Commentaires de livres faits par mlle-luciole
Extraits de livres par mlle-luciole
Commentaires de livres appréciés par mlle-luciole
Extraits de livres appréciés par mlle-luciole
Clélia. Je ne sais pas manier les phrases comme toi, les rendre belles à mourir ou tristes à pleurer. Je ne suis que moi, je ne sais pas grand-chose mais, s'il est une chose dont je suis sûr, c'est que je ne peux pas vivre sans toi.
C'est ma seule certitude.
Je n'arrive même pas à te dire que je regrette, tant ce que j'ai fait est stupide, méchant. Impardonnable. J'ai honte, Clélia. Tellement honte et mes mots pour le dire sont si pâles...
Je me souviens d'une phrase que tu m'as offerte, un jour, sur notre banc, une phrase de ce poète que tu aimes et dont je ne me rappelle jamais le nom : "Un seul être vous manque et tout est dépeuplé."
Mon monde est vide sans toi, Clélia.
Je t'aime.
Sous ses doigts, les cheveux de Sascha étaient doux et soyeux.
Elle n'essaya pas de lui dire qu'il n'était pas Dieu, qu'il ne pouvait pas protéger tout le monde. Il le savait déjà, sauf qu'il y avait une différence entre le savoir et l'accepter. Ce qu'elle lui confia en revanche lui porta un coup au coeur.
- Je voudrais tellement que tu m'aimes.
- Pourquoi?
- Parce qu'alors tu pourrais peut-être me protéger moi aussi."
- Ecoute. T'es un petit con, un vrai connard. Et si tu crois que je vais rester là pendant que tu continues à te foutre de moi dans mon dos, t'es encore plus frappé que moi. Je ne sais pas où est ma place, Henry, mais certainement pas ici avec toi !
On aurait dit que je l'avais giflé, ce que j'aurais fait volontiers.
- Pourquoi tu te mets en colère simplement parce que je préférerais que tu restes ? a-t-il fini par me demander.
Ses mots m'ont frappée à la fois à la tête et au coeur. Je me suis affalée sur ma chaise comme un ballon de baudruche qui se dégonfle. J'avais tout fait pour qu'il soit en colère contre moi, et au final, il est juste blessé. Comme moi.
Il fallait que je file avant de me mettre à disparaître.
- Je... Je vais prendre un peu l'air.
Je me suis levée de ma chaise tant bien que mal, j'ai ouvert la porte-fenêtre et je suis sortie dans le jardin. Il était envahi par les mauvaises herbes et la pelouse avait besoin d'être tondue. C'était mon père qui s'en chargeait, avant.
Les larmes on jailli, et j'ai eu beau faire, pas moyen de les ravaler. Au bout de quelques minutes, j'ai entendu la porte coulisser et quelqu'un qui sortait.
- Va-t'en, ai-je dit sans me retourner
Henry a fait un pas de plus.
- Ca va ? Tu veux que j'appelle April ? Ou June ?
Il avait l'air indécis et inquiet, et je ne pouvais pas le lui reprocher.
J'ai secoué la tête en m'essuyant discrètement les yeux
- Non.
Le petit doigt de ma main droite a commencé à picoter, et je l'ai fourrée dans ma poche en rabattant ma capuche sur ma tête pour me planquer le plus possible.
Il faisait noir de plus en plus tôt, et de plus en plus froid aussi.
- Ca va, ai-je affirmé.
Je l'ai entendu refermer la porte.
- Tu es sûre ? Parce que je sais bien que t'es pas la nana la plus aimable de la terre, mais tu...
Il a laissé sa phrase en suspens.
J'ai inspiré à fond avant de me retourner. Il paraissait petit, tout à coup, et pas très rassuré, comme si j'étais un ouragan sur le point de fondre sur lui pour l'emporter loin de son univers familier.
Ca aussi, je savais quel effet ça faisait.
- Ma vie est un vrai bazar, ai-je lâché. Et ça ne s'arrange pas? D'abord, mes parents divorcent et on s'installe ici. Maintenant, je me bagarre avec mes soeurs et je ne reconnais même plus ma famille. Même moi, je ne me reconnais pas. Et ( j'ai inspiré un bon coup )tu m'as vraiment blessée.
- Quoi ? Quand ça ?
- A la fête ! me suis-je écriée, au bord des larmes.
Mariah t'a demandé si tu voudrais sortir avec moi et t'as dit : " Elle ? Y a pas de risque. " Comme si j'étais... une merde sous ta semelle.
Henry a eu l''air pétrifié.
- T'étais là ?
- Faut croire !
- Mais je ne t'ai même pas vue...
- Et alors ? Si je ne suis pas là, ça ne compte pas ?
Il a fait prudemment un pas en avant, et moi, un en arrière. S'il approchait, ma tête risquait de disparaître d'un coup.
- May, m'a-t-il dit lentement, tu crois vraiment que j'allais dire la vérité à Mariah ? Sérieusement, à Mariah ?
- T'aurais pu invoquer la clause du secret professionnel, ai-je répondu en reniflant. Comme les journalistes dans les enquêtes.
- Bon, d'accord, a-t-il admis. Il y a des tas de trucs que j'aurai pu faire. Mais elle m'a pris de court. Et il y avait tous ses amis débiles, et je ne voulais pas qu'elle...
- Tu ne voulais pas que quoi ?
- Qu'elle sache que je t'aime beaucoup.
Là, il m'avait scotchée.
- Quoi ?
Je me suis rendue compte que j'avais le visage en larmes que j'ai entrepris des les essuyer sur la manche de mon sweat, comme un gros bébé.
Henry a inspiré à fond.
- T'es marrante et tu te fiches de ce que pensent les autres et tu suis ton chemin à toi. T'es un peu tout ce que Mariah voudrait être, sauf qu'elle s'y prend à l'envers.
- Attends, attends. Machine arrière. Tu m'aimes bien ?
- Heu, ouais. T'as quelque chose contre ?
Il se peut qu'il ait rougi légèrement. Difficile à dire, avec tous ces gyrophares.
-Ah bon? On en était où? Rappelle-moi.
Je me suis redressée pour glisser les bras autour de son cou en levant mon visage vers le sien.
-Ici. Ça te dit quelque chose?
-Mmm. Presque. Peut-être un peu plus près?
J'ai souri et nos lèvres se sont enfin touchées.
Je ne t'offrirai jamais de rose,... Toi tu es une fille à tulipes rouges.
J'ai mal.
Ma peau brûle là où il m'a touchée.
Mes lèvres saignent au souvenir de son baiser.
J'ai mal.
Mes rêves se sont brisés en des milliers d'éclat, chacun d'eux aussi coupant qu'une lame de rasoir.
J'ai mal.
Sa main s'est posée sur moi, je me suis ouverte dans un frisson de joie. J'ai eu soif de sa bouche. Mon corps entier s'est tendu vers lui, irrésistiblement entrainé par une vague avide.
Tout à basculé.
Violence.
Rires mauvais.
Trahison.
Je l'aimais.
Je l'aimais et pourquoi ai-je tant de mal a conjuguer ce verbe à l'imparfait ?
— Je suis très en colère après toi, Elena.
— Et à part ça, quoi de neuf ? fit-elle remarquer, sarcastique.
Mais elle s'aperçut alors qu'elle était en train de caresser l'arc de l'aile de Raphaël.
—Je suis immortel et tu as essayé de sauver ma vie en mettant la tienne en danger.
— Stupide, hein ?
S'inclinant plus près de lui, elle frotta son nez au sien. Un contact accen-tué, pensa-t-elle stupidement, c'est comme cela qu'on appelle les petits gestes que des amants ont l'un pour l'autre et qui appartiennent à leur propre langage secret Le leur, à Raphaël et à elle, s'ébauchait à peine, mais il contenait une promesse si crue, si riche que son cœur se serra dans sa poitrine, presque effrayé par la folie qui s'y exprimait.
— Je ne pouvais pas te laisser être blessé. Tu m'appartiens.
Une déclaration si arrogante à faire à un Archange. Il ferma les yeux, laissant tomber son front contre celui de la jeune femme.
— Tu seras ma perte, Elena.
Elle sourit.
— Tu as besoin d'un peu d’excitation dans cette vie vieille et ennuyeuse qui est la tienne.
Les yeux de l'Archange s'ouvrirent, aveuglants dans leur intensité.
— Oui. C'est pourquoi tu ne mourras pas. Je m'en suis assuré, Elle était à moitié convaincue d'avoir inventé les ailes. Mais le beau balayage de minuit n'avait pas disparu lorsqu'elle vérifia du coin de l'œil.
— Comment as-tu réussi à me fixer dans le dos des prothèses ailées en...
(Elle marqua un temps d'arrêt.) OK, pas de douleur dans les blessures, donc, disons... Quoi, il s'est écoulé une semaine ? Non, plus. (Elle fronça les sourcils, essayant de rassembler des morceaux épars de souvenirs.) Mes os étaient cassés... dans mon dos ?
L'Archange sourit de nouveau, son front toujours uni à celui d'Elena, ses ailes déployées en arc afin de leur offrir l'ombre de leur propre monde intime.
— Les ailes ne sont pas des prothèses et tu as dormi un an.
Elena déglutit. Cilla. Essaya de reprendre son souffle.
—Les anges Transforment des vampires, pas d'autres anges.
— Il y a, comment dire, une faille.
— Faille ? Elle doit ressembler à une caverne géante si j'ai dés ailes.
Elle s'agrippait à lui, la seule chose solide dans un univers mouvant.
—Non, c'est le plus fin des trous, à peine de la taille de celui que laisse une piqûre. Tu es le premier ange à avoir été Transformé depuis que je suis en vie.
—Quelle veinarde je suis, chuchota-t-elle, passant ses doigts le long de la nuque de Raphaël et se désaltérant à son soupir de plaisi
Ce moment semblait hors du temps. Là, maintenant, elle était une femme, tout simplement, et il était un homme, tout simplement. Mais il en était de ce moment comme des autres, il devait passer.
— Qu'est-ce que cela requiert ?
— Rien que nous n'ayons jamais été capables de manipuler, bien que les anges aient essayé depuis des millénaires. (Ces yeux incroyables, surnatu-rels, la retenaient prisonnière.) La seule et unique occasion lors de laquelle un Archange peut Transformer un autre ange est quand son corps produit une substance connue sous le nom d'ambroisie.
Les souvenirs défilaient comme des instantanés - la chaleur fondante, do-rée, de son baiser, la douceur délicate, l'abondante sensualité, le goût qui était en même temps une sensation erotique et une caresse murmurée.
— La nourriture mythique des dieux ?
— Chaque mythe contient une part de vérité.
Elena ne put s'empêcher de l'embrasser de nouveau. Et son goût se précipita en elle comme une vague tumultueuse. Ce fut lui qui mit fin à leur étreinte.
Tu étais très grièvement blessée, Elena.
Les courbatures qui la traversaient étaient l'héritage de cette vérité. Cela ne voulait pas dire qu'elle devait l'apprécier.
— Parle-moi de l'ambroisie, alors.
Une demande formulée d'un ton grognon.
— L'ambroisie, dit-il contre sa bouche est produite instinctivement à un seul moment de la vie d'un Archange.
Images de ses ailes déchiquetées, la brûlure vivante du Feu d'Ange.
— Lorsqu'il est proche de la mort ?
Elle toucha, vérifia, explora, se convainquant elle-même qu'il était bien vivant.
— Nous nous sommes tous trouvés proches de la mort au moins une fois.
(Il secoua la tête.) Personne n'a alors été capable de mettre le doigt sur la gâchette.
—Mais...
—Mais, selon la légende, l'ambroisie ne se réveille que lorsque...
Elle retint son souffle.
— L'amour d'un Archange est véritable.
[ ... ]
- Je ne peux te juger, Tristan, encore moins te condamner, reprit-elle d'une voix plus assurée bien qu'empreint de fatigue. J'ai si souvent rêvé à l'Amour. Avec un grand A comme Absolu. Et maintenant qu'il s'est installé en moi, niché dans chacun de mes gestes, chacune de mes pensées, maintenant que je peux sortir de mes livres, vivre mes poèmes et non plus seulement les écrire, je n'ai plus qu'à le laisser se consumer, à attendre qu'il s'éteigne, si jamais il s'éteint...
[ ... ]
- Je suis Tristan, chuchota-t-il, mais tu n'es pas Iseut. Tu es Clélia, mais je ne suis pas Fabrice. J'habite la tour B2 dans la rue de Vienne, pas dans un château ou un livre de poésie. Je suis moi, Clélia. Tu m'as transformé, tu as illuminé ma vie, mais je reste moi. Je t'aime à en mourir, je souhaiterais, au-delà de mes rêves les plus fous, que rien ne soit arrivé ce matin, pourtant je suis moi et je ne peux rien y changer, juste me battre pour progresser. Je comprends que tu ne veuilles plus de moi, je l'accepte, même si j'ai l'impression que mon cœur est devenu un glaçon, même si j'ai mal comme jamais je n'aurais cru pourvoir avoir mal. Tu veux m'oublier, je ne peux que m’effacer. Devenir invisible pour que tu guérisses. Tu m'as tant offert, Clélia, tout était si beau, il aurait juste fallu...
Il prit une longue inspiration, poursuivit dans un souffle :
- Ce que je voudrais avoir la force de te dire... Ce qu'il faudrait comprendre... Clélia. Si un jour tu aime à nouveau, essaie que ce soit d'un garçon que tu t'éprennes, pas d'une idée.
Épuisé, il se tut. Son cœur battait la chamade.
Douloureux.
Moribond.
Les mots qu'il venait de prononcer étaient comme du sang jaillissant à gros bouillons d'une blessure mortelle. Il se mit à haleter, ferma les yeux, priant pour que, quand il les ouvrirait, elle ne soit plus là, qu'elle lui épargne la vision de son dos, de ses pas l'emportant loin de lui. Inexorablement.
Un souffle sur ses lèvres fit rater un battement à l'horloge folle dans sa poitrine.
Un bruissement d'herbes.
Une caresses sur sa joue.
Il ouvrit les yeux.
Une larme humecta sa bouche juste avant que celle de Clélia ne s'y pose, douce, chaude.
Aimante.
Il referma ses bras sur elle.
Son cœur était oiseau.
Il s'envolèrent.