Les Batailles de l'Astartes, Tome 11 : Le siège de Castellax

Obéissance. Travail. Fidélité.

Les trois mots, aux lettres hautes de dix mètres et martelées dans l’acier, s’étalaient sur le mur cyclopéen. Des traces de corrosion dégoulinaient de chaque lettre et coloraient le ferrobéton auquel elles étaient boulonnées. Au pied des murs, un étroit caniveau guidait l’eau sale dans des puits de drainage, où elle se mélangeait aux rejets des fourneaux pour donner ce ruisseau toxique qui serpentait au milieu du bourdonnement surchauffé des fonderies.

Yuxiang leva les yeux vers ces mots et ressentit leur poids écrasant, celui de leur malignité corrodée. À aucun endroit de la gigantesque usine il n’était possible d’échapper aux lettres de fer. Telles des divinités vigilantes, elles toisaient les esclaves enchaînés près des tapis convoyeurs, des presses pneumatiques, des énormes fours et des fosses en ébullition. Chaque fois que les gigantesques fournaises crachaient un jet de flammes par leurs ouvertures, les lettres reflétaient l’infernale lueur sur toute leur longueur.

Même sans le roulement des convoyeurs, le grondement des fournaises et les hurlements stridents des vapeurs qui s’échappaient des fours, il aurait été impossible d’ignorer le ricanement sourd vomi par les haut-parleurs répartis à travers tout le complexe. Une incessante litanie de voix sèches et sombres répétait le mantra accroché au mur de l’usine.

Obéissance. Travail. Fidélité.

Les esclaves du complexe industriel Secundus Minorus ne vivaient que par ces mots, qui avaient été vissés à même leur âme. Et très souvent, ils mouraient par eux.

Sur toute la surface de Castellax, des millions d’esclaves trimaient pour alimenter la machine de guerre de leurs oppresseurs. Heure après heure, jour après jour, sans prendre le moindre repos, ils aidaient à la propagation de la tyrannie et la destruction à travers la galaxie. Leur seule récompense était de rester en vie, mais pour des hommes comme Yuxiang, cela suffisait. Ils avaient bien vu ce qui arrivait à ceux qui défiaient les maîtres de Castellax.

Le travail s’était arrêté dans la section de Yuxiang. Les machines avaient parfois besoin de maintenance, mais un incident pouvait aussi couper l’alimentation. De tels événements étaient très appréciés des esclaves. Mais cet arrêt en particulier n’avait aucune raison de réjouir les ouvriers.