SchizophréniA : Ces petites choses qui peuvent nous rendre fous

Malgré cela, alors qu’elle est tranquillement recroquevillée sur son lit, elle a une impression de sentir une odeur de brûlé venir à elle.

En un instant, elle commence déjà à s’imaginer le pire.

En position assise sur son matelas, les jambes collées contre son torse et la tête posée sur ses genoux pliés, Audrey ferme les yeux en essayant de contrôler sa respiration pour reprendre ses esprits, en se disant à voix haute que ça n’existe pas, que c’est uniquement dans sa tête.

Pourtant, l’odeur se fait de plus en plus forte autour d’elle et elle n'arrive pas à

se le sortir de la tête.

La peur commençant à arriver, son rythme cardiaque se met à accélérer.

Elle puise au fond d’elle, pour affronter son illusion.

Mais, la situation est loin de s’arranger.

Audrey est persuadée que son imagination prend de l’ampleur, quand elle rouvre légèrement ses paupières cachées derrière ses avant-bras et qu’elle remarque de la fumée qui entre dans sa chambre, par le petit espace présent sous la porte.

La tétanie commence alors à gagner tout le corps d’Audrey.

Figée, elle reste sûre que tout ça n’existe pas, que tout n’est qu’imagination.

Pourtant, depuis son lit, son corps parvient maintenant à sentir une forte chaleur présente derrière cette porte.

Cette fournaise s’approche d’elle, cependant elle ne bouge toujours pas.

Pour Audrey, tout ça n’est pas réel.

Elle essaye continuellement de se concentrer.

Même quand les flammes commencent à faire leurs apparitions par le jour de la porte, pour grignoter et entourer tout le cadran, en donnant une couleur entre le rouge et le noir à cette barrière en bois, elle ne veut toujours pas y croire.

Elle trouve ça dingue tout de même, que ces illusions peuvent lui paraitre aussi réelles.

Et elle se sent encore plus déstabilisée, en voyant qu’aujourd’hui ces images et ces sensations, lui paraissent bien plus réalistes que d’habitude.

Elle n’est pas sûre de l’avoir déjà vécu à ce point.

Audrey se met à douter, tout en se disant que cela fait peut-être un peu trop longtemps qu’elle a pris son traitement journalier et qu’il ne fait donc certainement plus effet.

Elle ne sait plus quoi penser au fond d’elle et commence à paniquer.

Elle voudrait que sa mère revienne pour la rassurer.

Elle aimerait sortir d’ici, tandis qu’elle se sent bloquée.

Elle a pourtant la clé de sa chambre dans les mains, néanmoins elle n’arrive pas à faire le moindre mouvement.

Tous les muscles crispés par la peur, elle n’arrive pas à bouger.

En ouvrant grand ses yeux, elle arrive juste à voir que les flammes gagnent du terrain dans sa chambre.

Elle se retrouve vite entourée par le feu.

Il faut qu’elle trouve la force, cependant pour cela, elle sait qu’elle doit arrêter d’angoisser.

Elle veut le faire, car selon elle, tout cela n’est qu’une illusion, même si le doute se fait de plus en plus présent.

Elle a cette impression d’une si forte chaleur, que son corps n’a même pas le temps de transpirer, telle l’humidité qui s’évaporerait instantanément en aspergeant de l’eau sur de la braise.

Dans tous les cas, elle sait qu’elle doit au moins avoir le courage d’aller ouvrir la serrure de sa porte, car même si sa mère arrive, elle ne pourrait de toute façon pas entrer dans la chambre.

Mais impossible pour Audrey de trouver cette force, alors que la situation ne fait qu’empirer.

Le jaune et le rouge des flammes prennent plus de place dans la pièce, tels les enfers qui l’accueillent en lui tendant les bras.

Audrey commence à étouffer à cause de l’épaisse fumée blanche et noire.

Elle sent qu’elle a de plus en plus de mal à respirer, elle suffoque.

Ses yeux lui brûlent, elle n’arrive plus à les garder ouverts.

Audrey a juste le temps de voir les flammes l’entourer complètement, avant de refermer ses paupières en larmes et de se crisper le plus possible en position fœtale, en espérant se protéger.

Son corps bascule sur le côté, après avoir mis ses mains sur ses oreilles, pour ne plus entendre le crépitement intense du feu, qui ronge tout ce qui se trouve dans la pièce autour d’elle.

Au milieu de cette fournaise, des bruits sourds résonnent.

De violents coups retentissent, quelqu’un frappe fortement contre la porte de cette chambre.

La barrière en bois tremble sous l’effet des impacts, avant de finir par céder et s’écrouler au sol.

Malgré le vacarme, Audrey n’entend rien.

Le corps immobile, elle ne réagit pas.

Audrey semble s’être évanouie