Les Noces Clandestines
Auteur
- Claire-Lise Marguier (Écrivain)
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Classement en biblio - 15 lecteurs
extrait
Je me devais de lui confirmer la valeur de son existence. Plus que toutes les destinées de tsars et d'empereurs, de justes bravant la tyrannie des riches, d'hommes d'honneur défendant la veuve et l'orphelin,, de religieuses vivant d'abnégation, il méritait de vivre. Il méritait qu'un souffle divin lui fût accordé, et que toutes les vies terrestres et célestes passent après lui. Car il était dans mon idée accompli et multiple, à la fois la veuve et l'orphelin qu'on se promettait de défendre, mais aussi le bourreau qui les maltraitait et le gentilhomme qui les protégeait, sans que jamais l'un d'entre eux ne prenne pas sur l'autre.
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Le premier mot qui me vient pour décrire ce roman ? Dérangeant.
C'est le récit d'une séquestration, du point de vue du "bourreau". Un homme dont la grand-mère vient de mourir et qui, pendant son agonie, a fait des travaux et aménagé la cave de la maison en chambre. Quand Bonne-Maman meurt enfin, le narrateur (qui n'a pas de nom) commence lentement à observer les gens dans la rue, se demandant qui serait bien dans cette chambre cachée, hors du monde. Alors qu'il s'apprête à abandonner, un adolescent sale et épuisé, à la rue, échoue devant sa porte. Et c'est lui. Joël.
Il l'invite à manger quelque chose, le drogue, et le voilà enfermé dans la "chambre rouge".
C'est par la suite que ça devient vraiment dérangeant. La fascination de l'homme pour Joël est carrément malsaine, il le voit comme un ange tombé du ciel, le vénère, se sent lié à lui par une puissance céleste. Il est persuadé que Joël est la perfection absolue, un ange, magnifique et lumineux.
Joël, quant à , a vraiment des réactions étranges. Pas de mouvement de rébellion. Il se conforme à l'enfermement sans problème, se laisse laver par son bourreau, tout ça. Bon, on comprend à la fin le pourquoi du comment, mais c'est vraiment dérangeant.
La relation qui se développe entre les deux personnages est d'autant plus étrange. On s'attend presque à du (pardonnez-moi le langage cru) viol, du salace, mais il n'y a rien de tout ça. Le captif et son bourreau ont un équilibre des forces qui s'inverse parfois. L'homme est tellement fasciné par Joël qu'il donnerait sa vie pour lui, et Joël sait le pouvoir qu'il a. A contrario, l'homme a la vie de Joël dans ses mains.
Et ça continue d'évoluer vers une relation malsaine, sado-masochiste et tendre à la fois. Incompréhensible. Dérangeante.
Cette drôle d'histoire est servie par une plume vraiment magnifique, et un format de moins de 200 pages efficace.
Plusieurs questions sont soulevées le long du roman, au niveau du rapport de force, qui est le dominé et qui est le dominant, comment un tel crime peut-il passer totalement inaperçu aux yeux des autres.
Et à la fin, tout ce qui reste, c'est une impression férocement dérangeante.
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J'ai bien aimé l'intrigue du début, mais plus les pages défilaient, moins j'ai apprécié l'histoire et l'écriture. J'ai été assez déçu par rapport au début, ça m'a un peu "cassé" ma lecture...
Livre lu dans le cadre du Festival du Premier Roman de Chambéry.
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Date de sortie
Les Noces Clandestines
- France : 2013-02-06 - Poche (Français)
Activité récente
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Editeurs
Résumé
La séquestration n'avait pas été préméditée. Tout au moins au début. Pour dire vrai, tout ce qui m'y a conduit est un enchaînement de hasards ; quand vous auriez cru à ma volonté de nuire ou à une part de perversité, vous vous seriez fourvoyés.
Je n'ai aucunement l'intention de vous détromper. Mais je peux vous raconter.
Dans une ville du Sud-Ouest, un professeur d'histoire vit depuis toujours avec sa grand-mère qui l'a élevé, dans un petit pavillon de pierres roses. Vie étriquée, faite de routines. Mais la vieille dame connaît ses derniers jours et, dans l'attente de sa disparition, l'homme entreprend des travaux dans la maison, dont l'aménagement au sous-sol d'une chambre. La cave à vin se transforme en pièce agréable, avec cabinet de toilettes. Mais pour y accéder, c'est par une porte dissimulée derrière des étagères.
Le voilà petit à petit obsédé par l'envie d'y héberger quelqu'un, une «âme pure» dont l'univers pourrait se réduire à cette pièce. Une fois la vieille disparue, sans qu'il ait manigancé quoi que ce soit, par un «enchaînement de hasards» affirme-t-il, il part à la recherche de celui qui pourrait habiter la «chambre rouge», et son dévolu va se porter sur un jeune garçon à la dérive. Attiré dans le pavillon sous le prétexte d'un repas, l'adolescent est drogué puis séquestré... Loin de la relation d'un fait-divers sordide, le roman nous emporte alors dans un huis clos surprenant. Le jeune homme, Joël, se laisse emprisonner sans rébellion ni peur apparente, et c'est le kidnappeur qui est pris au piège de la beauté sauvage et du mystère de sa victime. Un envoûtement réciproque a lieu. Entre les deux se noue une vie secrète, faite de rituels journaliers, toilette, lectures, repas, des Noces clandestines poussées au paroxysme du désir.
Portées par une écriture d'un classicisme époustouflant chez une jeune femme,Claire-Lise Marguier nous plonge dans un huis clos surprenant de beauté, une histoire d'envoûtement réciproque entre deux êtres qui n'auraient pas dû se croiser. Ces Noces clandestines sont un petit bijou littéraire. Baroque et incandescent.
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