Commentaires de livres faits par la_plume_trempee_dans_l_encre_de_la_vie
Extraits de livres par la_plume_trempee_dans_l_encre_de_la_vie
Commentaires de livres appréciés par la_plume_trempee_dans_l_encre_de_la_vie
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(chapitre 1)
Dᴇꜱᴇʀᴛ ʙᴀʟᴏᴜᴛᴄʜ
La nuit était bleue, le désert noir parfaitement silencieux, et nous, assis au bord de la piste, lorsqu'un camion venu d'Iran s'arrêta à notre hauteur. Salutations, causette. Un des hommes qui voyageait sur les sacs dégringola à notre rencontre, serrant contre lui une valise de fibre. Il l'ouvrit et nous tendit à chacun un paquet de cigarettes Ghorband, minces, une pâle inscription persane près du bout, un goût fin, un peu âpre avec un petit bouquet distingué de deuil, d'usure et d'oubli, comme la Perse.
À deux jours de la frontière nous y repensions tendrement ; on la voyait, la Perse, comme un large espace nocturne avec des bleus très doux, compatissants. Déjà, nous lui rendions justice.
« Vlixes. — Simulata remoue uerba ; non facile est tibi
decipere Vlixem : [...] ubi natus est?
Andromacha. — Vbi Hector? Vbi cuncti Phryges?
Vbi Priamus? Vnum quaeris : ego quaero omnia. » (v.568-72)
FRANCAIS
« Ulysse. — Ne feins plus. Tu n'es pas femme à duper Ulysse. [...]
Où est ton fils ?
Andromaque. — Où est Hector ? Et les Phrygiens ?
Où est Priam ? Tu n'en veux qu'un, je les veux tous ! »
(trad. Olivier Sers)
— Les formules modalisantes (notamment, celles qui s'appuient sur les modalités du « vouloir » et du « devoir ») renvoient au vocabulaire du désir et de la loi et, donc, à des notions comme celles de « souhaitable », de « licite » et d'« interdit ».
Dans le premier chapitre de Moderato Cantabile de Duras, le texte évoque une leçon de piano mettant aux prises trois personnages qui incarnent, chacun, des valeurs différentes : Mlle Giraud, le professeur de piano, l'enfant qui prend la leçon et Anne Desbaresdes, sa mère. Le repérage des modalités renseigne assez précisément sur le système de valeurs de chacun des participants. Le discours de Mlle Giraud se confond ainsi avec la modalité déontique qui campe le personnage en emblème de l'ordre et de la règle : « Il faut qu'il obéisse », dit-elle à propos de l'enfant qui refuse de jouer. La mère, bien que plus compréhensive, a également recours au discours du devoir. Elle témoigne par là de son aliénation à une norme sociale qu'elle a intériorisée au prix d'un étouffement de ses aspirations à l'imaginaire : « Il faut apprendre le piano, il le faut », répète-t-elle frénétiquement à son enfant. Ce dernier, à travers le primat qu'il accorde à la modalité volitive, est le seul à privilégier le désir sur le respect de la norme : « L'enfant ne jugea pas bon de répondre », « Le bruit de la mer dans le silence de son obstination se fit entendre de nouveau. »
Les modalisations font ainsi de l'enfant l'emblème du désir, de Mlle Giraud celui de la pression sociale et d'Anne Desbaresdes celui de l'aliénation.
(p.46)
Cette histoire sans faille et bien huilée d'une colonisation omniprésente et d'un empire omnipotent a été remise en question ces trente dernières années [...]. Ces travaux, aussi attentifs aux pratiques des populations locales qu'aux discours des colonisateurs, ont revisité les principaux lieux communs de l'historiographie des empires.
in Introduction, P. Singaravélou
Sion ne sera plus. Une flamme cruelle
Détruira tous ses ornements.
Une autre voix
Dieu protège Sion. Elle a pour fondements
Sa parole éternelle.
La première
Je vois tout son éclat disparaître à mes yeux.
La seconde
Je vois de toutes parts sa clarté répandue.
La première
Dans un gouffre profond Sion est descendue.
La seconde
Sion a son front dans les cieux
La première
Quel triste abaissement !
La seconde
Quelle immortelle gloire !
La première
Que de cris de douleur !
La seconde
Que de chants de victoire !
___
Acte III, scène 8 — v.1216-1225
Introduction
Introduction
I. Anima, l'arche d'Artémis (maîtresse des objets)
II. Le Pôle, l'arche de Farouk (maître des esprits)
III. Totem, l'arche de Vénus (maîtresse des animaux)
IV. Cyclope, l'arche d'Ouranos (maître du magnétisme)
V. Flore, l'arche de Belisama (maîtresse de la végétalité)
VI. Plombor, l'arche de Midas (maître de la transmutation)
VII. Pharos, l'arche d'Horus (maître du charme)
VIII. La Sérénissime, l'arche de Fama (maîtresse de la divination)
IX. Héliopolis, l'arche de Lucifer (maître de la foudre)
X. Babel, l'arche des jumeaux Pollux et Hélène (maîtres des sens)
XI. Le Désert, l'arche de Djinn (maître du thermalisme)
XII. Le Tartare, l'arche de Gaia (maîtresse du tellurisme)
XIII. Zéphyr, l'arche d'Olympe (maître des vents)
XIV. Titan, l'arche de Yin (maîtresse de la masse)
XV. Corpolis, l'arche de Zeus (maître de la métamorphose)
XVI. Sidh, l'arche de Perséphone (maîtresse de la température)
XVII. Séléné, l'arche de Morphée (maître de l'onirisme)
XVIII. Vespéral, l'arche de Viracocha (maître de la fantomisation)
XIX. Al-Ondalouze, l'arche de Rê (maître de l'empathie)
XX. L'étoile, l'arche neutre (siège des institutions interfamiliales)
*Arc-en-Terre, l'arche de Janus (maître de l'espace), ne figure pas sur le plan car son emplacement est inconnu.
[case 2] Le lit de mon enfance, l'odeur des aubépines, les poireaux, la campagne à Combray, les yeux de maman, les romans que j'aimais, les Swann, les Guermantes et mémé, Albertine, son amour, ma jalousie, sa disparition, la guerre...
[case 3] Faudrait que je devienne écrivain pour raconter tout ça.
[case 4] Et puis je ferai des phrases bien longues aussi.
[case 5] C'était À la recherche du temps perdu de Marcel Proust*
*avec des canards
[Note du scénariste sur le Mausolée d'Halicarnasse]
Vierge! astre de la mer ! Vierge! espoir du martyre !
Aidez-moi ! —
(S'interrompant.)
Cette lettre !
(Se tournant à demi vers la table.)
Elle est là qui m’attire.
(S’agenouillant de nouveau.)
Je ne veux plus la lire ! — O reine de douceur !
Vous qu’à tout affligé Jésus donne pour sœur !
Venez, je vous appelle ! —
(Elle se lève, fait quelques pas vers la table, puis s’arrête, puis enfin se précipite sur la lettre, comme cédant à une attraction irrésistible.)
Oui, je vais la relire
Une dernière fois ! Après, je la déchire !
(Avec un sourire triste.)
Hélas ! Depuis un mois je dis toujours cela.
(Elle déplie la lettre résolument et lit.)
« Madame, sous vos pieds, dans l’ombre, un homme est là
« Qui vous aime, perdu dans la nuit qui le voile ;
« Qui souffre, ver de terre amoureux d’une étoile ;
« Qui pour vous donnera son âme, s’il le faut ;
« Et qui se meurt en bas quand vous brillez en haut. »
(Elle pose la lettre sur la table.)
Quand l’âme a soif, il faut qu’elle se désaltère,
Fût-ce dans du poison !
(Elle remet la lettre et la dentelle dans sa poitrine.)
Je n’ai rien sur la Terre.
Mais enfin il faut bien que j’aime quelqu’un, moi !
Oh ! s’il avait voulu, j’aurais aimé le roi.
Mais il me laisse aussi, — seule, — d’amour privée.
PHILIPPE. Toutes les maladies se guérissent ; et le vice est une maladie aussi.
LORENZO. Il est trop tard. Je me suis fait à mon métier. Le vice a été pour moi un vêtement ; maintenant il est collé à ma peau.
Acte III, scène 3
— INCENDIE DE SARWANE. 38. Lettre aux jumeaux
Au notaire Hermile Lebel.
Notaire et ami,
Emmenez les jumeaux
Enterrez-moi toute nue
Enterrez-moi sans cercueil
Sans habit, sans écorce
Sans prière
Et le visage tourné vers le sol.
Déposez-moi au fond d’un trou,
Face première contre le monde.
En guise d’adieu,
Vous lancerez sur moi
Chacun
Un seau d’eau fraîche.
Puis vous jetterez la terre et scellerez ma tombe.
Pierre et épitaphe.
Au notaire Hermile Lebel.
Notaire et ami,
Aucune pierre ne sera posée sur ma tombe
Et mon nom gravé nulle part.
Pas d’épitaphe pour ceux qui gardent le silence.
Et le silence fut gardé.
Pas de pierre
Pas de nom sur la pierre
Pas d’épitaphe pour un nom absent sur une pierre absente.
Pas de nom.
— INCENDIE DE NAWAL. 2. Dernières volontés
— Je ne sais pas. À la météo, ils disent que c'est partout pareil sur toute la planète, du jamais vu. [...]
— Tu te souviens de quand ça a commencé ?
— Quoi ?
— ... La pluie.
— Je... Juste après votre arrivée. Deux semaines pile-poil après ce qui s'est passé à Détroit.
Suite de citations, les dialogues inclus dans un texte seront ouverts et clos par des guillemets. Les changements d'interlocuteurs seront marqués par des moins (tirets)
Plusieurs dispositions peuvent être utilisées :
1. Le cas le plus fréquent consiste à faire débuter en alinéa le dialogue annoncé par un guillemet ouvrant, puis à renvoyer en alinéa chaque repartie, précédée d'un moins. [...] Si la longueur d'une même repartie nécessite plusieurs alinéas, chacun de ceux suivant le premier débutera par un guillemet ouvrant.
...
— J'ai besoin de ton aide, Dédale... J'ai absolument besoin de toi !
— Icare ! Laisse-nous.
» Je t'écoute.
— La situation est... délicate. Tu dois me promettre que tout cela restera entre nous.
— Tu as ma parole, je te le jure sur le Styx.
— Voilà des semaines que ça dure... Je... Je ne comprends pas. J'ai tout fait pour essayer de résister, mais rien n'y fait. Je n'en peux plus ! C'est plus fort que moi, je l'aime ! Je veux m'unir au taureau sacré de Poséidon. Et tu vas trouver un moyen pour que j'arrive à mes fins.
in "Les cas, ou une anarchie ordonnée de mots".
En plus des mêmes nombres que nos langues, servant à compter les choses et donc à mesurer la vie, le singulier je et le pluriel nous, le grec ancien possédait un troisième nombre, le duel : nous deux. Deux yeux, τὼ ὄμματε, deux mains, τὼ χεῖρε, deux frères, τὼ ἀδελφῶ, deux chevaux, τὼ ἵππω. Et surtout, deux personnes, τὼ ἀνθρώπω.
Le duel n'exprimait pas une simple somme mathématique, un plus un égale deux. Pour les banals calculs de la vie quotidienne, il existait le pluriel, exactement comme aujourd'hui. Le duel exprimait en revanche une entité double, un plus un égale un formé de deux choses ou de deux personnes liées entre elles par une connexion intime. Le duel est le nombre du pacte, de l'accord, de l'entente. C'est le nombre du couple, par nature, ou de la mise en couple, par choix.
« Je, nous deux, nous. Le duel. », in "Trois genres, trois nombres".
De même que l'absence ne peut se penser que par rapport à la présence, le néant, pour nous qui sommes entourés d'être, ne peut se penser qu'à partir de l'être ; non comme un rien absolu, mais comme une cessation (la mort), un manque. La mort nous angoisse parce que notre être cessera (peut-être), mais, sauf les petits enfants, qui sont de remarquables métaphysiciens, à peu près personne ne se préoccupe d'avant sa naissance, quand il n'était vraiment rien.
IV. Les mots du langage universel
— Nulle boisson de ce monde ne rafraîchira plus désormais ce cœur sec ; se disait-il, laissant couler ses larmes jusqu'à ses lèvres pour en savourer l'amertume. Des vers chantent à son oreille lus il ne savait où, dont il ne savait pas se souvenir :
My heart aches; a drowsy numbness pains
My senses…
Il s'assoupit.
V. Lafcadio, VII
(chapitre 3)