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Nous sommes les survivants des jours hérissés de peut-être. Nous sommes les athlètes du tenir bon, du ça ira mieux demain. Enfermés dans une parenthèse de fer où ne vient rôder que la douleur, nous attendons, le regard figé, le corps entaillé jusqu'à l'os, que se pose sur nos lèvres le baiser d'un autre ciel.
La jalousie, parasite jamais rassasié, elle se loge dans la fange des cœurs, y plante ses dents qui sont comme des harpons, et autour d'elle tout est souffrance, jusqu'à l'agonie.
Alors on regarde le ciel qui d'un coup se contracte, fait claquer ses grandes mâchoires, le ciel qui bave noir, la bouche pleine, et quand il en a assez, écarte les cuisses et saigne.
Les mots tendres d'hier ont pris les armes, ils assiègent, sapent, arrachent le nerf du coeur, il n'y a plus de mains pour caresser, il n'y a plus de lèvres pour embrasser, la douleur fait des gammes, et sous les jambes amputées une trappe soudain s'ouvre, et c'est le gouffre obscur, et c'est la chute dans le vide qui écrase et souille, et dans le rouge des yeux s'ouvrent des cercueils, car les jours qui arrivent sont des cadavres de rêves et d'espoirs, alors Mathilde foudroyée mord ses joues jusqu'au sang, et la vie qui ensoleille l'intérieur du ventre, un instant, comme l'eau des fontaines, bouillonne tendre dans sa bouche.
Car, en quelque sorte, la seule chose d'inhabituelle dans cette mort - qui par ailleurs fut le dénouement d'un viol collectif -, c'est qu'elle s'est produite un jour coïncidant, à un quart de siècle près, avec celui de ma naissance; c'est tout.
"L'avenir des hommes se lit sur le visage des mères.
Les jours de Léo déjà se blessent aux tranchants des pleurs, s'égarent dans la grisaille d'un regard vide de lendemains."
"Elle est cris, plaintes, pleurs. Elle rampe, brûlante, entre les chairs, et quand elle s'enrage, elle mord, elle griffe, elle broie, elle poignarde, laissant pour seule œuvre des corps qui se tordent. Sournoise, acharnée, hideuse avec sa tête d'insecte, elle est la douleur. Et la détresse, et le désespoir, comme des chiens fidèles, lui lèchent les doigts."
Je ne me suis jamais retrouvé
en plein tremblement de terre.
Je ne sais pas si c'est
comparable à ça
mais le sol sous mes pieds
s'est dérobé
a ouvert la gueule
et m'a dévoré.
Ces corps qu'on avait vendus aux regards des autres, on les a repris. Quand je me pinçais, c'est ma chair à moi désormais qui avait mal, quand je la caressais, c'est sa chair à elle qui frémissait. On était tout entier l'un à l'autre et d'une sincérité totale. Mais les coeurs, ça ne se possède pas...
Ce n'était pas pas une colonne, mais une cohue, un torrent déchaîné qui remplissait la rue; c'était le peuple de l'Abîme affolé par la boisson et la souffrance, rugissant et se ruant enfin pour boire le sang de ses maîtres. Je l'avais déjà vu, ce peuple de l'Abîme: j'avais traversé ses ghettos, et croyais le connaître; mais il me semblait aujourd'hui que je le voyais pour la première fois. Sa muette apathie s'était évanouie: il représentait à cette heure une force fascinatrice et redoutable, un flot qui s'enflait en lames de colère visible, en vagues grondantes et hurlantes, un troupeau de carnivores humains ivres de l'alcool pillé dans les magasins, ivres de haine, ivres de la soif du sang; hommes en haillons, femmes en guenilles, enfants en loques, êtres d'une intelligence obscure et féroce, sur les traits desquels s'était effacé tout ce qu'il y a de divin et imprimé tout ce qu'il y a de démoniaque dans l'homme; des singes et des tigres; des poitrinaires émaciés dont le suc avait été pompé par une société vampire, et des figures bouffies de bestialité et de vice: des mégères flétries et des patriarches barbus à têtes de morts: une jeunesse corrompue et une vieillesse pourrie, faces de démons, asymétriques et torves, corps déformés par les ravages de la maladie et les affres d'une éternelle famine; rebut et écume de la vie, hordes vociférantes, épileptiques, enragées, diaboliques!
La Révolution prenait un caractère profondément religieux. Nous adorions à son autel, qui était celui de la Liberté. Son divin esprit nous éclairait. Hommes et femmes se consacraient à la Cause et y vouaient leurs nouveaux-nés comme jadis au service de Dieu. Nous étions les serviteurs de l'Humanité.
Et c'est ainsi qu'au lieu d'un paradis, je découvris l'aride désert du commercialisme. Je n'y aperçus que de la bêtise, sauf en ce qui concerne les affaires. Je ne rencontrai personne de propre, de noble et de vivant, si ce n'est de la vie dont grouille la pourriture. Tout ce que j'y trouvai fut un égoïsme monstrueux et sans coeur et un matérialisme grossier et glouton, aussi pratiqué que pratique.
C'était alors au fond de cette cage de verre, toute bouillante des flammes de l'été, perdue dans le froid clair de décembre, qu'ils goûtaient l'inceste, comme le fruit criminel d'une terre trop chauffée, avec la peur sourde de leur couche terrifiante.
Dans la nuit, l'incendie rougeoyant embrasa le firmament tout entier; on vit des danses macabres, ombres de personnages millénaires qui se dispersaient au gré du vent et dont les corps engourdis se consumaient. Inutile de crier, de pleurer; il était même interdit de rire sous peine d'être puni. Chacun avait dû sacrifier "de sa propre main" une partie de son être dans les flammes, et les acteurs avaient l'impression d'assister à de magnifiques funérailles qui n'étaient autres que les leurs. Les soieries, les satins, les brocards imprégnés de sang et de sueur étaient transformés en cendres et disparaissaient à jamais.
Ces événements fondèrent la fortune des Rougon. Mêlés aux diverses phases de cette crise, ils grandirent sur les ruines de la liberté. Ce fut la République que volèrent ces bandits à l'affût; après qu'on l'eut égorgée, ils aidèrent à la détrousser.
La disparition des pleurs vespéraux de Cristofaro sous les coups de son père avait poussé le Borgo Vecchio à l'extérieur, les gens avaient reconquis les rues et ruelles qui, depuis des années, étaient glacées dès le crépuscule par les gémissements du garçon, car personne n'était capable de supporter le déchirement contenu dans cette douleur sonore. Ils préféraient rester chez eux, avec le volume de la télé au maximum pour ne pas entendre les pleurs.
Les livres étaient des villes où je n’avais jamais mis les pieds, de grands esprits en guise de bâtiments et des phrases pour rues. Les réflexions les plus absconses formaient des labyrinthes, et les syllabes compliquées des ruelles. Le contenu de certains était très vaste: ponctuation aussi étincelante que les armoiries d'une véritable famille, phrases respirant paisiblement, mots murmurant.