Colonne

L'aube éveillée le fleuve.

Au-delà d'épaisses branches de hauts genêts et d'un tapis de fougères, elle s'engouffre à travers champ. Elle s'agenouille sur le talus et rampe jusqu'à la tranchée. C'est un trou creusé dans la terre, pas plus grand qu'un homme. Lève-t-elle la tête qu'elle se voit couverte par une rivière de trembles aux troncs nageoires.

L'air est doux. La lumière quoique faible est belle, dorée, légère. Une rafale de vent berce les frondaisons des arbres, un héron niché tout en haut s'envole et tournoie au-dessus de l'eau. On entend un bruit, comme si une ombre sortait de la nuit. Le temps se fige. La forêt toute entière résonne. La brume plus dense à mesure que le soleil traverse les futaies de peupliers cache tout, la plaine n'est plus alors qu'un nuage dodu avachi sur un bout de terre et il l'avale. Simone ne tremble pas, elle tient ferme son fusil.