Hearts of the Fallen, tome 0.6 : La Séduction de la nuit

— Vous êtes vraiment un homme étrange, reprit soudain Vivi. Même pour un vampire, je veux dire.

— Vous acceptez, alors ?

Avec un soupir, elle se frotta les cuisses en regardant autour d’elle, comme si elle cherchait conseil dans la douceur de la nuit de Floride. Enfin, elle se tourna vers lui.

— Une soirée ? Enfin, un rendez-vous ou ce que vous voulez. Un seul. Et vous ne jouerez pas les pots de colle, d’accord ?

Il acquiesça, bien qu’il ait déjà la ferme intention de la voir plus d’une fois cette semaine. Il lui faudrait juste trouver une stratégie. Pour la première fois depuis des siècles, il avait rencontré une femme qui le fascinait et éveillait sa curiosité. Chaque fois qu’elle parlait, il se demandait si ce bouton de rose qui lui servait de bouche était aussi doux à goûter qu’à regarder, si sa langue était aussi agile pour les baisers qu’elle l’était pour les paroles. Il était prêt à parier que oui.

— Quand voulez-vous faire ça ? demanda-t-elle. Je suis encore ici pour six jours.

— Tout comme moi. Une heureuse coïncidence.

— Hmm.

Il la mettait de toute évidence mal à l’aise, mais elle n’avait pas peur de lui. C’était plutôt bon signe. Cela dit, il se doutait que ce n’était pas ce que Dru avait eu en tête, lorsqu’elle avait insisté pour qu’il se trouve une copine. Il ne se faisait aucune illusion : ce n’était qu’une diversion temporaire.

— Demain soir, suggéra-t-il. Je viendrai vous chercher au coucher du soleil. Cela vous convient-il ?

— Convenir, le terme est un peu fort, répondit-elle avec un drôle de petit sourire. Disons que… c’est jouable, si vous insistez vraiment. Je suis à l’hôtel des Palmiers. Chambre 624. Si vous tentez de forcer ma porte pour jouer à Dracula, je vous jure que je n’hésiterai pas à me servir de mon pieu. Roi des vampires ou pas.

Justin retint un sourire. Sans doute était-ce parce qu’il était resté célibataire trop longtemps : qui d’autre aurait trouvé amusant de se faire menacer de mort par une femme ?

— Voilà qui tombe bien. Je suis à l’hôtel des Palmiers, moi aussi. Suite royale.

— Evidemment, soupira Vivi avec une pointe d’agacement. D’accord, Votre Altesse. Je vous attendrai dans le hall un peu après le coucher du soleil. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’on ne devrait pas s’ennuyer.

— Je n’en doute pas une seconde.

Suivant son impulsion, et aussi parce qu’il sentait que cela la déstabiliserait, il lui fit un baisemain. Elle avait la peau douce. Une faim, de nature variée, lui noua le ventre. Il sentit ses canines s’allonger malgré lui.

— J’ai hâte de vous revoir.

Il se redressa et s’éloigna rapidement avant qu’elle ne puisse changer d’avis. Il savait déjà qu’il ne penserait qu’à elle jusqu’au lever du soleil. Pour la première fois depuis une éternité, cette perspective l’emplissait de bonheur.