Commentaires de livres faits par Haynee
Extraits de livres par Haynee
Commentaires de livres appréciés par Haynee
Extraits de livres appréciés par Haynee
— Comment peut-on avoir peur du ciel ? Ce n'est que le ciel. Il n'y a rien là-haut. Sauf de l'eau, pour l'instant, évidemment.
— C'est comme ça.
Je fermai les yeux et me raclai la gorge.
— Ce n'est rien, continuai-je. Juste que j'ai vu le ciel pour la première fois de ma vie quand j'ai quitté la ville. (Je secouai la tête.) Il est immense, vide, et il me fait peur.
— Le ciel n'est qu'un élément du monde. Parmi d'autres. Crois-moi, Syrli, le ciel est bien la dernière des choses dont tu devrais avoir peur.
Sans doute voulait-il me rassurer, mais sa voix calme déclencha un réaction que je sentais monter en moi depuis la première fois où nous nous étions parlé.
— Ecoute, peut-être que tu sais tout ce qu'il y a à savoir sur cet endroit, mais pas moi. Je n'avais jamais vu le Soleil avant de m'échapper. Alors arrête de me traiter comme une gamine !
Abdos.
Lèvres Écarlates.
Sinistre.
Ensuite, se matérialisant à travers le blanc laiteux, deux autres silhouettes viennent les rejoindre ; d'abord fantomatiques, elles finissent par devenir horriblement réelles.
Robe Fleurie.
Le Directeur.
Tous sont nus comme des vers, le corps enduit d'écran total tel un glaçage à la crème au beurre. Là où la pommade s'est dissipée des plaies béantes grêlent leur peau, des sortes de cratères d'un rouge luisant même dans le noir. La conséquence d'une journée entière passée dans une bibliothèque baignée de lumière solaire. Leurs yeux demeurent terrifiants, une colère froide paraît animer leurs globes oculaires, la haine crue qui se mêle au désir irrépressible qu'ils éprouvent pour mon sang.
— Vous faites peine à voir, je leur lance.
Je savais bien que cette histoire me fendrait le cœur.
— Le roller, le chant et les discussions avec les filles.
— Tu as oublié « espionner », ai-je rétorqué tandis qu'il m'aidait à sortir du lit. Je n'ai jamais de mal à deviner ta présence, quand tu traînes dans le coin.
— Tu ne m'en as demandé que trois.
-Est-ce que tu me ferais une place ? demande-t-il.
-Bien sûr. Comment va ta jambe ?
-Elle me fait mal. Mais si je ne marche pas trop dessus, elle guérira.
J'espérais qu'il disait vrai.
-Je t'avais dit que je t'aiderais à le retrouver, murmura-t-il.
-Merci. Sans toi je n'y serais jamais arrivée.
Et je n'exagérais pas. Ses talents d'éclaireur avaient fait toute la différence. Grâce à lui, nous étions retournés sur nos pas pour vérifier les alentours du lac. Moi, je n'y aurais pas pensé. J'étais Chasseuse, pas traqueuse.
-C'est la chose la plus difficile que j'ai eu à faire de ma vie, reprit-il.
-Suivre cette piste?
-Non, Trèfle. Te voir affronter le danger sans moi.
J'aurais dû lui demander de sortir de ma tente. Nous étions collés l'un à l'autre alors que Del était tour seul et complètement brisé. Mais j'avais souffert, moi aussi. C'est pourquoi je ne protestai pas lorsque Bandit mît son bras autour de moi.
-Trèfle! s'écria-t-il. Comment veux-tu que l'on survive en gardant ce rythme ?
Je pouffai et sanglotai en même temps:
-Tu es stupide ou quoi ? On ne va pas survire, quoi qu'il arrive !
Il y a le flux et le reflux. Les départs et les retours. Le vol et la chute.
Le chant et le silence.
Conquérante et conquise.
Je ne suis pas encore prête.
Mais... si ma vie sur Terre doit prendre fin, qu'elle se termine sur une promesse.
Sur une note d'espoirs.
J'enroule mon petit doigt autour du sien. Il l'enserre, et le monde ne me paraît plus aussi hostile.
-Tu resteras toujours avec moi? je murmure.
-Toujours.
[...]
Car qui sait ce qui peut arriver?
D'un air absent, il fait courir son doigt au-dessus du bouton marqué : EXÉCUTION.
─ Les chouettes. Durant la phase initiale, quand nous nous insérions en vous, nous nous sommes souvent servis de la mémoire-écran d'une chouette pour dissimuler notre intrusion à la mère enceinte.
Je chuchote :
─ Je déteste les oiseaux.
Vosh sourit.
─ Ce sont les animaux les plus utiles de cette planète. Il en existe de toutes sortes. Et la plupart sont considérés comme anodins. Ils sont si omniprésents qu'ils en deviennent quasiment invisibles. Vous savez qu'ils descendent des dinosaures ? Voilà une belle ironie à tout ça. Les dinosaures vous ont laissé la place, et maintenant, avec l'aide de leurs descendants, c'est vous qui allez libérer la place pour nous.
Je hurle, interrompant son sermon :
─ Personne ne m'a aidée ! J'ai fait ça toute seule !
─ Vraiment ? Dans ce cas comment se fait-il qu'à l'instant précis où vous tuiez le Dr Pam dans le hangar numéro un, deux de nos sentinelles étaient abattues, une autre éviscérée, et la quatrième jetée du haut de son mirador ?
─ Je l'ignore. Moi je suis venue chercher mon frère.
Son visage s'assombrit.
─ Il n'y a vraiment aucun espoir pour vous, vous savez. Tous vos rêves et vos... fantasmes de nous battre sont inutiles.
J'ouvre la bouche, et les mots sortent sans que je puisse les en empêcher.
─ Allez vous faire foutre !
Alors il appuie très fort sur le bouton, comme s'il détestait ce bouton, comme si ce bouton avait un visage, celui d'un cafard doté de sensations, et que son doigt soit la botte qui l'écrase.