Maya et la Cité des humains

Extrait 1

La cloche électronique de l'école retentit avec force. Les portes des salles de classe s’ouvrirent et les élèves commençaient à sortir plusieurs à la fois, en se bousculant. Ils prirent d'assaut leurs casiers rangés des deux côtés du couloir, comme de braves soldats en métal.

Maya avait déjà mis ses livres dans son sac à dos. « Pas mal de devoirs pour cette fin de semaine, » se dit-elle lorsqu’une boule de papier la frappa. Elle regarda vite autour mais personne n’avait l’air coupable.

« T’as rien à faire? Qu’est-ce que tu regardes? » dit-elle au petit garçon qui, immobile, à côté d’elle, la regardait curieusement.

« Mon grand frère m’as dit que t’es une freak de sorcière. C’est vrai? » dit le petit garçon.

« Dit à ton frère que je vais le transformer en crapaud. Maintenant, va-t’en d’ici! » dit Maya en faisant un pas vers le gars. Il ne se fit pas prier et s’enfuit vers la porte de sortie.

Maya revérifia son sac à dos pour ne rien oublier. Par terre, gisait la boule de papier lancée contre elle. Elle la ramassa vite et remarqua qu’il y avait quelque chose d’écrit. La défaisant en un tour de main, elle lut : Maya la freak de sorcière. « Tas de nuls », se dit-elle dans la tête, en continuant avec « Je m’en fiche. »

Elle était écœurée par l'attitude de ces enfants qui prenaient plaisir à intimider d’autres. S'ils avaient pu se voir en ce moment-là, ils auraient réalisé à quel point ils étaient méprisables.

Dans le couloir, plusieurs filles la regardaient du coin de l’œil, en chuchotant. Maya les ignora. Elle prit un crayon de son sac, écrivit quelque chose sur la feuille froissée, ferma à clef le casier et se dirigea vers la sortie. Dans son chemin elle s’arrêta devant un tableau d’affichage auquel elle épingla la feuille de papier. Avant d’ouvrir la porte de sortie Maya se retourna vers les filles qui se parlaient à voix basse.

« Hey » leur cria-t-elle et levant le bras droit elle leur montra le doigt d’honneur.

Une fois dehors, Maya se dirigea vers la voiture de son père qui l’attendait, comme d’habitude, devant l’école.

« Bonjour, papa, » dit-elle en entrant dans la voiture.

« Bonjour Maya, » dit son père. « Ça va, Maya? »

« Pas vraiment, papa. »

« Qu’est-ce qui se passe? Raconte. » Son père commençait à s’inquiéter un peu.

« Tu te rappelles Chloé, mon amie depuis toujours? » demanda Maya.

« La fille de Zoé, la meilleure amie de ta mère? Bien sûr que je me souviens d’elle. Tout va bien entre vous deux? » demanda son père.

« L’année passée elle s’est fâchée contre moi et a dit à ses amies que j’avais des amis extraterrestres et que je peux parler avec les animaux. Maintenant toute l’école est au courant et certains élèves me traitent de freak de sorcière. Et je n’aime pas ça…parce que… » Maya était au bord des larmes.

« Parce que? » demanda son père.

« Parce que lorsque je les entends m’appeler comme ça, je fais des choses que je n’aime pas faire. »

« Comme quoi, par exemple? »

« Aujourd’hui j’ai montré le doigt d’honneur à des filles qui me regardaient de travers en chuchotant. Je suis certaine qu’elles disaient toutes sortes de mauvaises choses sur moi. » dit Maya.

Vincent, le père de Maya, semblait bouleversé. Sa fille chérie était victime d’intimidation à l’école. Et cela, depuis un bon bout de temps.

« Maya, je suis désolé que tu te trouves dans une situation pareille. L’intimidation est inacceptable. Mais le doigt d’honneur, aussi. Nous allons en discuter ce soir, ta mère, toi et moi et nous allons prendre une décision, » dit Vincent.

« Tu es fâché contre moi? » dit Maya en regardant son père, les yeux pleins de larmes.

« Non, chérie. Je te remercie d’être sincère avec moi. Maintenant, il faut sortir de la voiture. Merlot t’attend. »

Regardant autour d’elle, Maya se rendit compte qu’ils étaient arrivés à la maison

Extrait 2

Maya et Lisa, sa mère, ont décidé de donner à la minette le nom de Ukie. Merlot l’aimait, et, de toute façon, Ukie n’aurait pas eu la moindre idée de nom à choisir, car elle n’en connaissait aucun. Tout le monde était heureux.

La vie de Ukie dans la nouvelle maison était paisible et simple. Tout ce qu’elle avait à faire était manger, jouer et dormir. Elle avait le sentiment de vivre dans un nuage d’amour. Parfois, elle se rappelait sa douce maman ou ses frères et sœurs, mais avec le passage du temps, toutes ces images s’estompaient.

Merlot ne pouvait pas remplacer sa mère, mais il se comportait comme un père. Très protecteur, il surveillait Ukie de près, inquiet qu’elle puisse se blesser.

La nuit, quand tout le monde dormait, les deux chats restaient allongés sur le canapé et écoutaient les sons de l’extérieur. Merlot se faisait un devoir de les expliquer à Ukie.

« C’était Sargent, le chien de notre voisine. Il nous dit que tout va bien. »

« C’est le vieux hibou, Pat. Perché sur la cime de l’arbre le plus haut, il remercie Sargent et lui confirme qu’il ne voit aucun danger non plus. »

Pendant ce temps, Ukie observait la porte de la cuisine. À côté de celle-ci, un grand miroir était accroché au mur, et il semblait à Ukie qu’il n’était pas aussi propre qu’avant.

« Je pense que le miroir est sale », dit-elle.

Très fatigué, Merlot était à moitié endormi, mais les paroles de Ukie le firent ouvrir les yeux sur place.

« Oh, non, il est de retour ! »

« Qui est de retour ? »

La petite chatte vit que le miroir s’assombrissait. Un point argenté grandissait au milieu. Soudain, un jeune garçon sortit du miroir et entra dans la cuisine.

« Est-il entré ? » demanda Merlot à Ukie.

Effrayée, et aussi fascinée, elle hocha la tête.

Merlot se retourna, souriant, et dit :

« Tu es de retour ! Quelle agréable surprise ! »

Le jeune homme fixa Merlot. Il ne savait pas quoi répondre. Il sourit à son tour, considérant que cela devait être assez.

Merlot se mit debout sur le canapé, et lui posa une question, adoptant cette fois-ci un ton moins courtois :

« Pourquoi es-tu ici ? »

L’intrus sentit qu’il devait expliquer sa présence :

« J’espérais trouver encore de cette délicieuse tarte. »

« Tu l’as mangée jusqu’à la dernière miette. »

« Je ne suis pas sûr d’avoir tout mangé… »

« Je peux te l’assurer, tu l’as dévorée. »

« Et je peux affirmer autre chose », continua Merlot, assez en colère. « Ma maîtresse, Lisa, est certaine que c’est moi qui ai bouffé la tarte entière. Les chats ne mangent pas de tarte aux pommes ! »

« Je suis vraiment… »

« Ne dis pas que tu es désolé. Lisa m’a emmené chez le vétérinaire. Tu ne peux pas savoir quelle souffrance et quelle honte j’ai endurées. »

Merlot fondit presque en larmes. Il se laissa tomber sur le canapé, ferma les yeux et chuchota :

« Touche à rien. »

Ukie se blottit à côté de lui et commença à ronronner, espérant le faire sentir mieux. Gêné, l’enfant se retourna plusieurs fois, puis il s’assit sur le canapé, à petite distance des deux chats.

« Qui es-tu ? » demanda Ukie.