La déesse et la danseuse

La femme, qui semblait à peine sortie de l’adolescence, soupira.

— Moi aussi, je voudrais faire quelque chose et, à ce moment de l'après-midi, c’est un vrai supplice de ne pas aller au théâtre. Je ne cesse de penser aux autres, assis dans les nouvelles loges, en train de passer leurs jolis costumes. Oh, Harry, qui porte le mien?

C’était un cri qui semblait venir du cœur et Harry répondit, en serrant ses doigts :

— Personne. Hollingshead te garde ta place, je te l’ai dit.

C’était un mensonge, mais il s’exprimait avec conviction et les yeux de Katie retrouvèrent leur éclat.

— Nous serons fixés tout à l’heure, n’est-ce pas? demanda Katie. Le Dr Medwin avait la certitude de pouvoir nous le dire aujourd’hui.

— Oui, c’est ce qu’il a affirmé.

Harry regardait Katie, le dos soutenu par l’oreiller, ses longs cheveux blond roux ruisselant sur ses épaules.

Bien que le soleil ne la frappât pas directement, on aurait dit que sa clarté dorée illuminait sa chevelure et, en en faisant flamboyer les reflets roux, lui donnait presque vie.

— A quoi penses-tu, Harry? demanda-t-elle.

— Je pensais que tu es vraiment ravissante.

— Et ça me sert à quoi d’être ravissante quand je suis coincée ici et incapable de danser? demanda-t-elle d’une voix sèche.