — Crépuscule est l’un des tomes d’une série de deux anthologies du genre horrifique basées sur le sujet du western. Alors que Crépuscule a été présentée comme sanglante à souhaite, aube serait plus « douce et psychologique ». Je n’ai pas encore lu la deuxième, je ne peux donc que certifier les effusions de sang dans la première.

Alors qu’une liberté de temps permettait aux auteurs d’éviter le récit historique, peu de textes dans ce recueil se sont éloignés de cette période aride et cruelle où les lois des Hommes blancs dominent et étouffent les autochtones au mépris des croyances ancestrales et pourtant bien vivantes. Si l’intrigue se situe de nos jours, la narration immerge les lecteur.ices dans le passé comme au cinéma. On retrouve les ingrédients propres au Far West, cette période inventée par les producteurs sur une fondation réelle du Nouveau Monde. Pistolets, Chevaux, Saloon, vulgarité et violence sont au rendez-vous.

La condition de la femme n’est pas épargnée. Toutefois, elle ne se présente pas uniquement dans le rôle de la prostituée bien que la violence lui colle à la peau. Elle étonne dès qu’elle sort du carcan patriarcal et est désignée sorcière, source de tout les maux (par exemple, Brume et Ce qui gronde).

Le folklore amérindien s’immisce, bien entendu, dans les récits pour punir le mépris et reprendre ses droits sur les terres colonisées. Toutefois, ce n’est pas les seules légendes qui colorent les textes.

N’étant pas bon public pour ces deux thématiques (horreur et Western), mon avis est plutôt mitigé sur la globalité de l’anthologie. Certaines histoires ont réussi à me conquérir, d’autres à me divertir et les dernières m’on laissée sur le quai, regardant les vapeurs de la locomotive s’éloigner à l’horizon. Comme d’habitude voici mes trois nouvelles préférées dans leur ordre de parution dans le recueil :

Jérôme de Jo Hanscom

Chiara est en vacances avec sa famille aux USA. Parcourant les routes américaines, elle ronchonne, car son père souhaite les emmener à Jérôme, une ville reconstituée qui immerge les touristes dans le Far West. La jeune femme déteste tout ce qui touche au Western : les cowboys, le rôle des femmes, la concupiscence, la vulgarité et le manque d’hygiène ! C’est dans ce décor respirant l’authenticité que les choses vont déraper. En effet, les acteurs incarnent à la perfection leur rôle, un peu trop en vérité.

L’intrigue est super bien menée. Même si on se doute de certains points, j’ai été happée par la plume dynamique qui projette l’horreur sur Chiara. Malgré l’absurdité qui l’a frappe, elle démontre un sang-froid héroïque au vu de la situation.

Red Coyote de Morgane Pajot

Cette nouvelle se partage entre lettres et journal intime. Joséphine a été abandonnée par son chauffeur de diligence dans une bourgade malfamée. Elle loge au Red Coyote, un saloon de dépravés. Tout y est crasseux et horrible. Le gérant la voit clairement comme un bout de viande exploitable. On pourrait avoir de la peine pour elle, mais on ressent d’abord ses manières de bourgeoise et son caractère hautain.

Les écrits se succèdent, nous plongeant dans l’évolution psychologique de Joséphine. Lassitude, psychose, résignation, paranoïa et acharnement vont être ses nouvelles amies lorsqu’elle sent des regards lubriques à travers les parois et des courants d’air glacial. Progressivement, le récit se teinte de fantastique. Les fantômes hantent les murs du Red Coyote marmonnant des horreurs sur ce qui fut, si bien qu’on se demande quel Mal sera le moins pire pour Joséphine.

Peacemaker de Julien Schneider

John B.Chesterfiel se réveille avec de drôle de sensation. Normal, vu qu’il est mort. À peine remis de son étonnement, Avispa lui explique pourquoi il l’a transformé en zombie. Il doit aller sauver sa fille des griffes des Hommes blancs. Une mission surprenante quand on rencontre Nascha qui se débrouille à merveille pour trucider les mâles de la plus terrifiante des façons pour eux. Nous sommes loin de la princesse en détresse et du chevalier servant pour mon plus grand plaisir. Peacemaker renie son titre tant le récit est trash et léger à la fois. Les épisodes s’enchaînent humour, tension et action avec un dynamisme prenant. La tournure des événements dans les dernières pages est inattendue et diabolique. Je crois sincèrement que c’est la meilleure scène horrifique que j’ai lue de ma vie. Et on sait à quel point c’est un défi de me faire frissonner.

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Rencontrée lors de la journée du livre à Romerée en mai, j’ai été intriguée par Quand le trèfle et le papillon vacillent et son autrice bienveillante. À l’approche du Salon du livre de Wallonie où elle était présente, je me suis dit qu’il était vraiment temps de le sortir de la pal, d’autant plus qu’il figurait dans mon Pumpkin Autumn Challenge (Automne rayonnant, Siúil a Rúin, Maureen).

Multipliant les points de vue, le roman nous entraîne entre passé et présent. Après un prologue intriguant concernant le père d’Emily, l’histoire prend des allures de romance. Un départ qui m’a fait un peu grincer des dents au vu de mon désamour pour le genre. Cependant, ce passage court relatant la rencontre entre Emily et Daniel était nécessaire pour tisser les premiers liens qui contribuent au développement d’un récit dont le rythme s’accélère avec la disparition de Samy. À partir de ce moment-là, il me fut difficile de lâcher le livre tant la tension et le mystère s’enracinaient dans mon esprit à la manière de la forêt qui s’est refermée sur le petit garçon. Cet événement inquiétant marque l’érosion des apparences et des souvenirs pour exposer les effets dramatiques des traumatismes sur le comportement des personnages, sur les barrières qu’ils ont érigées et les remèdes employés pour apaiser la douleur.

Démunie depuis sa plus tendre enfance face à la détresse de son père, Finn, Emily s’est tournée vers la psychanalyse en se spécialisant dans le stress post-traumatique. Cartésienne dans l’âme, elle va devoir faire une place aux croyances pour débloquer la situation. Elle y arrive grâce à Daniel qui ébranle ses convictions sur le destin et la chance. Adepte du contrôle, c’est dans le lâcher-prise qu’elle trouvera la solution. J’adore sa capacité à se mettre dans les chaussures des autres pour les comprendre et les aider réellement.

Doux et bienveillant, Daniel ne peut abandonner la famille lors de la disparition de Samy. Il participe activement aux recherches, ce qui déclenche un sentiment de déjà-vu. Des souvenirs refont surface. Les légendes racontées par sa tendre et défunte Nana dont il n’a toujours pas fait le deuil. La mélancolie et la tristesse imprègnent ses pas au début du roman. L’étincelle de la vie reprend quand il rencontre Emily. Malgré la douleur et l’incertitude du passé, il ne reculera devant rien pour déterrer les secrets. À travers son histoire, on ressent à quel point l’imagination possède un pouvoir cathartique puissant, même s’il n’est pas toujours bon d’effacer les mauvais événements.

Enfin, je parlerai de Finn, le père d’Emily. Le déclencheur de la course aux secrets. Celui qui incarne la victime transformée en bourreau. Un autre personnage le symbolise également par son passé, mais ce serait trop en dire l’évoquer. Le poids de la culpabilité le ronge au poids qu’il n’a plus voulu remettre les pieds en Irlande. Des années grignottées par le fatalisme, la malédiction et la négativité à cause de l’ignorance et le conditionnement.

Un conditionnement que je préfère chez Emily qui partage la pensée positive. Vous savez le fait d’imaginer une réussite, une victoire afin que celle-ci arrive plutôt que d’angoisser sur les possibles échecs ? Cette magie que nous devrions tous pratiquer pour que de bonnes choses croisent notre chemin et que nous accomplissions nos objectifs.

En bref, Quand le trèfle et le papillon vacillent est un roman choral d’une grande puissance émotionnelle. Imbriquant légendes irlandaises et traumatismes, il déterre les secrets de famille pour mieux guérir les blessures profondes de personnages attachants.

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Commentaire ajouté par AureRaineke 2024-03-21T18:13:30+01:00

Lullaby expose les concepts que j’aime. Il dénonce les abus patriarcaux et les comportements anormaux envers les femmes qui ne rentrent pas dans le moule. Les années 1920s pendant lesquelles se déroule l’intrigue de cette novella sont un choix d’autant plus judicieux que cette décennie symbolise l’une des ruptures avec le modèle instauré (ou devrais-je dire imposé ?) au XIXe siècle. Cette période d’essor industrielle et de changements de régime politique a été dévastatrice pour la condition de la femme qu’on enferme entre les murs du foyer, la mode les étouffant dans des corsets et les immobilisant dans des robes inconfortables. Je n’évoque pas ici des dames issues de la classe ouvrière, car Lullaby place son contexte dans le monde des riches.

Hazel provient d’une famille aisée dont les traditions lui pèsent. Aventureuse et créative, elle écrit des histoires d’horreur et rêve de devenir romancière. En totale contradiction avec ses parents qui ne la considère que comme une poule pondeuse gardée dans l’ombre de son futur mari. Alors que l’émancipation féminine revendique des droits, les cheveux courts et habillée des tenues pratiques, ils symbolisent le rejet de la modernité libératrice des années 1920s. On ne peine pas à imaginer la souffrance et la rébellion qui couve entre les lèvres scellées d’Hazel. Une jeune femme dont la lecture de son carnet va l’enfermer. Apprenant les penchants de leur fille, devenue monstre à leurs yeux, les parents l’envoient à Montrose Asylum.

Cette novella n’est pas ma première incursion dans le monde des asiles pour femme. Des documentaires sur Nellie Bly et cette pauvre Rose Marie Kennedy (la sœur du président américain) m’ont renseignée sur les horreurs perpétrées envers les femmes, pour la majorité saine d’esprit que les hommes veulent purifier ! Des femmes brisées et amenées vers la folie ou l’état de légume après des traitements que l’on ne peut qualifier autrement que de tortures. Les asiles incarnent la perfidie masculine qui a réussi à détourner le système pour continuer ses féminicides et assouvir sa dominance. Si les bûchers ont été interdits, les hommes ont trouvé le moyen légal de poursuivre leur vilenie sous couvert médical. Le mot hystérique remplaçant celui de sorcière.

Plusieurs des méthodes cruelles sont évoquées et certaines sont légèrement décrites dans Lullaby sans pour autant verser dans le voyeurisme. Cécile Guillot dénonce ces tortures avec justesse et en évitant d’enlever la dignité des femmes qui les subissent. Elles sont victimes et en même temps héroïnes.

Hazel rencontre Joséphine Foley incarcérée, car elle milite pour les droits des femmes. À son contact, Hazel se sent à la fois comprise et honteuse en raison de son ignorance sur les combats menés pour l’égalité, elle qui pensait pouvoir trouver un travail et en vivre sans aucun souci. Sa candeur morcelée par le traitement de ses parents va encore en prendre un coup. Une amitié profonde naît entre les jeunes femmes rejointes par une certaine Lulla.

Un soir, le trio est réveillé par une berceuse entonnée par un spectre du passé. Il découvre un jardin secret dans un couloir désaffecté. Un monstre y rôde. Entre rêve et cauchemar, Hazel doit démêler le vrai du faux pour éviter de sombrer dans la folie. J’ai adoré la manière dans l’autrice insère le fantastique dans la réalité brute et cruelle.

Si les personnages ne sont pas développés à fond, l’histoire reste accrocheuse par ses thématiques et la dynamique engendrer par le format court. La romancière emploie des citations de Renée Vivien pour illustrer les sentiments amoureux d’Hazel, renforçant son lien avec le monde des livres, l’écriture étant un véritable exutoire pour la jeune femme. N’étant pas du tout fan de poésie, je ne connaissais pas cette poétesse, parlant de son amour pour une femme, sur laquelle Cécile Guillot lève le voile. Une manière de contrer l’invisibilisation des femmes menaçantes par leur créativité et de rajouter une case à cocher sur la liste des combats féministes.

En bref, j’ai adoré Lullaby. Malgré un manque de profondeur chez les personnages dû au format court, la mise en scène des dénonciations des pratiques psychiatriques et médicales des asiles destinés aux femmes qui brisent les chaînes imposées par les hommes est percutante. Les épisodes s’enchaînent sans accro et nous plongent dans cette démence où la révolte ne se bat pas à armes égales avec la domination masculine. L’imagination s’allie à l’émancipation pour survivre à la cruauté patriarcale.

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Commentaire ajouté par AureRaineke 2024-03-21T18:04:28+01:00

J’ai découvert La voleuse des toits grâce à la toute première box livresque que j’ai acquise chez Escape with a book. Il était grandement temps que je sorte cette jolie brique de ma pal, surtout quand on sait que les droits du roman ont été rachetés par les Éditions Rivka entre-temps après le succès de Prospérine Virgule-Point et la Phrase sans fin qui me fait diablement envie. J’évitais de me le procurer tant que je n’avais pas ouvert La voleuse des toits. Cette chronique est réalisée sur la version autoéditée.

Le roman est structuré en trois parties qui correspondent presque à une trilogie regroupée en un seul livre. Je dis presque, car pour réussir une bonne série, chaque tome doit avoir sa propre histoire qui s’intègre dans le fil principal sans pour autant nous sauter aux yeux dès le premier roman. Or ici, nous n’avons qu’une unique trame découpée entre plusieurs personnages. Nous suivons d’un côté Plume et Elias et de l’autre un groupe de rebelles.

Dès les premières lignes qui mettent en scène la furtivité de Plume (Éléonore Herrenstein) au sein de la nuit, j’ai été happée par l’histoire. Toutefois, quelques longueurs ont fini par me détacher du texte auxquels j’espérais me rattacher par la suite. Surtout que j’avais deviné l’un des gros retournements de situation avant la moitié du livre. Si la passion n’est pas revenue, j’ai apprécié le sentier obscur que l’autrice a choisi pour atteindre la fin de l’histoire et qui évitait une facilité scénaristique que d’autres n’auraient pas hésité à emprunter pour redorer l’image de l’antagoniste.

Plume est la fille de l’ancien ambassadeur du pays d’Orme. Logée dans les beaux quartiers de Seraën, elle se sent prisonnière des murs de la cité qui la protège de l’ennemi, Valacer. Alors, elle profite de la nuit pour se balader sur les toits. Elle brave l’autorité de l’Oméga en dessinant à la craie et en pénétrant dans les bas-fonds. Une liberté qui lui sera d’autant plus chère quand elle deviendra la fiancée d’Elias d’Aubrey, un héritier de La Ligue écarlate qui terrorise le peuple sous le joug de l’Oméga.

« Elle était devenue une voleuse des toits qui, à la nuit tombée, usait de l’obscurité pour dérober au gouvernement une part d’espoir. Un morceau de ciel étoilé qu’elle glissait sous son oreiller et qui l’accompagnait dans chacun de ses songes. »

Nous avons une héroïne pure dont les graines de la révolte ont germé grâce à une injustice et s’enracinent au fil de ses interactions avec Elias et les rebelles pour éclore en espoir. Cependant, nous sommes loin d’une donneuse de leçon éclairée sur tout. Intrépide, Éléonore est aussi fataliste et terriblement rêveuse. Les deux ne sont pas incompatibles. Lorsque la flamme de l’espoir vacille dans son cœur, il suffit du souffle d’une personne proche d’elle ou une situation inextricable pour la raviver. Sa détermination reflète la naïveté de la jeunesse, ce manque d’expérience et de lucidité qui permet d’envisager l’ensemble des conséquences d’un acte. Ainsi, elle apprendra à ses dépens (et à ceux des autres) que tout symbole de révolte ou toute solution empreinte de justice engendre des causes multiples, bonnes comme tragiques.

Elle apprend à danser dans cette vie grise avec Élias. Ce seigneur ténébreux est l’archétype du beau gosse méchant au passé douloureux. Manipulateur, sarcastique, violent, il ne comporte pas de réelle surprise par rapport à son évolution psychologique. Leur relation m’a à la fois plu et déplu. Les affronts, les joutes verbales et leurs omissions m’ont égayée par leur nature. La romance m’a laissée de marbre, car je pense qu’elle n’était pas nécessaire au développement de l’histoire. La psychologie de Plume qui accepte le mariage au début du roman uniquement par obligation dessinait une femme qui n’a pas besoin d’amour pour s’attacher aux autres. Honnêtement, je l’aurais bien vue agir de la même manière par amitié que par amour. Je n’ai pas cru au développement de ce enemies to lovers. Mais, La voleuse des toits reste un roman young adulte. Et comme la majorité des récits ciblant ce public la romance doit impérativement s’établir dans les pages. Je pense que ce genre peut se passer de ce trope, se départir de cette obligation. Une histoire d’amitié peut tout aussi être poignante que l’amour entre deux personnes.

Mis à part ce petit désagrément, j’ai adhéré au thème qui défende l’expression artistique et sa force symbolique. J’ai adoré la manière dont l’autrice a tissé ses trois lois dans son univers et l’intrigue, en dévoilant les réelles raisons de leur promulgation. Des règles qui s’arment de la propagande, de la censure pour faire régner la peur. Un système qui garde les chiens gémissants en laisse grâce à la haine de l’étranger. La guerre contre Valacer, la nation ennemie, démontre l’efficacité de l’utilisation d’une sorcière pour justifier les maux et les actes des tyrans.

« – Je n’ai pas peur de la justice des hommes, déclara Finhen. Elle n’est qu’une institution fragile qui, sous prétexte d’œuvrer pour le bien, se révèle très souvent arbitraire. Elle a beau porter le nom de justice, elle n’est jamais juste… »

Le seul élément qui m’a dérangée concerne la notion de talent inné pour la peinture. Personne ne sort de l’utérus de sa mère un pinceau à la main et la capacité de reproduire le monde avec une perspective et des proportions parfaites. Affirmez ça, c’est éliminer toutes les heures, tous les jours, les mois, les années d’entraînement et d’assiduité pour arriver à dessiner correctement. Même les prodiges sont des amateurs sans répétition.

En bref, La voleuse des toits place son intrigue dans une ville emprisonnée par les ambitions d’un dictateur qui use de la haine de l’étranger et de la peur pour assouvir son emprise sur un peuple divisé. À travers les mésaventures de Plume et Élias, l’autrice dévoile le dessin préparatoire esquissé sur la toile de son monde en diluant progressivement les couches de peinture qui dissimulent les desseins de l’Oméga. Une histoire et un univers simple, mais divertissant, quoiqu’un peu long.

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J’ai rencontré Philippe Aurèle Leroux et Sébastien Louis lors du Salon du Livre de Wallonie en 2022. Chaleureux et passionnés, ils m’ont convaincue de craquer pour leur roman à quatre mains : Le naufrage du Titan C. N’ayant pas énormément de bouquins pouvant se caser dans le sous-menu Rocket Raccoon on the run (Automne des bois et au-delà) du Pumpkin Autumn Challenge, j’en ai profité pour le sortir de ma pal.

Vous l’aurez deviné à son titre, ce roman est une réécriture du film Titanic, nom du malheureusement célèbre insubmersible qui a coulé lors de son premier voyage à cause de la dérive d’un iceberg. La transposition dans le futur et l’espace fonctionne plutôt bien, les caractéristiques phares ayant été reprises dans le livre. Si le paquebot se rend en Amérique, terre symbolisant un nouveau départ, le vaisseau quitte Mars pour sauver les Terriens de la destruction de l’humanité et donc enclencher une nouvelle vie dans le système solaire de Proxima du Centaure. Bien entendu, les 8 milliards d’individus n’y trouveront pas place. Nous restons dans une civilisation inégalitaire qui tente de l’être en organisant une loterie pour distribuer les billets. Soit vous avez une chance de cocu (bon quand on sait ce qu’il va se passer, peut-être pas finalement) soit vous avez un pedigree. Face à l’extinction, l’empathie ne se développe toujours pas.

L’inégalité est aussi présente parmi les passagers : ceux qui ont droit à une cabine et ceux qui ont droit à un cercuei… pardon, une cryogénisation pour faire dodo pendant tout le trajet et consommer le minimum. Oui, cette humanité est consciente des problèmes écologiques terrestres qu’elle a engendrés, mais elle est incapable de prendre la décision la plus responsable qui serait de préserver les ressources en ne laissant que l’équipage de bord éveillé. C’est d’autant plus risible quand on sait que Titan C est affrété pour sauver les humains, la faune et la flore et diriger par un Capitaine dont l’égoïsme surpassera la sécurité ! Il semblerait qu’en 500 ans la civilisation n’a pas évolué.

Enfin, dans ce décor féérique de bonté et de gratitude, nous avons les histoires d’amour transcendant les clans, les familles et les étiquettes. Nos adolescents n’ont pas perdu leurs hormones. Je ne vais pas m’étaler en long et en large sur eux, je vais vous laisser les découvrir en me focalisant sur la construction ou plutôt la déconstruction que les auteurs ont choisie et qui m’a plu.

Ceux-ci partent de clichés. Nous avons des adolescents plutôt communs. Kelvin est passionné par l’espace et connaît plein de choses contrairement à sa sœur qui paraît au premier abord superficielle. Vous savez, ces jeunes filles qui ne pensent qu’à trouver l’amour et qui craquent pour des stars capricieuses ? Un portrait qui va s’épaissir et se nuancer, heureusement ! Et cette méthode est d’autant plus appréciable lorsqu’elle a été appliquée à Morgana dépeinte par ses attributs féminins et sa blondeur avant sa sensibilité et ses compétences fortement utiles pendant du naufrage, en plus de son passé douloureux. La vie ne l’épargne pas, la pauvre !

J’ai également craint le cliché de la compétition féminine entre Juliet et Morgane, vu que la première n’apprécie pas celle qui ravit le cœur de son jumeau. Une rivalité amorcée par l’apparence, leur morphologie étant à l’opposé l’une de l’autre, n’est pas creusée et surtout, les romanciers n’ont pas attendu la catastrophe pour neutraliser ce sujet épineux pour moi. Ouf.

Une fois ces suspicions de stéréotype éteintes, je me suis laissée porter par ces récits parallèles. Des histoires aux aspirations et aux combats distincts et profondément humains. Et j’ai été surprise. Franchement, je ne m’attendais pas à subir ce flot d’émotions. Philippe Aurèle Leroux et Sébastien Louis ne reculent devant rien : sacrifice, douleur du survivant, espoir cruel. Les adolescents grandissent, propulsés par la tragédie causée par l’idiotie et l’orgueil. Ils prennent leur destin en main, un destin qui leur échappe, se précipite vers eux et joue avec leur cœur.

En bref, j’avais abordé Le naufrage du Titan C sans de grandes attentes, simplement emportée par la bonne humeur des auteurs. Grimaçant devant l’esquisse des adolescents, j’ai rapidement été soulagée par leur approfondissement psychologique qui les éloigne des clichés. J’ai fini par m’attacher à eux et je me fais surprendre par l’émotion dans les derniers rebondissements. Une réécriture réussie !

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Commentaire ajouté par AureRaineke 2024-02-21T18:58:18+01:00

Découvert grâce aux livres de Cass sur Instagram, j’ai profité de la présence de J.S. Piers à Romerée (un petit village avec une excellente brasserie non loin de chez moi) pour acquérir ce thriller intriguant. Malgré mon engouement pour le roman, je ne l’ai pas sorti dès son achat en mai dernier et j’ai bien fait ! L’état de mon cerveau ne m’aurait pas permis de suivre avec application cette histoire finement cousue de points complexes. Je l’ai lu dans le cadre du PAC dans le menu : Automne frissonnant — L’enfer des Backrooms.

Lors de ma discussion avec l’auteur, celui-ci m’a glissé que Le dé à coude avait mis dix ans a à naître. Après l’avoir lu, je comprends pourquoi autant d’années furent nécessaires pour aboutir à ce roman étonnant. On suit six personnages venant du Canada, de Belgique, d’Angleterre, des USA et d’Australie. Rien ne semble les lier. Leur profil, leur origine et leur hobby les différents. Pourtant, un mystérieux maître de jeu a choisi de les rassembler pour accomplir une quête. Pourquoi ? Ont-ils des compétences spécifiques essentielles à la résolution de la mission ? Ou n’est-ce qu’une coïncidence ? Leur hôte a-t-il joué leur destin d’un jet de dé ?

Si vous réussissez à voir la trame et à répondre à toutes ces questions avant la fin, vous êtes un génie (ou dans le secret de l’auteur). L’intrigue débute comme un jeu de piste et d’énigmes qui n’est pas sans rappeler les œuvres de Dan Brown ou les collaborations de Eric Giacometti et Jacques Ravenne. La référence s’arrête à la fin de la première partie du livre. Le dé à coudre est savamment divisé en cinq chapitres qui peuvent se résumer en quelques mots : enquête, descente en enfer, intermède, hypothèse et dénouement.

Le rythme de croisière de ce thriller varie en intensité, mais ne laissera jamais vos neurones en paix. Surtout si, comme moi, vous êtes un. e lecteur.ice active et aimez jouer, car c’est ce que J. S. Piers fait avec nous. Il s’amuse à dérouler les fils de plusieurs bobines, à les tisser dans ce qui semble être une trame aléatoire, perturbante. Il floute les contours entre réalité et imaginaire, entre rêve et cauchemar. Une myriade de références sont citées, expliquées par les personnages qui ont de nombreuses connaissances. Histoire, littérature, archéologie, sciences, astronomies, mathématique, art… une abondance de concepts, de bibliographies, de faits, de croyances sont brodés ensemble. C’est la raison pour laquelle je me félicite d’avoir attendu d’être apte à lire ce thriller. Vu la profusion d’informations, je me suis, bien entendu, posé la question : est-ce que tout est nécessaire ou essaie-t-il juste de brouiller les pistes en nous noyant dans un flot quasi continu ? Tous les fils qu’ils tirent sont utilisés pour tisser la tapisserie de son intrigue. Un ouvrage dont on ne voit le dessin global qu’au dénouement.

N’ayez crainte de vous perdre dans ce labyrinthe d’érudition. Les personnages expliquent avec aisance ce qui pourrait être obscur aux non-initiés sans pour autant tomber dans l’effet Wikipédia. Je ne peux citer certaines références sous peine d’être accusée de divulgâcher des informations capitales, mais sachez qu’il m’a donné envie de me plonger davantage dans les œuvres qu’il a utilisées.

Si je devais vraiment trouver un défaut au premier roman de mon compatriote, ce serait l’effet de surenchères du savoir chez tous les personnages. Je suis quelqu’un qualifié de touche à tout, je ne me limite pas à un seul sujet de prédilection dans mes lectures et les documentaires que je regarde. C’est ce qui m’a poussé à choisir ma spécialisation dans la vraie vie. Cependant, j’ai tout de même tiqué à un moment donné quand une énième compétence est arrivée sur l’un des pions de cette histoire. J’avais un goût de ça commence à faire beaucoup, car cette ouverture d’esprit et d’horizon touche quasiment tous les personnages. Mais, clairement, c’est vraiment essayer de trouver un fil qui dépasse, accro embêtant. J

À travers le dé à coudre, J. S. Piers joue avec la notion de coïncidence. Il la soupèse, la décortique, la questionne, l’éclate et la reconstruit. Le hasard n’a décidément pas sa place dans cette histoire haletante et vertigineuse qui témoigne d’un travail monstrueux de recherche, d’analyse et d’édification ! Ce roman gomme la frontière entre réalité et imaginaire en nous projetant dans un dédale de références qui ne semblaient pas avoir de liens entre elles de prime abord.

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Commentaire ajouté par AureRaineke 2024-02-18T12:45:53+01:00

Quand le roman Sombre Tilly fut annoncé par son éditeur, j’ai de suite été envoûtée par la couverture illustrée par Marcela Bolivar. Cette jeune fille étonnée par la tournure des événements alors qu’un roncier aux feuilles couleurs sang l’emprisonne symbolise parfaitement le retour de manivelle qu’elle se prend en pleine figure. Arrivera-t-elle à sortir de la situation périlleuse dans laquelle le mauvais sort l’a jetée ? Lecture réalisée pendant le PAC 2023 : Automne douceur de vivre — La dame chouette des îles bouillantes.

Je me suis plongée dans cette lecture, car j’avais besoin de noirceur. Le portrait esquissé dans le résumé de Sombre Tilly semblait répondre à ce critère. Une adolescente égoïste qui use de la magie noire sans avoir peur des conséquences ? Que demander de mieux qu’une graine de vilaine sorcière qui brave les lois de sa famille ? Malheureusement, les promesses que la quatrième de couverture m’avait faite miroitée n’ont pas été tenues.

Matilda est une jeune sorcière qui doit rejoindre un coven de sorcière au moment de son seizième anniversaire. Comme toute ado qui se respecte, elle se rebelle contre les règles. Elle ne veut ni en intégrer un ni distiller son savoir pour le bien. Elle use de sortilèges pour son propre profit. Or, blesser une personne à l’aide de la magie grave le méfait sur la peau éternellement. Mais voilà, notre charmante Tilly a de la chance. Elle est issue d’une famille qui peut contrer cette loi en dissimulant les cicatrices de la forme du prénom de la victime. Elle n’aurait pas dû connaître ce sortilège, mais son père lui a légué cette astuce volée avant de les quitter. Alors, elle en abuse sans penser aux conséquences. Sauf que les actes néfastes finissent toujours par vous revenir en pleine figure tel un boomerang acéré.

Le comportement de Matilda témoigne d’une souffrance bien moins magique que l’on pourrait croire. Il ne s’agit pas d’une soif de puissance, de contrôle sur les autres, mais d’un moyen de surmonter ses blessures mentales. Les racines pourraient remonter jusqu’à Ivy, la légendaire sorcière que les citoyens de Gravewick ont balancée injustement au fond d’un puits pour purger le soi-disant mal qui rongeait la région. Cependant, c’est dans le passé de Tilly que naît le problème. Elle doit dissimuler ses pouvoirs, ce qui a impacté ses relations autant familiale qu’amitieuse. Comment réussir à construire une relation saine quand on ne peut vivre au grand jour sous son vrai visage et qu’un seul faux pas peut tout changer ? Grâce à de nombreux philtres, elle se lie temporairement à des ami.es. Toutefois, la magie ne crée que des liens superficiels qui finissent par la lasser. Elle vit dans cette incessante boucle de faire et défaire jusqu’au jour où Oliver entre dans sa vie. Pour une fois, quelqu’un s’intéresse à elle sans l’aide d’une potion et il connaît en plus son monde. Une nouveauté qui l’ébranle et la transforme en une simple adolescente que les hormones dominent. Vous vous en doutez, on va vite aller vers une romance qui va prendre bien trop de place dans l’histoire à mon goût, bien qu’elle soit utile à l’intrigue. J’ai levé les yeux aux plafonds à chaque fois que Matilda ne se sentait plus en apercevant un bout de tissu, de peau appartenant de son élève.

Bien qu’elle ne soit pas une sorcière accomplie, Tilly possède une grande expérience et maîtrise du monde magique vu qu’elle y baigne depuis son enfance. Elle enseigne deux trois petites choses à Oliver qui ne descend pas d’une lignée de sorcier.ères. Les interactions avec le jeune homme vont adoucir les blessures de Tilly, malgré l’angoisse générée par les meurtres en série.

L’histoire prend place quelques jours avant Halloween et son ambiance lugubre. Un décompte rythme les chapitres du roman aidant à poser le suspense. Les premières victimes sont des animaux, mais bientôt une fille les suit. Et pas n’importe laquelle bien entendu. L’anxiété étreint Matilda qui subit en plus des pertes de mémoire et fait de nombreux cauchemars.

Isolée, effrayée par la tournure des événements elle n’a que deux personnes vers qui trouver un peu de réconfort. Oliver et Nana May. Malheureusement, la deuxième ne parle plus et la communication s’avère difficile malgré la douceur des gestes de la grand-mère. Matilda refuse de demander de l’aide de Lottie, sa maman, qu’elle rejette depuis sa séparation avec son père.

Sombre Tilly n’est pas seulement une histoire d’amour et de magie corrompue. C’est aussi un récit qui exploite les différentes facettes de l’amitié. Le réconfort que ce sentiment apporte et les peurs qu’il engendre.

En bref, Sombre Tilly met en scène une jeune sorcière dont les actes ont forgé sa propre solitude. Loin de la créature maléfique dépeinte dans le résumé, Matilda endosse le rôle de l’adolescente mal dans sa peau qui use de ses pouvoirs pour éviter de penser à la douleur. Manipulation et dissimulation rythment cette histoire qui témoigne de la puissance de l’héritage, de son poids et des responsabilités qui en découlent. Dommage que la romance a supplanté le suspense engendré par le mystère des meurtres.

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