Reagan Hamingway, le fantôme aux cheveux de feu

Le temps passe comme les fleurs se fanent, comme ce souvenir qui s'efface, ce nom qui s'oublie, ce visage qui devient un fantôme. Cette personne qui se meurt dans la nature, qui s'évade et qui s'enfuit de nos pensées. Semblablement aux feuilles d'automne qui s'envolent dans la brise du soir, ses cheveux s'élèvent, emportés par les faveurs des vents, se mouvant comme une flamme libre. Une simple fougue du temps qui s'éparpille au-delà de nos souvenirs. Reagan se tient là. Dressée comme un piquet face à la falaise, sans jamais prêter attention à sa chevelure de feu qui virevolte. Elle n'entend rien, ne voit rien, ses paupières sont closes, comme dans un repos éternel. Elle ne veut rien savoir non plus. Elle n'a pas de raison, mais elle reste là. Droite au milieu de l'écume océane qui l'évite, s'écrasant sur la roche ruisselante. La pluie tombe, effaçant les dernières traces de son méfait. Et à ses pieds, gît un homme. Sans grande importance à son regard, ses cheveux blonds sont déjà trempés par les rafales qui l'assaillent. C'est trop tard, son visage a déjà cette teinte mortelle, cette couleur si effroyable. Les yeux exorbités, il fixe un point imaginaire que personne ne connaît. Ladite lumière peut-être, celle qui se doit d'accueillir chaque défunt en son sein.

La femme s'en va. Laissant le cadavre là, allongé au milieu de l'herbe, comme s'il était simplement assoupi. Peut-être est-ce le cas, après tout, l'un de nos auteurs bien connus n'aurait-il jamais dit « N'est pas mort ce qui à jamais dort et au cours des ères peut mourir même la mort » ? Sans doute est-ce vrai. Mais elle s'en fiche, déjà loin, ses talons résonnant dans la quiétude de la sombre forêt. Rien n'a d'importance, aucune once d'importance à ses yeux. Elle s'en va. Loin de tout cela et elle ne se retournera pas.

Elle reprenait simplement sa liberté.