Ecorchée vivre

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Extrait

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Fin 2007, j'ai tout pour être heureuse. Deux filles que je chéris d'un amour immense, un mari aimant que j'aime et pour lequel j'éprouve beaucoup d'admiration. Mathilde, mon aînée, 18 ans, vient d'obtenir son baccalauréat, Clémence, 16 ans, lycéenne sans histoire, et Xavier un pilote de ligne passionné, un mythe qui fait rêver toutes ces dames... une belle et grande maison avec piscine à La Rochelle, une maison de famille sur le bassin d'Arcachon. Ma belle-famille proche de nous.

Tout mon petit monde est heureux, pourtant je n'arrive plus à avancer.

Je sens comme un mur devant moi. Je pleure facilement, deviens fragile, sensible, irritable. Alors je comprends que je revis mon abandon, comme si je reprochais aux membres de ma famille, heureux dans leurs propres activités de m'abandonner. Je comprends qu'il faut enfin m'occuper de la petite fille que j'ai été, prendre en considération sa souffrance, lui dire que ce qu'elle a vécu n'est pas normal, et faire entendre le cri qu'elle n'a encore jamais pu exprimer : ne serait-ce pas l'aider à relire son passé, pour qu'elle puisse refermer ce livre si lourd, épais comme un pavé ?

Je ne veux pas transmettre à mes propres enfants le sentiment d'abandon qui avait été le mien et m'avait broyée, pour que je les laisse prendre leur envol, leur liberté de quitter le nid en étant solide, pour qu'elles aient la capacité de se prendre en charge sans porter un passé trop lourd, non résolu. Car je sens bien que je les surprotège, que je me rassure ainsi mais que je leur fais porter un fardeau qui n'est pas le leur, qui m'appartient, qui est le mien.

Une toute petite fille

Je suis née le 5 février 1969 à Lille, dernière d'une fratrie, un garçon Patrick et deux filles, Dominique et Flora. Ma mère me donnera le prénom de Christine. Je sais depuis peu que nous avons une demi-soeur née avant nous d'un autre père...

Mon père et ma mère biologiques ne vivaient - je ne sais pas, je ne sais plus, je n'ai peut-être jamais su - pas ensemble. Je n'ai aucun souvenir de mon père. De ma mère il ne me reste qu'une image très floue, une vague silhouette, brisée, perdue dans une salle sombre, au milieu de fantômes, parlant fort, vitupérant devant leur verre de vin en exhalant des nuages de fumée. Une odeur de vieux, de moisi, de Gitane maïs, mélangée à celle de la machine à café. Le bar était imprégné de cette puanteur qui me donnait envie de vomir dès le matin. Ce n'était pas la place d'un enfant.

(...)

Présentation de l'éditeur

«Fin 2007, j'ai tout pour être heureuse. Deux filles que je chéris, un mari aimant et que j'aime, une belle et grande maison...»

Ainsi commence le témoignage de Christine Bâtisse, épouse et mère de famille accomplie. Pourtant, rien ne la prédisposait au bonheur. Abandonnée par sa mère, transportée de famille d'accueil en famille d'accueil, elle a été cruellement maltraitée dans sa première enfance. Pour avancer, elle décide d'ouvrir le livre de son enfance et de s'occuper de la petite fille qu'elle a été. Quel est le secret de son étonnante résurrection ? Une directrice d'école, son mari, la découverte de la présence constante de Dieu : des instants de grâce lui reviennent...

Du ressenti d'une petite fille aux convictions de l'âge adulte, c'est le témoignage très concret, sans faux-semblants, d'une femme qui a avancé et continue de se reconstruire dans la main de Dieu. Un message d'espérance.

Mariée et mère de deux enfants, Christine Batisse vit en France où elle exerce le métier de décoratrice d'intérieur.