Entre midi et deux

Arrivée dans la Presqu’île guérandaise

Maguy visita la région dont les paysages sont très diversifiés. La plage de La Baule/Pornichet, s’étend sur plus de 8 km : la plus belle plage d’Europe, dit-on. Dommage que cette ville n’ait pas conservé ses maisons typiques qui bordaient le front de mer autrefois !

La Baule n’était qu’un modeste port de pêche, un lieu-dit rattaché au village d’Escoublac, jusqu’à l’ensevelissement de ce dernier, au 14ème siècle, par l’avancement de la dune de sable. Les habitants se replièrent vers les terres et créèrent le « Vieil Escoublac ». Des écrits paroissiaux datant de 1753 révèlent l’avancée continuelle des sables et le combat désespéré des habitants. En 1779 une tempête particulièrement virulente provoqua l’ensevelissement définitif du village. Les habitants devaient entrer dans l’église par le clocher ! Ils émigrèrent pour la troisième fois vers l’intérieur des terres. Un nouveau village, l’actuel Escoublac, vit le jour.

La dune culminait déjà à plus de 50 mètres et recouvrait 700 hectares. L’espace était aride et la seule végétation qui aurait pu retenir le sable était dévorée par un troupeau de moutons appartenant au seigneur du coin. Les terres cultivables diminuaient au rythme de l’avancement de la dune. En l’absence de cultures et de bois de chauffage, les paysans se tournèrent vers la Brière et firent commerce de la tourbe.

Il faudra attendre le Premier Empire pour qu’un décret datant de

1810, conseillant la fixation des dunes par la végétation, soit signé. Les travaux commencèrent par la création d’un bois au Pouliguen. Puis, la dune d’Escoublac fut bientôt recouverte de végétation.

Vers 1860 le succès est évident : la dune est stabilisée. De plus, la végétation favorise le développement d’un microclimat. Le 11 mai 1879, une ligne de chemin de fer reliant Nantes au Croisic met fin à 100 ans de misère et de ruine. Bientôt la mode des bains de mer fit la renommée de « La Bôle » qui ne deviendra La Baule qu’en 1896. Des villas cossues bordèrent aussitôt la côte. Construites à même la dune, elles avaient accès directement à la plage. Le style de ces maisons est commun à d’autres stations d’eau très en vogue à cette époque, depuis que l’impératrice Eugénie, épouse de Napoléon III, était tombée sous l’engouement des stations balnéaires (plages et villes thermales). Ce sont des maisons à colombages qui rappellent les maisons de Cabourg, Houlgate, Dinan, Biarritz, Vichy…

Aujourd’hui, quelques villas résistent encore à la pression des promoteurs qui construisent leurs bâtiments juste en limite de propriété, ce qui fait que ces villas sont souvent coincées entre deux hauts immeubles ! On peut cependant admirer quelques vestiges des siècles passés, situés à l’intérieur de la ville.

Au cours du temps on modela cette dune, on façonna le paysage. A présent, une avenue borde le rivage séparant les immeubles de la plage. Le front de mer a perdu son aspect sauvage, les villas du second empire et des années folles ont été rachetées pour être rasées, par des promoteurs immobiliers peu scrupuleux mais désireux de faire du chiffre d’affaires en construisant toujours plus haut, toujours plus grand, avec l’aval des maires successifs… ! Un mur de ciment !

Passé le cordon littoral, c’est aussitôt le marécage, puis les marais salants vers Le Croisic et Guérande. Le nom de La Baule vient du mot « bôle » qui, dans le breton guérandais, signifie marécage recouvert par les marées. Ces marécages ont été « maîtrisés » car les habitants, bien avant le Moyen-Age, avaient déjà creusé des canaux pour alimenter les marais salants. La mer serpente ainsi à travers les parcelles sur plusieurs kilomètres à l’intérieur des terres. On peut voir les canaux se remplir lorsque la marée monte. Le sel fit de Guérande une ville riche et puissante. Fortifiée par ses remparts à la fin du 12ème siècle, elle avait l’avantage d’être à proximité du port du Croisic, d’où partait les bateaux transportant le sel vers toute l’Europe. Au Moyen-Age la salaison était le seul moyen de conserver la viande et le poisson. Anne de Bretagne vint se réfugier à Guérande lorsqu’on voulut la marier contre son gré.

Côté mer, le paysage change en suivant la côte vers Le Croisic et devient plus sauvage. La côte, bordée de rochers, est splendide. Les jours de grand vent, l’écume de la mer vient en paquets de mousse se répandre jusque sur la route. Le vent est très présent dans cette région où les moulins à vent furent nombreux mais abandonnés dès l’arrivée de l’électricité. Le moulin de la Falaise à Batz-sur-Mer, datant du 16ème siècle, a été réhabilité en 1992 et fonctionne, au grand plaisir des touristes qui peuvent y acheter de la farine de sarrasin, fraîchement moulue, pour faire des galettes. »….