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Les petites vertus



Description ajoutée par Angel69 2018-05-15T17:25:35+02:00

Résumé

Ces onze textes entre autobiographie et essai nous font (re)découvrir l’une des écritures les plus fortes du XXe siècle italien. Qu’il s’agisse du souvenir du confinement dans un petit village du Sud ou du portrait de Cesare Pavese, d’une réflexion sur la valeur de l’argent et surtout d’une bicyclette pour un enfant, ou de son métier d’écrivain, Natalia Ginzburg écrit des « histoires » qu’elle puise dans la mémoire toujours explosive de ce siècle retentissant. Son expérience, qu’elle partage comme un devoir et une nécessité, est exemplaire et bouleversante. Sa voix et son regard sont d’une innocence privée de toute naïveté, d’une intelligence dérangeante car différente quand elle est aux prises avec le plus commun. Dans ces pages (écrites entre 1943 et 1962), nous sommes confrontés à une époque aussi lointaine qu’enfouie en nous qui resurgit simplement grâce à l’air frais et suranné du «lexique familier» de Natalia Ginzburg.

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Classement en biblio - 3 lecteurs

extrait

Extrait ajouté par Angel69 2018-05-15T17:18:05+02:00

PORTRAIT D'UN AMI

La ville que notre ami aimait est restée la même : il y a quelques changements, mais peu importants; on a mis des autobus à trolley, on a fait quelques passages souterrains. Il n’y a pas de nouveaux cinémas. Les vieux cinémas sont toujours là, avec les mêmes noms, qui réveillent en nous, en les redisant, notre enfance et notre jeunesse. Nous, à présent, nous habitons ailleurs, dans une autre ville, plus grande et très différente ; et si nous nous rencontrons et que nous parlions de notre ville, nous en parlons sans regrets de l’avoir quittée ; nous disons que maintenant, nous ne pourrions plus y vivre. Mais, lorsque nous y revenons, il nous suffit de traverser le hall de la gare et de marcher dans le brouillard des rues pour nous sentir vraiment chez nous;

et la tristesse que nous inspire la ville, chaque fois que nous y revenons, c’est de nous sentir chez nous, et, en même temps, de sentir que nous, chez nous, n’avons plus de raisons d’y rester;

car ici, chez nous, dans cette ville où s’est passée notre jeunesse, il ne nous reste désormais presque rien de vivant, et nous ne sommes accueillis que par une foule de souvenirs et de fantômes.

Du reste, notre ville est, par nature, triste. Les matins d’hiver, elle dégage une odeur qui lui est particulière, de gare et de suie, répandue dans tous les chemins et dans toutes les rues. En arrivant le matin, nousla trouvons grise de brume et enveloppée dans son odeur. Parfois, à travers le brouillard, filtre un pâle soleil, qui teinte de rose et de mauve lestas de neige, les branches dépouillées des arbres. La neige, danslesrues et dansles allées, a été balayée et ramassée en petits monticules, maislesjardins publicssont encore ensevelissous une épaisse couche intacte et douillette, haute d’un doigt sur les bancs abandonnés et sur les margelles des fontaines.

L’horloge de l’allée cavalière est arrêtée, depuis des temps immé- moriaux, à onze heures moins un quart. Au-delà du fleuve s’élève la colline, elle aussi blanche de neige, mais tachetée çà et là de broussailles rougeâtres; et le sommet de la colline est couronné

par une construction de couleur orange et de forme circulaire, qui a été le siège de l’École des jeunes fascistes. S’il y a un peu de soleil, et que la coupole de verre du Salon de l’Automobile resplendit, et que le fleuve, avec un miroitement vert, coule sous les grands ponts de pierre, alors la ville peut même, pour un instant, paraître riante et hospitalière ; mais c’est une impression fugitive.

La nature essentielle de la ville est la tristesse ; le fleuve, en se perdant dans le lointain, s’évapore à l’horizon en un brouillard violacé, qui fait penser au crépuscule même s’il est midi, et partout l’on respire cette même odeur sombre et laborieuse de suie, et l’on entend les sifflets des trains. Notre ville ressemble, nous nous en apercevons maintenant, à l’ami que nous avons perdu et auquel elle était chère. Elle est, comme lui, laborieuse, renfrognée dans son activité fébrile et têtue, et en même temps elle est nonchalante et encline à l’oisiveté et au rêve. Dans cette ville qui luiressemble, nous sentons revivre notre ami partout où nous allons; à chaque coin de rue et à chaque tournant, il nous semble que puisse soudainement surgir sa haute silhouette, avec son manteau sombre

à martingale, son visage enfoui dans le col, son chapeau rabattu surles yeux. Notre ami arpentait la ville de sa longue foulée, têtue et solitaire ; il se terrait dans les cafés les plus écartés et enfumés, se défaisait rapidement de son manteau et de son chapeau, mais gardait, jeté autour du cou,son vilain cache-nez clair; il enroulait autour de ses doigts les longues mèches de ses cheveux châtains, puis se décoiffait à l’improviste d’un geste brusque. Il remplissait des pages et des pages de son écriture large etrapide,raturant avec emportement; et il célébrait, dans ses vers, la ville :

C’est le jour où montent les brouillards du fleuve.

Dans la belle ville, entre prés et collines,

Et s’estompent comme un souvenir.

Ses vers sonnent à nos oreilles, lorsque nous revenons à la ville, ou lorsque nous y pensons; et nous ne savons même plus si ce sont de beaux vers, tant ils font partie de nous, tant ils reflè- tent pour nous l’image de notre jeunesse, des jours désormais si lointains où nous les écoutâmes pour la première fois, par la voix vivante de notre ami, et que nous découvrîmes, avec un profond étonnement, que même avec notre ville grise, lourde et prosaïque, on pouvait faire de la poésie.

Notre ami vivait dans la ville comme un adolescent, et il vécut ainsi jusqu’à la fin. Ses journées étaient, comme celles des adolescents, très longues, remplies d’heures. Il savait, dans ce laps de temps, trouver des moments pour étudier et pour

écrire, pour gagner sa vie et pour paresser sur les chemins qu’il aimait; et nous qui hésitions, pris entre la paresse et l’activité, nous perdions des heures à décider si nous étions paresseux ou actifs. Pendant de longues années il ne voulut pas se soumettre

à un horaire de bureau, accepter une profession définie ; mais, lorsqu’il consentit à s’asseoir à la table d’un bureau, il devint un employé méticuleux et un travailleur acharné, tout en se gardant une ample marge d’oisiveté ; il prenait ses repas à toute allure, mangeait peu et ne dormait jamais.

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Date de sortie

Les petites vertus

  • France : 2018-03-17 - Poche (Français)

Activité récente

Titres alternatifs

  • Le piccole virtù - Italien

Les chiffres

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