Extraits

❝ Je suis paralysée par la peur. Mon corp me semble cousu au cuir noir du carrosse d'ébène, dont les vibrations se répercutent jusqu'au creux de mes os. En face de moi, sur la banquette opposée, le vampyre est immobile. ❞

"Vous vous droguez à la morphine.

"Succomberez vous d'asphyxie

"Ou rongée par cette toxine?

"Rendez-vous à votre autopsie!"

C'en est trop pour Poppy: frappée par cette trahison implacable, à bout de souffle, elle est prise d'une violente quinte de toux. L'acoustique caverneuse du théâtre répercute ses expectorations, auquelles se mêlent les exclamations outrées des courtisans.

Elle plonge fébrilement la main dans sa poche, à la recherche d'un mouchoir -mais ,avant qu'elle ait le temps de le porter à sa bouche, une grande giclée de sang jaillit sur son corset, transformant les roses de taffetas crème en coquelicots vermeils.

"Je vous aime…, je chuchote d'une voix étranglée. Je ne vous oublierai jamais. Et vous, où que vous soyez à présent, ne m'oubliez pas. Je vous rejoindrai bientôt, dans la mort, dès que je vous aurai vengés. Derrière le masque de Diane, je serai toujours votre Jeanne - Votre fille, votre sœur, à jamais !"

Le sang. Encore le sang, toujours le sang. On en revient sans cesse là. C'est la partie la plus pénible de notre nature, à nous autres vampyres. On nous appelle les seigneurs de la nuit. Mais, en vérité, nous sommes des esclaves : les esclaves du sang

Fuir ou combattre. Tuer ou être tuée. Dans la nature, le choix se résume à des alternatives simples, pures, qui ne s'embarrassent ni de remords, ni de regrets

La tête me tourne, mes oreilles bourdonnent, comme après un coup de poing en pleine face.

Je ne peux pas croire ce que je viens d’entendre.

J’ai forcément mal compris.

J'ai choisi la mort.

Parce que la liberté n'a pas de sens dans un monde dépeuplé de tous les miens.