Les frères Sommerville, Tome 6 : Les Noces du brigand

Elle s’agenouilla, détacha la sacoche de la selle et se redressa. Quelqu’un, alors, la saisit par-derrière et la souleva de terre, pressant son dos contre un rempart de muscles durs comme le roc.

— Par le diable, qui êtes-vous donc ? rugit une voix féroce.

Brutalement tirée de son état de choc, Alys réagit en se débattant avec violence. Elle voulut crier, mais une large main se plaqua sur sa bouche ; d’un seul coup, la jeune fille se sentit bombardée par une salve d’émotions – tous les sentiments qui animaient son adversaire : une rage incandescente, une frustration sans bornes, un sombre désespoir. Terrifiée, elle gémit et s’abandonna, toute molle.

— Crénom ! jura l’inconnu en relâchant son étreinte. Je ne vous veux pas de mal. Promettez-moi de ne plus crier et je libérerai votre bouche.

Alys hocha la tête, sensible aux remords et à l’embarras qui coloraient son intonation. Dès que les doigts de l’homme s’écartèrent, elle inspira à fond et tenta de se ressaisir. Sa peau ne touchait plus la sienne, mais elle vibrait encore des intenses remous qui l’avaient traversée.

— Je vous en prie…, geignit-elle. Lâchez-moi.

Il la reposa à terre et la fit pivoter, lui causant un autre choc : c’était le sauvage aux cheveux noirs qui avait dirigé l’attaque ! Elle sentit ses genoux se dérober, mais il la retint, la toisant de sa haute stature. Ses épaules et son torse étaient si larges qu’ils semblaient distendre les jointures de son haubert ; un heaume bosselé cachait son visage.