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Commentaires de livres faits par Marie-Helene-7

Extraits de livres par Marie-Helene-7

Commentaires de livres appréciés par Marie-Helene-7

Extraits de livres appréciés par Marie-Helene-7

La vie de Nathanaël, dans la Hollande du XVIIe siècle, est le sujet d’Un homme obscur. Un homme ordinaire, qui, à cause d’une méprise (ou plutôt d’une peur infondée) s’enfuit, quitte sa famille, pour échapper à une mise à mort qu’il imagine certaine, et toute sa vie sera faite de fuites en avant, de recherche de travaux faciles et de voyages, pour comprendre que tout aurait pu être différent s’il n’avait pas pris une décision finalement lourde de conséquences alors qu’il n’était qu’adolescent…
On sent tout le respect, la tendresse même, de l’auteure pour ce personnage discret et sans orgueil, qui pose sur toutes choses un regard dénué de préjugés et plein d’humanité, reste digne et honnête au cours des tribulations qu’il subit plus qu’il ne les choisit, et savoure l’existence dans ce qu’elle lui apporte. Malgré son « clair-obscur » personnel (le premier titre de cette nouvelle était « D’après Rembrandt », un maître du genre) c’est-à-dire des lacunes dans sa culture et son éducation, il contemple, compense et comprend son époque, très contrastée elle aussi (on sent que l’on passe graduellement des ténèbres – bien injuste formule – du Moyen-âge au futur avènement des Lumières) avec l’intelligence du cœur. Et en gardant l’esprit ouvert, sans doctrine ni a priori. Un cas rare en ce siècle.

Le héros d’Une belle matinée est Lazare, le fils de Nathanaël, un enfant doué pour le théâtre, qui finira par être emmené par une troupe de comédiens shakespeariens, pour son plus grand bonheur. Comme son père, il est sans prétention, fait ce qu’on lui demande et ne se pose pas trop de questions. Comme lui aussi, il voyagera et se contentera de ce que la vie lui apportera.
Mais il recevra toute la clarté à laquelle son père – qu’il n’aura pas connu – ne tenait pas : celle du passage de l’ombre de la mort à la lumière, puisqu’il porte le nom d’un ressuscité, celle des feux de la rampe, la flamme d’une passion pleinement vécue. Et celle, radieuse, d’une belle matinée. Avec le joli double sens de la matinée théâtrale ?
Cette fois on sent tout l’amour que Marguerite Yourcenar porte au théâtre, qui permet de vivre cent vies en une, à la fougue de la jeunesse, à l’engagement des acteurs dans un vibrant hommage sans réserve.
Deux êtres qui n’ont pas été soutenus par leurs familles (d’ailleurs inexistante pour le plus jeune), ce qui leur a finalement conféré une grande indépendance de pensée et de destinée. Deux trajectoires originales.
Une écriture superbe et des textes qui ne peuvent laisser insensible…
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date : 13-03-2023
Ce roman d’apprentissage, ce roman de la fraîcheur, de l’innocence et de sa perte, de l’enfance d’une grande prématurée et de son combat pour la vie, est magnifiquement écrit. Poétique, touchant, tendre et dur à la fois, il nous plonge dans la vie de Gabrielle, qui, forte de ses faiblesses (puisque ce sont elles qui la poussent à aller plus loin, plus haut, plus courageusement que d’autres), sait ce qu’elle veut et est intransigeante avec le reste. Elle va vivre le deuil, le passage de l’enfance à l’âge adulte, la déception, les compétitions et le don de soi et va chuter, puis se relever, avec la force dont elle a fait preuve à la naissance. Une renaissance en quelque sorte… Un ouvrage magnifique et un message d’espoir.
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Ce roman est un véritable régal ! Une enquête captivante, des rebondissements inattendus, un suspense haletant, des personnages attachants qui évoluent au fil de l’histoire, et un style d’écriture très plaisant !
Cléo, notre bien sympathique narratrice, a 12 ans. Elle nous raconte les aventures de sa grand-mère Noémie au même âge, à la fin des années 60. Nous sommes transportés dans un monde très différent du nôtre, un monde plus sûr et sans technologie, où les héroïnes surmontent leurs appréhensions et peurs, et se battent pour la vérité, pour leurs amis et pour échapper aux criminels.
Noémie et Mona sont déterminées à découvrir ce qui est arrivé à un adolescent disparu, malgré les obstacles et les dangers qui se dressent sur leur chemin. Cet ouvrage nous a passionnés en nous plongeant subtilement dans un univers parfaitement défini, parsemé de références littéraires, historiques et cinématographiques. Nous avons été captivés par ces deux adolescentes, Noémie, l’intrépide, et Mona, sa douce et timide, mais courageuse amie.
C’est un petit bijou policier que nous avons eu le plaisir de découvrir. Et qui passionnera jeunes et moins jeunes qui n’ont pas oublié leurs 12 ans eux non plus, l’âge symbolique où autrefois on quittait la maison (comme dans les contes de fées) et on l’on aime toujours partir à l’aventure ! Y compris dans un bon livre !
Nous guettons avec impatience la sortie du tome 3, mais en attendant, nous vous donnons rendez-vous la semaine prochaine pour la suite !
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date : 19-02-2023
Dès les premières lignes du roman de Marie-Hélène Lafon, le lecteur est plongé dans une histoire de famille, racontée d’abord par la mère, puis par le père. Cette histoire nous offre les deux versions d’une vie de couple, ce qui est rare et d’autant plus précieux et évite tout manichéisme.

La jeune maman se trouve dans une situation difficile, obligée de faire ce qu’elle ne voudrait pas pour protéger ses trois enfants, mais elle sait malgré les qu’en-dira-t-on et le stigmate associé à la séparation dans le monde agricole des années 1960-70, prendre sa vie en mains. Le texte nous touche au cœur, relatant avec pudeur et parfois poésie, mais toujours avec justesse, la chronique d’une séparation annoncée.

L’auteure réussit à nous immerger dans la complexité des relations familiales, en nous présentant les points de vue des deux parents. Cette approche équilibrée nous permet de mieux comprendre les personnages, même celui qui nous déplaît particulièrement.

Le style d’écriture de Marie-Hélène Lafon est à la fois simple et élégant, nous offrant des descriptions minutieuses de la vie quotidienne, qui ajoutent une dimension réaliste et touchante au récit. Les personnages sont présentés avec subtilité, nous montrant leurs forces et leurs faiblesses, et nous incitant à nous attacher à eux. Un nouveau tour de force !

#LesSources #NetGalleyFrance
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date : 16-02-2023
« La nuit des pères » est un roman poignant qui nous emmène dans un voyage intime et déchirant à travers l’histoire d’une famille. Isabelle, la protagoniste, est appelée par son frère Olivier qui lui demande de revenir dans le village des Alpes où ils ont grandi. Leur père, ancien guide de montagne, est en train de perdre la mémoire. Ce retour, après des années d'absence, est pour Isabelle l’occasion de comprendre enfin qui était ce père si difficile à aimer et si destructeur. Entre eux trois, pendant quelques jours, les secrets et les non-dits sont dévoilés.
Dans ce roman, Gaëlle Josse explore avec une grande sensibilité et une finesse psychologique des relations familiales complexes et les effets de la guerre sur les individus et leur descendance. À travers les voix des personnages, elle dépeint l’ambivalence des sentiments filiaux, les violences invisibles et les déchirures qui poursuivent un homme jusqu’à sa mort. Elle évoque également la grande Histoire, qui plane sur la famille, et montre comment les événements historiques ont des répercussions sur la vie des individus.
L’auteure réussit à nous toucher en plein cœur en abordant avec justesse des thèmes universels tels que l’amour, la mort, la culpabilité et la rédemption.
Les personnages de « La nuit des pères » sont authentiques et attachants. Isabelle, qui a souffert de l’absence de preuves d’amour de son père, doit faire face à des vérités difficiles qui vont bouleverser sa vision de l’histoire familiale. Son frère Olivier, qui a choisi de ne pas quitter le village, a assumé seul l’accompagnement de ce père vieillissant. Leur père, quant à lui, est un personnage complexe, tiraillé entre sa passion pour la montagne et les horreurs de la guerre qu’il ne réussit pas à oublier.
Un nouveau tour de force littéraire !
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Le bureau d’éclaircissement des destins est un roman à fondements historiques, élaboré à partir de recherches documentaires importantes. L’International Tracing Service existe vraiment (de même que le titre, formidable), avec pour vocation de compiler tout ce qui a trait aux persécutions nazies pendant la Seconde Guerre mondiale. De nouveaux pans de ce cauchemar nous sont dévoilés à mesure qu’Irène et ses collègues progressent dans leurs enquêtes pour essayer de rendre aux héritiers des déportés des objets leur ayant appartenu. L’Histoire et la tragédie collective à travers des trajectoires individuelles multiples toujours bouleversantes et qui accaparent très vite notre héroïne qui se dévoue corps et âme à ce travail de restitution et de réparation, jusqu’à l’obsession.
Peut-être pressent-elle qu’elle n’a pas accepté cette mission par hasard, et que sa destinée et celle de son fils sont étroitement liées à celle des juifs envoyés dans l’horreur des camps de concentration. Et les liens qu’elle tisse avec sa supérieure hiérarchique, au passé mystérieux et terrible, ne sont pas non plus étrangers à son engagement. Sans parler de sa relation avec son ex-mari, allemand...
Quand on pense aux camps, on a justement en tête, le cœur serré, les images de ces incroyables empilements d’objets, préfigurant l’entassement des corps : montagnes de chaussures, lunettes, vêtements, et même petits jouets, jusqu’aux dents en or...
L’artiste Christian Boltansky nous le rappelait en janvier-février 2010 avec son installation « Personnes » on l’on retrouvait ces monticules gigantesques à la hauteur de l’ampleur des crimes, dans lesquels une énorme pince piochait et rejetait sans cesse, allégorie de l’arbitraire — mais aussi de l’existence même.
Mais pour les descendants des disparus, ils ont une valeur sentimentale inestimable, et une force mémorielle considérable. D’ailleurs comment ceux-ci vont-ils recevoir ces reliques hantées ? Elles sont le témoignage du passage d’êtres humains voués par décret à être engloutis sans que rien ne subsiste, la trace qu’on aurait voulu effacer à jamais. La petite lumière qui rend un peu de souvenir à ces hommes, femmes, enfants qui ont été condamnés à la Nuit et au Brouillard.
Un peu d’ « éclaircissement », un peu de paix rendue. Un petit pont entre morts et vivants.
Magnifique quête, indispensable devoir de mémoire, ce livre puissant et superbement écrit est, comme tous les ouvrages de Gaëlle Nohant, magistral et nous touche au cœur. À lire et offrir aux jeunes générations, afin que nul n’oublie.
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Ce second roman de Caroline Dorka-Fenech, reprend de façon magistrale les thématiques – essentielles – de « Rosa dolorosa », son premier ouvrage, que nous avions adoré : la famille (monoparentale ou au sens large), la mort qui arrête toute poursuite et possibilité de réconciliation, le deuil, si difficile à faire et encore plus quand la personne disparue est trop aimée, trop haïe, ou les deux, on ne sait plus...
Comment faire quand un père a délaissé et malmené ses enfants, pour finalement les trahir et les abandonner en les taxant d’ingratitude, alors qu’ils sont encore marqués par les abus et sévices subis quand ils étaient plus jeunes ? Comment accéder au pardon, libérateur, quand la colère et le sentiment d’injustice risquent de vous dévorer à chaque instant ? Comment admettre que le coupable ne pourra plus jamais exprimer de regrets ni offrir de réparation ? Ni même admettre, y compris face à lui-même, les torts qu’il a causés ? Et pourtant il y a eu aussi des moments d’affection et de douceur...
Comment survivre à la malédiction paternelle ? L’auteure se place d’emblée (et ce dès la couverture) sous l’égide du roi Lear, père aveuglé par la colère et l’orgueil (aveuglement redoublé par celui, traduit physiquement, du comte de Gloucester qui finira par divaguer, les yeux crevés, pour châtiment de son erreur de jugement), qui répudie cruellement la seule de ses filles qui l’aime vraiment, mais il y a dans leurs destinées parallèles deux différences de taille : Lear aime ses filles, et ne les a jamais maltraitées. Et surtout les retrouvailles avec Cordélia, sa préférée injustement rejetée, auront lieu, apportant consolation, apaisement, rétablissement du bon ordre des choses (et si l’histoire finit tragiquement cela au moins a été obtenu).
Rien de tel pour Carina (chérie pourtant en espagnol, jolie en italien), la petite dernière bafouée qui devra se reconstruire seule avec ses questions, son chagrin, son amertume, ses doutes et sa jalousie vis-à-vis d’une rivale du même âge qu’elle (même si bien sûr cette rivalité ne devrait pas être, mais nous sommes en terrain incestueux et la blessure n’en est que plus vive).
Mais comme sa sœur d’infortune à travers les siècles, Carina n’a pas su rassurer son père sur l’amour qu’elle lui porte, elle ne sait pas dire les mots qu’il faut. Contrairement à la jeune épouse, toute de dévouement et de soumission inconditionnelle, en tout cas en apparence.
Seule à affronter les tempêtes et brouillards qu’on lui jette...
La tempête comme symbole d’une fureur cosmique, dévastatrice et qui se déchaîne quand un personnage a été trop loin, le brouillard comme empêchement d’y voir clair et de retrouver sa route dans un labyrinthe cotonneux, jusqu’à la dissolution peut-être. Et qui brouille les pistes, les accès jusqu’aux vrais sentiments, aux personnalités véritables.
La tempête qui survient quand Lear déshérite la seule qu’il aurait fallu épargner et qui submerge intérieurement notre héroïne quand le même sort lui est réservé.
Et cette question de l’héritage est admirablement posée : qu’est-ce qui doit être transmis, à qui, et pourquoi ? Qui a « mérité » tel ou tel traitement, fût-il post-mortem ? Qu’ai-je fait pour que cela m’arrive se disent Carina et ses frères, et avec eux tous les enfants mal-aimés, rejetant la faute, toujours, d’abord sur eux-mêmes.
Abordant aussi les questions de piété filiale, de la tragédie du manque d’amour (« les horreurs d’une vie sans amour » disait Hubert Selby Junior), de la lutte violente entre démons et guides vers la lumière, de l’urgence d’écrire pour se sauver et des pouvoirs rédempteurs de l’art, de la compréhension qui délivre, du patriarcat, du poids des traditions (différentes en France et au Maroc), du retour aux origines, ce très beau texte est aussi fascinant par sa structure même, avec une mise en abyme de l’écriture, la narratrice évoquant l’écrivaine elle-même et son premier titre. Un procédé littéraire particulièrement intéressant, abouti et puissant.
Dans les deux cas, la quête sera longue, la protagoniste devra faire évoluer dans la douleur et l’introspection la vision d’un homme aimé (fils, père) jusqu’au fanatisme.
Un livre que nous n’hésitons pas à recommander, comme le précédent.

#Tempêtesetbrouillards #NetGalleyFrance
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Quel joli conte de Noël : original et revisité. En effet, il s'agit au départ d'un conte de Noël traditionnel. L'hiver, les premiers flocons de neige, l'attente des cadeaux, tous les ingrédients sont présents. Mais, l'intrigue évolue par rapport aux contes de notre enfance et se transforme en découverte d'un pays et de la neige, en réflexions sous-jacentes sur l'acceptation de la différence, sur la difficulté d'être déraciné, sans ami (au départ) et séparé de son frère. Une magnifique histoire d'amitié dans ce monde étranger pour notre petit Oscar, qui va recevoir un superbe cadeau. Une belle découverte de la Somalie et un petit protagoniste particulièrement attachant, un conte à dévorer au coin du feu !
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date : 21-11-2022
Ce roman est le plus bel hommage qui soit pour ces sorcières de la nuit, ces femmes russes qui ont tout abandonné pour combattre aux côtés des hommes malgré les difficultés et dangers multiples. Elles ont risqué leur vie, l’ont souvent donnée pour leur patrie. Nous avons été fascinés par les deux intrigues qui se croisent et se complètent : l’histoire d’héroïnes méconnues et celle de Pavel en 2018. Deux trajectoires qui nous touchent profondément et qui ont bien des points communs : l’envie de se dépasser, d’aller toujours plus loin, celle de s’en sortir et de braver la mort coûte que coûte, la prise de risque extrême, mais pour qui ? Et à quel prix ? Et la confrontation avec la perte de ses proches, de ses amis, l’incompréhension de l’entourage et le sentiment de culpabilité ressenti par les protagonistes. On s’attache au développement des personnages principaux qui tous deux progressent et s’adaptent pour mener une vie plus enrichissante et positive. Et on reste admiratif devant ces combattantes de l’ombre qui ont eu tous les courages. Sans radar ni parachute, larguant les bombes à mains nues depuis des avions dont plus personne ne voulait (sauf pour l’épandage sur les champs et l’entraînement), elles ont réussi à harceler, déstabiliser et même terrifier l’ennemi allemand qui redoutait par-dessus tout d’entendre le bruit de balai que faisaient leurs appareils au moteur arrêté pour mieux le surprendre. Sorcières, magiciennes, sœurettes – comme les appelaient respectivement les Allemands, les aviateurs de la prestigieuse escadrille Normandie-Niemen, appelés sur le front de l’Est, leurs compatriotes –, des femmes valeureuses aux grands pouvoirs, aux exploits incroyables. Une magnifique mise à l’honneur, un lien d’une profonde sensibilité avec des héros modernes en quête de rédemption, un très grand roman.
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Plongée dans l’histoire d’Anne Frank. Et en parallèle dans celle de l’auteure, qui, jusque-là, a rejeté le passé de ses ancêtres, a évité ce qui était trop dur, l’inimaginable, l’impensable, l’horreur de ce qui est arrivé aux juifs, de tout temps, et en particulier pendant la Seconde Guerre mondiale.
L’histoire des juifs d’Europe centrale, je m’en suis écartée à l’adolescence. J’ai tourné le dos à l’abîme. Je ne voulais pas entendre, pas savoir. Leurs cauchemars ne seraient pas les miens. Ce que je souhaitais, c’était faire partie d’une famille normale. Qui ne soit le sujet d’aucun livre d’histoire, qui ne suscite ni pitié ni haine. 
La forme de cet ouvrage (une sorte de journal) évoque le journal d’Anne Frank, dont il est justement question. Forme/fonds se fondent parfaitement et les réflexions et questions que la narratrice se pose, les analyses, sont d’autant plus fortes.
Que fallait-il faire de ce qui nous était légué ? Comment marcher sur des traces sans les effacer ? 
Un ouvrage touchant par sa candeur, sa force douce, son absence de manichéisme. Une narratrice qui a soif de vérité, qui veut comprendre et se confronter à son passé, à celui de tous les juifs, après l’avoir fui toute une vie durant.
Le ravage, dans ma famille, s’est transmis comme ailleurs la couleur des yeux. 
On sait désormais que les souvenirs traumatiques se transmettent par l'ADN. Inutile donc de chercher à les occulter, de laisser les silences s'installer. Il vaut mieux au contraire prendre en compte l'héritage, aussi terrible soit-il, pour avoir une chance de l'exorciser. Et dans cette optique il n'est pas vain que, même longtemps après, les descendants des bourreaux demandent pardon aux descendants des victimes. Une véritable réparation peut enfin s'envisager.

Et l’histoire que je connais est un récit troué de silences, dont la troisième génération après la Shoah, la mienne, a hérité. 
Un texte qui rend hommage à ceux qui partagent leur expérience, leur enfer, à ceux qui ont eu le courage d’aider les juifs au péril de leur vie, à une jeune fille qui a péri et qui nous a légué son calvaire, qui a pensé à nous malgré tout, malgré l’enfermement, la peur, l’angoisse, la terreur.
Ces murs aux fenêtres closes et opacifiées ont été le décor d’une écriture, un décor aussi protecteur qu’écrasant. Le lieu d’une naissance en même temps qu’une geôle, un piège. Des murs témoins d’un “paquet de contradictions”, écrit Anne Frank à la dernière page de son Journal. 
Ce texte est également une réflexion sur l’écriture en tant qu’objet culturel et littéraire, mais aussi en tant qu’exutoire.
C’est en écrivant ce que je vis que je comprends ce que je vis.
Pourquoi écrit-on ? Si j’ai oublié comment se termine le roman Confessions d’un gang de filles, de Joyce Carol Oates, ces quelques lignes, je les connais par cœur : « Quoi que vous fassiez, que vous le fassiez seule ou non, à quelque moment que vous le fassiez, de quelque façon que vous le fassiez, pour quelque raison que vous le fassiez, quelque mystérieux que soit le but dans lequel vous le fassiez, n’oubliez jamais que sur l’autre plateau de la balance il y a toujours le néant, la mort, l’oubli. Que c’est vous contre l’oubli. »
Un lien qui permet de ne pas nous perdre, et, juifs ou non-juifs, de ne pas rejeter dans les ténèbres, dans « la nuit et le brouillard », une mémoire salvatrice et nécessaire.
Une lecture puissante, époustouflante, incontournable.

#Quandtuécouterascettechanson #NetGalleyFrance
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Un second ouvrage (roman) bien différent d’Avec toutes mes sympathies (essai) que j’avais également adoré. Une question que l’on se pose souvent, mais comment font les gens ? En effet, crise climatique, terrorisme, faim dans le monde, guerres, nouvelles toujours plus démoralisantes et terrifiantes, tout cela n’est pas vraiment enchanteur… Sans parler du rythme harassant d’une journée type, pleine d’injonctions et d’obligations toujours plus pressantes. Anna tient bon, vaille que vaille, mais le jour où la forteresse de son couple est ébranlée, tout pourrait bien vaciller pour elle qui est déjà en équilibre instable et en dépassement d’énergie permanent...

« Cette angoisse intermittente : est-ce que tout cela en vaut la peine ? »
Comment faire pour continuer de vivre plus ou moins sereinement, pour s’épanouir dans son couple, dans sa profession, en famille tout simplement ?

« Anna, sa seule certitude, c’est Peter. Alors ce “rien” sème le désastre, mine cet abri du monde qu’elle a mis tant d’énergie à construire. Partout, tout le temps, un truc la hèle, qu’elle ne sait pas nommer, mais qui voudrait la mettre à terre et la faire rouler dans la cendre et elle doit s’en protéger comme d’une bête sauvage. Comme s’il était dangereux de vivre. Et ce couple lui semble un rempart lumineux, une façon de vivre à l’abri de la mêlée. »
Ce roman nous livre les sensations, les réflexions d’une autre Mrs Dalloway qui, comme la protagoniste éponyme de ce roman de Virginia Woolf, doit préparer pas tout à fait une « party », mais une réunion de famille qui pourrait se transformer en « party » selon la nouvelle que la principale invitée, la fille aînée d’Anna, va partager avec sa famille.

« Ce qu’elle voudrait, c’est leur donner la force de lutter contre l’injustice et les médiocres, la générosité, en faire des chics filles, pas des chiens savants, Byzance elle le laisse aux professeurs. »
Nous vivons donc, comme dans le roman de Virginia Woolf, une journée dans la vie, dans les pensées d’Anna et nous assistons alors à son dédoublement : le personnage social extérieur qui assure et répond aux attentes, et celui, intime, intense, qui doute et avoue sa détresse et sa lassitude.

Et elles entraînent, pour nous lecteurs, une réflexion sur la vieillesse (car Anna est prise entre deux feux : ses adolescentes, forcément rebelles, et sa mère qui a la maladie d’Alzheimer), la ménopause, les livres et la littérature, la fuite en avant, le monde tel qu’il est, avec ce qu’il a de terrifiant, le couple, les tromperies, l’amour, la famille, l’amitié, l’entraide… et bien d’autres sujets qui nous concernent toutes. Et tous. Et l’on se prend à souhaiter qu’une meilleure place faite aux hommes pour que les fardeaux soient partagés et des solutions trouvées. Dans un style délibérément léger, à l’humour assumé pour ne pas alourdir des sujets déjà graves, un texte au rythme trépidant, haletant qui traduit celui de la journée d’une femme surmenée. D’autres titres nous viennent à l’esprit, « La femme qui court » ou « Chroniques d’une charge mentale ordinaire » ...

« Anna est discrète, incertaine, ambitions nébuleuses et tempérament marécageux, une femme sans bruit, mais elle est forte de cette mère-là. Sa douloureuse merveille. »
Ce portrait d’une héroïne du quotidien, essayant de faire au mieux et dévouée à mère, filles, conjoint, nous ressemble et vous touchera à coup sûr.

D’ailleurs « les gens » ce ne sont pas « les autres », c’est elle aussi, c’est vous, nous, tout le monde, qui, coûte que coûte, nous efforçons d’avancer vers un futur toujours plus incertain en préservant tout ce qui nous apporte encore joie et bien-être.

Un roman magnifique, émouvant, superbement écrit, que je recommande sans hésiter.

#Commentfontlesgens #NetGalleyFrance
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Cette BD-témoignage est un formidable outil didactique aussi sympathique que distrayant. Les auteurs partagent l’aventure d’une vie de Maxime et ses compagnons, un voyage au bout du monde en kayak. Et elle commence avant le départ (comme le souligne la citation de Kessel). Il faut obtenir des visas, s’entraîner physiquement, faire une préparation logistique technique également et ce parcours est semé d’embûches. À tel point que nos aventuriers doivent changer d’itinéraire juste avant de partir. Mais ils sont déterminés et Maxime nous décrit ce périple de toute beauté, sans oublier de nous parler des signes visibles du réchauffement climatique comme les arbres morts desséchés sur le chemin (en particulier le cèdre rouge). Ce récit est en plus complété par des pauses plus pédagogiques sur le matériel nécessaire, les sites et podcasts... consultés, les différences entre le canoë et le kayak... Cet ouvrage est divertissant, mais tire aussi, à sa façon, la sonnette d’alarme. Merci pour cet ouvrage passionnant qui apporte sa pierre à la protection de l’environnement qui intéressera aussi bien tous ceux qui ont envie de tenter l’expérience que tous les amoureux de notre belle planète menacée.

#LePassageintérieur #NetGalleyFrance
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date : 29-08-2022
Ce roman suivi avec grande attention nous rappelle que nos existences ne tiennent qu’à un fil, que nous pouvons disparaître à tout moment et que les relations qui peuvent se nouer au gré de rencontres éphémères en arrivent à être, parfois, essentielles et à compter plus que tout le reste. En tout cas, elles prennent éventuellement beaucoup d’importance et nous transforment à jamais, comme les accidents de la vie d’ailleurs. Ce roman, d’une grande justesse et compassion pour l’être humain en général, nous présente des moments intenses de partages entre par exemple Serge, séducteur vieillissant et Julia, jeune femme qui, contre toute attente, se confie à lui, ne cache rien de sa situation effarante, ou entre Victor et Alexis, deux jeunes gens qui vivront une passion éclair et toucheront l’autre de manière fulgurante... Qu’est-ce que nos personnages cherchent à fuir, que sont-ils pressés de retrouver ? Dans un train, symbole même de la destinée, on est comme entre parenthèses, entre le départ et l’arrivée, on n’est nulle part. Tout est alors rendu possible...
Un texte qui ne laisse pas indifférent et nous amène, par touches successives, au dénouement terrible, causé par quelques secondes d’inattention. Futilités et drame se côtoient et plongent les personnages dans la tragédie, mais aussi dans le soutien et l’entraide.
Un livre écouté d’une seule traite.
#ParisBriançon #NetGalleyFrance
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Comme d’habitude, Paul Bruard nous plonge dans une aventure fabuleuse au suspense ininterrompu. Une histoire d’amour fraternel, de complémentarité, de jeunesse (folle et prête à tout pour sauver un camarade, Arthur, qui est en danger, probablement par la faute de Lola et Maxime, nos protagonistes) qui nous entraîne à nouveau dans le puits vers l’infini, qui nous avait tant captivés. Abnégation, courage, sincérité, connaissance et entraide sont au centre de ce second opus. Du mystère, des rebondissements étranges, déroutants, fantastiques... Quelle imagination ! Un auteur à suivre, sans aucun doute ! Vivement le tome 3 ou un tout autre roman !
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date : 29-08-2022
Quel suspense ! Un roman jeunesse qu’on a du mal à lâcher ! Des personnages sensibles, attachants et dynamiques, qui vont se battre pour comprendre leur histoire familiale, mais aussi pour les autres (Lilas prend de grands risques pour aider Eliott dans sa quête, leurs compagnons d’infortune aussi).
Un récit passionnant, riche en action, qui évoque aussi des thématiques fortes et essentielles comme la différence, la dépendance, le suicide adolescent, les erreurs commises dans le passé, la rédemption, les secrets de famille délétères.
« Que voulait dire son père, quand il évoquait la folie de sa tante et de sa grand-mère ? »
« – J’ai l’impression d’être complètement brisée, dit-elle. Comme un vase fracassé en mille morceaux. Je ne suis pas faite pour ce monde… Lilas garde le silence quelques secondes avant de prendre la parole. – J’ai vu un reportage, l’autre jour, sur des artistes japonais. Le kintsugi, tu connais ? – Jamais entendu parler. – Ils recollent les poteries brisées avec de l’or. Le résultat est très étonnant. On obtient un nouvel objet, beaucoup plus beau que l’original… – Je vois où tu veux en venir… – Nos blessures ne disparaissent jamais. Mais elles nous rendent plus fortes, nous font avancer. J’ai envie que nous soyons amies très longtemps, Sadie. »
Un grand livre.
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Ce roman est un véritable chef-d’œuvre de douceur – malgré le sujet principal, la chute inexorable et symbolique du chêne ancestral que l’on croyait inébranlable –, d’humilité face à la mort, à la décadence physique, à la vieillesse qui s’installe et poursuit son œuvre implacable. Qui parle aussi du deuil sous toutes ses formes : celui d’une jeunesse et d’un pouvoir révolus, celui d’un temps perdu (de longues années sans se parler, sans s’épauler dans la souffrance), quinze ans après un drame jamais accepté pour les trois protagonistes. Le deuil qui n’a pas pu se faire... D’un temps suspendu dans un lieu magnifique, au sein de la forêt, de la terre-mère nourricière pour de nouveau se réunir et explorer ce qui ne l’a pas été, pour se dire au revoir dans l’amour et le soutien. Une réconciliation par le travail commun, par le soin apporté aux arbres, à ce parc, qui est presque le quatrième personnage de ce roman sensible. Un hymne aux échanges de tous types : avec la nature, au sein des familles, et à l’écoute de nos propres sentiments, sensations, engouements. L’histoire aussi d’un dévouement sublime (qui fait penser à celui de Cordélia dans Le Roi Lear. La comparaison entre ces pères déchus, dépouillés est d’ailleurs intéressante.), au final inattendu.
#Quandlarbretombe #NetGalleyFrance
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date : 17-08-2022
Je découvre l'univers d'Ornella avec un immense plaisir ! Gare aux mots, Colin ! est l'histoire d'une mamie lectrice et d'un petit garçon qui s'intéresse plus au sport (vélo, natation et désormais skateboard). Or, Colin se blesse et doit rester au lit. Louise en profite pour l'initier à la littérature et lui choisir des ouvrages qui le passionneront. Quel délice de lire ce texte qui nous rappelle combien le goût de la lecture peut s'acquérir et qu'il ne faut jamais perdre espoir ! Un très beau livre, complété par un cahier d'activités très sympathiques. Merci Ornella pour ce SP !
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date : 16-07-2022
Un roman « young adult » magistral qui nous plonge dans les secrets de famille de la jeune Éva et de son frère Simon. Éva, fragilisée par la mort de son père dix ans auparavant, qui a subi un séjour en hôpital psychiatrique, n’est pas prise au sérieux quand elle livre ses soupçons concernant son beau-père, désormais unique parent de ces orphelins lorsque leur mère meurt à son tour dans un accident de voiture. Tous deux vont petit à petit découvrir l’envers du décor et, avec l’aide de Malo, lui aussi seul au monde, notre héroïne va partir à l’aventure et déterrer l’histoire de sa famille, résolue à découvrir les vraies causes de la mort de son père, puis de sa mère. Elle trouvera une aide précieuse auprès d’un gendarme qui, dix ans auparavant, a perdu son fils. L’histoire de douleurs qui s’épaulent, d’un homme blessé et dangereux, de jeunes prêts à tout pour comprendre, d’amitié et d’amour qui transcende tout. Impossible à lâcher avant le dénouement.
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date : 16-07-2022
Et toujours les forêts, l’un des précédents ouvrages de Sandrine Colette, ce roman nous plonge dans un milieu hostile, un monde dans lequel vivent Liam et sa femme, le seul possible pour le protagoniste, calme, sauvage, solitaire. Tout se passe bien jusqu’à ce que son univers s’écroule, quand sa femme meurt, attaquée par un ours. Cet homme, chasseur, qui comme son nom le suggère incarne des valeurs viriles de force, de détermination et même de dureté, va devoir trouver en lui la tendresse nécessaire pour apprendre à vivre avec son fils (dont la mère s’occupait et dont elle avait, seule, souhaité la venue), à l’apprivoiser, et accéder enfin, cinq ans plus tard, à son rôle de père. Leurs aventures ne font que débuter et le voyage prévu pour confier Aru à d’autres va se transformer en quête initiatique, en apprentissage accéléré pour ces deux êtres au bord du gouffre. Une très belle leçon d’humanité et d’amour infini, avec pour décor une nature superbe, mais indifférente, sauvage et implacable, qui ne prend pas parti, ne délivre pas de message, si ce n’est peut-être celui que nous avions dans le film « Délivrance » : aussi hostile ou porteur que soit notre environnement, les réponses sont en nous. Magistral.
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date : 26-06-2022
Ce livre, à l’écriture douce et incisive à la fois, est un « bildungsroman » original et remarquable, mais aussi un roman d’aventures, une enquête policière, un conte initiatique, un rituel de passage, une dystopie, époustouflants ! Que de suspense savamment dosé, que de rebondissements (jusqu’à la chute finale, un peu comme dans une nouvelle) !
« Sans surprise, il y a peu de mélange. Les hommes-taureaux grattent le sol en bandant leurs muscles pour montrer à tous qu’ils n’ont peur de rien. Les hommes-cervidés s’amusent à se défier avec leurs bois, tout près des hommes-chevaux, dont le souffle régulier émet de petits nuages de condensation. Quant aux hommes-antilopes, dont Mira fait partie, ils se contentent de toiser les autres avec dédain, comme si le monde leur appartenait. »
Des thématiques essentielles telles l’égalité des sexes, des êtres, l’humanisme, la dictature, le danger de la toute-puissance d’un groupe ou d’une communauté, l’amitié et la dimension terrible, terrifiante du secret dans toute sa splendeur. La justice et les injustices en tout genre sont également au centre de ce récit, et Mira (« celle qui élève » ou « la merveille ») saura faire preuve de courage et d’altruisme pour se battre contre un monde qui ne lui ressemble pas et qu’elle refuse. Comme tant de héros et héroïnes solitaires, passés ou (terriblement) actuels, qui heureusement trouvent des alliés, et combattent de toutes leurs forces les cannibales de tous ordres (exploitation, intolérance, profit, haines... dévorantes).
« Elle sait juste que tous ne reviennent pas et que cette fichue boisson blanchâtre l’a plongée dans un brouillard dont elle se serait bien passée. Elle tente de combattre ses effets et se recentre sur son objectif. Traverser la forêt. Trouver une fleur de nuit. La rapporter. Dit comme cela, ça paraît simple. Elle presse le pas. Elle se sait endurante et plutôt rapide. »
« Mira assiste impuissante à ce défilé de religieux dégoulinants de haine. Pas une fois elle ne baisse le regard face à ses détracteurs. Son bâillon lui déchire la commissure des lèvres. »
À mettre entre toutes les mains, jeunes ou moins jeunes.
« Ce qu’il faut retenir, de cette quête brutale, C’est que des proies faciles, il vaut mieux se méfier. L’animal acculé est toujours un danger. Méfions-nous, je le répète, de nos penchants cannibales. »
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date : 01-04-2022
Cette véritable saga nous offre une vision de l’Histoire de l’Iran à travers la trajectoire d’Aria, bébé abandonné, qui va devenir une femme forte et indépendante dans un pays qui, au contraire, s’effondre, avec le renversement du Shah, le retour de Khomeini depuis l'exil, la montée en puissance des Mollahs et de l’intégrisme, l’intolérance des autres religions... Une révolution islamique vue à travers les yeux de l'héroïne, et les répercussions sur sa vie, sur celle de ses proches. Un roman d’amitié, d’amour, de quête de ses origines, et de secrets avec leurs dangers... inhérents… et, comme la vie ressemble à un conte de fées (dont on sait qu’ils peuvent aussi finir tragiquement), notre protagoniste va rencontrer des adversaires et des alliées, une marâtre cruelle, une marraine bienveillante, et une bienfaitrice de l’ombre. Trois figures qui rappellent aussi les Parques qui tissent les fils de nos destinées... Ces oppositions et protections, ses yeux clairs qui la distinguent et la rendent inquiétante, lui confèrent une force unique, remarquable dans sa différence. Aria la bien nommée, qui fait entendre sa voix solitaire et singulière, puisqu’un aria dans un opéra est, au bout du compte, un « solo » fait pour exprimer « toutes les douleurs, tous les amours du monde »... Qui fera la rencontre de son Hamlet (même si c’est un prénom courant en arménien, traditionnellement attaché à des hommes doux et patients, comment ne pas penser à celui de Shakespeare... pour quelle noble vengeance ?), non sans déchirement.
Une écriture ciselée, délicate comme un bijou précieux, se met au service de cet ouvrage superbe, de cette épopée époustouflante. Un premier roman très réussi, qui n’est pas sans faire écho à de – trop – nombreuses situations actuelles. À lire absolument.
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date : 14-03-2022
Un roman dans lequel Marcel Aymé nous livre un conte philosophique historique. L’intrigue sert la réflexion et nous interroge sur l’après-guerre, dans cette France scindée en deux, celle des collaborateurs et des résistants, celle des vainqueurs et des matamores, celle des patriotes et des ennemis. Et surtout celle de tous ceux qui ont attendu que ça se passe...
« Cette vague d’hypocrisie, qu’il croyait voir déferler sur la France, prenait maintenant à ses yeux des proportions grandioses. »
Troisième volet d’une trilogie consacrée à la Deuxième Guerre Mondiale (avant-guerre, Occupation et ici Libération et épuration, époques que l’auteur a bien connues, lui qui fut même un temps mal vu après avoir publié dans des revues collaborationnistes tels que Gringoire ou Je suis partout), ce livre nous questionne sur le bien-fondé de nos choix, de nos actions ou de nos passivités, tout en finesse, sans aucun manichéisme, mais en toute impitoyable lucidité. Par le biais de situations cocasses, ridicules, follement dangereuses, paradoxales.
Dans ce récit truculent, avec l’humour percutant et ravageur et la grande acuité d’observation qu’on lui connaît, Marcel Aymé campe avec tendresse, mais sans illusions des personnages qui doutent, tâtonnent, essaient, cherchent à se racheter, s’arrangeant comme ils peuvent avec leur conscience, se réinventant tant bien que mal un futur... Profondément humains.
Désabusé, mais serein, féroce, mais indulgent, il fait le bilan désenchanté de cette période sombre et ambivalente de notre histoire dont les plaies sont encore à vif (écrit en 1948) et renvoie finalement tout le monde dos à dos, avec toutefois une affection particulière pour celui qui s’efforce de se dégager de l’influence mortifère d’Uranus pour décider d’aimer cette vie qui ne lui a pas été ôtée, à tout prix. Tout un symbole...
« Il pensait à tous ces hypocrites, au nombre desquels il se comptait lui-même, et que rien n’obligeait à taire leurs convictions ni à feindre d’en avoir d’autres. »
La drôlerie dévastatrice d’Aymé ne nuit pas à la gravité du sujet, bien au contraire, et le comique – irrésistible – sert un propos qui nous laisse ébranlés, perplexes et émus.
« Désœuvré, il tourna autour de la table, puis réfléchit à une disposition des meubles qui eût laissé plus d’espace pour se mouvoir. Par exemple, on pouvait mettre la commode sur la desserte et le bonheur-du-jour sur le secrétaire. »
Du grand Marcel Aymé, avec beaucoup d’échos dans les traumatismes, inquiétudes, clivages, fractures et montées des intolérances actuels. À lire ou relire sans plus tarder.
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Cet ouvrage m’a immédiatement attirée puisque nous essayons de tendre vers « moins de déchets » et le minimalisme. Nous sommes très loin du 0 déchet, mais nous nous employons à progresser.
En outre, mon dernier projet international avec une classe de 2de précisément sur ce thème (qui les a beaucoup motivés).
Eh bien, je n’ai pas été déçue ! Nadine partage avec nous son expérience de façon magistrale.
Témoignages, conseils essentiels, citations (qui nous guident et nous motivent), guide, recettes de produits maison – simples à réaliser – dans tous les domaines et pour toutes les pièces de la maison, tout est clair et là pour nous aider à sauter le pas ou progresser dans une gageure vitale pour la santé de notre planète et pour la nôtre.
En outre, Nadine nous « parle » comme à des amis, nous encourage, nous déculpabilise aussi et nous entraîne vers une vie plus simple, plus heureuse, pleine de signification.
326 pages de bon sens, d’amour également, car cet ouvrage est avant tout humaniste, n’oublions pas que Nadine œuvre pour les autres depuis longtemps et est formée à différentes pratiques thérapeutiques ainsi qu’en développement personnel. Il est profondément humain et vous ne pourrez que vous sentir bien à sa lecture. Ses coloris, dessins et photographies sont de toute beauté et participent sûrement à la sensation de bien-être.
De nombreuses sciences sont mises en avant comme le Feng Shui, la lithothérapie, la symbolique et les effets des couleurs sur nous… et c'est passionnant et enrichissant.
Je recommande ce guide sans hésiter !
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date : 01-03-2022
Un livre aux confluents nombreux... La forme, d’ailleurs, reflète magnifiquement le fond de l’histoire.

« C’était l’année 2040, à présent, et l’humanité subsistait au cœur de la fournaise qu’était devenu le monde. Ouragans et tornades, départ de feu, brasiers béants et éternels. Épidémies par-delà les frontières, sans endiguement et sans remède, au cœur de villes en sommeil qui ne savaient plus comment revenir à la vie. Fonte des glaces, irrémédiable, sous l’étendard vain des prétendants au pétrole. »
Protection de la nature, migrations climatiques, lutte contre la déforestation et le pillage de nos ressources vitales (univers insatiable et corrompu de braconniers et de profiteurs à tous niveaux, états compris), fuite en avant, recherche du sens de la vie, amour, deuil, renoncements et combats, ne sont que quelques-unes des thématiques essentielles de ce roman d’aventures environnementales.

« Les vagues étaient venues grignoter la terre qui bientôt ne serait plus que mer. À l’orée de la jungle, certaines maisons en bois du village avaient déjà été envahies par les flots. L’île s’enfonçait lentement dans l’univers aquatique. »
Des quêtes croisées, qui se suivent aussi (de par la filiation), des réflexions en filigrane sur l’avenir de notre terre si nous restons les bras croisés, nous offrent une intrigue foisonnante et passionnante. Une poésie saisissante, qui touche au cœur, pour évoquer ces sujets d’une actualité brûlante et bouleversante. L’histoire aussi de la rencontre d’un homme et d’une femme, et de leur passion hors normes, invincible. Leur acharnement à sauver ce qui peut encore l’être de la dévastation, chacun à sa façon, les éloigne et les rapproche tour à tour, mais l’attirance commune est irrépressible.

« La grâce de se battre pour quelque chose qui est en train de disparaître. La presse écrite. Les écosystèmes naturels. Pour lui, la lutte est une entreprise. Un engagement total. »
Un premier ouvrage magistral, superbement écrit, qui nous fait rêver d’ailleurs (au pluriel... Mais lesquels ? Alerte ! Un jour, si l’on n’y prend pas garde, peut-être plus vite qu’on ne le pense, l’exil même, le déchirant, le terrible exil ne mettra plus personne à l’abri, et, où qu’on aille, il n’y aura plus de refuge...), de forêts-sanctuaires essentielles, vestiges du passé et racines de l’avenir, d’un monde dans lequel hommes et femmes se battent pour notre lieu de vie et la reconquête de ce qui pourrait être un paradis à partager, si les volontés et les énergies convergent pour notre planète, chacun à son échelle, car même le colibri peut faire sa part.

À mettre entre toutes les mains ! Nous sommes tous concernés, toutes générations confondues, y compris celles à venir.

#Lesconfluents #NetGalleyFrance
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date : 19-02-2022
Un roman à la fois tendre et touchant, qui nous parle de destins, bien sûr, mais qui nous fait également voyager et rêver (comme tous les ouvrages de Pierre Raufast).

Dès l’incipit, le ton est donné :
« Nous habitions au numéro 10 de la rue. Mon père, professeur d’histoire-géographie, était né à Toulon. Ma mère, d’origine madrilène, enseignait l’espagnol.
Je n’ai jamais trop compris comment ils s’étaient rencontrés. Quand je leur posais la question, ils se regardaient d’un air complice et me sortaient toujours une version différente. »
Un protagoniste, aussi jeune qu’inexpérimenté, dont nous suivons les péripéties au gré de nos choix, de ses choix… Qu’est-ce qui nous pousse à sélectionner telle ou telle voie, à garder telle ou telle option ? Quelles sont les conséquences possibles et innombrables de chacune de nos multiples vies potentielles ? Qui sommes-nous et que serions-nous si nous avions pris d’autres chemins ?
« [...] j’avais hérité de mon père cette passion pour les mondes hypothétiques. J’étais le cancre de Prévert qui alimente ses rêveries par l’oiseau de son cœur. »
« Je pressentis que cette année d’interlude pouvait m’ouvrir des perspectives inédites ; le train déraillerait pour m’emmener de l’autre côté du miroir. » (telle Alice).
Choisir, c’est aussi grandir, accepter d’abandonner la toute-puissance que ressent, paraît-il, le très jeune enfant. On pense d’ailleurs à ce jeu, enchevêtrement de lignes, pelote emmêlée : il faut en suivre une seule, soigneusement, pour en trouver le dessin qui sautera aux yeux, on peut même parler ici de dessein puisqu’il s’agit de destinées...
L’auteur, en quelque sorte, s’y refuse et se livre, dans un style époustouflant, à un questionnement hautement philosophique. Pourquoi aller ici plutôt que là. Pourquoi devenir ceci plutôt que cela. D’ailleurs son personnage, comme le suggère la multiplication des silhouettes sur la couverture, quel Lorenzo aurait-il pu être ? Anonyme ou célèbre, en tant que rappeur, écrivain, philosophe, acteur ? Librettiste, Seigneur de Florence, orfèvre, pilote de moto, peintre ?
Réflexion sur la littérature, exploit littéraire étourdissant, non sans rappeler les problématiques des oulipiens, d’un Italo Calvino, des « livres dont vous êtes le héros » ou d’une excellente bande dessinée Si seulement de Rodolphe et Lounis Chabane – tout un programme – ce livre se lit avec une merveilleuse sensation de vertige.
« Existe-t-il un paradis pour les personnages de fiction oubliés ? Une sorte de Champs Élysée où flotteraient les âmes vertueuses faites de lettres et de sueur ? À moins que nos bibliothèques ne soient qu’un vaste cimetière où reposent éternellement ces chimères littéraires. »
Opter. Décider. Tourner à telle ou telle bifurcation. Tel ou tel embranchement. Avec des conséquences incalculables, comme dans ces ouvrages de science-fiction où une modification même infime du passé a un impact vertigineux...
Un ouvrage qui, en outre, nous replonge quelques pages durant dans La variante chilienne qui nous avait enchantés.
N’hésitez pas, prenez tout !
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Des nouvelles singulières et, semble-t-il, à base d’anecdotes personnelles qui nous rappellent les autres écrits de Murakami. En effet, nous retrouvons, avec délice, ces thématiques que nous apprécions tant, tel l’extraordinaire s’invitant dans un quotidien banal, Éros et Thanatos, le hasard, les questions existentielles (Rêvons-nous, imaginons-nous des histoires ou sommes-nous bien vivants ?)...

Huit nouvelles touchantes, nostalgiques, qui traitent également des souvenirs, du passé, du passage, du sens de l’existence et de sa fugacité

« À chaque instant, nos corps, sans espoir de retour, s’en vont vers l’anéantissement.

À peine a-t-on fermé les yeux, puis les a-t-on rouverts, que bien des choses ont disparu (certaines avaient un nom, d’autres pas). Soufflées par les vents violents de la pleine nuit, elles ont été emportées quelque part sans laisser de trace. Il n’en subsiste qu’un frêle souvenir. Mais non, on ne peut pas compter sur les souvenirs non plus. »

Des textes qui nous enchantent par leur simplicité, humilité, mais aussi par leur puissance évocatrice et par les émotions qu’elles font naître.

« Ce qui me rend mélancolique, je crois, à propos des jeunes filles de mon entourage, des vieilles dames maintenant, c’est d’être obligé de reconnaître que mes rêves de jeunesse ont disparu à tout jamais. La mort d’un rêve est peut-être plus triste, en un sens, que celle d’un être vivant. »
Des sujets variés, mais qui tous nous ramènent à la vie et l’amour, à l’écriture et la création. Et, comme chaque fois qu’il s’agit d’une œuvre majeure, toutes ces histoires, si propres à un seul, ont une portée et une résonance universelles.

Un texte sobre, puissant, qu’on ne repose pas avant de l’avoir terminé.

#HarukiMurakami #NetGalleyFrance
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