Commentaires de livres faits par Marie-Helene-7
Extraits de livres par Marie-Helene-7
Commentaires de livres appréciés par Marie-Helene-7
Extraits de livres appréciés par Marie-Helene-7
Cléo, notre bien sympathique narratrice, a 12 ans. Elle nous raconte les aventures de sa grand-mère Noémie au même âge, à la fin des années 60. Nous sommes transportés dans un monde très différent du nôtre, un monde plus sûr et sans technologie, où les héroïnes surmontent leurs appréhensions et peurs, et se battent pour la vérité, pour leurs amis et pour échapper aux criminels.
Noémie et Mona sont déterminées à découvrir ce qui est arrivé à un adolescent disparu, malgré les obstacles et les dangers qui se dressent sur leur chemin. Cet ouvrage nous a passionnés en nous plongeant subtilement dans un univers parfaitement défini, parsemé de références littéraires, historiques et cinématographiques. Nous avons été captivés par ces deux adolescentes, Noémie, l’intrépide, et Mona, sa douce et timide, mais courageuse amie.
C’est un petit bijou policier que nous avons eu le plaisir de découvrir. Et qui passionnera jeunes et moins jeunes qui n’ont pas oublié leurs 12 ans eux non plus, l’âge symbolique où autrefois on quittait la maison (comme dans les contes de fées) et on l’on aime toujours partir à l’aventure ! Y compris dans un bon livre !
Nous guettons avec impatience la sortie du tome 3, mais en attendant, nous vous donnons rendez-vous la semaine prochaine pour la suite !
La jeune maman se trouve dans une situation difficile, obligée de faire ce qu’elle ne voudrait pas pour protéger ses trois enfants, mais elle sait malgré les qu’en-dira-t-on et le stigmate associé à la séparation dans le monde agricole des années 1960-70, prendre sa vie en mains. Le texte nous touche au cœur, relatant avec pudeur et parfois poésie, mais toujours avec justesse, la chronique d’une séparation annoncée.
L’auteure réussit à nous immerger dans la complexité des relations familiales, en nous présentant les points de vue des deux parents. Cette approche équilibrée nous permet de mieux comprendre les personnages, même celui qui nous déplaît particulièrement.
Le style d’écriture de Marie-Hélène Lafon est à la fois simple et élégant, nous offrant des descriptions minutieuses de la vie quotidienne, qui ajoutent une dimension réaliste et touchante au récit. Les personnages sont présentés avec subtilité, nous montrant leurs forces et leurs faiblesses, et nous incitant à nous attacher à eux. Un nouveau tour de force !
#LesSources #NetGalleyFrance
Dans ce roman, Gaëlle Josse explore avec une grande sensibilité et une finesse psychologique des relations familiales complexes et les effets de la guerre sur les individus et leur descendance. À travers les voix des personnages, elle dépeint l’ambivalence des sentiments filiaux, les violences invisibles et les déchirures qui poursuivent un homme jusqu’à sa mort. Elle évoque également la grande Histoire, qui plane sur la famille, et montre comment les événements historiques ont des répercussions sur la vie des individus.
L’auteure réussit à nous toucher en plein cœur en abordant avec justesse des thèmes universels tels que l’amour, la mort, la culpabilité et la rédemption.
Les personnages de « La nuit des pères » sont authentiques et attachants. Isabelle, qui a souffert de l’absence de preuves d’amour de son père, doit faire face à des vérités difficiles qui vont bouleverser sa vision de l’histoire familiale. Son frère Olivier, qui a choisi de ne pas quitter le village, a assumé seul l’accompagnement de ce père vieillissant. Leur père, quant à lui, est un personnage complexe, tiraillé entre sa passion pour la montagne et les horreurs de la guerre qu’il ne réussit pas à oublier.
Un nouveau tour de force littéraire !
Peut-être pressent-elle qu’elle n’a pas accepté cette mission par hasard, et que sa destinée et celle de son fils sont étroitement liées à celle des juifs envoyés dans l’horreur des camps de concentration. Et les liens qu’elle tisse avec sa supérieure hiérarchique, au passé mystérieux et terrible, ne sont pas non plus étrangers à son engagement. Sans parler de sa relation avec son ex-mari, allemand...
Quand on pense aux camps, on a justement en tête, le cœur serré, les images de ces incroyables empilements d’objets, préfigurant l’entassement des corps : montagnes de chaussures, lunettes, vêtements, et même petits jouets, jusqu’aux dents en or...
L’artiste Christian Boltansky nous le rappelait en janvier-février 2010 avec son installation « Personnes » on l’on retrouvait ces monticules gigantesques à la hauteur de l’ampleur des crimes, dans lesquels une énorme pince piochait et rejetait sans cesse, allégorie de l’arbitraire — mais aussi de l’existence même.
Mais pour les descendants des disparus, ils ont une valeur sentimentale inestimable, et une force mémorielle considérable. D’ailleurs comment ceux-ci vont-ils recevoir ces reliques hantées ? Elles sont le témoignage du passage d’êtres humains voués par décret à être engloutis sans que rien ne subsiste, la trace qu’on aurait voulu effacer à jamais. La petite lumière qui rend un peu de souvenir à ces hommes, femmes, enfants qui ont été condamnés à la Nuit et au Brouillard.
Un peu d’ « éclaircissement », un peu de paix rendue. Un petit pont entre morts et vivants.
Magnifique quête, indispensable devoir de mémoire, ce livre puissant et superbement écrit est, comme tous les ouvrages de Gaëlle Nohant, magistral et nous touche au cœur. À lire et offrir aux jeunes générations, afin que nul n’oublie.
Comment faire quand un père a délaissé et malmené ses enfants, pour finalement les trahir et les abandonner en les taxant d’ingratitude, alors qu’ils sont encore marqués par les abus et sévices subis quand ils étaient plus jeunes ? Comment accéder au pardon, libérateur, quand la colère et le sentiment d’injustice risquent de vous dévorer à chaque instant ? Comment admettre que le coupable ne pourra plus jamais exprimer de regrets ni offrir de réparation ? Ni même admettre, y compris face à lui-même, les torts qu’il a causés ? Et pourtant il y a eu aussi des moments d’affection et de douceur...
Comment survivre à la malédiction paternelle ? L’auteure se place d’emblée (et ce dès la couverture) sous l’égide du roi Lear, père aveuglé par la colère et l’orgueil (aveuglement redoublé par celui, traduit physiquement, du comte de Gloucester qui finira par divaguer, les yeux crevés, pour châtiment de son erreur de jugement), qui répudie cruellement la seule de ses filles qui l’aime vraiment, mais il y a dans leurs destinées parallèles deux différences de taille : Lear aime ses filles, et ne les a jamais maltraitées. Et surtout les retrouvailles avec Cordélia, sa préférée injustement rejetée, auront lieu, apportant consolation, apaisement, rétablissement du bon ordre des choses (et si l’histoire finit tragiquement cela au moins a été obtenu).
Rien de tel pour Carina (chérie pourtant en espagnol, jolie en italien), la petite dernière bafouée qui devra se reconstruire seule avec ses questions, son chagrin, son amertume, ses doutes et sa jalousie vis-à-vis d’une rivale du même âge qu’elle (même si bien sûr cette rivalité ne devrait pas être, mais nous sommes en terrain incestueux et la blessure n’en est que plus vive).
Mais comme sa sœur d’infortune à travers les siècles, Carina n’a pas su rassurer son père sur l’amour qu’elle lui porte, elle ne sait pas dire les mots qu’il faut. Contrairement à la jeune épouse, toute de dévouement et de soumission inconditionnelle, en tout cas en apparence.
Seule à affronter les tempêtes et brouillards qu’on lui jette...
La tempête comme symbole d’une fureur cosmique, dévastatrice et qui se déchaîne quand un personnage a été trop loin, le brouillard comme empêchement d’y voir clair et de retrouver sa route dans un labyrinthe cotonneux, jusqu’à la dissolution peut-être. Et qui brouille les pistes, les accès jusqu’aux vrais sentiments, aux personnalités véritables.
La tempête qui survient quand Lear déshérite la seule qu’il aurait fallu épargner et qui submerge intérieurement notre héroïne quand le même sort lui est réservé.
Et cette question de l’héritage est admirablement posée : qu’est-ce qui doit être transmis, à qui, et pourquoi ? Qui a « mérité » tel ou tel traitement, fût-il post-mortem ? Qu’ai-je fait pour que cela m’arrive se disent Carina et ses frères, et avec eux tous les enfants mal-aimés, rejetant la faute, toujours, d’abord sur eux-mêmes.
Abordant aussi les questions de piété filiale, de la tragédie du manque d’amour (« les horreurs d’une vie sans amour » disait Hubert Selby Junior), de la lutte violente entre démons et guides vers la lumière, de l’urgence d’écrire pour se sauver et des pouvoirs rédempteurs de l’art, de la compréhension qui délivre, du patriarcat, du poids des traditions (différentes en France et au Maroc), du retour aux origines, ce très beau texte est aussi fascinant par sa structure même, avec une mise en abyme de l’écriture, la narratrice évoquant l’écrivaine elle-même et son premier titre. Un procédé littéraire particulièrement intéressant, abouti et puissant.
Dans les deux cas, la quête sera longue, la protagoniste devra faire évoluer dans la douleur et l’introspection la vision d’un homme aimé (fils, père) jusqu’au fanatisme.
Un livre que nous n’hésitons pas à recommander, comme le précédent.
#Tempêtesetbrouillards #NetGalleyFrance
L’histoire des juifs d’Europe centrale, je m’en suis écartée à l’adolescence. J’ai tourné le dos à l’abîme. Je ne voulais pas entendre, pas savoir. Leurs cauchemars ne seraient pas les miens. Ce que je souhaitais, c’était faire partie d’une famille normale. Qui ne soit le sujet d’aucun livre d’histoire, qui ne suscite ni pitié ni haine.
La forme de cet ouvrage (une sorte de journal) évoque le journal d’Anne Frank, dont il est justement question. Forme/fonds se fondent parfaitement et les réflexions et questions que la narratrice se pose, les analyses, sont d’autant plus fortes.
Que fallait-il faire de ce qui nous était légué ? Comment marcher sur des traces sans les effacer ?
Un ouvrage touchant par sa candeur, sa force douce, son absence de manichéisme. Une narratrice qui a soif de vérité, qui veut comprendre et se confronter à son passé, à celui de tous les juifs, après l’avoir fui toute une vie durant.
Le ravage, dans ma famille, s’est transmis comme ailleurs la couleur des yeux.
On sait désormais que les souvenirs traumatiques se transmettent par l'ADN. Inutile donc de chercher à les occulter, de laisser les silences s'installer. Il vaut mieux au contraire prendre en compte l'héritage, aussi terrible soit-il, pour avoir une chance de l'exorciser. Et dans cette optique il n'est pas vain que, même longtemps après, les descendants des bourreaux demandent pardon aux descendants des victimes. Une véritable réparation peut enfin s'envisager.
Et l’histoire que je connais est un récit troué de silences, dont la troisième génération après la Shoah, la mienne, a hérité.
Un texte qui rend hommage à ceux qui partagent leur expérience, leur enfer, à ceux qui ont eu le courage d’aider les juifs au péril de leur vie, à une jeune fille qui a péri et qui nous a légué son calvaire, qui a pensé à nous malgré tout, malgré l’enfermement, la peur, l’angoisse, la terreur.
Ces murs aux fenêtres closes et opacifiées ont été le décor d’une écriture, un décor aussi protecteur qu’écrasant. Le lieu d’une naissance en même temps qu’une geôle, un piège. Des murs témoins d’un “paquet de contradictions”, écrit Anne Frank à la dernière page de son Journal.
Ce texte est également une réflexion sur l’écriture en tant qu’objet culturel et littéraire, mais aussi en tant qu’exutoire.
C’est en écrivant ce que je vis que je comprends ce que je vis.
Pourquoi écrit-on ? Si j’ai oublié comment se termine le roman Confessions d’un gang de filles, de Joyce Carol Oates, ces quelques lignes, je les connais par cœur : « Quoi que vous fassiez, que vous le fassiez seule ou non, à quelque moment que vous le fassiez, de quelque façon que vous le fassiez, pour quelque raison que vous le fassiez, quelque mystérieux que soit le but dans lequel vous le fassiez, n’oubliez jamais que sur l’autre plateau de la balance il y a toujours le néant, la mort, l’oubli. Que c’est vous contre l’oubli. »
Un lien qui permet de ne pas nous perdre, et, juifs ou non-juifs, de ne pas rejeter dans les ténèbres, dans « la nuit et le brouillard », une mémoire salvatrice et nécessaire.
Une lecture puissante, époustouflante, incontournable.
#Quandtuécouterascettechanson #NetGalleyFrance
« Cette angoisse intermittente : est-ce que tout cela en vaut la peine ? »
Comment faire pour continuer de vivre plus ou moins sereinement, pour s’épanouir dans son couple, dans sa profession, en famille tout simplement ?
« Anna, sa seule certitude, c’est Peter. Alors ce “rien” sème le désastre, mine cet abri du monde qu’elle a mis tant d’énergie à construire. Partout, tout le temps, un truc la hèle, qu’elle ne sait pas nommer, mais qui voudrait la mettre à terre et la faire rouler dans la cendre et elle doit s’en protéger comme d’une bête sauvage. Comme s’il était dangereux de vivre. Et ce couple lui semble un rempart lumineux, une façon de vivre à l’abri de la mêlée. »
Ce roman nous livre les sensations, les réflexions d’une autre Mrs Dalloway qui, comme la protagoniste éponyme de ce roman de Virginia Woolf, doit préparer pas tout à fait une « party », mais une réunion de famille qui pourrait se transformer en « party » selon la nouvelle que la principale invitée, la fille aînée d’Anna, va partager avec sa famille.
« Ce qu’elle voudrait, c’est leur donner la force de lutter contre l’injustice et les médiocres, la générosité, en faire des chics filles, pas des chiens savants, Byzance elle le laisse aux professeurs. »
Nous vivons donc, comme dans le roman de Virginia Woolf, une journée dans la vie, dans les pensées d’Anna et nous assistons alors à son dédoublement : le personnage social extérieur qui assure et répond aux attentes, et celui, intime, intense, qui doute et avoue sa détresse et sa lassitude.
Et elles entraînent, pour nous lecteurs, une réflexion sur la vieillesse (car Anna est prise entre deux feux : ses adolescentes, forcément rebelles, et sa mère qui a la maladie d’Alzheimer), la ménopause, les livres et la littérature, la fuite en avant, le monde tel qu’il est, avec ce qu’il a de terrifiant, le couple, les tromperies, l’amour, la famille, l’amitié, l’entraide… et bien d’autres sujets qui nous concernent toutes. Et tous. Et l’on se prend à souhaiter qu’une meilleure place faite aux hommes pour que les fardeaux soient partagés et des solutions trouvées. Dans un style délibérément léger, à l’humour assumé pour ne pas alourdir des sujets déjà graves, un texte au rythme trépidant, haletant qui traduit celui de la journée d’une femme surmenée. D’autres titres nous viennent à l’esprit, « La femme qui court » ou « Chroniques d’une charge mentale ordinaire » ...
« Anna est discrète, incertaine, ambitions nébuleuses et tempérament marécageux, une femme sans bruit, mais elle est forte de cette mère-là. Sa douloureuse merveille. »
Ce portrait d’une héroïne du quotidien, essayant de faire au mieux et dévouée à mère, filles, conjoint, nous ressemble et vous touchera à coup sûr.
D’ailleurs « les gens » ce ne sont pas « les autres », c’est elle aussi, c’est vous, nous, tout le monde, qui, coûte que coûte, nous efforçons d’avancer vers un futur toujours plus incertain en préservant tout ce qui nous apporte encore joie et bien-être.
Un roman magnifique, émouvant, superbement écrit, que je recommande sans hésiter.
#Commentfontlesgens #NetGalleyFrance
#LePassageintérieur #NetGalleyFrance
Un texte qui ne laisse pas indifférent et nous amène, par touches successives, au dénouement terrible, causé par quelques secondes d’inattention. Futilités et drame se côtoient et plongent les personnages dans la tragédie, mais aussi dans le soutien et l’entraide.
Un livre écouté d’une seule traite.
#ParisBriançon #NetGalleyFrance
Un récit passionnant, riche en action, qui évoque aussi des thématiques fortes et essentielles comme la différence, la dépendance, le suicide adolescent, les erreurs commises dans le passé, la rédemption, les secrets de famille délétères.
« Que voulait dire son père, quand il évoquait la folie de sa tante et de sa grand-mère ? »
« – J’ai l’impression d’être complètement brisée, dit-elle. Comme un vase fracassé en mille morceaux. Je ne suis pas faite pour ce monde… Lilas garde le silence quelques secondes avant de prendre la parole. – J’ai vu un reportage, l’autre jour, sur des artistes japonais. Le kintsugi, tu connais ? – Jamais entendu parler. – Ils recollent les poteries brisées avec de l’or. Le résultat est très étonnant. On obtient un nouvel objet, beaucoup plus beau que l’original… – Je vois où tu veux en venir… – Nos blessures ne disparaissent jamais. Mais elles nous rendent plus fortes, nous font avancer. J’ai envie que nous soyons amies très longtemps, Sadie. »
Un grand livre.
#Quandlarbretombe #NetGalleyFrance
« Sans surprise, il y a peu de mélange. Les hommes-taureaux grattent le sol en bandant leurs muscles pour montrer à tous qu’ils n’ont peur de rien. Les hommes-cervidés s’amusent à se défier avec leurs bois, tout près des hommes-chevaux, dont le souffle régulier émet de petits nuages de condensation. Quant aux hommes-antilopes, dont Mira fait partie, ils se contentent de toiser les autres avec dédain, comme si le monde leur appartenait. »
Des thématiques essentielles telles l’égalité des sexes, des êtres, l’humanisme, la dictature, le danger de la toute-puissance d’un groupe ou d’une communauté, l’amitié et la dimension terrible, terrifiante du secret dans toute sa splendeur. La justice et les injustices en tout genre sont également au centre de ce récit, et Mira (« celle qui élève » ou « la merveille ») saura faire preuve de courage et d’altruisme pour se battre contre un monde qui ne lui ressemble pas et qu’elle refuse. Comme tant de héros et héroïnes solitaires, passés ou (terriblement) actuels, qui heureusement trouvent des alliés, et combattent de toutes leurs forces les cannibales de tous ordres (exploitation, intolérance, profit, haines... dévorantes).
« Elle sait juste que tous ne reviennent pas et que cette fichue boisson blanchâtre l’a plongée dans un brouillard dont elle se serait bien passée. Elle tente de combattre ses effets et se recentre sur son objectif. Traverser la forêt. Trouver une fleur de nuit. La rapporter. Dit comme cela, ça paraît simple. Elle presse le pas. Elle se sait endurante et plutôt rapide. »
« Mira assiste impuissante à ce défilé de religieux dégoulinants de haine. Pas une fois elle ne baisse le regard face à ses détracteurs. Son bâillon lui déchire la commissure des lèvres. »
À mettre entre toutes les mains, jeunes ou moins jeunes.
« Ce qu’il faut retenir, de cette quête brutale, C’est que des proies faciles, il vaut mieux se méfier. L’animal acculé est toujours un danger. Méfions-nous, je le répète, de nos penchants cannibales. »
Une écriture ciselée, délicate comme un bijou précieux, se met au service de cet ouvrage superbe, de cette épopée époustouflante. Un premier roman très réussi, qui n’est pas sans faire écho à de – trop – nombreuses situations actuelles. À lire absolument.
« Cette vague d’hypocrisie, qu’il croyait voir déferler sur la France, prenait maintenant à ses yeux des proportions grandioses. »
Troisième volet d’une trilogie consacrée à la Deuxième Guerre Mondiale (avant-guerre, Occupation et ici Libération et épuration, époques que l’auteur a bien connues, lui qui fut même un temps mal vu après avoir publié dans des revues collaborationnistes tels que Gringoire ou Je suis partout), ce livre nous questionne sur le bien-fondé de nos choix, de nos actions ou de nos passivités, tout en finesse, sans aucun manichéisme, mais en toute impitoyable lucidité. Par le biais de situations cocasses, ridicules, follement dangereuses, paradoxales.
Dans ce récit truculent, avec l’humour percutant et ravageur et la grande acuité d’observation qu’on lui connaît, Marcel Aymé campe avec tendresse, mais sans illusions des personnages qui doutent, tâtonnent, essaient, cherchent à se racheter, s’arrangeant comme ils peuvent avec leur conscience, se réinventant tant bien que mal un futur... Profondément humains.
Désabusé, mais serein, féroce, mais indulgent, il fait le bilan désenchanté de cette période sombre et ambivalente de notre histoire dont les plaies sont encore à vif (écrit en 1948) et renvoie finalement tout le monde dos à dos, avec toutefois une affection particulière pour celui qui s’efforce de se dégager de l’influence mortifère d’Uranus pour décider d’aimer cette vie qui ne lui a pas été ôtée, à tout prix. Tout un symbole...
« Il pensait à tous ces hypocrites, au nombre desquels il se comptait lui-même, et que rien n’obligeait à taire leurs convictions ni à feindre d’en avoir d’autres. »
La drôlerie dévastatrice d’Aymé ne nuit pas à la gravité du sujet, bien au contraire, et le comique – irrésistible – sert un propos qui nous laisse ébranlés, perplexes et émus.
« Désœuvré, il tourna autour de la table, puis réfléchit à une disposition des meubles qui eût laissé plus d’espace pour se mouvoir. Par exemple, on pouvait mettre la commode sur la desserte et le bonheur-du-jour sur le secrétaire. »
Du grand Marcel Aymé, avec beaucoup d’échos dans les traumatismes, inquiétudes, clivages, fractures et montées des intolérances actuels. À lire ou relire sans plus tarder.
En outre, mon dernier projet international avec une classe de 2de précisément sur ce thème (qui les a beaucoup motivés).
Eh bien, je n’ai pas été déçue ! Nadine partage avec nous son expérience de façon magistrale.
Témoignages, conseils essentiels, citations (qui nous guident et nous motivent), guide, recettes de produits maison – simples à réaliser – dans tous les domaines et pour toutes les pièces de la maison, tout est clair et là pour nous aider à sauter le pas ou progresser dans une gageure vitale pour la santé de notre planète et pour la nôtre.
En outre, Nadine nous « parle » comme à des amis, nous encourage, nous déculpabilise aussi et nous entraîne vers une vie plus simple, plus heureuse, pleine de signification.
326 pages de bon sens, d’amour également, car cet ouvrage est avant tout humaniste, n’oublions pas que Nadine œuvre pour les autres depuis longtemps et est formée à différentes pratiques thérapeutiques ainsi qu’en développement personnel. Il est profondément humain et vous ne pourrez que vous sentir bien à sa lecture. Ses coloris, dessins et photographies sont de toute beauté et participent sûrement à la sensation de bien-être.
De nombreuses sciences sont mises en avant comme le Feng Shui, la lithothérapie, la symbolique et les effets des couleurs sur nous… et c'est passionnant et enrichissant.
Je recommande ce guide sans hésiter !
« C’était l’année 2040, à présent, et l’humanité subsistait au cœur de la fournaise qu’était devenu le monde. Ouragans et tornades, départ de feu, brasiers béants et éternels. Épidémies par-delà les frontières, sans endiguement et sans remède, au cœur de villes en sommeil qui ne savaient plus comment revenir à la vie. Fonte des glaces, irrémédiable, sous l’étendard vain des prétendants au pétrole. »
Protection de la nature, migrations climatiques, lutte contre la déforestation et le pillage de nos ressources vitales (univers insatiable et corrompu de braconniers et de profiteurs à tous niveaux, états compris), fuite en avant, recherche du sens de la vie, amour, deuil, renoncements et combats, ne sont que quelques-unes des thématiques essentielles de ce roman d’aventures environnementales.
« Les vagues étaient venues grignoter la terre qui bientôt ne serait plus que mer. À l’orée de la jungle, certaines maisons en bois du village avaient déjà été envahies par les flots. L’île s’enfonçait lentement dans l’univers aquatique. »
Des quêtes croisées, qui se suivent aussi (de par la filiation), des réflexions en filigrane sur l’avenir de notre terre si nous restons les bras croisés, nous offrent une intrigue foisonnante et passionnante. Une poésie saisissante, qui touche au cœur, pour évoquer ces sujets d’une actualité brûlante et bouleversante. L’histoire aussi de la rencontre d’un homme et d’une femme, et de leur passion hors normes, invincible. Leur acharnement à sauver ce qui peut encore l’être de la dévastation, chacun à sa façon, les éloigne et les rapproche tour à tour, mais l’attirance commune est irrépressible.
« La grâce de se battre pour quelque chose qui est en train de disparaître. La presse écrite. Les écosystèmes naturels. Pour lui, la lutte est une entreprise. Un engagement total. »
Un premier ouvrage magistral, superbement écrit, qui nous fait rêver d’ailleurs (au pluriel... Mais lesquels ? Alerte ! Un jour, si l’on n’y prend pas garde, peut-être plus vite qu’on ne le pense, l’exil même, le déchirant, le terrible exil ne mettra plus personne à l’abri, et, où qu’on aille, il n’y aura plus de refuge...), de forêts-sanctuaires essentielles, vestiges du passé et racines de l’avenir, d’un monde dans lequel hommes et femmes se battent pour notre lieu de vie et la reconquête de ce qui pourrait être un paradis à partager, si les volontés et les énergies convergent pour notre planète, chacun à son échelle, car même le colibri peut faire sa part.
À mettre entre toutes les mains ! Nous sommes tous concernés, toutes générations confondues, y compris celles à venir.
#Lesconfluents #NetGalleyFrance
Dès l’incipit, le ton est donné :
« Nous habitions au numéro 10 de la rue. Mon père, professeur d’histoire-géographie, était né à Toulon. Ma mère, d’origine madrilène, enseignait l’espagnol.
Je n’ai jamais trop compris comment ils s’étaient rencontrés. Quand je leur posais la question, ils se regardaient d’un air complice et me sortaient toujours une version différente. »
Un protagoniste, aussi jeune qu’inexpérimenté, dont nous suivons les péripéties au gré de nos choix, de ses choix… Qu’est-ce qui nous pousse à sélectionner telle ou telle voie, à garder telle ou telle option ? Quelles sont les conséquences possibles et innombrables de chacune de nos multiples vies potentielles ? Qui sommes-nous et que serions-nous si nous avions pris d’autres chemins ?
« [...] j’avais hérité de mon père cette passion pour les mondes hypothétiques. J’étais le cancre de Prévert qui alimente ses rêveries par l’oiseau de son cœur. »
« Je pressentis que cette année d’interlude pouvait m’ouvrir des perspectives inédites ; le train déraillerait pour m’emmener de l’autre côté du miroir. » (telle Alice).
Choisir, c’est aussi grandir, accepter d’abandonner la toute-puissance que ressent, paraît-il, le très jeune enfant. On pense d’ailleurs à ce jeu, enchevêtrement de lignes, pelote emmêlée : il faut en suivre une seule, soigneusement, pour en trouver le dessin qui sautera aux yeux, on peut même parler ici de dessein puisqu’il s’agit de destinées...
L’auteur, en quelque sorte, s’y refuse et se livre, dans un style époustouflant, à un questionnement hautement philosophique. Pourquoi aller ici plutôt que là. Pourquoi devenir ceci plutôt que cela. D’ailleurs son personnage, comme le suggère la multiplication des silhouettes sur la couverture, quel Lorenzo aurait-il pu être ? Anonyme ou célèbre, en tant que rappeur, écrivain, philosophe, acteur ? Librettiste, Seigneur de Florence, orfèvre, pilote de moto, peintre ?
Réflexion sur la littérature, exploit littéraire étourdissant, non sans rappeler les problématiques des oulipiens, d’un Italo Calvino, des « livres dont vous êtes le héros » ou d’une excellente bande dessinée Si seulement de Rodolphe et Lounis Chabane – tout un programme – ce livre se lit avec une merveilleuse sensation de vertige.
« Existe-t-il un paradis pour les personnages de fiction oubliés ? Une sorte de Champs Élysée où flotteraient les âmes vertueuses faites de lettres et de sueur ? À moins que nos bibliothèques ne soient qu’un vaste cimetière où reposent éternellement ces chimères littéraires. »
Opter. Décider. Tourner à telle ou telle bifurcation. Tel ou tel embranchement. Avec des conséquences incalculables, comme dans ces ouvrages de science-fiction où une modification même infime du passé a un impact vertigineux...
Un ouvrage qui, en outre, nous replonge quelques pages durant dans La variante chilienne qui nous avait enchantés.
N’hésitez pas, prenez tout !
Huit nouvelles touchantes, nostalgiques, qui traitent également des souvenirs, du passé, du passage, du sens de l’existence et de sa fugacité
« À chaque instant, nos corps, sans espoir de retour, s’en vont vers l’anéantissement.
À peine a-t-on fermé les yeux, puis les a-t-on rouverts, que bien des choses ont disparu (certaines avaient un nom, d’autres pas). Soufflées par les vents violents de la pleine nuit, elles ont été emportées quelque part sans laisser de trace. Il n’en subsiste qu’un frêle souvenir. Mais non, on ne peut pas compter sur les souvenirs non plus. »
Des textes qui nous enchantent par leur simplicité, humilité, mais aussi par leur puissance évocatrice et par les émotions qu’elles font naître.
« Ce qui me rend mélancolique, je crois, à propos des jeunes filles de mon entourage, des vieilles dames maintenant, c’est d’être obligé de reconnaître que mes rêves de jeunesse ont disparu à tout jamais. La mort d’un rêve est peut-être plus triste, en un sens, que celle d’un être vivant. »
Des sujets variés, mais qui tous nous ramènent à la vie et l’amour, à l’écriture et la création. Et, comme chaque fois qu’il s’agit d’une œuvre majeure, toutes ces histoires, si propres à un seul, ont une portée et une résonance universelles.
Un texte sobre, puissant, qu’on ne repose pas avant de l’avoir terminé.
#HarukiMurakami #NetGalleyFrance
On sent tout le respect, la tendresse même, de l’auteure pour ce personnage discret et sans orgueil, qui pose sur toutes choses un regard dénué de préjugés et plein d’humanité, reste digne et honnête au cours des tribulations qu’il subit plus qu’il ne les choisit, et savoure l’existence dans ce qu’elle lui apporte. Malgré son « clair-obscur » personnel (le premier titre de cette nouvelle était « D’après Rembrandt », un maître du genre) c’est-à-dire des lacunes dans sa culture et son éducation, il contemple, compense et comprend son époque, très contrastée elle aussi (on sent que l’on passe graduellement des ténèbres – bien injuste formule – du Moyen-âge au futur avènement des Lumières) avec l’intelligence du cœur. Et en gardant l’esprit ouvert, sans doctrine ni a priori. Un cas rare en ce siècle.
Le héros d’Une belle matinée est Lazare, le fils de Nathanaël, un enfant doué pour le théâtre, qui finira par être emmené par une troupe de comédiens shakespeariens, pour son plus grand bonheur. Comme son père, il est sans prétention, fait ce qu’on lui demande et ne se pose pas trop de questions. Comme lui aussi, il voyagera et se contentera de ce que la vie lui apportera.
Mais il recevra toute la clarté à laquelle son père – qu’il n’aura pas connu – ne tenait pas : celle du passage de l’ombre de la mort à la lumière, puisqu’il porte le nom d’un ressuscité, celle des feux de la rampe, la flamme d’une passion pleinement vécue. Et celle, radieuse, d’une belle matinée. Avec le joli double sens de la matinée théâtrale ?
Cette fois on sent tout l’amour que Marguerite Yourcenar porte au théâtre, qui permet de vivre cent vies en une, à la fougue de la jeunesse, à l’engagement des acteurs dans un vibrant hommage sans réserve.
Deux êtres qui n’ont pas été soutenus par leurs familles (d’ailleurs inexistante pour le plus jeune), ce qui leur a finalement conféré une grande indépendance de pensée et de destinée. Deux trajectoires originales.
Une écriture superbe et des textes qui ne peuvent laisser insensible…