Nine Months Later, Tome 1 : Le Prix De La Vie

La discrète stridulation de son portable le tira soudain de ses sombres réflexions.

— Oui ? marmonna-t-il.

— Rychert à l'appareil. Je ne vous dérange pas ?

— Non, pas du tout. Que se passe-t-il ?

— Vous avez bien reçu mon rapport ?

— Oui, dit-il, tout en jetant un regard mauvais à la liasse restée sur la table.

— Qu'en avez-vous pensé ?

— J'ai eu bon espoir jusqu'à ce qu'elle me laisse tomber, il y a dix minutes, dit-il, laconique.

— Alors, ça n'a peut-être plus d'importance, reprit Rychert après un temps d'hésitation. Seulement, en rangeant mon bureau, je suis tombé sur un feuillet qui fait partie du rapport ; j'ai dû le laisser de côté par inadvertance.

— Eh bien... J'ai là les pages un à quatre. Rien ne semble manquer.

— C'est la dernière page, la page cinq. Je ne comprends vraiment pas comment elle a pu s'échapper du reste.

— Peu importe. De toute façon, je ne crois pas que cela puisse faire la moindre différence, maintenant, annonça t-il d'une voix lasse.

— A vous d'en juger : cette page exposait les raisons pour lesquelles elle a répondu à votre proposition.

— L'argent est une raison suffisante.

— Pas pour une fille comme elle, monsieur Winters. Elle a du caractère : étudiante en médecine, élevant seule son enfant. C'est une battante.

— La cupidité est un mal très répandu. Mme McKinney est une étudiante pauvre qui doit se débrouiller pour payer ses études. Par exemple, votre rapport note qu'elle conduit une vieille Pinto, peut-être aimerait-elle la remplacer ?

— Sincèrement, je crois que ce n'est pas d'automobile dont elle rêve, ni de rien de ce genre. Elle a en tête quelque chose de bien plus important.

Thad, qui depuis un moment essayait d'attirer l'attention de la serveuse en agitant sa carte bancaire, interrompit son geste pour se concentrer sur les paroles de Rychert, et demanda d'un ton empreint de curiosité :

— Ah oui ? Et qu'a-t-elle en tête ?