J'ai peur mais... Ce n'est pas pour ça que je pleure... Ce sont des larmes de honte... D'avoir été trop sure de moi !

Je jure qu'un jour je te vaincrai !
Et je deviendrai ton ami, toi qui n'en a aucun !

Le XVIIè siècle est en France, selon le mot de Nietzsche, celui de la "volonté". Cette volonté n'est pas fiévreuse. Elle "croit en soi". Elle ne s'y complaît pas. A la fois calme et en alerte, elle est sur le qui-vive du duelliste attentif à la parade de son adversaire, du joueur de cartes luttant contre le hasard, du dévot parcourant les étapes d'une méditation, du politique guettant l'instant propice, du général dont la conduite est arrêtée et qui dort profondément la veille d'une bataille.

Marx pensait que l'histoire suivait des phases, et que le capitalisme n'en était qu'une étape. On découvre aujourd'hui que le capitalisme a lui-même une histoire, qu'il ne s'incarne pas au XXe siècle comme au XIXe, qu'il est pas semblable aujourd'hui à ce qu'il était hier.

Au bout de trois années et demie passées dans cette ville, je remarque que le pouce de la main gauche de ma femme enflait comme si ç’avait été une bouée, mais ça ne lui faisait pas mal. Un jour, elle me suit à la plantation où je tirais mon vin de palme, et, à ma grande surprise, elle se pique le pouce qui enflait à une épine de palmier, le pouce se déchire soudain, alors voilà un enfant mâle qui en sort, et, à peine sorti du pouce, l’enfant commence à parler comme s’il avait dix années d’âge.

Non, la guerre n'est la mère que de la mort, d'abord, et, ensuite et perpétuellement, de la guerre. Elle n'engendre que le néant et, identiquement, elle-même.

Par pure coïncidence, le jour même du 10e anniversaire de ma maladie en 1964, j'ai rencontré dans la rue, à New York, l'un des spécialistes qui avait fait le triste diagnostic d'une paralysie progressive. [...] Il me dit que ma poignée de main l'avait convaincu qu'il n'avait pas besoin de me demander de mes nouvelles, mais il était très curieux de savoir comment s'expliquait ma guérison.
Je lui dis que tout avait commencé le jour où j'avais décidé que certains experts n'en savent vraiment pas assez pour prononcer une condamnation contre un être humain. J'ajoutai que j'espérais qu'ils feraient preuve de plus de prudence à l'égard des autres ; certains patients pourraient croire à leurs dires et ce serait peut-être le commencement de la fin.

Elle se laissa tomber, fatiguée, affamée, sur une rose. C'était le rosier de Mireille.
- Vous ne savez pas lire ? s'écria l'abeille furieuse. C'est une propriété privée et il est interdit de s'allonger sur les fleurs.
- Oh, ça va, ça va, c'est pas une petite chose boudinée avec des rayures qui va me dire où je dois me poser, riposta Huguette.

Le 23 janvier (1793) Louis-Philippe et son entourage (émigrés en Belgique) apprirent tout à la fois le vote régicide du père ("Philippe-Egalité") et l'exécution du roi. Ce fut la consternation. Mme de Genlis fulmina des imprécations contre son ancien amant et imposa à tout le monde des prières pour Louis XVI.

4. Le droit de relire
Quand un livre devient un ami on a le droit de le fréquenter toute notre vie. Encore, encore, s'écrient les petits enfants quand on leur raconte une histoire. C'est aussi ce que s'écrient les adultes devant les grands livres.

D’où tenez-vous cela, les humains ? D’où vous vient cet amour de la torture, ce besoin de faire souffrir ? Parfaitement inutile, qui plus est. Allez ! Qu’on en finisse.

Le pays n'a quasiment pas de matériel d'enseignement en ce printemps où les écoles ouvrent à nouveau. Ceux que les gouvernements moudjahed et taleb avaient édités sont inutilisables, les enfants du cours préparatoire apprenaient l'alphabet de la manière suivante :
"D comme Djihad, notre but en ce monde,
I comme Israël, notre ennemi,
K comme Kalachnikov, nous allons vaincre,
M comme Moudjahidin, nos héros ..."

“This is what we do,” I said. “Your nephew is unaware that we have this information. If you move quickly, you should be able to seize the assets before he liquidates them.
Mr. Piney raised his head. “Who have you told about this?”
Oh no, you don’t. “Our contract guarantees confidentiality. We do not disclose the information we obtain in the course of our investigations unless compelled to do so in a court of law.”
Mr. Piney was still staring at me.
I met his gaze. Pay us and walk us to the front door, and you will live another day.
I was looking straight at him and I saw the exact moment his confidence faltered.
Arabella stepped forward and held up her cell phone. “I’m ready for your transfer.”

Ne plus jamais dire : "ça n'a pas de sens", "ça ne veut rien dire". Le sens en art est multiple, polyvalent, interférent, versatile comme un ciel normand, imprévisible comme un destin.

Le passé est le passé, mais le passé est aussi un poison.

Ce que je veux dire c’est que la mer, elle est là pour nous donner des poissons à manger et un moyen pour voyager en bateau. L’air nous permet de respirer. La terre nous donne de la nourriture aussi, sans parler d’un sol pour édifier nos maisons. Et on construit des bateaux avec ce que nous donnent les arbres. Même la pluie et la neige… Elles nous donnent de l’eau qu’on peut boire, contrairement à la mer. Tout a un sens.

Il faisait presque nuit quand ils arrivèrent au palazzo. Le ciel, d'un bleu turquoise, tournait à l'orange pâle juste au-dessus des arbres, là où le soleil se couchait. Les murs de pierre s'élevaient, abrupts et impénétrables, en tours chimériques, et un drapeau en loques pendait sur son mât. Jadis, quand le vent du destin soufflait de façon plus favorable, il flottait avec vitalité dans la brise et dominait les environs. À présent, le lierre étouffait peu à peu ces murs, comme le lent empoisonnement d'une vieille principessa dont la respiration montait du ventre, en râles et par à-coups. Les souvenirs de son passé glorieux, tapis dans le tissu de ses remparts, s'évaporaient, méconnaissables et irrécupérables.

Après la disparition d'un être aimé, on souffre le martyre, on sombre jusqu'à toucher le fond, on se confronte à soi-même au plus noir de la nuit, et pour finir (parce que l'instinct de survie l'emporte sur tout le reste), on s'aperçoit que cette confrontation avec soi-même suffit. Alors, lentement, on reléve la tête. On recommence à regarder le monde autour de soi. On voit que ce monde — à travers, entre autres, le formation des nuages ou les étiquettes des produits — se fraye à nouveau un chemin en nous... et peu à peu on se remet.

La tête de la maîtresse change.
Ça devient une tête de maîtresse qui se demande si les enfants ne sont pas devenus fous.

Tout à coup un tremblement de terre les secoua comme feuille au vent et les réveilla en sursaut.
Le plus audacieux alla jusqu'à l'entrée pour voir d'où venait cette secousse.
"Coucou", lui fit un éléphant qui le regardait gentiment.

Nous sommes impuissants contre la sottise. Nous n'obtenons rien, ni par nos protestations ni par la force ; le raisonnement n'opère pas ; les faits qui contredisent ses préjugés, le sot ne voit pas la nécessité de les croire - dans ce cas, il va jusqu'à devenir critique - et lorsqu'ils sont implacables, il peut les mettre de côté comme cas isolés sans signification. Contrairement au méchant, le sot est entièrement satisfait de lui-même ; il devient même dangereux lorsque, facilement irrité, il passe à l'attaque.

Les livres sont une marchandise étrange, on peut commencer par les vendre et finir par les écrire.

Nous qui sommes modernes, serons anciens dans quelques siècles.

Pour moi, amoureuse de la lecture, la définition d'un héros ou d'une héroïne répond à un seul critère : enflammer mon imagination. Pas seulement parce qu'ils sont valeureux, beaux et extraordinaires, mais aussi, surtout, parce que leur différence, leur force, leur singularité, leur humanité, me touchent, me marquent irrémédiablement. Modèles, antihéros, symboles, icônes, tous les personnages présentés dans ce recueil ont pour moi cette vertu d'être inoubliables.

Chef d'oeuvre ou pas, ce qui compte en définitive c'est qu'un travail capte votre attention.
" Vous savez que vous êtes en présence d'un chef d'oeuvre quand une pièce ne vous quitte plus pour le restant de votre vie ", déclare l'artiste Anne Richter. " C'est comme un chewing-gum collé au cerveau. "
Par conséquent, faites confiance à votre instinct.

Ainsi, transcrire, c'est nécessairement écrire, au sens de ré-écrire : comme le passage de l'écrit à l'oral qu'opère le théâtre, le passage de l'oral à l'écrit impose, avec le changement de support,des infidélités qui sont sans doute la condition d'une vraie fidélité.