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Résumé
«Tout, dans cette œuvre, est souvenir. Habitée, soulevée par une véritable folie, un véritable raz de souvenir, comme on parle d'un raz de marée. Fargue est cet homme à la mémoire inflexible, grouillante, proliférante, qui n'a rien oublié jamais de ce qu'il a une fois vécu, mais même de la plus mince sensation une fois éprouvée, celui-là même qui rêvera un jour d'une étrange machine à conserver du passé les minutes apparemment les plus dépourvues, les gestes machinaux, les pensées et les impressions les plus banales ou les plus anodines ; mais, cette machine, il n'a pas besoin d'elle ; elle est en lui, elle est lui-même ; et même quand il semble dériver ailleurs, dans une de ces houles puissantes et concertées de l'imaginaire où, de plus en plus, il se complaira, avec une délectation un peu trop appuyée, un peu trop évidente parfois, et où l'on ne sait trop si c'est l'imaginaire qui entraîne le déferlement toujours plus déchaîné du verbe ou la prolifération monstrueuse du verbe, le déferlement de l'imaginaire, – visitation préhistorique, enivrement d'une évocation entomologique suscitée ou choisie tout autant pour l'aspect, la rareté, la saveur des vocables, souvent réels, parfois inventés, que pour l'image des insectes à demi fabuleux ou incongrus que ces vocables font surgir, – de nouveau se font jour les lames de fond du souvenir, de nouveau elles gauchissent ou font brusquement tourner court le long délire cultivé et peut-être un instant entrevu comme sauveur.»
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