Vous utilisez un bloqueur de publicité

Cher Lecteur,

Nous avons détecté que vous utilisez un bloqueur de publicités (AdBlock) pendant votre navigation sur notre site. Bien que nous comprenions les raisons qui peuvent vous pousser à utiliser ces outils, nous tenons à préciser que notre plateforme se finance principalement grâce à des publicités.

Ces publicités, soigneusement sélectionnées, sont principalement axées sur la littérature et l'art. Elles ne sont pas intrusives et peuvent même vous offrir des opportunités intéressantes dans ces domaines. En bloquant ces publicités, vous limitez nos ressources et risquez de manquer des offres pertinentes.

Afin de pouvoir continuer à naviguer et profiter de nos contenus, nous vous demandons de bien vouloir désactiver votre bloqueur de publicités pour notre site. Cela nous permettra de continuer à vous fournir un contenu de qualité et vous de rester connecté aux dernières nouvelles et tendances de la littérature et de l'art.

Pour continuer à accéder à notre contenu, veuillez désactiver votre bloqueur de publicités et cliquer sur le bouton ci-dessous pour recharger la page.

Recharger la page

Nous vous remercions pour votre compréhension et votre soutien.

Cordialement,

L'équipe BookNode

P.S : Si vous souhaitez profiter d'une navigation sans publicité, nous vous proposons notre option Premium. Avec cette offre, vous pourrez parcourir notre contenu de manière illimitée, sans aucune publicité. Pour découvrir plus sur notre offre Premium et prendre un abonnement, cliquez ici.

Livres
714 937
Membres
1 014 354

Nouveau ? Inscrivez-vous, c'est gratuit !


Inscription classique

En cliquant sur "Je m'inscris"
j'accepte les CGU de booknode

Commentaires de livres faits par NyxHemera

Extraits de livres par NyxHemera

Commentaires de livres appréciés par NyxHemera

Extraits de livres appréciés par NyxHemera

— Certains ont une personne importante pour eux, qui les a influencés plus que quiconque. La consigne de ce discours était de parler de celle-ci, mais en commençant à écrire, je me suis aperçue que j’étais incapable d’en choisir une seule. À la fin de mon histoire, j’espère que vous comprendrez pourquoi, mais pour que tout cela ait un sens, il faut que je commence par le début.
— Quand j’étais petite, je me cachais dans mon placard. Il était sombre et plein de poussière, et il sentait le renfermé. Mais c’était le seul endroit où les monstres me laissaient tranquille. En grandissant, j’ai rêvé que je vivais dans une maison où les placards enfermaient les monstres et où je pouvais dormir sans peur dans mon lit. Que je vivais dans une maison avec des parents que j’aurais pu admirer et qui seraient devenus un jour le sujet d’un discours comme celui-ci. Je ne vivais pas dans ce genre de maison. Les monstres que je fuyais ont façonné celle que je suis aujourd’hui, en m’apprenant que la gentillesse et l’amour devraient être gratuits. Grâce à eux, je sais qui je ne veux pas être. C’est pour cela qu’ils sont encore importants pour moi.
» Un peu avant mes treize ans, un couple m’a adoptée. En me voyant, ils n’ont pas vu une petite fille effrayée qui ne parlait pas. Ils ont vu une fille tout court. Leur fille. Ils ont consacré tout leur temps libre à effacer mes mauvais souvenirs et à combattre mes cauchemars. Ils m’ont ouvert des portes qui ne m’avaient jamais été accessibles et ont cru en moi. Ils m’ont prouvé que l’amour et la gentillesse peuvent être donnés gratuitement, sans rien attendre en retour. Ils m’ont appris à faire confiance, à ne plus avoir peur.
» Quand j’étudiais chez moi, j’ai rencontré une fille qui n’a jamais eu de problèmes pour parler ou faire de nouvelles connaissances. Au départ, j’étais jalouse de sa nonchalance et de sa facilité à aller vers les gens. Me faire de nouveaux amis n’a jamais été mon fort. Tout nous opposait, et je n’aurais jamais cru qu’un jour elle deviendrait ma meilleure amie. Elle m’a prouvé qu’on peut rencontrer son ou sa meilleure amie au moment où l’on s’y attend le moins. Récemment, elle m’a appris qu’on ne devait pas considérer ce qu’on avait pour acquis.
— Il y a quelques mois, j’ai rencontré un garçon qui a fait preuve de beaucoup de gentillesse alors qu’il ne me connaissait pas. Il était toujours souriant et charmeur. Je ne le connaissais pas très bien, mais son influence a sans doute été l’une des plus marquantes, car lui aussi m’a appris à ne rien considérer comme acquis, mais surtout à toujours sourire aux inconnus. Il m’a offert sa gentillesse lorsque j’en avais le plus besoin et j’espère, un jour, pouvoir faire la même chose pour quelqu’un.
» La dernière personne importante de ma vie a toujours été à mes côtés, du plus loin qu’il m’en souvienne. Il vivait avec moi dans cette maison infestée de monstres et me protégeait quand ils s’approchaient de trop près. Il me lisait des histoires lorsque je n’arrivais pas à dormir. C’est grâce à lui et à tous les sacrifices qu’il a faits pour me protéger que je peux aujourd’hui me réveiller dans mon propre lit. C’est grâce à lui que j’ai eu une seconde chance.
— Mais la raison pour laquelle il est si important pour moi, c’est que grâce à lui j’ai compris qu’aider les personnes qui en avaient besoin, même si elles n’en avaient pas conscience, en valait la peine. Il a également été le premier à me montrer que ce que j’avais à dire comptait, que ma voix comptait.
» Certains ont une personne qui les a influencés plus que quiconque. En écrivant ce discours, je me suis rendu compte que j’avais de la chance d’en avoir plusieurs, d’avoir été façonnée par des gens si différents. J’ai appris que les monstres pouvaient avoir un impact positif. J’ai appris que certaines personnes sont capables d’ouvrir leur maison et leur cœur sans rien attendre en retour. J’ai appris que des inconnus pouvaient se montrer tolérants et gentils. J’ai appris que ceux qui aident les autres font souvent passer leurs propres besoins en dernier. Et surtout, grâce à ces personnes, j’ai appris que j’étais capable d’une chose qui, jusqu’à présent, me paraissait impossible : me tenir devant vous aujourd’hui.
Avez vous apprécié cet extrait ? +3
- La peur n'est qu'une ombre. Si on abat l'arbre, il n'y a plus d'ombre.
Elle fut choqué par la métaphore :
- Je ne comprends pas!
- La peur n'est pas réelle, elle est imaginaire.
- Toi, tu n'as pas peur?
- Une nuit, je me suis dit : la peur est inutile, il faut l'ignorer. Depuis, elle ne m'embête plus.
Avez vous apprécié cet extrait ? 0
date : 09-05-2018
Noura leur avait également raconté l’arrivée des autres, un humble pèlerin et son fils en route vers La Mecque, accompagnés d’une ravissante femme blanche déguisée en Bédouine dont les yeux verts en amande étaient ceux d’un djinn. Avant de repartir, l’homme et son fils avaient enterré les morts afin de les soustraire aux charognards et aux chacals, tandis que la femme aux yeux verts les réconfortait et soignait les blessures de Muriel. Oui, celle qui leur avait sauvé la vie était une ravissante

Blanche, avait confirmé Noura, pressée de questions par Charif. Une peau claire et des cheveux dénoués de la couleur des abricots, ou juste un peu plus foncé...

Cette description laissa Charif perplexe. Ce vieux filou de Kemal n’était donc qu’un baratineur digne de la rue des Conteurs ! Il avait prétendu que la vierge aux yeux verts n’était qu’une esclave muette! Ce fripon avait bien protégé sa maîtresse, songea Charif, car sur le moment il n’avait pas un instant mis en doute son histoire.

—    Zerdali ! murmura-t-il dans la fraîcheur du vent nocturne. Est-ce vraiment dans tes yeux bien-aimés que j’ai plongé le regard? Etais-tu si près de moi que je pouvais entendre le battement de ton cœur, tel celui d’une colombe apeurée ? Et pourtant je l’ignorais. Es-tu enfin venue me rejoindre à travers mers et déserts, ô ma bien-aimée, pour que je fasse de toi mon épouse ?

La brise ne lui apporta pas de réponse. Mais cette nuit-là, elle revint dans ses rêves, et il connut de nouveau le paradis...
Avez vous apprécié cet extrait ? 0
Il savait qu'elle aurait préféré ne pas s'en mêler, se tenir à distance, oublier.
— Merci, dit-il.
— C'est normal. Comment vont les parents de Kevin ?
— Comme on peut aller dans ce genre de circonstances, mais ils tiennent le coup. C'est Morton et Skinner qui les ont prévenus.
— Morton et Skinner, ceux qui étaient dans le bureau de Hyatt hier ? demanda-t-elle d'un ton glacial.
— Ils n'étaient pas au courant de ce que mijotait Hyatt. Ils savaient, pour le procès, et aussi que tu avais été déclarée non coupable. C'est tout.
Elle demeura silencieuse.
— Je dois vraiment y aller, murmura-t-elle d'une voix lasse.
— Attends...
Il était sur le point de perdre patience, mais il se contint.
— J'ai dit quelque chose qui t'a déplu ?
— Bonne nuit, inspecteur. Ne vous en faites pas pour moi, ce soir, je dors chez Craig. Il a une chambre d'amis. Demain, je viendrai à la morgue avec lui et je m'occuperai de louer une voiture. Je ne prendrai aucun risque inutile. Vous me préviendrez, quand je pourrais réintégrer mon appartement ?
— Ne fais pas ça ! grommela-t-il.
— De quoi tu parles ? De retourner dans mon appartement ? Je finirai par y retourner un jour, quand même...
Le ton était faussement aimable et enjoué, ce qui était encore plus agaçant.
— Tu as très bien compris. Ne me pousse pas à bout, Lucy.
— Bonne nuit, inspecteur, répéta-t-elle.
Sur ces mots, elle raccrocha, le laissant seul avec sa frustration.
Avez vous apprécié cet extrait ? 0
date : 09-05-2018
Un hurlement de femme le réveilla en sursaut.

— Pour l’amour du ciel, Bess ! s’écria une voix féminine, une belle voix au timbre cristallin. Dois-tu vraiment pousser un cri à chaque toile d’araignée ? C’est très agaçant. Si tu hurles sans arrêt, mon travail n’avancera pas.

Matthias s’étira avant de s’asseoir dans le sarcophage. Par la porte ouverte de la chambre, il vit une jeune servante s’écrouler sur le sol. Derrière elle, le corridor était illuminé par un soleil au zénith.

Après avoir passé les doigts dans ses cheveux, il caressa sa barbe naissante. Ce n’était pas surprenant que la femme de chambre se fût évanouie de peur en l’apercevant.

— Bess ?

La voix cristalline. Des pas légers dans le corridor.

— Bess, qu’est-ce qui t’arrive encore ?

Un bras posé sur le rebord du cercueil, Matthias détailla avec intérêt la deuxième personne. Comme toute l’attention de celle-ci se portait sur la servante affalée, elle ne le remarqua pas.

D’un œil critique, il l’examina avec le même intérêt qu’il aurait porté à une statue zamarienne. Un long tablier protégeait sa robe grise, sans rien cacher de sa silhouette élancée ni de sa belle poitrine. Au maintien impeccable de ses épaules, on devinait une fierté et une détermination farouches.

Elle avait essayé d’apprivoiser son épaisse chevelure auburn en l’enserrant sous une coiffe blanche, mais des mèches rebelles voletaient autour de son visage. Bien qu’il ne vît que son profil, Matthias admira les pommettes saillantes, les longs cils et le nez arrogant.

Sans être toute jeune, elle n’était pas aussi âgée que lui. Il lui donnait vingt-cinq ans environ. Quoiqu’il n’en eût que trente-quatre, Matthias avait souvent l’impression d’être vieux de plusieurs siècles…

Posant un livre sur le tapis, elle s’agenouilla près de sa servante.

Elle ne portait pas d’alliance. Curieusement, il s’en félicita.

C’était une question de goût, bien entendu, se dit-il. La plupart des hommes préféraient le sucre et le miel, mais Matthias, lui, avait toujours apprécié les mets plus épicés.

— Bess, ouvre les yeux tout de suite, tu m’entends ? grommela-t-elle en agitant des sels. Tu ne peux pas crier chaque fois que tu pousses une porte. Je t’avais pourtant prévenue que mon oncle était un excentrique, et que nous allions trouver des choses étranges en faisant l’inventaire de sa collection d’art mortuaire.

Bess poussa un gémissement.

— Je l’ai vu, mam’zelle… je le jure sur la tombe de ma mère.

— Qui donc, Bess ?

— Un fantôme. Ou un vampire.

— Balivernes !

— Qu’est-ce qui se passe ici ? appela une autre femme. Quelque chose ne va pas, Deborah ?

— Bess s’est évanouie, tante Horatia. C’est vraiment agaçant.

— Pourtant, cela ne lui ressemble pas.

— C’était affreux, mam’zelle Deborah, reprit Bess. Un corps dans le cercueil de pierre. Il a bougé !

— Ne sois pas ridicule, Bess.

— Mais je l’ai vu, insista la pauvre fille en regardant par-dessus l’épaule de Deborah afin de scruter les ombres de la chambre.

En apercevant Matthias, elle poussa un cri perçant et retomba sur le tapis.

Matthias fit une grimace. La troisième femme apparut à la porte. Comme Deborah, elle était vêtue d’une robe toute simple, d’un tablier et d’une coiffe pour protéger ses cheveux gris. Plus petite que sa nièce, elle était surtout beaucoup plus large de taille et de hanches.

— Qu’est-ce qui l’indispose à ce point ? demanda-t-elle en examinant Bess à travers ses lunettes.

— Je ne sais pas, répondit Deborah. La malheureuse a trop d’imagination.

— Je t’avais dit que c’était risqué de lui apprendre à lire.

— Je sais, ma tante, mais je ne supporte pas de voir quelqu’un privé d’éducation.

— Tu me rappelles tes parents, soupira Horatia. Bess ne nous aidera pas si elle sursaute à la vue de chaque objet inattendu de la maison. J’avoue que la collection de mon frère a de quoi épouvanter les cœurs les mieux accrochés.

— Pas du tout ! protesta Deborah. Ces curiosités funéraires sont un peu morbides, soit, mais tout à fait fascinantes.

— Cette maison ressemble à un tombeau… Bon. Nous ferions mieux de dire à Bess de nous attendre dehors. La pauvre a dû être effrayée par le catafalque de Selwyn. Je ne comprendrai jamais pourquoi mon frère exigeait de dormir dans ce vieux cercueil romain.

— C’est un lit plutôt original.

— Un vrai cauchemar, tu veux dire.

Matthias décida que le moment était venu de se lever. Drapé dans son large manteau qui dissimulait son pantalon de cheval et sa chemise froissée, il quitta le sarcophage en écartant les fines tentures noires. Il vit les yeux de Horatia s’écarquiller de terreur.

— Doux Jésus, Bess avait raison ! s’écria-t-elle en reculant d’un pas. Il y a bien quelque chose dans le cercueil de Selwyn. Cours, Deborah, cours… !

— Oh non, pas vous aussi, tante Horatia ! s’énerva la jeune femme en se relevant d’un bond.

Quand elle aperçut Matthias dans la pénombre de la chambre, elle resta bouche bée.

— Je vous l’avais bien dit, mam’zelle, murmura Bess d’une voix rauque.

Amusé, Matthias se demanda si Deborah allait hurler ou s’évanouir à son tour. Elle se contenta de plisser les yeux d’un air sévère.

— Qui êtes-vous, monsieur, et comment osez-vous effrayer ma tante et ma domestique ?

— C’est sûrement un vampire, mam’zelle. Il va sucer votre sang. Partez ! Partez pendant qu’il est encore temps. Il faut vous sauver !

— Les vampires n’existent pas, déclara fermement Deborah.

— Alors, c’est un fantôme. Il faut vous enfuir, mam’zelle.

— Elle a raison, ajouta Horatia en tirant sa nièce par la manche.

— Ne soyez pas ridicules, gronda celle-ci en relevant le menton.

Alors, monsieur ? Qu’avez-vous à dire pour votre défense ? Parlez, sinon j’appelle la police et je vous fais mettre aux fers.

Sans la quitter des yeux, Matthias s’approcha d’elle lentement.

Deborah ne recula pas. Les poings sur les hanches, elle martelait le sol avec la pointe de sa bottine.

Il ressentit une impression curieuse, comme s’il la reconnaissait.

Or, c’était la première fois qu’ils se rencontraient. Lorsqu’il fut assez proche pour admirer la limpidité de son regard, bleu-vert comme les mers qui entourent l’île lointaine du royaume de Zamarie, il comprit : Deborah lui rappelait Anizamara, la légendaire déesse du Jour. Cette femme mythique, créature chaleureuse, débordante de vitalité, occupait une place essentielle dans l’art et le folklore de l’ancienne Zamarie. Son pouvoir n’était égalé que par celui de Zamaris, le Seigneur de la Nuit, qui seul pouvait rivaliser avec son esprit fougueux.

— Bonjour, mademoiselle, murmura Matthias en s’inclinant. Je suis Colchester.

— L’Impitoyable Colchester ! s’exclama Horatia, effrayée.

— Comme s’y attendait Matthias, elle regarda aussitôt ses cheveux noirs pour y déceler la célèbre mèche blanche qui était le signe distinctif des hommes de sa famille depuis quatre générations.

— Que faites-vous ici, à Upper Stickleford, milord ? questionna Horatia.

— Il est venu à ma demande, expliqua Deborah avec un sourire éclatant. Il était grand temps que vous arriviez, milord : cela fait plus d’un mois que je vous ai écrit. Pourquoi avez-vous tant tardé ?
Avez vous apprécié cet extrait ? 0
date : 09-05-2018
— Evidemment, elle risque de regretter les lumières et l'excitation de la grande ville..., objecta Corrigan d'une voix traînante.
  Dorie le dévisagea, intriguée. Il essayait de la provoquer...  mais dans quel but?
— Jacobsville serait-elle devenue trop petite pour toi, maintenant que tu es devenue une citadine branchée ? insista-t-il avec un sourire railleur.
— Non, ce n'est pas ça du tout, se défendit-elle, gênée.
— Allez, reviens chez nous, suggéra Abby d'un ton enjôleur.
  Dorie garda le silence.
— Je te fais encore peur? demanda Corrigan avec un rire dur, en la voyant brusquement relever la tête. C'est à cause de ça que tu es partie. Est-ce aussi à cause de ça que tu ne veux pas revenir?
  Elle rougit violemment, son visage reprenant quelque couleur pour la première fois depuis le début de cette étrange conversation.
— Je... je n'ai pas peur de toi, protesta-t-elle faiblement.
  Mais elle mentait et il le savait. Ses yeux gris acier se plissèrent et son fameux sourire moqueur retroussa sa lèvre supérieure.
— Prouve-le.
— Mlle Marston n'a peut-être pas envie d'embaucher de comptable?
— Si, répliqua-t-il.
  Elle hésita :
— Et si je ne lui plaisais pas ?
— Tu lui plairas.
  Elle laissa échapper un soupir d'exaspération.
— Je ne peux pas prendre une décision aussi importante en quelques secondes, déclara-t-elle. Il faut que j'y réfléchisse.
— Prends ton temps, répliqua-t-il. Personne ne te met la pression.
— Ce serait pourtant merveilleux si tu revenais, intervint Abby dans un sourire. Où qu'on se trouve, l'essentiel dans la vie, c'est d'être entouré d'amis.
— Exactement, approuva Corrigan avant de poursuivre, le regard indéchiffrable : Evidemment, je n'ai pas à entrer en ligne de compte dans ta décision. Je n'essaie pas de te faire revenir ici dans mon propre intérêt. En revanche, je suis certain qu'il y a des tas d'autres célibataires dans le coin qui seraient ravis de te servir de cavalier, si cela peut t'inciter à rester.
  Son visage mince affichait une expression si dure et si fermée qu'il ne trahissait pas l'ombre d'une émotion.
  Abby le considéra avec curiosité, mais elle s'abstint de faire le moindre commentaire, même lorsque son regard tomba sur la main de Corrigan qui serrait le pommeau de sa canne à en faire blanchir ses articulations.
  Il relâcha néanmoins son emprise.
— Eh bien?
— Ça me plairait beaucoup, admit doucement Dorie.
  Elle évitait de croiser son regard. Etrange, comme la déclaration de Corrigan pouvait encore lui faire mal après toutes ces années... Depuis ces derniers jours, elle se penchait sur le passé avec désespoir : quelle aurait été sa vie si elle ne lui avait pas résisté, le soir où il avait voulu la porter jusqu'au lit?
  A l'époque, elle refusait toute idée de liaison mais, après tout, Corrigan était un homme honorable, à sa façon. Peut- être l'aurait-il demandée en mariage dans la foulée, en dépit de son aversion proclamée pour la vie conjugale... Ou peut-être pas. Ils auraient pu avoir un enfant...
  Elle chassa cette idée de son esprit et porta le mug à ses lèvres. Son chocolat était tiède et vaguement écœurant.
— Pourquoi n'irais-tu pas voir Clarisse ? insista-t-il. Tu n'as rien à perdre et tout à y gagner. C'est une femme charmante. Elle te plaira.
  Et lui, la trouvait-il à son goût? Dorie préféra ne pas s'attarder là-dessus, tout comme elle se retint de formuler sa curiosité à voix haute.
— Oui, j'y passerai peut-être, concéda-t-elle.
  Le bruit de la canne de Corrigan résonna de façon anormalement forte tandis qu'il se dirigeait vers la porte.
— Mes amitiés aux deux frères, lança Corrigan à Abby.
  Il les salua d'un signe de tête et s'en alla.
  Ce n'est qu'alors que Dorie osa lever les yeux pour suivre du regard son corps bien découplé tandis que, d'un pas prudent, il rejoignait l'énorme pick-up noir à double cabine dont il se servait au ranch.
Avez vous apprécié cet extrait ? 0
date : 09-05-2018
— Vraiment, la semaine commence bien ! maugréa Lena Dean en pénétrant dans son bureau. Pour un lundi matin, on peut rêver mieux !
Non seulement elle avait raté l'autobus, mais elle avait dû faire à pied, et sous des trombes d'eau, le trajet jusqu'au cabinet d'avocat où elle travaillait, situé en plein centre d'Atlanta. A présent, elle était trempée des pieds à la tête. Elle repoussa rageusement une mèche de cheveux dégoulinante et essuya ses lunettes avant de constater, atterrée, le piteux état dans lequel se trouvaient ses bottes de daim et son ensemble neuf, qui lui avait coûté une fortune. Envolé, le fol espoir qu'elle avait eu de prouver à Dennis Cole, son patron, qu'elle était une femme, et pas seulement la secrétaire modèle qui lui préparait de bons petits cafés !
La porte de communication entre son bureau et celui de Me Cole s'ouvrit. Grand, blond, Dennis avait un charme juvénile qui ajoutait encore à sa séduction. Stupéfait, il leva un sourcil ironique en la regardant. Elle devint cramoisie à l'idée que ses vêtements mouillés révélaient les défauts dont elle se croyait affectée — trop maigre, trop grande, pas assez féminine... Et, comme si cela ne suffisait pas, son mascara avait coulé sur ses joues. Quel spectacle !
— Ne vous gênez pas ! lança-t-elle sur un ton de défi. Dites que je ressemble à un épouvantail !
Avez vous apprécié cet extrait ? 0
date : 09-05-2018
— Ah non ! Ada, tu ne peux pas me faire une chose pareille !
Kati poussa un gémissement et répéta :
— Ce n'est pas possible ! Pas pour Noël !
— Pourquoi? Nous avons suffisamment de place, et puis nous ne serons jamais là. Tout le monde va nous inviter pour les fêtes... Tu verras, il ne nous dérangera pas. Tu ne t'apercevras même pas de sa présence.
— Ça m'étonnerait !
D'un geste impétueux Kati fit voler ses longs cheveux dorés. Ses yeux lançaient des éclairs.
— Je le connais, tu sais. Assez pour prévoir ce qui m'attend.
Le regard de son amie se voila de tristesse.
— Notre premier Noël depuis la mort de maman... Je ne peux tout de même pas le laisser seul.
— Rien ne t'empêche de passer la fin de l'année avec lui. Au ranch.
— Et toi ? Tu resterais ici ? Pour qui me prends-tu ?
— Pour quelqu'un qui aurait la délicatesse de ne pas m'imposer son abominable frère juste au moment où je suis en vacances. Le livre que je prépare exige une documentation colossale. Je comptais sur ces quelques jours pour me reposer et faire le plein d'énergie. Comment veux-tu que j'y arrive si Mark vient ici ?
— Cela te changera les idées. Avec lui on est toujours sûr de s'amuser.
— S'amuser? Nous allons nous entre-tuer, tu veux dire ! Nous ne pouvons pas nous supporter, ton frère et moi. Nous sommes trop différents.
Jamais nous ne pourrons nous entendre... Pour l'amour du ciel ! essaie de comprendre : je refuse d'habiter sous le même toit que lui ! Aurais-tu oublié ce qui s'est passé la dernière fois ?
Mal à l'aise, Ada éluda la question.
— Ton prochain roman se passe au Wyoming, non ? Dans un ranch, justement. Tu pourrais en profiter. Personne n'est mieux placé que Mark pour te renseigner sur les pionniers des montagnes Rocheuses.
Pour toute réponse Kati la fustigea d'un regard noir.
Son amie prit un ton rêveur.
— Vous refusez de l'admettre mais vous vous aimez bien au fond.
— Tu veux vraiment savoir ce que j'éprouve « au fond » ? Je le hais de toutes mes forces. De tout mon cœur. Je le déteste. Je l'ai en horreur. Je l'exècre !...
Avez vous apprécié cet extrait ? 0
— Ne vous inquiétez pas, avait dit un soir Léo à Tess. Bien que Cag ait été un combattant hors pair en Irak, il sait se maîtriser et perd rarement son sang-froid. Depuis qu'il est rentré du Moyen-Orient, Rey et moi veillons à ce qu'il se tienne tranquille quand l'un de nos employés se permet une remarque déplacée. Nous l'empêcherons de vous faire du mal.
— Merci, avait-elle répondu. Je vous suis très reconnaissante de vouloir me protéger.
« Mais ce que j'aimerais surtout, avait-elle achevé en son for intérieur, c'est que vous m'expliquiez pourquoi votre frère me déteste autant. »
Lorsque Léo et Rey avaient décidé d'engager Tess après le décès de son père, Callaghan n'avait émis aucune objection et, chaque fois que ces deux farceurs osaient jouer un mauvais tour à la jeune femme, il les obligeait à s'excuser comme s'il craignait de la voir fondre en larmes et s'enfuir du Circle H. Son hostilité envers elle n'en était donc que plus étonnante.
— Ce matin, quand il est descendu de sa chambre et qu'il s'est mis en colère contre moi parce que j'avais préféré acheter de la gelée de groseille que du beurre de cacahuète, j'ai bien cru que j'allais me retrouver au chômage, murmura-t-elle en regardant Kitty vider son bol de croquettes avec un bel appétit et en lui caressant le museau d'une main affectueuse.
Dès que Callaghan était entré dans la cuisine et qu'il avait aperçu les tartines de confiture qui encerclaient sa tasse de café, il avait reproché à Tess son incompétence et était sorti de la maison sans avoir déjeuné.
— Il va avoir trente-huit ans samedi en quinze et il a peur de vieillir, avait déclaré Léo. C'est pour cela qu'il est d'une humeur de chien, en ce moment.
— L'année dernière, à la même époque, il a disparu pendant toute une semaine, et personne n'a su où il s'était réfugié, avait précisé Rey avant de porter son mazagran à ses lèvres et d'avaler une longue gorgée de moka. Pauvre Cag !
— Pourquoi le plaignez-vous ? avait demandé Tess, étonnée.
— Parce qu'il est le moins sociable de nous trois et que, s'il continue à observer les gens du haut de sa tour d'ivoire, il risque de gâcher sa vie.
Callaghan Hart était effectivement un solitaire. Plutôt que d'accompagner ses frères au cinéma, au théâtre ou au restaurant, il préférait s'enfermer dans la bibliothèque du Circle H et passer ses soirées à lire des livres d'histoire rédigés en espagnol. Tess avait découvert qu'il était bilingue le jour où elle l'avait entendu rappeler à l'ordre deux ouvriers mexicains qui ne parlaient pas un mot d'anglais et qu'il avait surpris en train de se battre à coups de poing avec un autre de ses employés.
Avez vous apprécié cet extrait ? 0
Elle s'exécuta et John la suivit des yeux, tandis qu'elle se dirigeait vers le tas de sacs pour en prendre un nouveau.
— Dites-moi, monsieur Tarleton ! Est-ce que ce n'est pas un peu lourd pour elle ?
— Ça fait partie de son travail. J'avais un petit gars costaud il y a deux mois, mais je l'ai perdu quand ses parents ont déménagé à Billings. Cette fille est la seule personne à s'être présentée pour la place et elle m'a juré qu'elle pouvait tout faire. Alors je lui ai donné sa chance.
— Elle a sans doute plus de force qu'elle en a l'air..., dit John, pensif. Bon, eh bien, au revoir. Je reviendrai.
Tarleton hocha la tête.
— A votre service !
John suivit son regard, qui s'attardait sur la jeune fille. Celle-ci continuait à traîner ses sacs et un sourire mauvais flottait sur les lèvres du gérant. Un sourire chargé, aussi, de sous-entendus, et qui ne plut pas du tout à John. Ce dernier sortit du magasin, puis s'immobilisa, les sourcils froncés. Que signifiait cette expression qu'avait eue le patron ? On ne regardait pas une employée ainsi !
Il se promit de revenir très vite pour en avoir le cœur net.
Avez vous apprécié cet extrait ? 0
Une poignée de secondes plus tard, elles entendirent ce dernier s’exclamer :
— Quoi encore…? Mais qu’est-ce que cela veut dire ?
Violet réapparut la seconde suivante dans le couloir, rouge de confusion, Kemp sur ses talons, sans ses lunettes, agitant la feuille de papier dans son dos.
— Vous ne pouvez me donner votre congé ainsi ! hurla-t-il. J’ai une foule de dossiers en retard ! Vous êtes censée les traiter.
Elle fit volte-face, les yeux étincelant de colère.
— J’ai créé un fichier où sont enregistrées toutes les informations
nécessaires à chaque affaire en cours. Et Libby saura parfaitement se débrouiller avec ces éléments comme elle l’a fait lorsque j’ai dû rester à la maison auprès de maman, après sa dernière attaque. Personne n’est irremplaçable, je suis certaine que cela est votre seul credo ! En ce qui me concerne, ma décision est prise, je vous quitte pour travailler au service de Duke Wright.
Furibond, il recouvra néanmoins subitement son calme.
— Vous passez donc chez l’ennemi, miss Hardy ?
— M. Wright est moins nerveux que vous, monsieur, et il ne se met pas à hurler pour une simple histoire d’expresso, dit-elle avec aplomb. Il est vrai qu’il prépare lui-même son café.
Il chercha une réplique, en vain, puis se mordilla les lèvres l’air
désemparé, marmonnant quelque chose à propos de stress dû au surmenage, avant de faire demi-tour pour disparaître dans le couloir, la feuille de papier froissée entre ses doigts crispés. Violet et ses collègues sursautèrent quand il claqua la porte de son bureau.
Libby et Mabel se retinrent d’éclater de rire. En moins d’un mois, M. Kemp avait licencié deux employés. Son caractère empirait et la pauvre Violet à son tour en faisait les frais.
Aujourd’hui, elle partait et toutes deux allaient la regretter. Sans parler de la surcharge de travail occasionnée par ce départ.
Avez vous apprécié cet extrait ? 0
date : 09-05-2018
— Seigneur, comme je déteste les ordinateurs ! marmonna-t-elle, tandis que l’ascenseur se remettait lentement à monter vers le sixième étage.
— Moi aussi, assura alors une voix bourrue dans son dos.
Becky sursauta et faillit renverser son café en se retournant brusquement. Elle avait cru qu’elle était seule dans la cabine — mais comment avait-elle pu ne pas remarquer cet homme en y entrant ? Car si elle était à peine plus grande que la moyenne, lui devait avoisiner le mètre quatre-vingt-dix. Mais ce n’était pas seulement sa taille qui le distinguait du commun des mortels ; sa carrure était aussi exceptionnelle. Il possédait une musculature qui aurait fait pâlir d’envie bien des athlètes professionnels. Ses mains étaient proportionnées au reste de son corps, mais ses longs doigts lui faisaient penser à ceux d’un pianiste. Et son parfum était le plus sexy que Becky ait jamais senti… Mais son visage était encore plus impressionnant que sa stature. Elle ne se souvenait pas d’avoir jamais croisé un homme à la physionomie aussi rude.
Ses traits étaient comme taillés à la serpe et lui donnaient un air presque féroce. Il avait d’épais cheveux bruns — aile de corbeau, plutôt —, et ses yeux noirs, enfoncés dans leurs orbites, étaient dotés d’un regard singulièrement perçant. Son nez était droit, ses pommettes saillantes, et s’il avait une belle bouche, sensuelle, Becky ne l’avait jamais vu sourire. A vrai dire, la froideur de son attitude lui glaçait le sang.
En dehors de cela, il avait dans les trente-cinq ans et était vêtu avec goût d’un costume anthracite à fines rayures sur une chemise blanche qui faisait ressortir son teint mat.
Becky dut faire un effort pour détacher les yeux du personnage. Et dire qu’elle pensait l’avoir évité, pour une fois !
— Oh ! C’est encore vous, fit-elle d’un ton résigné tout en arrangeant ses gobelets. Cet ascenseur vous appartiendrait-il, par hasard ? Chaque fois que j’y monte, vous m’y accueillez avec votre air lugubre. Ne souriez-vous donc jamais ?
— Quand j’aurai une raison de sourire, vous serez la première informée, répliqua-t-il.
Sur ce, il tira un cigare de sa poche et, sans plus de manières, entreprit de l’allumer.
— Je ne supporte pas la fumée, s’insurgea Becky.
— Dans ce cas, cessez de respirer jusqu’à ce que les portes s’ouvrent, rétorqua-t-il d’un air indifférent.
Becky faillit s’étrangler de fureur.
— De ma vie, je n’ai jamais connu personne qui soit aussi grossier que vous ! fulmina-t-elle.
— Mais vous ne me connaissez pas, observa-t-il calmement.
— C’est exact. Et j’en suis fort heureuse, marmonna Becky.
Etait-ce son imagination qui lui jouait des tours ? Toujours est-il qu’à ce moment-là, il lui sembla que l’homme réprimait un sourire.
— Vous travaillez dans cet immeuble ? demanda-t-il comme si ce n’était pas évident.
Becky lui décocha un regard venimeux.
— Sachez que je n’ai pas besoin de travailler, mon cher monsieur. Je suis la maîtresse de l’un des avocats, au cabinet de Mes Malcolm, Randers, Tyler et Hague, et mon amant m’entretient.
L’homme la toisa des pieds à la tête et haussa légèrement les épaules.
— Il doit avoir des problèmes de vue, asséna-t-il.
Becky plissa les yeux de colère tout en crispant les mains sur son plateau. Oh, comme elle avait envie de lui jeter ses gobelets à la figure ! Mais elle se retint : cela pourrait avoir des conséquences fâcheuses. Elle avait besoin de travailler, et l’homme connaissait peut-être ses patrons.
— Non, il y voit très bien, répondit-elle avec hauteur. Mais je compense mon physique ingrat par une technique amoureuse sans pareille. Pour commencer, je l’enduis de miel, puis je fais intervenir des fourmis spécialement dressées pour…
— J’espère au moins que vous le déshabillez d’abord, coupa-t-il. Le miel ne se détache pas facilement des vêtements. Ah, voici mon étage.
Becky s’écarta pour le laisser sortir. Alors qu’il passait devant elle, elle ne put s’empêcher de lancer :
— Je vous souhaite une journée exécrable.
Avez vous apprécié cet extrait ? 0
— Mon Dieu, il est tombé à l’eau !
Tout en poussant ce cri d’effroi, Katherine Adair – Kat pour les intimes – s’était redressée d’un bond. Quelques secondes plus tôt, elle était assise sur le pont du bateau paternel, The Promise – La Promesse –, et, un livre à la main, laissait son esprit flotter au fil de ses rêveries.
Jusqu’à cet instant, la journée avait été semblable à tous les autres dimanches qu’elle passait depuis des années avec sa petite famille sur la Tamise. Souvent, pendant ces après-midi indolents, alors qu’elle contemplait les membres de l’élite qui se prélassaient alentour sur des navires autrement plus prestigieux que le leur, il lui arrivait d’échanger un sourire complice avec sa sœur Eliza puis de se mettre à singer les dames de la haute et d’entonner avec elle de vieilles chansons de marin, tout en vérifiant que leur père n’était pas dans les parages avant d’enrichir leur récital improvisé de deux ou trois airs aux paroles plus osées.
Mais, bien sûr, il y avait aussi des moments où elle se contentait de rêvasser… Par exemple en regardant le jeune homme qui venait précisément de glisser du pont du luxueux yacht.
Il s’appelait David. David Turnberry. Benjamin du baron Rothchild Turnberry, étudiant brillant de l’université d’Oxford, passionné de régates et membre d’une coterie de jeunes aristocrates étourdis qui se plaisaient à affirmer leur goût pour les sensations fortes.
— Kat ! Reste donc assise ! la tança Eliza. A force de secouer ce vieux chaland, tu vas finir par nous faire également boire la tasse ! Ne t’inquiète donc pas pour lui, va ! ajouta-t-elle avec un reniflement dédaigneux en désignant le fils de bonne famille qui avait chu dans la Tamise. Un de ses condisciples d’Oxford va bien aller le repêcher.
La suite, cependant, devait lui donner tort. Le fleuve était en effet fort agité ce jour-là, or si ces remous ne dérangeaient pas vraiment le père de Kat qui, par son métier, avait appris à les connaître, ils ne convenaient guère aux amateurs de loisirs nautiques ni, en l’occurrence, aux godelureaux qui avaient accompagné David et qui, accrochés au garde-corps de leur navire, scrutaient les flots en s’époumonant à qui mieux mieux… tout en s’abstenant de sauter à l’eau pour porter secours à leur infortuné camarade. Parmi eux, Kat reconnut Robert Stewart, un garçon non moins beau, riche et charmant que David. On le prétendait son meilleur ami. Alors pourquoi n’essayait-il pas de le tirer de ce mauvais pas ? s’interrogea anxieusement la jeune femme. Et puis il y avait cet autre, là… Comment s’appelait-il, déjà ? Allan quelque chose…
Ah, les idiots ! Ils n’avaient même pas lancé de ceinture de sauvetage à David ! Et celui-ci était trop loin du Promise pour qu’elle pût l’atteindre avec leur propre bouée…
Avez vous apprécié cet extrait ? 0
Contrariée, Maggie fronça les sourcils et repoussa les longs cheveux bruns qui retombaient sur ses yeux. Cette démarche
n'avait rien à voir avec celle de Cord, qu'elle aurait reconnue entre mille ! Cord avançait à grandes enjambées viriles et pourtant si légères qu'on avait l'impression qu'il glissait sur le sol. Or les pas qu'elle venait d'entendre étaient beaucoup plus courts, pressés, comme ceux d'une femme. Le cœur de Maggie s'arrêta de battre. Cord avait peut-être une amie dont elle ignorait l'existence. Aurait-elle par hasard mal interprété le message d'Eb ? Toute sa belle confiance s'écroula d'un coup.
La porte s'ouvrit et une mince jeune fille blonde aux yeux noirs et à l'allure timide la dévisagea.
— Oui?
— Je viens rendre visite à Cord..., articula Maggie avec peine.
Son immense fatigue ajoutée au décalage horaire achevait de lui faire perdre ses moyens. Elle ne pensa même pas à donner son nom.
— Désolée, répondit la jeune fille. Il ne reçoit personne en ce moment. Il a été victime d'un accident.
— Oui, je sais, rétorqua Maggie avec impatience. Dites-lui que je suis Maggie, ajouta-t-elle en se radoucissant un peu. Je vous en prie...
L'hôtesse, à qui Maggie ne donnait même pas vingt ans, fit la grimace.
— Il sera furieux si je vous laisse entrer. Il m'a bien précisé qu'il ne voulait voir personne ! Non, vraiment, je regrette...
Cette fois, l'épuisement du voyage associé à la frustration provoquée par cette réponse eut raison de la patience de la visiteuse.
— Ecoutez, répliqua-t-elle, je viens de faire six mille kilomètres juste pour... Oh, et puis zut ! Allez au diable...
Elle fit un pas en avant.
— Cord ! appela-t-elle.
La jeune femme tourna la tête en direction du salon, l'air inquiet, mais Maggie cria de nouveau :
— Cord !
Un silence. Puis une voix grave résonna, froide, autoritaire.
— Laisse-la entrer, June !
June s'effaça aussitôt.
La nuance d'agressivité qu'elle avait perçue dans la voix de Cord mit Maggie mal à l'aise et lui fit perdre le peu de moyens qui lui restaient.
Avez vous apprécié cet extrait ? 0
date : 09-05-2018
— Sœur Pauline ! Vous ne pouvez pas non plus
les traiter de petits trous du cul, l'interrompit
Candy en haussant la voix pour se faire entendre
de son assistante à l'instant précis où le tapage
cédait la place à un paisible brouhaha.
Mortifiée, elle entendit ses derniers mots se
répercuter dans le silence relatif du gymnase, et
quand vingt paires d'yeux écarquillés se tournèrent
vers elle, elle eut envie de se cacher dans un trou
de souris. Mais lorsqu'elle aperçut
Davis qui la contemplait depuis le pas de la
porte, elle eut envie d'enfiler une robe de bure et de
se couvrir la tête de cendres. Son expression
reflétait le même ahurissement que celui des
enfants. À une différence près. La lueur amusée
qui flottait dans les yeux des enfants était
totalement absente chez Davis.
Un silence accablant s'abattit. Les regards
passaient alternativement de Davis à Candy, puis
de Candy à Davis, attendant que l'un d'eux se
décide à prendre la parole.
— Miss Cain ? Je peux m'entretenir avec vous
un instant? demanda Davis d'un ton totalement
dépourvu d'émotion.
Candy se tourna vers Pauline Rogers et lui
sourit faiblement.
— Sœur Pauline, vous voulez bien surveiller
les enfants ? Je n'en ai pas pour longtemps.
— Allez-y, ma belle, répondit la vieille dame
en faisant claquer sa langue contre son palais.
Faites ce que vous avez à faire, sœur Pauline
veille au grain.
Candy suivit Davis hors du gymnase en
redressant le buste autant qu'elle le pouvait. Il ne
fallait surtout pas que les enfants s'aperçoivent
qu'elle était gênée de se faire rappeler à l'ordre
devant eux.
Avez vous apprécié cet extrait ? 0
— Réfléchissez à la situation, madame Poole.

La voix de Léo n’était plus qu’un souffle rauque qui lui caressait la peau. C’était la voix d’un amant cherchant à séduire et à subjuguer. La voix d’un sorcier…

— Un partenaire pour vous assister dans votre enquête, et un client garanti pour les anneaux. Vous feriez d’une pierre deux coups, non ?

Béatrice réprima un frisson. Elle s’éclaircit la voix.

— Je vais y réfléchir.

— Vous feriez mieux de le faire sans tarder. Nous quittons l’abbaye demain matin.

— N’allez pas trop vite en besogne, Monkcrest. J’ai simplement dit que j’allais y songer.

— Ne perdez pas de temps, madame Poole.

Il était si près qu’elle aurait pu tendre les doigts pour toucher son torse nu. La chaleur de son corps l’enveloppait.

Un marché avec le Moine fou de Monkcrest…

Peu importait l’issue de cette affaire, ce serait une aventure digne d’une héroïne de ses romans. Cette dernière pensée acheva de la convaincre.

— Il est possible que vous puissiez m’être d’une grande aidé en tant qu’assistant, milord, déclara-t-elle finalement.

— Partenaire, madame Poole. Un partenaire à part entière, et non un simple assistant.

Le sourire que Léo esquissa aurait fait fondre n’importe quelle héroïne imprudente et naïve, songea-t-elle, le cœur battant.

— Très bien, sir. J’accepte.

— Peut-être devrions-nous sceller cet accord…

— Le… sceller ? Vous voulez dire en rédigeant un contrat, milord ?

— Non, chère madame, j’ai en tête quelque chose de beaucoup plus agréable.

Et sans crier gare, il s’empara de ses lèvres.

Immédiatement, une pensée effleura Béatrice : s’il y avait quelqu’un de fou dans cette pièce, c’était bien elle. Seule une femme insensée permettrait à un homme d’enflammer tous ses sens.

Et pourtant elle s’arqua contre Léo, passa les bras autour de sa nuque, avant de prier en silence pour que cet instant de pur bonheur ne s’achève jamais…
Avez vous apprécié cet extrait ? 0
— Nous nettoyons les jouets, expliqua Christopher. Papa dit qu'il faudra repeindre le visage de ce soldat. Je regrette de ne pouvoir le voir, confessa-t-il avec un soupir attristé.

Du doigt, il tâtait le petit soldat de bois, comme pour chercher l'empreinte du visage disparu. Sarah eut pitié de lui. En dépit de son handicap, ce petit bonhomme faisait preuve d'une incroyable bravoure. Jamais il ne se plaignait. Peter avait raison: Christopher avait la force et l'énergie du jaune. Il affrontait son destin avec un courage impressionnant.

— Veux-tu savoir à quoi je ressemble? lui demanda-t-elle soudain avec une audace qui la surprit elle-même.

— Mais... je ne peux pas vous voir.

— Bien sûr que si! Je t'ai appris comment «voir» avec tes mains.

Après s'être tournée vers lui, elle lui saisit doucement les poignets et le guida afin qu'il pose les mains sur son visage.

— Vas-y, regarde-moi, l'encouragea-t-elle. Christopher hésitait.

La sensation tactile qu'il éprouvait en ce moment devait lui être aussi étrangère que la notion de lumière. Sarah avait déjà remarqué, en observant le père et le fils ensemble, leur manque d'intimité physique. Et, selon toute vraisemblance, Ruth Holland ne devait guère se montrer très affectueuse avec son neveu. Ce n'était pas dans sa nature. Elle avait beau aimer l'enfant et le protéger farouchement, il était sûr et certain qu'elle n'était pas très câline. Christopher ne venait-il pas d'avouer que, même en sa présence, il se sentait abandonné ?

— Vas-y, insista-t-elle.

Cette fois, l'enfant obéit, et Sarah ferma les yeux, tandis que les doigts du petit garçon se promenaient lentement sur son visage, explorant les contours de ses joues, le relief du front et des pommettes, la forme du menton. Elle gloussa lorsque, par inadvertance, il glissa l'index dans sa narine. Christopher laissa aussitôt retomber ses bras. Il ne semblait guère à l'aise dans cet exercice, ce dont elle ne pouvait le blâmer. Ils ne se connaissaient pas assez.

— Alors, qu'as-tu vu? questionna-t-elle.

— Une bouche et un nez.

— Heureusement !

Il éclata de rire et se détendit enfin.

— Tu n'avais jamais fait cela auparavant, n'est-ce pas?

— Non.

— C'est pourtant un bon moyen de faire connaissance avec les gens. Maintenant, au tour de ton père.

Christopher tendit les mains vers Peter qui se prêta volontiers au jeu. Sans hâte, il explora sa figure, s'arrêtant sur chaque détail : les commissures des lèvres, le lobe des oreilles, les sourcils... Il alla même jusqu'à lui tirer un cheveu.

— Aïe !

Le père et le fils éclatèrent de rire, et Sarah les regarda émue.
Avez vous apprécié cet extrait ? 0
Geraldine ne put se défaire d'une certaine appréhension, connaissant l'opinion peu flatteuse qu'avait d'elle son futur beau-père. Depuis son arrivée au palais, elle s'était pourtant soigneusement tenue en dehors de sa route, sauf en de rares occasions où elle n'avait pu résister à rendre visite à ses belles orchidées, et encore, en s'assurant chaque fois que personne ne pouvait la voir. Avait-il eu vent de ces brèves incursions sur son territoire ? Peut-être allait-elle alors essuyer sa fureur...
  Leila l'accompagna jusqu'à l'entrée du jardin d'hiver.
  A son entrée, le père de Philippe se retourna. Comme elle s'y attendait, il promena un regard réprobateur sur sa longue jupe et sa blouse, et se renfrogna encore plus en découvrant le chapeau assorti — identique à celui de Philippe, ainsi qu'elle l'avait découvert ce matin avec ravissement — et les bottes hautes jusqu'au genou. Ces vêtements de voyage faisaient partie de la nouvelle garde-robe commandée par Philippe à son intention. Ils étaient même ses préférés du lot...
— Pas de abaya, constata-t-il sèchement.
  Geraldine poussa un soupir.
— Non, répondit-elle sans se départir de son sourire, je suis désolée, j'ai oublié. Voyez-vous, j'ai été élevée dans un ranch texan, et je m'habille depuis toujours en jean et T-shirt. Même cette tenue est un peu trop chic pour moi !
  Son interlocuteur marmonna une réponse que Geraldine s'estima heureuse de ne pouvoir traduire.
— Vous vous moquez de moi ! s'exclama-t-il en anglais.
— Pas du tout ! Vous me connaissez mal. Je ne donne pas dans le sarcasme, et offenser autrui n'est pas ma tasse de thé. Je vous ai dit la stricte vérité. Je suis un cancre en matière de mode ou de codes vestimentaires. Mais rassurez-vous, ajouta-t-elle avec gravité, Philippe compte m'épouser dans le cadre d'une cérémonie tribale. Ainsi, ces noces ne nous lieront que dans votre pays. Il ne se retrouvera pas coincé avec moi...
— « Coincé » ?
  Geraldine secoua la tète. Décidément, personne ici ne comprenait les expressions familières.
— Cela signifie qu'il ne sera pas obligé de rester marié avec moi, reprit-elle. J'ai conscience qu'il devra épouser le moment venu une femme issue de son milieu d'origine, à statut égal. Cependant... il a ses raisons pour me proposer ce mariage provisoire, ajouta la jeune femme en rosissant de confusion.
Avez vous apprécié cet extrait ? 0
Tout le monde avait cru que Noreen avait laissé mourir Isadora. Or, aujourd'hui, Ramon connaissait la vérité. Par un tragique concours de circonstances, Noreen avait été terrassée par une crise cardiaque. Les Kensington et lui ne l'avaient même pas autorisée à se défendre. Pendant deux longues années, ils l'avaient accusée, chassée, punie pour une faute qu'elle n'avait pas commise. Il n'était pas surprenant qu'elle refuse son aide à présent.
Poussé par une arrogance inouïe, il s'était érigé en juge. Comment avait-il pu oublier la bonté de la jeune femme et lui plaquer l'étiquette infamante de meurtrière? Il était encore plus coupable qu'elle. Il avait laissé Isadora par nécessité, parce qu'elle ne pouvait pas prendre l'avion dans son état. Mais, maintenant, il reconnaissait qu'il n'avait pas voulu l'emmener...
Avez vous apprécié cet extrait ? 0
— Quand Léo découvrira que tu y travailles, il sera fou de rage.
— Et alors ? Pourquoi t'inquiètes-tu de ce qu'il va penser ?
— Parce qu'il est mon ami.
— Je croyais également qu'il était le mien, mais je me suis trompée. Un ami, un vrai, ne parle pas à tort et à travers des gens qu'il prétend aimer et ne doute pas de leur loyauté. Léo m'a accusée d'avoir fait courir je ne sais quelles rumeurs sur son compte et cela, je ne suis pas près de le lui pardonner. S'il s'avise un jour de mettre les pieds au Shea's et de me critiquer, il verra qu'on ne peut pas se moquer de moi en toute impunité !
Avez vous apprécié cet extrait ? 0
date : 08-05-2018
— Je ne veux pas que des civils s’exposent au danger, décréta Cortez.
— Eh bien, il faudra que tu le leur dises toi-même, répliqua-t-elle. Ils vivent dans la réserve, et même si celle-ci est sous ta juridiction, je te préviens : ils ne t’accueilleront pas à bras ouverts. Les institutions fédérales les rebutent.
Cortez lui décocha un regard noir, et elle le lui rendit.
— Cela fait trois ans, cingla-t-il.
— C’est toi qui l’as voulu, lui rappela-t-elle d’un ton froid. Mais n’avez-vous pas une enquête en cours, agent spécial Cortez ? Parce que je suis moi-même très occupée.
Sur ce, elle alla ouvrir et lui tint la porte, attendant qu’il sorte, le visage si hostile que Marie, qui venait vers elle, s’arrêta brusquement et fit demi-tour.
Cortez remit ses lunettes de soleil en disant :
— Je reprendrai contact.
Phoebe faillit faire une remarque sarcastique, mais cela n’aurait rien arrangé. Au contraire, déterrer le passé n’aurait fait qu’empirer les choses, et elle avait bien d’autres soucis. En particulier, celui de son propre bien-être.
Il partit sans ajouter un mot. Quelques instants plus tard, elle l’entendit démarrer. Alors, comme si elle n’attendait que ça, Marie sortit de la salle principale et la rejoignit dans le bureau.
— Ainsi, c’était lui, dit-elle.
Phoebe allait nier, mais à quoi cela l’aurait-il avancée ?
— Oui, c’était lui.
Avez vous apprécié cet extrait ? 0
—    Votre frère? répéta-t-elle, étonnée.

Sébastien prit tout le temps de la dévisager.

Bien qu’elle eût des traits communs avec Fédora, sa beauté était d’un genre très différent, bien plus intéressant. Sous la coiffe blanche, qui lui donnait un air de vieille fille, ses cheveux blond de seigle se nuançaient de chauds reflets châtaigne, et ses yeux, derrière un pince-nez ridicule, étaient d’une charmante couleur noisette, pailletée de vert.

—    Pourquoi Fédora devrait-elle savoir où se trouve votre frère? Questionna-t-elle d’un ton serein.

Sébastien observa que, malgré l’attitude maîtrisée de la jeune femme, ses yeux brillaient d’un vif intérêt. Il lutta contre l’envie d’ôter ces stupides lunettes qui dissimulaient un si joli regard. Ses traits méritaient également que l’on s’y arrêtât. Les pommettes hautes, le nez droit et la bouche, largement fendue, formaient un ensemble original et captivant.

—    Tout simplement, dit-il en s’arrachant à sa contemplation, parce que James a fait appel, récemment, à ses... services!

—    Ses services! Quels services? S’exclama-t-elle d’un ton tellement étonné qu’on eût pu la croire sincère.

—    Dois-je vraiment être plus précis, miss? dit-il d’un ton acerbe.

Fédora éclata en sanglots et se laissa tomber dans un fauteuil. Prudence jeta un coup d’œil inquiet vers sa sœur avant de vriller son regard dans celui de son interlocuteur.

Cette femme n’avait peur de rien ! constata Sébastien, stupéfait par tant d’audace. Jamais il n’avait rencontré une femme capable de l’affronter avec autant d’aplomb!

—    Ne pourriez-vous être un peu plus clair, lord Ravenscar? reprit-elle. J’ai bien peur de ne pas saisir toute la portée de vos propos !

Pour mieux observer leurs réactions, Sébastien fit deux pas en arrière de façon qu’elles fussent toutes deux dans son champ visuel.

—    Je veux parler du fait que mon frère ait payé pour avoir le droit de... trousser votre sœur ici présente ! dit-il d’un ton railleur.

Un tel ahurissement se peignit sur les visages de ses compagnes qu’il s’émerveilla de rencontrer au fin fond des Cornouailles de tels talents d’actrices. A moins que... Pris d’un doute, Sébastien leur tourna le dos et marcha vers la fenêtre, considérant la possibilité qu’il se fût trompé. Tout à coup, il se figea en entendant derrière lui un rire frais et clair comme un torrent de montagne.

Il n’eut aucun besoin de se retourner pour savoir laquelle des deux sœurs exprimait cette hilarité dévastatrice. Il s’agissait, bien sûr, de Prudence. Fédora, pour sa part, semblait frappée d’hébétude.
Avez vous apprécié cet extrait ? 0
date : 08-05-2018
Josie prit place sur la banquette arrière de la voiture, à côté de Kumar. Elle était un peu déçue. En venant de si loin pour assister au mariage de Jenny, elle avait espéré passer des moments agréables en compagnie d’un chevalier servant avec lequel elle s’entendrait bien. Or Jenny, inexplicablement, lui imposait un homme du Moyen-Orient avec lequel elle ne se sentait aucune affinité. Non qu’elle fût raciste… Mais pour avoir travaillé pendant une année dans un émirat du Golfe, elle connaissait bien la mentalité des Arabes, en particulier leur intolérance à l’égard des femmes, et elle craignait, en révélant sa nature farouchement indépendante, de se heurter à l’incompréhension de Kumar Ben Ari.
Non, décidément, elle ne comprenait pas l’attitude de Jenny ! Comment, après sa triste expérience avec Aiden, pouvait-elle continuer à fréquenter des Arabes ? Car même s’il était vrai que ce cheikh, à première vue, semblait distingué et courtois, il devait sûrement nourrir, sous ses manières occidentalisées, les mêmes préjugés qu’Aiden Hurani. Alors, inévitablement, dès la première discussion, ils allaient s’affronter. Et le « couple » qu’ils étaient censés former autour des mariés, en tant que demoiselle et garçon d’honneur, ne serait qu’une pénible mascarade.
La jeune femme soupira. Elle qui s’était fait une joie d’être la première demoiselle d’honneur de son amie envisageait à présent ce rôle comme une redoutable corvée.
Avez vous apprécié cet extrait ? 0
date : 08-05-2018
— Euh... tu m'excuseras, Frances, mais j'ai vraiment du mal à
me faire à l'idée que tu sois venue ici, habillée comme une
déesse, seulement pour travailler! rétorqua Joey en lançant un
regard admiratif vers la jeune femme éblouissante de beauté
dans sa robe du soir qui moulait ses formes parfaites.
— Du calme, Joey ! Cette robe est ma tenue de travail. Elle
doit donner à penser que je fais partie de ce monde.
Elle avait au moins réussi sur ce point. Le fourreau noir
mettait sa poitrine en valeur et une fente sur le côté laissait
deviner le haut de sa jambe fuselée. Au moment de louer ce
vêtement pour le moins provocant, elle avait hésité, mais elle ne
regrettait pas son choix. Au milieu des paillettes du Golden
Choice, le luxueux casino de Londres, ce vêtement se révélait le
plus approprié.
Pour compléter sa tenue, Frances avait également loué des
bijoux. Des pendentifs ornaient ses oreilles, de lourds bracelets
ses poignets, et un collier soulignait son décolleté extravagant.
« Seigneur, j'ai l'air d'une femme entretenue ! » avait-elle
pensé devant son miroir, avec une moue réprobatrice. Mais
désormais, elle était pleinement rassurée : sa tenue ne se
distinguait en rien de celles portées par les autres femmes de
l'assistance, que l'arrivée du prince semblait avoir soudain
électrisées, chacune rivalisant d'ingéniosité pour attirer son
regard. Sa royale Majesté daignait les gratifier d'un sourire ou
d'un baiser lancé du bout de ses doigts effilés.
— Quelle suffisance ! s'indigna Frances. Je croyais cette race
d'hommes à jamais éteinte.
— Seuls ont disparu ceux qui n'avaient pas les moyens de
s'imposer, répliqua Joey, avec son bon sens habituel. Les
grands de ce monde par la fortune affichent toujours la même
arrogance. Pourquoi s'en priveraient-ils? Tout le monde leur
baise les pieds. Regarde autour de toi, Frances, tous les
hommes dans cette salle rêvent d'être à sa place et les femmes
de partager sa couche !
— Pas toutes, Joey ! J'ai bien des fantasmes, mais pas celui-là
Avez vous apprécié cet extrait ? 0
date : 08-05-2018
Dans le hall, elle croisa Coltrain qui revenait de l'aile chirurgicale. Elle ne put s'empêcher de remarquer au passage qu'il était l'un des seuls médecins de sa connaissance à porter la blouse avec une certaine élégance...
— Qu'est-ce que vous faites là ? lui demanda-t-il abruptement. Je devais assurer nos deux permanences, le samedi !
« Le voilà qui recommence, songea Louise, excédée. Toujours aussi désagréable ! »
— J'ai assisté à un accident de la route, expliqua-t-elle.
— Vous n'êtes pas payée pour jouer les secouristes ! s'écria-t-il sans se soucier des infirmiers qui les regardaient avec curiosité. Si vous continuez à vous conduire de la sorte, j'en parlerai à Wright et lui demanderai de vous mettre à la porte ! C'est clair ?
Louise savait que Coltrain, en tant que chef du personnel médical, avait tout à fait les moyens de tenir sa promesse.
— Mais je ne suis pas sortie avec l'ambulance ! protesta-t-elle avec véhémence.
— Docteur ? Vous venez ? la pressa l'un des infirmiers.
Coltrain lui jeta un regard noir puis, enlevant son masque, il se tourna de nouveau vers la jeune femme :
— Après tout, si vous n'avez que ça à faire de vos journées..., conclut-il d'un air méprisant.
Avez vous apprécié cet extrait ? 0
— Qu'est-ce que tu fais là ? lui demanda-t-elle sèchement. Et qu'as-tu dit à Julia ?
Colby soutint le regard de la jeune femme, refusant de céder à la culpabilité qui montait en lui.
— Tu devrais dire à ta fille de ne pas se montrer aussi impertinente avec les adultes qu'elle rencontre. Elle m'a insulté.
Sarina fronça les sourcils et se tourna vers sa fille.
— Est-ce vrai ? lui demanda-t-elle.
Julia décocha un regard assassin à Colby avant de planter son regard dans celui de sa mère.
— Non, maman, répondit-elle avec assurance.
— C'est faux ! protesta Colby d'une voix glacée. Elle s'est autorisé des remarques parfaitement déplacées à mon sujet. Ma vie privée ne la concerne pourtant pas !
— A vrai dire, je ne vois pas qui pourrait bien s'y intéresser à part ta femme et toi, répliqua Sarina d'une voix ironique.
Colby ne releva pas. Apparemment, elle ignorait tout de son divorce avec Maureen et il était trop fier pour lui en parler. Après tout, c'était pour épouser Maureen qu'il avait accepté l'annulation de son mariage avec Sarina. Et celle-ci aurait certainement trouvé hautement ironique qu'il se soit fait éconduire.
Avez vous apprécié cet extrait ? 0


  • aller en page :
  • 1
  • 2

Nouveau ? Inscrivez-vous, c'est gratuit !


Inscription classique

En cliquant sur "Je m'inscris"
j'accepte les CGU de booknode