2015
- Si nous pouvions juste être sur terre au même endroit et au même moment que tous les gens que nous avons aimés, si nous pouvions naître ensemble et mourir ensemble, tout serait si simple. Et ça ne l'est pas. Mais écoutez : vous êtes toutes les deux sur cette planète en même temps. Vous êtes au même endroit maintenant. C'est un miracle. C'est tout ce que je veux dire.
Claire était derrière elle, alors Fiona ne voyait pas son visage, mais percevait son énergie - elle en avait eu tellement l'habitude, et tout lui revenait. Au moins, elle sentait que Claire n'était pas agacée, ne roulait pas des yeux en se demandant qui était ce connard avec son bla-bla de développement personnel. Fiona, pour sa part, était reconnaissante. Elle ne se souvenait pas de Julian comme de quelqu'un de particulièrement fin, mais à l'époque, elle non plus n'était pas particulièrement fine.
Trente années pouvaient changer beaucoup de choses.

2015
- C'est la différence entre optimisme et naïveté, déclara Cecily. Personne dans cette pièce n'est naïf. Les gens naïfs n'ont pas encore connu de véritables difficultés, alors ils pensent que cela ne pourra jamais leur arriver. Les optimistes ont déjà traversé des épreuves. Et nous continuons à nous lever le matin, parce que nous croyons pouvoir empêcher que cela se produise à nouveau. Ou alors nous nous forçons à y croire.

Le dernier drôle d'oiseau invité a fini dans un refuge français après une blague de trop. Resté seul à la maison, le perroquet s'était mis à communiquer avec Siri, l'assistante vocale connectée d'Apple. Chaque soir, son compagnon humain devait annuler toutes les commandes passées dans la journée : un brocoli, un fer à repasser, un ballon, l'intégrale de Johnny...

Petit arrêt sur image. Le nombre de points noirs sur la coccinelle n'a rien a voir avec son âge. Pas plus que lorsqu'un enfant pose une fleur de bouton d'or sur le menton d'un camarade pour savoir s'il aime le beurre. Les croyances populaires ont la vie dure.

A Fontcaude-Juvignac, dans l'Hérault, le golf pose à grand frais une clôture robuste sur le périmètre de ses 80 hectares. Quinze sangliers retournaient chaque nuit une centaine de mètres carrés. Leur jardinage a continué : son gang passe par le parking, sous les caméras de surveillance infrarouges.
Pas con le cochon.

- Et le hamac, Sonia. Le hamac sous la véranda de Maraponga. On écrit faute de mieux, le mieux c'est le hamac. Le hamac a dû être imaginé par un sage contre la tentation de devenir. Même l'espèce renonce à s'y reproduire. Il vous inspire tous les projets imaginables et vous dispense d'en accomplir aucun. Dans mon hamac j'étais le romancier le plus fécond et le plus improductif du monde. C'était un rectangle de temps suspendu dans le ciel.

[...] tout le monde sait qu'il faut décapiter les tortues pour qu'elles soient bonnes à manger. Laissez-moi faire, dit le majordome. Il prend la tortue, lui fourre un doigt dans le cul, la tortue sort une tête scandalisée, que le majordome coupe aussitôt. Admiration des cuistots : ça alors, où as-tu appris un truc pareil ? Réponse du majordome : Comment croyez-vous que je mets ses cravates au président ?
- Délicat.
- N'est-ce pas ?

Voilà. Honte sur ma tête ! Marie-Colbert, veuillez m'excuser, et Thérèse, ô ma Thérèse, me pardonner. Alléluia, allez en paix, que Dieu vous bénisse et que je me mange la langue. Ça me fait bien chier, mais je ne m'oppose plus à votre union.

- Une dernière chose, Benjamin.
La dernière, alors, hein !
Et Marie-Colbert de Roberval, le conseiller référendaire de première classe, mon futur beauf, m'a servi la der des ders en réclamant l'addition :
- Ne le prenez pas mal, mais je préférerais que vous n'assistiez pas à notre mariage. Ni vous, ni aucun membre de votre famille.

L'hôpital dormait. Je venais d'écrire la structure de ce que vous venez de lire, et je calculais ma proportion de vérité, plus ou moins 10 %.

D'un bref mouvement de la main, Bayang demanda à Harry de lui donner son bâton. Il prit ensuite son parang puis, avec des gestes vifs et précis, il tailla le morceau de bois en pointe pour le transformer en lance.
Il le rendit alors à Harry sans un mot.
Ainsi, il y avait des Kayans dans les environs.
Harry se demanda comment il régirait s'ils les attaquaient : allait-il être pris de panique et s'enfuir comme la dernière fois ? Son père disait souvent qu'on pouvait se montrer lâche au combat une fois dans sa vie, mais une fois seulement.

En simulant la mort, l'animal avait attiré les fourmis avides de se repaître de son cadavre, puis les avait emprisonnées dans ses écailles, s'assurant un repas copieux.
Harry comprit pourquoi la jungle lui semblait douée d'intelligence : elle était faite d'êtres et de choses qui étaient eux-mêmes intelligents. Il éprouva pour elle un nouveau et profond respect ; un respect qu'un fourmilier couvert d'écailles avait fait naître en lui.

Sur le chemin du retour, maman se demanda tout haut si elle pourrait encore, après une telle honte, se rendre à l'église avec moi...
Je pus enfin répondre comme Papa.
"Je ne le pense pas."

- On a déjà fait des trucs bien plus fous, non ? dit-elle à mi-voix. Qu'est-ce qu'on risque après tout ?
Au regard que Gus et Tugdual échangèrent, elle comprit qu'ils pensaient la même chose.
- Oh ! Trois fois rien, tu as raison... ronchonna Gus, les yeux braqués sur le ventre saillant.
Il ne lui laissa pas le temps de riposter :
- Oui, je sais, tu es enceinte, pas malade. Et puis tu n'en feras qu'à ta tête. Ou je devrais plutôt dire, on n'en fera qu'à ta tête.

"This is far better than Cold-hearted bastard or I heard he killed someone with a table leg."
"You did kill someone with a table leg."
Rowan's smirk grew.
"And you are a cold-hearted bastard," she threw in.
Rowan snorted. "I never said those wispers were lies."

Yrene smiled all the same as she bowed her head – just before Aelin slammed the door in the Lord of Anielle's face.
Chaol turned to his father, any hint of amusement expertly hidden. "Well, you saw her."

Ses camarades disaient de lui : "C'est un malin, c'est un roublard, c'est un débrouillard qui saura se tirer d'affaires." Et il s'était promis en effet d'être un malin, un roublard et un débrouillard.

La vie est courte, dit-on.
Question de point de vue, à mon avis. Certaines sont courtes, d'autres longues et d'autres moyennement longues.
D'ailleurs, il m'en reste encore treize et demie.

Tandis que le cheval donne l'impression de se mouvoir sur un air de musique classique, le Chamadaire, lui, semble avancer au rythme d'un tambour battu par un ivrogne. Il place ses pattes de façon tout à fait aléatoire, avançant tantôt une patte avant, tantôt une patte arrière, si bien qu'il se fait sans cesse des croche-pieds à lui-même. Il vacille vers la droite, titube vers la gauche, tombe à genoux, se redresse...
S'il m'est arrivé une fois dans ma vie d'éprouver quelque chose comme le mal de mer, ce n'était pas à bord d'un navire sur un océan quelconque, mais bien au beau milieu du désert à dos de Chamadaire.

Les deux vagues finirent par voguer jusqu'à mon radeau et se mirent à bafouiller.
- Bon, il faut dire que..., dit l'une.
- La loi de l'Océan, et cætera, et cætera..., fit l'autre en reniflant.
Puis toutes les deux éclatèrent en sanglots.
Après s'être reprises, elles m'exposèrent la situation : cela faisait déjà plusieurs jours qu'un courant violent agitait la mer, et les Commères des Mers savaient qu'elles devaient suivre ce courant. Quand les vagues restent trop longtemps au même endroit, elles s'évaporent. C'est pourquoi elles sont condamnées à parcourir inlassablement les océans.
- Merci pour tout ! dis-je à présent que je pouvais parler.
- Ah, ce n'est rien du tout ! répondit l'une des vagues, qui luttait contre les larmes.
- C'est bien la première fois de ma vie que je ne sais pas quoi dire !
- Nous avons encore quelque chose pour toi, dit l'autre vague.

Spoiler(cliquez pour révéler)

- Un nom ![/spoiler]
[spoiler]- Exactement, fit l'une des vagues, nous allons t'appeler Ours Bleu.[/spoiler]
[spoiler]Cela prouvait que les Commères des Mers n'avaient pas une imagination très développée, mais tout de même. Je n'avais encore jamais eu de nom.

"J'ai le béguin pour Eisspin. Voilà, j'ai lâché le mot !"
Echo s'assit sur son arrière-train. Il avait l'impression qu'on lui avait coupé les jambes.
"Ce n'est pas vrai ! Tu te payes ma tête, dit-il dans un gémissement.
- Je fais quoi ?

Spoiler(cliquez pour révéler)

s'écria Izanuela. Je suis amoureuse du vieil hibou. L'amour est aveugle ! Heu ! Je n'y peux rien. Le coup de foudre. Il est entré, a maudit ma bibliothèque, a augmenté l'impôt sur les prophéties de deux cents pour cent et m'a condamnée à une semaine de cachot parce que la caisse de ma boutique n'était pas à distance légale de mon trébuchet. C'est comme ça. Il m'a mis la tête à l'envers."

Comme Echo mordait avec délicatesse dans la quenelle odoriférante, il se passa quelque chose de vraiment stupéfiant.
[...]
"Pendant quelques instants, tu as été un poisson, pas vrai ? demanda Eisspin sans attendre la réponse. Pas n'importe quel poisson - tu as été un saumon ! Tu as senti l'eau dans tes ouïes, n'est-ce pas ? Bien que tu n'en aies pas.
- En effet, répondit Echo, toujours aussi éberlué. J'étais un poisson , tout ce qu'il y a de plus poisson. J'ai respiré de l'eau."
Il voulu avec sa patte se débarrasser d'une goutte d'eau restée dans son oreille droite, mais cette dernière était aussi sèche que le reste de son pelage.
"C'est donc que j'ai bien suivi la recette. Elle me vient du plus grand cuisinier salmoniphile des Grandes-Eaux.

Je m'fiche de ce qu'à dit Mémé, y a toujours un moyen. Comme le héros de Tsort ou de j'sais pas où, qu'était invulnérable sauf au talon, et quelqu'un lui a planté une lance dedans et l'a tué...
- Qu'est-ce que vous voulez qu'elle fasse, qu'elle le tâte partout ?
- J'ai jamais rien compris à cette histoire, n'importe comment. J'veux dire, si moi j'savais que j'ai un talon où on pourrait m'tuer d'un coup d'lance, j'irais à la bataille avec de grosses godasses...

Les gnomes calculent leur âge grâce à l'arbre, qui, grandissant avec eux, provient d'un gland planté le jour de leur naissance.
[...]
Chaque année, à l'équinoxe d'été, les gnomes vont voir leur arbre de naissance et y tracent un signe distinctif. Parfois même ils habitent dessous. De cette manière, s'ils venaient à en douter, ils pourraient, à tout moment, retrouver leur âge exact.

Ils se moquent de la superstition des hommes :
"Qui a planté l'Arbre, ne le verra jamais grand"

"A mon grand étonnement, j'ai appris que certaines personnes n'ont jamais vu de gnomes. Je ne puis m'empêcher de les plaindre, car je suis certain que leur vue est déficiente."

Axel Munthe

Lou-tsé, quand ils le retrouvèrent, regardait tranquillement un mammouth gigantesque au-dessus de lui. Sous l'immense front poilu, les yeux du pachyderme louchait sous l'effort qu'il déployait à la fois pour voir le moine et battre le rappel de ses trois neurones avant de décider s'il devait le piétiner ou l'arracher du paysage gelé. Un neurone optait pour "arracher", un autre préférait "piétiner", mais le troisième était parti faire un tour et ne pensait qu'au sexe.