Le Cheire des Anges
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extrait
François a pensé au campement des romanichels mais à la différence tout était propre. Personne ne semblait s’intéresser particulièrement à eux quand le gardien de chèvres est apparu entre deux arbres, a rugi de satisfaction.
– Ah! Vous voilà ! Vous avez mis le temps !
– Ça nous embêtait de te laisser gagner la guerre tout seul !
Et tout de suite il s’est mis à raconter en vieux brisquard qu’il était :
– Le sergent et le lieutenant sont partis au rapport. Tous les soirs à cinq heures !
– C’est comment ici ?
– Pas mal ! On a le café le matin, la soupe deux fois par jour et du pinard presque chaque fois !
C’était l’essentiel. Le reste pouvait attendre.
– Mais à part ça ?
– Ça va !
– Qu’est-ce que tu as comme arme ?
– Là, le Chabadou a haussé les sourcils. Vraisemblablement il n’y avait jamais pensé.
– Mais tu sais que la guerre se fait avec des fusils ?
– C’est vrai ! J’aurais dû apporter ma vieille pétoire. On lui aurait scié les canons !
Il a réfléchi, récapitulé.
– Le lieutenant a un revolver, le sergent le fusil-mitrailleur. Il y aurait quatre fusils dans la réserve et ils sont trois à avoir des mitraillettes.
– Comment?
– ?
– Comment elles sont, les mitraillettes ? La crosse ?
– En ferraille, en forme de triangle.
– Des Stens ! C’est tout ?
– C’est tout !
Il a tapé sur l’épaule de François, est revenu à l’essentiel.
– Vous venez boire un coup ?
Ils ont suivi.
– Il y a combien de temps que tu es là ?
– Cinq ou six jours !
– C’est vrai ! On te voyait plus.
Mais il les avait tellement habitués à ses escapades.
– Tu es où ?
– Là-bas, vers l’endroit où le chef a sa toile !
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Résumé
Ils étaient nés de la guerre - la grande - tous les trois le même jour, du miracle qu' engendrent, toujours, les catastrophes.
Ils étaient devenus dans ce village isolé "les triplés du Cheire des Anges".
Ils y ont grandi, élèves dans leur classe unique, découvert le monde, affronté l' aventure de la vie.
Et puis est arrivée l' heure des épreuves : les Chantiers, la Résistance, l'Armée, cette heure qui a été celle des amours et aussi celle de leur essor.
Amusé autant qu'ému, Philippe Roucarie nous invite à les suivre, à les encourager, à leur tendre la main, car, dès le premier jour ils nous sont devenus extrêmement chers.
Plus encore, au-delà de leur destin, c'est l'histoire de chaque lecteur qui, au long de ces récits, se dessinera en filigrane : une histoire parfois difficile à raconter mais que l'on aimerait tant laisser en souvenir à ses enfants.
Partout, l' humour se cache sous la tendresse et toujours, même au pire des épreuves, il reste une place pour le sourire.
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