Extraits

Les bêtes blessées sont les plus rusées.

On peut lancer les piques les plus assassines, du moment qu'on les dit avec le sourire !

Je parle de la noblesse du cœur, murmure t'il. Celle qui échappe aux titres, aux conventions, à tout ce protocole dans lequel l'étiquette voudrait enfermer les mortels.

« La liberté ou la mort.

J’ai choisi la mort.

Parce que la liberté n’a pas de sens dans un monde dépeuplé de tous les miens. »

"Tâchez d’être digne de l’honneur qui vous échoit, et de ne pas vomir vos tripes fumantes sur les souliers du Roy. »

Entendre parler de mes « tripes fumantes » par cet être habitué aux dissections sur les tables d’opération de la Faculté me révulse.

« Un masque solaire, vraiment ? je répète, interloquée par ce paradoxe. Pour le Roy des Ténèbres ?

— Avant d’être le Roy des Ténèbres, l’Immuable était le Roy-Soleil, me rappelle gravement Alexandre. Il n’a jamais renoncé à l’idée de reconquérir le jour. C’est la raison pour laquelle il porte le masque d’Apollon, le dieu solaire. »

Les seigneurs de la nuit reconquérant le jour ? Les vampyres allant et venant à loisir avant le son du tocsin ? Cette seule pensée me donne la chair de poule !

Je le sens totalement vivante, une dernière fois, avant de me lancer dans l’expédition suicidaire où je vais mourir.

Je n'avais encore jamais rien lu cet auteur, voilà donc cette erreur réparée. Ce que je peux affirmer sur ce premier tome, c'est que son univers est parfaitement maîtrisé. On se laisse guider dans ce monde, à la fois éloigné du nôtre, et proche historiquement parlant. Jusqu'à un certain point, bien entendu.

Créer une cour d'éternels est une excellente idée, que j'ai trouvé plutôt originale. D'autant que les histoires de vampire en France ne courent pas les rues, et cette idée de l'implanter chez nous, c'est plutôt une bonne chose. Au niveau de l'écriture, je ne peux rien dire de plus, si ce n'est que Dixen a une plume travaillée, riche, qui nous emmène directement avec elle, sans nous poser de questions.

Ce que je déplore, cependant, est le personnage principal, que j'ai trouvé tour à tour froid et réfléchi, puis déconnecté de la réalité, avec des réactions délirantes. On peut mettre cela sur le compte de son jeune âge, mais ça m'a un peu sorti du livre. Les scènes s'enchaînent avec fluidité, et les rebondissements, surtout vers la fin, m'ont laissé un goût de "trop facile".

Mais il y a du très bon, notamment dans des enchaînements parfois sanglants et des moments décalés top ! Je poursuivrais donc ma lecture dans cet univers, car le tome 2 me fait de l'œil.

La justice est le mot le plus dangereux du monde, car chacun la définit à sa guise !

Montfaucon

Percevant mon trouble, Tristan prend ma main. « Je t’aime, Jeanne, me souffle-t-il. Je n’ai jamais douté que nous nous retrouverions tous les deux ici ce soir. Comme je te l’ai dit, c’est notre destinée ! » Je jette un coup d’œil anxieux autour de moi, saisie par la peur qu’on nous surprenne. Mais le vestibule est désert. Nos chuchotements ne peuvent filtrer ni à travers les murs étanches, ni à travers la lourde porte d’ébène. Ici, nous sommes vraiment hors du monde. « Détends-toi, me dit Tristan. Nul ne peut nous entendre. »