Les Enfants de l'O, Tome 1

Ces deux petits bouts de chou se préparent donc à marcher peut-être une journée entière, ils n’ont rien mangé depuis la veille, et ils se contenteront de ces bonnes baies que l’on trouve sur le chemin… trottin-trottant ! Noyc passe devant Azane sautillant comme un petit zèbre, elle court derrière lui essayant de l’attraper par le bras, par la jambe et puis hop ! Noyc tombe dans des éclats de rire. S’ensuit une cascade de cris joyeux et de battements de bras et de pieds. Dans leur tourbillon, le jeu s’interrompt et, tout d’un coup, voilà qu’ils se trouvent nez à nez devant un arbre, on dirait un géant, ils se lèvent et s’écartent précipitamment de ce tronc qui semble les surveiller et même leur parler, puis ils se redressent l’un contre l’autre, leurs yeux sont écarquillés, leur bouche reste muette… Immobiles, ils respirent fort de leurs petits poumons, l’air rassurant passe dans leurs narines, puis, sous leurs pieds, des brindilles craquent, et là, Azane et Noyc balbutient des syllabes, des petits mots en fouillis qui sortent comme ça devant ce Géant des bois. Rassurés, ils reprennent leur chemin tout en ramassant quelques baies appétissantes et tellement parfumées que l’on croirait de la confiture, cela pourrait en être mais ils ne savent pas ce qu’est la confiture puisqu’ils n’ont pas de mémoire. Il y a aussi des champignons, des bleus et des blancs, Azane veut y goûter mais Noyc, s’approchant d’un peu trop près, tombe carrément le nez dedans… Un peu fâchée, Azane lui donne une tape sur ses genoux mais elle le cajole immédiatement sachant qu’il est plus petit qu’elle. C’est évident, ils ont faim et leur estomac est bien là pour leur rappeler qu’il faut manger, alors un ou deux champignons feront bien l’affaire d’un petit déjeuner de ce matin et les baies sont si savoureuses. Il ne faut pas oublier de boire, alors ils s’accommodent d’eau fraîche qui coule sur les larges feuilles en passant par ici et par là. Les deux petits enfants se sentent merveilleusement bien. Noyc n’est pas très grand mais il trotte à tous vents sous les branches les plus délicates, et se laisse transporter à sa guise, puis dans son élan il provoque Azane en chantonnant un petit air doux comme la brise, alors ils sautent ensemble à pieds joints comme deux agneaux. Le ciel est un peu couvert et la journée n’a pas l’air d’être clémente, sur le bord du chemin Azane s’arrête et demande à Noyc s’il veut bien s’asseoir un court instant pour se reposer car ils ne savent pas où ils sont, et il faut qu’ils prennent des forces pour aller quelque part !