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Les gens du voyage



Description ajoutée par jb 2012-06-10T20:47:10+02:00

Résumé

Jacky Blandeau, né à Nantes en 1970, auteur de trois romans, La croix de Loubrac, La gitane et le vent, Le murmure de Noël, membre de l’Association des Ecrivains Bretons.

Il nous livre ici son quatrième roman, Les gens du voyage, qui nous entraîne dans une enquête policière suite à l’assassinant d’anciens du petit village de Saulniac.

Le commissaire Michel Peltier et un ancien détenu Julien

Legrand devront remonter dans le passé, briser les secrets du village, reprendre goût à la vie pour l’un, ouvrir son esprit pour l’autre, et découvrir ensemble les liens qui unissent les villageois et ces gens du voyage.

« Est-ce que tout un chacun peut, un beau jour, se métamorphoser en un assassin ? En fait, elle connaissait déjà la réponse à cette question : oui, lorsqu’on se retrouvait face à l’ignominie des hommes, il n’y avait pas à hésiter ! Elle était là

pour venger la mort d’un enfant ; le crime passé

n’était-il pas suffisamment horrible pour qu’elle se fasse elle-même meurtrière ? Un gamin d’à

peine trois ans... Un innocent... Mais pourquoi tremblait-elle, dans ce cas ? Était-ce un signe de faiblesse ? Peut-être n’était-elle pas encore prête à

tuer ? La haine farouche qui l’animait ne laissait pourtant planer aucun doute. Avaient-ils hésité, eux, les habitants de Saulniac-le-Haut ? Non, à

aucun moment. Alors, son bras devrait s’abattre avec détermination, sans aucune ambiguïté. »

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Classement en biblio - 1 lecteurs

extrait

Extrait ajouté par jb 2012-06-10T20:47:57+02:00

Sitôt le repas fini, la vieille Shannel alluma un grand feu dans la cheminée. Elle approcha sa chaise de l’âtre et nous comprîmes qu’il nous fallait en faire autant. La gitane resta silencieuse un long moment, les yeux rivés sur les flammes, maintenant attisées par le vent violent qui tentait de s’engouffrer dans le conduit. Puis, après s’être assurée avec un tisonnier que le feu ne s’étoufferait plus, la grand-mère se leva et alla éteindre l’unique lampe de la pièce. Une semi pénombre s’invita dès lors autour de nous, créant ainsi une ambiance tout à la fois de quiétude et de mystère. Dehors, la tempête se mit à donner de véritables coups de boutoir contre la maison de pierre et il me sembla même sentir le sol vibrer sous mes pieds. Pourtant, éclairé seulement par la lueur de la flambée, je ressentais une certaine béatitude dans ce silence des voix et ce vacarme des éléments.

— Tes pieds vibrent bien, Juliano. En ce moment, au bas de la falaise, la mer tente de manger les rochers. Ces derniers résistent et seules quelques pierres tombent à l’eau. Alors, ça met en appétit l’océan qui en redemande encore et encore... Le combat ne s’arrêtera qu’au petit matin quand, avec l’aide du vent, l’Atlantique aura gagné sa pitance. A chaque tempête, un morceau de la falaise tombe à la mer. Un jour, la vieille Shannel basculera dans le vide, elle aussi. Ce jour-là, gadjo, il ne faudra pas être triste : c’est une belle chose que d’aller nourrir l’océan. On me remplacera dans cette maison... et une autre Shannel accueillera la famille. Ainsi va la vie...

La gitane n’avait cessé de regarder le feu pendant qu’elle parlait. Elle semblait ne s’adresser qu’à moi, comme si Michel n’existait plus. J’avais perçu de la tendresse dans cette façon de m’appeler « Juliano ». Elle poursuivit :

— Cette maison s’appelle Ker Mamm-gozh. Sais-tu ce que cela signifie ? Non, bien sûr, tu ne le sais pas : vous n’êtes pas curieux, vous autres les gadjé ! Ca veut dire « chez grand-mère ». Et sais-tu pourquoi cette maison porte ce nom ? Parce que depuis de très nombreuses années, elle accueille la doyenne des Gero. Oui, la plus vieille femme de la famille... Et la plus vieille femme de la famille, c’est moi maintenant, depuis six ans... Cette maison sert de lieu de repos et de retrouvailles pour les Gero : tous les membres du clan sont les bienvenus ici. Parfois, je reste seule pendant des semaines ; parfois, le terrain devant la maison est à peine suffisant pour y mettre toutes les caravanes. Je ne sais jamais à l’avance qui sera présent l’heure suivante ; les gitans sont un peuple libre comme le vent. Mais il y a toujours de quoi manger chez Shannel. Un repas, ça te nourrit toujours le ventre, mais ça peut aussi te nourrir l’esprit s’il est partagé... Manolo, le père de Claire, est décédé depuis longtemps déjà. Sa mère, Maria, passe régulièrement par Maen-Bihan mais ça fait plusieurs mois qu’elles ne sont pas revenues ici, toutes les deux. Nul ne sait où elles peuvent se trouver si ce n’est peut-être Edison, le vieux gitan de Konk-Kern. Donne moi ta main, Juliano.

J’avais écouté ce discours solennellement, avec beaucoup de respect dans les yeux. J’aimais particulièrement cette idée d’une maison accueillant la plus vieille femme de la famille et servant de havre de paix pour les membres du clan qui le souhaitaient. A cette heure, je me sentais en parfaite communion avec la philosophie de vie de ce monde gitan. C’est en toute confiance que je donnai ma main à la vielle femme. Cette dernière la prit entre les siennes et la caressa longuement, avec beaucoup de douceur, comme si chacune des aspérités de ma peau pouvait parler à son âme. Au bout de quelques minutes, elle se pencha sur la paume et scruta avec attention chacune des lignes dessinées. Puis, toujours en englobant ma main, elle détourna de nouveau son regard vers le feu qui crépitait :

— Tu as le coeur généreux et sensible, Juliano. Tu es quelqu’un de confiance. Claire a raison de t’aimer.

Je sursautai à cette affirmation et sentis mon coeur s’accélérer :

— Comment pouvez-vous être sûre que Claire m’aime ?

La gitane esquissa un léger sourire, le regard toujours tourné vers l’âtre :

— Claire est une de mes nombreuses petites nièces. Il y a longtemps qu’elle n’est pas venue mais lorsque je l’ai vue la dernière fois, son coeur battait pour un gadjo. Oh, elle ne m’a rien dit mais ça se lisait dans ses yeux... de la même façon que je lis dans les tiens tout l’amour que tu lui portes. Tu la cherches, tu la pourchasses, tu veux absolument la retrouver, mais ce n’est pas pour les mêmes raisons que lui (elle désigna du menton le commissaire). Toi, tu sais qu’elle n’a rien fait... Tu as le cœur sensible et c’est cette sensibilité qui te permet de deviner le monde… Sais-tu qu’il existe un poème qui parle de notre famille, un poème qui s’est transmis de génération en génération depuis l’aube des temps ? Il a été écrit par un aïeul qui vivait dans un cirque. Un jour, alors qu’il se promenait au milieu des roulottes, il avait vu sa petite fille subir les brimades des vauriens de la ville…

La vieille femme inspira profondément, puis, avec sa voix caverneuse récita les vers suivants :

Petite femme au coeur fendu, ne reste pas à terre,

Et relève-toi car tu es fille du clan,

Née de la mémoire du peuple gitan,

Coule en ton sang un monde sans frontières.

Petite soeur à l’âme déçue, ne regarde pas en arrière,

Et sèches tes larmes car tu es fille du temps,

Impénétrable à la haine et aux ressentiments,

Coule en ton sein un monde sans barrières.

Petite tzigane à l’espoir perdu, ne baisse pas les yeux,

Tu as le droit d’être fière car tu es fille du vent,

Issue du mariage entre Bohême et océan,

Coule en ta sueur un monde de chimères.

Ils t’ont déjà jugée de par ta différence,

Relève toi, petite, oublies leur ignorance,

Et à leurs avanies, oppose ton courage,

Car ainsi à ton clan, tu rendras hommage.

Un long silence prolongea le poème. Seuls les crépitements de l’âtre venaient troubler le quasi recueillement dans lequel chacun de nous était plongé. Au bout de plusieurs minutes, la vieille Shannel reprit :

— Tu vois, Juliano, je t’ai dit ce poème pour te montrer que de tout temps notre famille a été pourchassée. Nous ne sommes pas comme les autres et les autres n’aiment pas ça. La différence ! Tout est là... Aujourd’hui, une fois de plus, les gitans sont montrés du doigt. Ton ami se trompe au sujet de la petite Claire. Elle n’est pas celle qu’il croit ; elle n’est qu’innocence au milieu d’un champ d’hypocrisie. Mais je sais aussi que les paroles d’une vieille gitane ne peuvent suffire aux yeux d’un commissaire. Alors je vais vous aider à la retrouver. Et lorsque vous aurez compris votre erreur, vous reviendrez me voir pour que ton ami s’excuse auprès du clan.

Shannel se tourna alors vers Michel avec un air interrogateur. Celui-ci esquissa un demi sourire et fit un petit signe de tête approbateur :

— J’ai bien entendu votre discours, grand-mère, et je comprends votre amertume. Sachez que ce n’est pas la communauté gitane que je mets en cause aujourd’hui à travers mon enquête, il s’agit simplement d’une personne contre laquelle tous les éléments corroborent. Très sincèrement, j’espère me tromper. Et si c’est le cas, je vous fais la promesse que je viendrai m’en excuser devant tout le clan.

— Que la très Sainte Marie t’entende, gadjo. Allez donc sur Konk-Kern. Dans la petite maison à colombages dont je vais vous donner l’adresse, vous y trouverez Edison, un gitan qui sait tout. Lui pourra vous dire où se trouve Claire en ce moment. Tenez, apportez lui cette caisse de légumes en guise de remerciements et, surtout, transmettez lui le bonjour de la vieille Shannel : cela lui fera plaisir ; je crois qu’il a toujours été un peu amoureux...

Nous quittâmes la vieille dame avec un vrai pincement au coeur. Sans bien savoir pourquoi, cette rencontre avait laissé en moi une trace que je devinais indélébile. Etait-ce la simplicité, l’authenticité de Shannel qui nous avait ainsi marqués ? Nul ne pouvait le savoir. Je regardai longtemps dans le rétroviseur la gitane au châle de laine qui, sur le pas de la porte, s’était mise à prier pour nous accompagner dans notre quête...

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