Andreï Makine

D'aucuns diraient que l'écriture d'Andreï Makine est trop lisse, trop académique. Pour ma part, j'ai été touchée par son style épuré, teinté de nostalgie, et par la tendresse qui s'en dégage. Le souvenir de cet ami arménien m'a habité, comme si moi aussi j'avais été là, au Bout du Diable, à leur côté.

Andreï Makine est un de ces auteurs qui m'offrent une parenthèse enchantée à chaque nouveau roman. Je retrouve toujours cette beauté des mots et des histoires.

Et son héros Valdas ! Quelle vie ! Quel chemin parcouru de ses premiers émois en Crimée à ce monsieur âgé assis sur le banc du cimetière qui va se confier au narrateur.

Les aventures d'un jeune homme russe, amoureux, exilé en France qui subira deux guerres mondiales et une révolution.

Au milieu de cette tourmente Valdas vivra ces quelques jours qui donnent un sens à une vie et la rende meilleure.

Makine insuffle un élan vital à ses personnages par la magie de sa plume. C'est aussi une grande page d'histoire.

Et toujours la lumière dans les ténèbres. Valdas conservera son humanité.

Et bien sûr un gros COUP DE COEUR !

L'ancien calendrier d'un amour sort aujourd'hui, profitez-en !

Un grand merci aux éditions Grasset

#Lanciencalendrierd'unamour # NetGalleyFrance

Valdas vit dans une famille aisée à Saint-Pétersbourg. Quand il rencontre Taïa la contrebandière son amour naît pour elle. Mais la révolution de 1917 éclate avec son lots d'exactions et il perd son amoureuse. Son style un peu apprêté à mon goût et ne m'a permis vibrer à cette histoire.

Joliment écrit, délicat et mélancolique, l'histoire d'un russe pendant le XX.

Une belle déclaration d'amour d'un Français d'adoption.

Ma chronique :"Peut-il y avoir une chose plus horrible qu'une guerre ? Oui, une guerre civile". Qu'importe le tumulte et la violence ! L'essentiel c'est de vivre une passion partagée, dévorante. Quelques petites semaines d'un bonheur intense ont plus d'importance que tout le reste d'une existence.

Andreï Makine (dont l'écriture m'enchante chaque fois plus) nous plonge dans les tourments du XX ème siècle Russe où la lumière sortira un bref instant des ténèbres.

En 1913, Valdas a quinze ans et s'imagine poète. Il vit une adolescence de luxe et de volupté dans une famille aristocratique, amie des Romanov, partageant son temps entre St Pétersbourg et la maison de vacances en Crimée. Il est persuadé être du "côté ensoleillé du monde".

Comme il est naïf !! Par hasard il rencontre Taïa, serveuse dans une gargote des bas-fonds, contrebandière la nuit. Un monde qu'il ne connaît pas ! Tout Jeune officier durant la guerre, il est blessé et retrouve Taïa alors que la révolution s'installe, que les Rouges, les anarchistes et l'armée tsariste s'entretuent.

Taîa le soignera et le cachera, lui le Russe blanc en danger. Malgré les incertitudes face aux répressions brutales des Bolcheviks, ils vivent une passion fulgurante qui le marquera jusqu'à la fin de sa vie.

L'exil, la solitude, des années de misère attendent Valdas. Lorsqu'il est à Paris, une autre guerre éclate avec ses drames et ses atrocités. D'autres rencontres, un ami résistant, quelques femmes de passage...mais sa mémoire le conduit toujours vers celle qui a été son unique amour.

Makine a un véritable talent de conteur, il sait tellement bien peindre l'âme russe, sa fatalité, sa souffrance, sa poésie. Il crée de la beauté dans un monde cruel.

Ce court roman, qui est l'histoire d'une vie, est à lire lentement afin d'en savourer toute l'élégance !Ne passez pas à côté !

Jolie amitiés, communauté arménienne certes enjolivée mais point de vue sur la vie tout en délicatesse, acceptation et profonde écoute de l'autre. Discrétion, fidélité, bonne humeur, respect, que de belles facettes pour ce peuple meurtri, déplacé, anéanti.

L'écriture de Makine est très belle, mais... je n'ai pas pour autant été complètement prise, séduite. Je l'ai lu par petites touches (pas du tout accro).

La Femme qui attendait c'est Véra qui attend depuis 1945,son compagnon,soldat porté disparu lors de la prise de Berlin par l'armée soviétique.

Le narrateur, jeune auteur contestataire de Leningrad,est envoyé avec comme mission : écrire sur la Sibérie et sur les gens qui la peuplent.

Le lecteur est immergé dans cet univers marécageux et glacial sur lequel le temps n'a plus prise.

Véra vit là dans ce village perdu de tout et s'occupe aussi bien des enfants à qui elle enseigne qu'aux vieilles pour les accompagner vers leur mort et au delà. A Mirnoïé,il ne reste que des femmes dont les compagnons,maris...sont décédés lors de la deuxième guerre mondiale.

C'est non seulement la rencontre de Véra et du narrateur mais aussi la vie tout court des femmes,des hommes de Sibérie si loin du temps et des espaces de décisions du régime soviétique où la nature rythmée par l'arrivée de la neige,tenue par les glaces mais aussi par les inondations des marécages et la fonte des neiges.

Tout s'écoule lentement avec un bon sens logique, austère mais humain, dépendant de la nature et là, même à cette époque,est-ouest ne veulent rien dire.Ce rapport veut dire quelque chose dans les salons cossus étudiants ou contestataires et ceux de l'est passés à l'ouest regrettent aussitôt leur décision.Là bas,la vie n'est pas meilleure.

Une description ciselée des paysages comme des hommes et du système qui magnifie cette femme authentique qui attend dans cet univers qu'elle n'a pas voulu fuir,vie d'apparence pauvre,humble mais qui fait de son existence sa force et sa richesse, comme d'ailleurs à toutes celles qui ont perdu compagnon,mari,fils...et celles qui attendent car ce seraient est toujours les femmes qui attendent,jamais les hommes ?

Un bel auteur sibérien qui magnifie la langue française dans cette vision de l'URSS,alors qu'elle n'existe plus depuis une quinzaine d'années.

Voilà un bon roman à la facture très humaine. C’est aussi un récit dépaysant à la fois dans l’espace et dans le temps avec ses racines dans la révolution russe et son épopée qui s’étend jusqu’après la seconde guerre mondiale.

Un roman? Je dirais plutôt un conte, même si le cadre de l'histoire est constitué des faits marquants du XXe siècle: la révolution soviétique (qui modifiera le calendrier, d'où le titre), la guerre civile, l'exil, une vie fragilisée à Paris, en particulier pendant la seconde guerre mondiale (déjà la 3e pour notre héros Valdas)...

Et traversant tout ce temps de chaos et de fureur, les instants de passion vécus auprès d'une pauvre femme russe restent la lumière qui illumine toute une vie.

La citation de Baudelaire ("Qu'importe l'éternité de la damnation à qui a trouvédans une seconde l'infini de la jouissance") est tout à fait pertinente. Ce conte (en partie autobiographique? je ne sais pas) est un développement de cette belle proclamation.